Willys-Rod CJ2A 1947 “Bitza-War”…
La vie est semblable à un fleuve dont le courant nous emporte alors que nous sommes de piètres nageurs ne sachant pas où nous sommes ni où nous allons, devinant notre chemin de vie qui conduit inéluctablement à la mort. Inlassablement, nous essayons de nous expliquer et d’expliquer encore et encore, ce que nous ne comprenons pas, si ce n’est que plus vite nous nageons plus le lointain s’éloigne pour finalement aboutir dans un océan d’infinis. Après des milliers d’années de réflexions épuisantes, développant et rejetant sans cesse de multiples théories, nous n’arrivons nulle part et mourrons. Qu’est-ce que ? Quoi ? A quoi bon philosopher de l’avenir quand le passé a été volontairement détruit pour construire des illusions nommées religions qui sont sans cesse remises en questions sans réponses, nous ridiculisant nous-mêmes.
La théorie de la tabula rasa, postulée par John Locke au XVIIe siècle, a survécu pendant une période exceptionnellement longue. Cette théorie soutient que l’homme qui est aussi une femme qui est homme est une ardoise vierge, qui ne l’est donc pas parce qu’être une ardoise est déjà un élément… Il semble arriver nu sans aucun contenu préprogrammé, alors qu’il est constitué de quantités de matériaux dont un ADN dont il n’a nulle conscience… Il va se formater par tout ce qui l’entoure d’expériences d’espèces inculquées, l’amenant à confondre ses propres capacités avec les expériences de tous les autres lui-même, se faisant communiquer des obligations tout comme des règles de jeu de vie et de survie… Tout cela en jouant à la vie, à la mort dans un total inattendu. Homo ludens… l’homme qui joue, commence à penser à lui-même plutôt que lui-même dans ce qui semble l’être qu’un jeu de vie et de mort ou tout y est déterminé…
Il croit devenir une personne en apprenant à agir collectivement, à rivaliser avec les autres, à gagner ou, plus important encore, à perdre, alors que si tout sert, rien ne sert vraiment. Quelque soit le niveau atteint, tout meurt… Selon ce modèle explicatif, nos premiers jouets d’enfance jouent un rôle dans la formation de notre caractère, les choses que nous recevons influencent considérablement le reste de notre vie. Dans le langage des études de genre, une science qui étudie le genre en tant que construction sociale imposée, indique que nous pourrions facilement débarrasser les nouveau-nés-humains de ces stéréotypes imposés, ne plus faire croire aux chimères et complémentariser les rôles de genre masculins et féminins. Chacun/chacune est humain/humaine en complémentarité ce qui génère la survie de l’espèce…
Je ne suis pas désolé de l’être mais mon chemin de vie qui ne mène qu’à la mort m’incite à l’indifférence des tumultes que sont les religions et les politiques qui ne mènent qu’à des autodestructions en suite de déifications qui finissent dans l’oubli et le risible. L’affaire de ma LéaFrancis m’a démontré la vacuité ultime des réalités intrinsèques et la mystique du néant… Volé par des amis flagorneurs, assassiné par l’appareil judiciaire qui est sensé défendre l’injustice, ignoré des politiques qui finalement ne vivent que de corruptions, boudé par les tenants de l’information qui ne sont que des outils de lobotomisation des masses, tous aux mauvais sévices de qui les payent pour une survivance précaire… C’est vain, comme faire tourner une automobile pour n’aller nulle-part et espérer en revenir…
Quoi de plus irrationnel que de serpenter dans une ville bondée et polluée en décapotable en plein été à trente degrés à l’ombre, avec un coup de soleil et une légère brise sur le visage pour être vu au volant d’une voiture ? Je me souviens de mes premiers jouets, d’ailleurs, ce n’était pas une voiture, c’était une paire d’animaux en peluche, un lapin et un loup. J’ai fait l’erreur d’emmener le lapin à l’école maternelle avec moi, ce qui n’était pas conforme au genre, une fille méchante lui arracha immédiatement un œil par jalousie, parce que je passais plus de temps avec le lapin qu’avec elle. Borgne, le lapin a attiré encore plus d’attention de ma part, je me sentais indiciblement désolé pour cela, après tout ce lapin avait sacrifié un œil pour moi. J’ai eu ma première grosse voiture quand j’avais cinq ans; c’était, si je me souviens bien, un cabriolet en tôle rouge avec pédales.
