Automobiles de collection, étagères à chaussures et châteaux bradés…
Artcurial-Rétromobile : “à vot bon coeur, m’sieurs dames”…
Le hasard qui parait-il n’existe pas mais serait une “force” qui nous dirige dans l’esprit de certaines religions (qu’il est actuellement obligatoire de critiquer) affirmant que “tout est écrit”…, ce hasard, donc, fait que le lundi soir 7 janvier 2016, ma page-mail ou s’ouvrait la pub pour le catalogue de la vente Artcurial-Rétromobile de février, mettant en vedette une Ferrari à 32 millions d’Euros, était “encadrée” d’une annonce pour des étagères à chaussures offertes à 19 euros 99 et d’une autre d’Explorimo pour des châteaux à vendre en France, dont un à Angers pour 170.000 euros…, ces amabilités consuméristes alternant avec d’autres dont une m’invitant à acheter une VW Polo AllStar “Rabitt” pour 170 euros/mois, sans apport… et une autre qui paraissait être une annonce pour sévices putassiers mais qui était une pub pour des chaussures de putes chics à 500 euros (la passe ?)… Un raccourci du monde consumériste !
C’était au delà du “drolesque” et de l’absurde de voir cette retape en faveur des sévices à espérer vivre en acquérant la reine de la vente ARTCURIAL-Rétromobile qu’était la Ferrari barquette (dont j’avais déjà publié une chronique) ayant appartenu à son excellence sérénissime le Sieur Bardinon, l’industriel de la peau de lapin… “estimée” entre 28 et 32 millions d’euros…
Bref, c’est un de ces instant ou l’absurdité du monde se révèle dans sa magnificence et sa stupidité…
J’étais plus que stupéfait qu’une aussi infâme bêtise fabriquée dans les années cinquante, plus ou moins de bric et broc pour que divers illuminés puissent s’éclater dans des courses de vanités inutiles et qui ensuite se vendaient “à-la-casse” même pas l’équivalent de 5.000 euros à des semi fauchés formant comme une chaine d’espérance ou la finalité consumériste égalait à peine diverses escroqueries d’affaires.. puisse valoir, comme ça, pouf, pouf., pouf.., trente millions d’euros plus frais, taxes et questions fiscales…
En comparaison ubuesque, sachant que Pierre Bardinon &co (le propriétaire décédé de la Ferrari à 30 millions qu’il avait acquise 5.000 euros selon ses vantardises) possédait également un château qui faisait se pâââââmer les foules ahuries croyant qu’il valait mille fois plus que leur 40m2 Parisien, voire leur Pavillon en banlieue, payable en 30 ans de la moitié de leur salaire sous conditions… sachant donc que son château ne valait en fait pas plus que les prix des annonces soit entre 170.000 et 950.000 euros, ce “tout cela” démontrait l’aspect “foutage de gueule” des prix annoncés par Artcurial relayés par les habituels magazines d’automobiles de collection…
Depuis 35 ans que je m’occupe de bagnoles-de-collection-à-la-con… je constate que :
1° l’évolution des ventes aux enchères ne se préoccupe plus des convenances passées qui tentaient de camoufler “les lacunes” et autres variantes, telles des mises-en-scène théâtrales de reconstructions (parfois en plastique) présentées comme authentiques (avec certificats de complaisance)… des fausses vraies utilisant le même numéro de châssis qu’une déjà vendue (au Japon, par exemple) acquise par téléphone (non branché) à un chien… voire des constructions neuves présentées comme authentiquement d’époque (laquelle ?) sur base de numéros de châssis d’automobiles disparues (au fond d’un lac)…
2° le système de la surenchère perpétuelle des mêmes automobiles (les peinturlurations suivent de même) devient tellement grotesque que depuis quelques brèves années les châteaux en vraies pierres de France et de Navarre, au centre de domaines prestigieux, avec lacs, forêts et bestioles à poils et plumes (les bestioles “à-poil” étant souvent diverses dames en quête d’absolu orgasmique) sont bradés à pas grand chose, c’est à dire l’estimation d’une Porschette 911 S Targa (160.000 euros / lot 139), “bagnole” bas de gamme issue de la VW Cox-Kafer-Beetle… où d’une Porschette 912 4cyl rebadgée 911 estimée 150.000 euros… tandis que des bricoles qui valaient 5.000 Francs des années ’70 sont annoncées à actuellement 30 millions, voire 70 millions pour une Ferrari GTO…
Notez que j’aime beaucoup le château d’Angers, celui qui est annoncé à 931.500 euros…, j’ai rapidement calculé que pour le prix de la Ferrarette-Bardinon, je pouvais acheter facile (les doigts dans le nez) 32 châteaux similaires…, ou alors 300 appartements que les beaufs-lambda peinent à payer en crédit à rembourser toute leur vie…, les mêmes qui vont sans doute s’extasier devant la beauté “artistique” de la Ferrari à 30 millions d’euros, alors qu’ils auraient bien du mal à se payer la Renault Dauphine 1963 évaluée par Artcurial à 40.000 euros (une affaire puisqu’une Alfa Roméo Giulietta Sprint l’est à 35.000)…
Dans ce joyeux bordel, outre avoir épinglé cette Dauphine à 40.000 euros (sûrement un gag involontaire, chaque propriétaire d’Ondine et Dauphine sachant que leur valeur dépasse le demi-million d’euros)…, j’ai revu pareil que mes anciennes Lamborghini Jarama et Espada…?
