Le Coupé AMG GTS n’est pas un “Pissadoun” roulant, ni un “Cagadoun” vibratoire, destiné aux “Emboucaneurs” virtuoses dans le “Pâti” du Var !
Parmi une multitude de petits villages perchés, Fayence est situé dans l’arrière-pays de l’est du département du Var.
Face au massif de l’Estérel au sud, il s’ouvre sur un pays ondulant de plaines évoluant vers des collines couvertes de chênes jusqu’aux gorges profondes des contreforts des Alpes.
Avec un choix d’hôtels, restaurants et cafés, Fayence est un bon point de départ pour découvrir la région…, en commençant par lui même.
Jadis village fortifié, il y a encore des vestiges de ses remparts avec la Porte Sarrasine du XIVe, qui doit en fait son nom à sa herse, et un portail du XVIIe siècle…, en bas du vieux village se trouve le lavoir traditionnel en pierre…, puis les ruelles montent en colimaçon…, pittoresques, elles sont bordées de quelques belles demeures et ponctuées de 13 fontaines.
A Fayence on parle le “Provençal”…
Un “Pâti”, c’est le boxon, le souk, le chaos…, au sens propre, si vous habitez rue du Pâti ou place du Pâti, c’est le lieu où jadis les villageois venaient escamper leurs “Escoubilles” et leurs “Bordilles” ainsi que leur “Pissadoun” et leur “Cagadoun”…
Les “Escoubilles” sont les balayures (en oc,escoubar, c’est balayer, une “Escoube”, c’est un balai).
“Escamper”, du verbe “Escampar”, c’est renverser (jeter).
Une “Bordille”, c’est une ordure, c’est aussi la pire insulte en région PACA à laquelle il est normal de rétorquer : “Va te faire entuber”…, la réponse étant : “Tu m’enboucanes espèce d’empégué”…!
Un “Cagadoun” ou un “Pissadoun”, c’est un pot de chambre, un WC portatif.
“Se faire entuber” : c’est “se faire avoir”, se faire posséder (à l’origine, “la Tubasse” est une fumée épaisse).
Se faire “Emboucaner” : c’est pareil…, c’est se faire enfumer mais ça s’emploie plutôt dans le sens de se faire pourrir la vie.
“Empégué” : au sens propre c’est englué (la “Pègue”, c’est la colle), les sens communément employés : c’est être ivre, bourré ou encore avoir pris un PV par les gendarmes ! (relisez ce paragraphe “avé l’asseng de Provence’g”)
En étouffant par tous les moyens depuis 3 siècles les cultures dites régionales, les classes dominantes (d’abord la noblesse de cour, puis la bourgeoisie jacobine) voulaient surtout détruire les cultures et l’expression populaires pour mieux établir leurs hégémonies économiques et culturelles…, sauf que ce faisant, elles se sont tiré une balle dans le pied, tant il est vrai que sous tous les cieux de ce bas monde, la culture populaire est la matrice, la source où est toujours venue puiser la culture dite « savante ».
Cette politique absurde et suicidaire risque bien un jour, finalement, d’avoir la peau de la langue et la culture française elles-mêmes…, les sénateurs seraient fort avisés de méditer cette phrase (de Claude Lévi-Strauss, si ma mémoire est bonne) : “Une langue qui meurt, c’est une vision du monde qui disparaît et une perte de savoir pour l’humanité entière”… (le fameux universalisme républicain) !
L’Association Aéronautique Provence Côte d’Azur, qui a sa base sur l’aérodrome de Fayence-Tourrettes, fut le centre d’une guerre d’usage qui perturbait le commerce local, car l’aérodrome ne pouvait plus accueillir les Jet’s…, du moins en vols directs arrivant des pays hors Communauté Européenne…
S’y est ajouté d’autres soucis “riverains”… puis tout est rentré plus ou moins dans l’ordre et les Jet’s cohabitent de nouveau avec les vols en planeur pour permettre aux intrépides de s’en aller glisser dans le ciel au dessus du magnifique Pays de Fayence.
Anecdote : la scène finale de “Fantômas se déchaîne” d’André Hunebelle (1965), fut tournée à l’aérodrome de Fayence-Tourrettes, par le parachutiste Jacques Dubourg, qui portait une caméra fixée sur son casque, c’était alors une première…
Le tournage de la scène nécessita presqu’un mois et une bonne cinquantaine de sauts, pour ne durer que deux petites minutes à l’écran.
J’étais donc là avec une amie pour un café d’après-déjeuner en regardant les “zavions” avant d’aller visiter le “Vintage-machin de Sainte-Maxime”, lorsque des pétarades et autres grognements assourdissants de moteurs affutés d’autos m’ont sorti de ma somnolence…
Mercedes organisait sur l’aéroport son “Dream Tour” constitué de 3 AMG… et je suis allé voir de près, visant un “Dream Tour perso” avec une SLS AMG, consistant en “un démarrage Dragstérien à Donf des rupteurs”, suivi, (arrivé pas loin des 300km/h), d’un freinage démentiel…
Avoir une gamme complète et à même de satisfaire tous les désirs des clients (surtout potentiels) c’est bien…, mais la faire découvrir pour qu’ils s’en rendent compte par eux-même, c’est encore mieux…
C’était l’objet des journées “Dream Tour”, avec ici 3 modèles disponibles pour jauger des technologies embarquées et des capacités, afin de démontrer qu’aucun des engins de Mercedes n’est un “Pissadoun” roulant, ni un “Cagadoun” vibratoire destiné aux “Emboucaneurs” virtuoses dans le “Pâti” du Var !