Je trouvais idiot de pédaler pour n’aller nulle-part et en revenir. Finalement quand nous allions nous promener avec ma mère dans les bois à côté de notre maison, j’arrêtais la voiture sous un arbre quelque part pour rêver. Un jour, ma mère a attaché une corde à l’avant et m’a tiré à travers la forêt. Le soir même, j’ai demandé à mon père si, au lieu d’une décapotable rouge, il pouvait m’acheter une Jeep verte qui me semblait être plus approprié. Les explosions sauvages étaient socialement mal vues, même lors de concerts pop mettant en vedette des artistes solo célèbres. Les gens devaient écouter les beaux-arts avec discipline, de préférence assis de manière sympathique mais réservée, applaudissant à la fin. Le seul endroit où l’on pouvait exprimer une exubérance sans entrave en public sans crainte et crier à pleins poumons et lever sauvagement les mains en l’air sans enfreindre aucune des règles…
Egalement faire face à des conséquences désastreuses était le stade de football. Là, et seulement là, des gens de tous les horizons pouvaient collectivement crier les slogans les plus débiles à tue-tête. Je pense que très peu de spectateurs (99% des hommes) étaient réellement intéressés par le jeu. La plupart d’entre eux venaient là pour crier, pour avoir des émotions fortes. J’ai détesté le football et suis heureux de le détester encore et même de plus en plus. Le football, et autres “sports” n’est que de la prévisibilité des émotions humaines. La notion généralement acceptée des sentiments est que les émotions sont une affaire privée, que vos sentiments sont les vôtres seuls. C’est pourquoi nous disons qu’on partage nos sentiments avec quelqu’un. Toutes sortes de choses peuvent être détenues conjointement: une maison, un compte bancaire, une voiture, etc…
Mais pas de sentiments qui surgissent généralement spontanément. Quelque chose se passe et nous devenons en colère ou ravis. Nous fondons en larmes, ou nous éclatons de rire. Les émotions sont prévisibles et nous construisons nos stratégies comportementales, notre communication sociale, sur ces idées. Si les gens sont empêchés de synchroniser leurs émotions pour une raison quelconque, cela peut les rendre malades. Nous vivons selon le mantra de la croissance constante et sans fin, un mode de vie associé au progrès, à la prospérité et au confort. Nous pensons que sans croissance constante, le monde sombrerait dans une récession et les gens s’appauvriraient. Une croissance constante exige des performances sans cesse croissantes. Dans ce contexte, le jeu est quelque chose comme le dernier lien entre passion et performance, qui, dans le feu de l’optimisation permanente des processus de travail.
Tout ça, jusqu’à la perfection de son propre corps, s’éloignent de plus en plus. Le langage nous montre la direction dans laquelle la société se dirige. Nous devons devenir plus professionnels et devons rester objectifs sont des phrases courantes qui sont souvent utilisées de nos jours sans trop réfléchir au fait que ce manque d’émotion peut également avoir des conséquences désastreuses, rabougrissant l’humanité en nous. Faut-il vraiment vivre dans un monde où seules les machines sont aux commandes ? Nous agissons déjà nous-mêmes comme des machines, nous divisons la société en ceux qui sont peu performants et ceux qui sont très performants, nous parlons fièrement des personnes très performantes comme si les gens étaient des aspirateurs. La joie de s’oublier dans une activité, le plaisir de travailler sur une tâche, de devenir plus rapide et plus intelligent que les autres, tout ce qui est ludique est ignoré.
