1939 Antarctic Snow Cruiser…
L’Antarctique est le continent situé au pôle Sud de la Terre. Possédant une superficie de 13,9 millions de kilomètres carrés, il est presque entièrement couvert de glace et comprend les régions les plus froides de la planète. Contrairement à l’Arctique qui est un Océan recouvert de glace (la banquise), l’Antarctique est un continent entièrement entouré par l’océan Austral, très isolé par rapport aux autres continents, se situant en effet à 3.600 km de l’Afrique du Sud et 1.000 km de l’Amérique du Sud.
L’Antarctique n’est pas peuplé humainement, car le climat y est trop rude, mais des scientifiques y habitent par roulement pour y réaliser des études et des expériences. Cependant, de nombreuses espèces animales y vivent, comme le Manchot empereur. L’Antarctique est un continent très montagneux le sommet dans les monts d’Ellsworth près de la mer de Wendel culmine à 4.897 mètres. Ce relief est en permanence recouvert par la neige ou la glace. L’épaisseur moyenne de la calotte glaciaire est d’environ 1600 mètres. La calotte recouvre 98% de l’Antarctique soit environ 30 millions de km2.
Le volume de glace (de l’eau douce) est d’environ 30 millions de km3. Les mers entourant l’Antarctique sont gelées en permanence et forment une banquise. Les glaciers antarctiques se cassent en immenses blocs de glace d’eau douce qui flottent sur la mer, ce sont les icebergs. Certains pays revendiquent leur souveraineté sur des secteurs de l’Antarctique. Dès 1934, ce fut le cas de l’Australie, de la France, du Royaume-Uni, de la Norvège et de la Nouvelle-Zélande. En 1948-1949 les rejoignirent les États-Unis, l’Argentine, le Chili et l’URSS, puis l’Afrique du Sud, le Japon et la Belgique. Par le traité sur l’Antarctique de 1959, ces pays décidèrent d’unir leurs efforts pour l’exploration scientifique de cette partie du monde et y ont installé près de 70 stations expérimentales.
Deux secrets était là, prisonnier des glaces de l’Antarctique, attendant simplement que des chercheurs bravent le froid pour le débusquer : 1° une base secrète nazie et 2° la preuve de l’existence d’un univers parallèle au nôtre, où le temps défilerait à l’envers. Le 1 a été commenté et vous pouvez le lire ici : https://www.gatsbyonline.com/aviation/l-operation-neues-schwabenland-les-armes-secretes-nazies-1-337571/ … Cette histoire infiniment séduisante, digne des meilleurs scénarios de science-fiction, des médias du monde entier l’ont relayée encore ces derniers jours. Las, les auteurs de la découverte douchent aujourd’hui les espérances, estimant pour le moins aventureuse cette hypothèse…
Mais simultanément, y a été accroché un projet très sérieux baptisé Anita (pour Antarctic Impulsive Transient Antenna), financé en partie par la Nasa, l’agence spatiale américaine, débouchant sur un second délire ! A plusieurs reprises depuis 2006, un ballon bardé d’antennes radio a survolé l’Antarctique à la recherche de particules venant de très loin dans l’espace et pouvant renseigner sur l’origine de rayons cosmiques. Pourquoi au-dessus du continent blanc ? Parce que pour détecter ces particules à très haute énergie, les chercheurs s’intéressent aux ondes radio émises lors de leurs interactions à la surface de la Terre et seules des matières comme le sel ou la glace sont suffisamment transparentes pour que l’on puisse les percevoir.
En scrutant leurs données, les scientifiques ont constaté des choses bizarres. A de très rares occasions, les rayons cosmiques semblaient non pas se refléter dans la glace mais surgir de la glace, comme s’ils ne venaient pas d’un endroit éloigné de l’espace mais de la Terre elle-même. Dès lors, les chercheurs du projet Anita ont tenté de comprendre ce qui apparaissait comme des anomalies et ont publié leurs premières observations en 2016. C’est aussi à partir de là que les choses ont commencé à leur échapper. L’étrange découverte a en effet titillé de nombreux autres scientifiques. En mai 2018, l’équipe de Luis A. Anchordoqui, de l’Université de New York, a postulé que “les événements d’Anita seraient la preuve de l’existence d’un univers symétrique” !
Son raisonnement ? Les particules en question n’ayant pas pu traverser la Terre, si elles semblent en surgir, c’est parce qu’elles remontent le temps dans un univers parallèle. L’hypothèse a été détaillée en avril 2020 dans New Scientist, une revue britannique réputée ! Revenons-en dès-lors à plus de rationalité !
Visiter la masse terrestre inhospitalière de l’Antarctique a toujours eu un attrait irrésistible pour les explorateurs, beaucoup d’explorations furent terriblement mal préparées, ce qui explique le nombre élevé de corps gelés sous la glace, mais quand il s’agit de véhicules abandonnés là-bas, aucun ne pouvait se mesurer au délirant Antartic Snow Cruiser en termes de taille.
Avec le recul, on pourrait appeler cela une folie, ou un hommage à l’esprit d’entreprise humaine engagée. L’ingéniosité de l’homme fait que toutes sortes de véhicules étranges ont été expédiés en Antarctique pour aider les explorateurs… à commencer par des traîneaux tirés par des chiens, une solution primitive mais pratique parce que les chiens, généralement finissaient par être mangés lorsque les approvisionnements alimentaires manquaient. Des véhicules motorisés apparurent alors plus pratiques, Ernest Shackleton apportant la première voiture sur le continent.