M’installer à bord de l’AMG GTS 510 chevaux, c’était déjà la promesse d’un grand voyage en “absurdie”…, vivre l’accélération c’était la Valkyrie.., un magnifique moment durant quelques minutes avec un confort impossible à prendre en défaut, si ce n’est que ma grande taille y était “limite”...
Et je ne parle pas des relances inépuisables…, la distance parcoure était trop courte pour tirer quelconques conclusions, sauf que c’était malgré-tout suffisant pour “sentir” le châssis et les suspensions aptes à digérer la puissance, tout en étant capable d’offrir un bon confort avec des réglages adéquats…, et quelle musique…, waouwwww !
Le V8 à double suralimentation de 510 chevaux pousse fort, très fort…, les chiffres de 3,8 secondes pour passer de 0 à 100 km/h n’expriment que très imparfaitement l’affolement des aiguilles des compteurs et la violence de l’accélération lorsqu’on écrase la pédale de droite…., particulièrement sur le mode “Race” qui autorise la paire d’embrayages à asséner quelques à-coups, au service des sensations et des chronos.
Jamais cette DCT à sept rapports signée Daimler n’hésite entre deux rapports, en mode automatique, la sélection s’avère rapide, douce et pertinente…, de sorte que le mode manuel séquentiel peut réellement se cantonner à une utilisation sur circuit…, le couple offert par les 3.982 cm3 (650 Nm de 1.750 à 4.750 tr/min) suffit amplement à gommer le temps de réponse des deux turbines, leur sifflement discret est vite couvert par les bruits de l’échappement et de roulement…, particulièrement par ces derniers, de loin supérieurs à ce à quoi Porsche nous a habitués.
Je suis resté bouche bée devant l’encombrement de la console centrale, elle parait moins grosse sur les photographies…, sa taille imposante donne l’impression d’un habitacle plus étriqué qu’il ne l’est réellement…, heureusement, elle n’empiète pas sur l’espace dévolu au genou droit du conducteur qui est assis très en retrait, au plus près du train arrière…
C’est bien pour les sensations de conduite, un peu moins pour le confort… car l’amortissement très bridé en détente à l’arrière assène des coups de raquette, même en mode “Confort”, c’est regrettable que Mercedes-AMG n’ait pas choisi de mieux distinguer les lois d’amortissement piloté..
Très reculé, le conducteur est par ailleurs décalé vers la gauche, dans un cockpit étonnamment large…, la voiture mesure en effet 1,94 mètre de large contre 1,85 mètre pour la Porsche 911 Carrera S et 1,88 mètre pour la Chevrolet Corvette Stingray, plus raisonnable à cet égard que ses devancières…
C’est que la Mercedes-AMG hérite de sa devancière l’implantation centrale avant de son moteur, avec la boîte de vitesses rejetée contre le différentiel, sur le train arrière….
Bien qu’il soit officiellement plus court de quelque 9 cm que le V8 atmosphérique qu’il remplace, le nouveau moteur double turbo empiète largement sur l’habitacle…, d’où l’énorme console centrale.
Malgré tout, il est aisé de trouver une position de conduite agréable à bord, même si on peut regretter que la colonne de direction ne recule pas davantage, j’ai pesté contre l’implantation trop reculée du levier de commande de la boîte de vitesses robotisée à double embrayage (Il se murmure que cet emplacement fut dicté par l’insistance de la clientèle américaine à disposer de deux larges porte-gobelet sous la main, plutôt que sous le coude).
De part et d’autre ce de levier, on trouve huit boutons poussoirs (autant que de cylindres dans le moteur, dixit Mercedes) d’allure fort peu discrète qui commandent le volume de la radio, la loi d’amortissement ou bien encore le passage de la boîte en mode manuel…, Mercedes-AMG ne voulait pas tomber dans le travers des boutons à la Porsche, illisibles car trop rapprochés.
De tous ces boutons, mon préféré fut celui situé tout en bas à droite…, il a eu sur mon cerveau névrosé le même effet qu’une friandise sur celui d’une souris de laboratoire : très vite, on prend l’habitude de l’actionner pour obtenir une dose de plaisir…, une pression suffit pour libérer la voix du moteur et savourer les jappements de l’échappement.
Le patron d’AMG, Tobias Moers, est fier de préciser qu’il a interdit tout recours aux systèmes d’amplification ou de simulation sonore…, pas de son de synthèse sur la GTS : les borborygmes au ralenti et le cri métallique à hauts régimes sont bien ceux du V8, accompagnés de pétarades en mode “Race”…
Il est même possible de régler les silencieux sur leur mode le plus loquace tout en maintenant l’amortissement en position “Confort”.
Après cette prise de conscience bien utile…, il était temps d’aller se détendre un peu à l’exposition “Vintage” de Sainte-Maxime, très sympa : les bilans de cette demi-journée ?
– Premier bilan : Il est bon de rendre accessible certaines choses, même à des personnes déjà clientes…, le contenu technologique, les possibilités sans cesse repoussées des Mercedes actuelles fait qu’on ne se rend pas compte de leur potentiel… et le “Dream Tour” a ceci d’intéressant qu’il permet de les découvrir…
– Autre bilan : J’ai découvert un vieil appareil photo 6X6 à soufflet avec son étui en cuir original, affiché 70 euros, négocié 50…, et mon amie à offert des lunettes de coureur automobile à Blacky…, lui qui aime rouler avec la tête à l’extérieur, il en a été fou de joie…