Les experts mettent en garde : si la performance est jugée par sa valeur d’échange – en d’autres termes, si la performance est une spéculation – alors la passion est jugée par sa valeur d’usage. Il y a quelques années, en 1994, le mathématicien américain John Nash a reçu le prix Nobel d’économie pour ses contributions à la théorie des jeux, qui prétendait déjà être capable de prévoir ou de programmer presque tous les processus et excès dans le monde, de la guerre nucléaire aux introductions en bourse en passant par le négoce d’actions. Sa théorie supposait que le comportement rationnel dans toutes les situations de décision imaginables pouvait être déterminé avec une précision mathématique. Au fil du temps, la théorie des jeux a fait germer un bouquet coloré de nouveaux domaines, y compris de nouveaux concepts d’évolution en biologie ou de jeu éducatif en tant qu’école de pensée distincte et progressive.
Nash était capable d’expliquer toutes sortes de choses, à l’exception de son propre comportement. Il a souffert de schizophrénie pendant trente ans, était convaincu qu’il y avait plusieurs complots contre lui et a envoyé des explications sur ses délires sauvages aux ambassades et aux amis. Les lettres divagantes étaient soigneusement enveloppées dans du papier d’aluminium ! La Willys CJ2A, est l’auto à pédales que j’avais demandé à mon père sans jamais la recevoir… C’est la première Jeep produite en série destinée au marché civil, Sa production a débuté le 17 juillet 1945. La plupart des gens savent que les jeeps civiles ont évolué à partir du modèle MB de la Seconde Guerre mondiale, mais peu réalisent que la CJ2A avait deux ancêtres civils: la CJ-1 et la CJ-2. En 1944, les Alliés étaient convaincus que la guerre serait gagnée. Cela a permis à Willys d’envisager de concevoir par avance une Jeep pour le marché civil.
La documentation est difficile à trouver, mais il me semble qu’une CJ-1 (Civilian Jeep-1) fonctionnait en mai de la même année. La CJ-1 était apparemment une MB qui avait été modifiée en ajoutant un hayon, un timon et une capote en toile. Aucune des CJ-1 construites n’a survécu, et on je ne sais pas (au moment d’écrire ces lignes) combien ont été construites. La carrosserie d’origine de cette Jeep transformée volontairement en monument tout-terrain du surréalisme a été conservée sauf le capot et est en acier peint couleur olive terne, mais l’empattement a été allongé. Pas de portes pas de toit et un petit pick-up arrière a été façonné en bois de palettes en récupération, surmonté d’un réservoir de carburant qui ressemble à une vieille bombe en aluminium. L’ensemble est prêt à aller pour divers sloppin et diggin”…
Le style “Destroy” est une mix de paramilitaire et de Hot-Dodding… avec des sièges de style bombardier disposant chacun d’un coussin en vinyle rembourré noir avec une étoile de “army” peinte sur leur dos incurvé. Le tableau de bord a été amélioré avec une instrumentation moderne pour garder une trace des signes vitaux du V8. L’utilisation intéressante d’une boîte de munitions pour le stockage du “baise en campagne” plait beaucoup aux femmes… Tout cela a été réuni pour créer un look Army d’opposition au politiquement-correct. Un V8 350ci de 1979 se trouve maintenant dans le compartiment moteur en prise avec une transmission automatique TH350 à 3 vitesses qui transmet la puissance à un rigide Ford de 9 pouces sur des ressorts à lames transversaux. Pour arrêter ce Bitza, il y a des freins à disques à l’avant et des tambours à l’arrière.
Le résultat est aux dires des gens : Vraiment grandiose, et tout fonctionne parfaitement “au poil” avec beaucoup de bruits divers… Cette Jeep CJ2A’1947 personnalisé façon Hot-Rod “bouseux” fonctionne comme un fantassin en mission de drague, en quelques minutes le siège passager est occupé par une belle et jolie avide de sensations, de grande construction l’engin a conservé juste assez du CJ original pour le rendre crédible, les performances de vol stationnaire sont incroyables et attirent définitivement l’attention ! Voilà, voilou ! C’est le véhicule idéal pour un “Paranoid Tropézien”, une destination ou l’artifice et la technologie la plus menue prennent le dessus sur le sublime naturel pour oublier les miracles, afin que les yeux ne suivent plus le va-et-vient ridicule des automobiles politiquement-correctes dans le souvenir déformé des réalités post-modernes… Hippppss !