Ce n’était pas un grand succès car mis à part les problèmes d’adhérence des pneus sur la glace et la neige profonde, les moteurs avaient tendance à tomber en panne dans le froid extrême. Robert Scott a essayé les traîneaux motorisés avec des skis au lieu de roues, mais ils n’étaient pas beaucoup mieux. Alors que la Seconde Guerre mondiale se profilait à l’horizon, les principaux protagonistes ont vu l’importance d’avoir une base dans l’Antarctique. L’aventurier américain, le contre-amiral Richard E Byrd, avait établi deux bases sur le continent au début des années ’30 et, à mesure que le niveau de menace perçu par d’autres nations augmentait, le gouvernement des États-Unis voulait que d’autres bases s’y établissent et il fut décidé que Byrd était l’homme de la situation.
Avec son collègue, le Dr Thomas Poulter, et en collaboration avec le “Armour Institute of Technology” de Chicago, il a conçu le Snow Cruiser, un croisement entre un autobus et un char. Pesant 37 tonnes, il avait une autonomie de 8.000 miles. Le plan était que son équipage de quatre personnes puisse rester en Antarctique pendant un an en l’utilisant comme base. Il comportait des logements avec stockage de nourriture, une cuisine, une chambre noire, un atelier d’usinage et même de la place pour garer un avion léger sur le toit. Deux moteurs diesel géants auraient pu atteindre des vitesses de plus de 50 mi/h…
C’était le véhicule qui devait changer le visage de l’exploration polaire ! Le gouvernement américain a déposé l’équivalent d’aujourd’hui de 3 millions de dollars pour construire le mastodonte. Une fois construit, sa capacité à faire face à la neige et la glace a été testé dans des dunes de sable près de Gary, Indiana. Cependant, avant même qu’il n’arrive à destination, il y avait des problèmes. Voyageant par la route de l’usine de Chicago où il avait été construit, à Boston d’où il devait être expédié en Antarctique, il a provoqué 20 miles d’embouteillages puis s’est écrasé hors de la route.. Réparé, il a finalement mis les voiles vers l’Étoile du Nord le 15 novembre 1939.
Il est arrivé à la base connue sous le nom de “Little America” quelques mois plus tard, mais n’a pas pris un bon départ, il s’est en effet écrasé à travers la rampe en bois du navire ! Après de nombreuses péripéties et cauchemars, finalement, l’Antarctic Cruiser a été utilisé comme base statique et centre de recherche, car il disposait d’un chauffage extrêmement efficace. Cela ne va durer que quelques mois, ensuite la base de “Little America” a été abandonnée en 1941, et simultanément l’Antartic Cruiser a été abandonné et finalement enterré sous la neige d’une banquise à la dérive.
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Au cours de l’opération High-jump à la fin de 1946, officiellement intitulée “The United States Navy Antarctic Developments Program”, une équipe d’expédition a trouvé/découvert l’Antartic Cruiser absolument intact et en parfait état de fonctionnement. Il n’avait besoin que d’air dans les pneus et d’un entretien pour le rendre 100% opérationnel ! Malgré tout le véhicule est resté sur place. À la fin de cette opération, ce n’est qu’en 1958 que l’immense bête rouge fut de nouveau vue, lorsqu’une expédition multinationale creusa sa tombe enneigée.
À l’intérieur du véhicule se trouvait absolument tout ce qui y avait été laissé, exactement pareil que lorsqu’il avait été abandonné pour la seconde fois, avec des vieux-papiers, des magazines et des cigarettes dispersées tout autour. On suppose qu’il est maintenant enterré une fois de plus sous la baie des Baleines, bien qu’il y ait eu des suggestions fantaisistes que les Russes l’avaient déterré et sauvé. Avec la glace antarctique en mouvement constant, la plate-forme de glace s’est brisée plusieurs fois et on ne sait pas si l’Antarctic Cruiser se trouvait de ce côté de la plate-forme et donc sous la neige… ou s’il a été englouti au fond de l’océan.
À l’ère actuelle de l’évaluation des risques, lorsque les outils de simulation peuvent prédire tous les aspects du comportement d’une machine avant même sa construction, un projet comme l’Antarctic Cruiser n’aurait jamais vu le jour. Ce qu’il a fait est un hommage à l’optimisme et l’esprit d’aventure qui a été derrière toutes les plus grandes innovations que le monde a vu. L’Antarctic Snow Cruiser et le Tucker Sno-Cat développés l’an dernier sont deux œuvres insolites et font partie de la série “Extraordinary Vehicles”, où nous nous poussons, spectatrices et spectateurs, dans l’émerveillement des prouesses de l’ingénierie folle.
Chaque hiver, une équipe créative devrait plonger dans les profondeurs de la recherche de l’effort humain pour identifier un véhicule extraordinaire qui a été développé pour maîtriser les forces de la nature. Ne disposant pas de documentation officielle de leur conception, ces véhicules sont ensuite développés en rendus 3D grâce à une étude détaillée des images, des angles, de la description textuelle, et beaucoup de plaisir... puis abandonnés !
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