Il y a une dizaine d’année, Hervé Poulain en personne avec l’assistance de mon ami Matthieu Lamoure me suppliaient tous deux en dernière minute de baisser mes prix de réserve pour qu’au moins quelques voitures se vendent au Palais des Congrès…, de mémoire 12.000 ma Jarama, 9.000 mon Espada…, maintenant c’est 260.000 et 340.000 (respectivement)…
Pareil pour d’autres qu’Artcurial désignait avec mépris, alors que je vois stupéfait qu’une fausse Bucciali sera présentée avec amour par les mêmes comme une quasi vraie car “basée” sur une Cord…, le Souverain expert de l’époque du Palais des Congrès va en avoir une attaque, s’il a survécu… La devise est “Tout ce que vous avez ne vaut rien, tout ce que nou vendons à de la valeur”…
Tout ça me fait revenir le souvenir de ma Packard cabrio 1933 qui ne valait soi-disant quasi rien, démontée pour expertise par le sabreur-expert de l’époque (Souverain) pour tenter de trouver un défaut…, engin que j’ai préféré reprendre plutôt que d’accepter de vivre ces élucubrations… j’ai lu il y a quelques jours qu’une même Packard avait été adjugée 3 millions de dollars… démonstration que toutes ces “valeurs” sont des fumisteries ! Pour ma part, j’ai arrêté de participer à ce cirque !
Voilà, aucune jalousie de quoi que ce soit, je suis simplement amusé tout en étant stupéfait et heureux, car, je suis certain que ma Smart 1998 vaudra un jour chez Artcurial où autres… le prix d’une Rolls Royce Phantom cabrio des années gothiques (14 ième siècle)…, présentée dans un catalogue comme ayant “appartiendou” à moi-même, achetée neuve en 1998…
– Lot spécial, une Smart Brabus première série, la plus belle et la meilleure, achetée par un extraordinaire client d’Artcurial depuis ses débuts….En voulez-vous ?
– (Silence sépulcral en réponse)…
– 150.000, c’est pour rien pour une telle auto !
– (Quelqu’un tousse)…
– 150.000, Monsieur ?
– …
– Oui ?
– …
– Non ?
– …
– 150.000 à ma droite…
– …
– 151.000 au fond…
– …
– 152.000 à ma gauche…
– (Silence sépulcral, personne n’ose se gratter le nez ou autre chose)…
– 153.000, Monsieur ?
– …
– Non ?
– 152.000
– 152.000 !
– 152.500
– Je ne puis accepter des demi-enchères pour une telle automobile, voyons…
– …
– 153.000 elle est à vous…
– …
– Madame en a envie, je le vois…, vous ne pouvez lui refuser, Monsieur, à deux semaines de la Saint-Valentin…
– …
– 153.000, un cadeau d’amoureux…
– …
– Elle a les yeux de même couleur, et ils pétillent…
– 153.000
– 153.000 au fond, merci Monsieur…
– …
– Elle vous échappe Madame, je pensais à vos yeux rouge de chagrin de rater une si merveilleuse affaire, mais elle peut vous revenir…
– …
– 154.000 ?
– …
– Oui ? Non ? Vous hésitez…, elle est faite pour vous, je le sens…
– …
– 154.000, oui, Monsieur, enfin…, ce sera le plus beau jour de votre vie…
– 155.000
– Ahhhh ! Non… 155.000 au fond…
– …
– Elle vous échappe encore, Madame, elle était à vous…, elle ne l’est plus…, mais elle peut vous revenir à 156.000…
– (Rires)
– En voulez-vous ?
– …
– Oui ? Non ! 156.000, juste un effort… Monsieur, mais enfin, le cadeau de Saint-Valentin de Madame… Comment pouvez-vous ?
– 156…
– 156.000 à ma droite…, merci Monsieur…
– …
– Je reviens vers vous, Madame, je ne peux accepter que vous vous priviez d’un tel trésor… Laissez-vous tenter, 157.000 maintenant, voyez combien vous auriez pu gagner si vous aviez investit à 153.000 !
– (Rires), (Brouhaha), (Bruits de chaises)…
– 156.500
– Vous m’offrez 156.500 ? J’ai refusé une demi enchère, mais pour les yeux de Madame je peux accepter…, c’est exceptionnel, parce que la Saint-Valentin est proche…
– …
– 157.000 au fond…
– …
– Je suis désolé, profondément, elle était vôtre…, quel malheur, 157.500 ?
– …
– Je suis certain que le Monsieur au fond ne va plus sur-enchérir… Voyez, il ne lève plus la main…, elle est pour vous, je le sais…
– 157.500
– 157.500, je le savais, votre mari vous offre là un cadeau somptueux…
– 160.000
– 160.000 au téléphone… Je vous avais promis que le Monsieur au fond n’enchérirait plus, mais au téléphone… Un dernier effort, un chiffre rond, 165.000 ?
– …
– A ce prix, plus personne d’autre n’osera vous ravir ce bijou inestimable…
– 160.500
– 160.500 ! Bien j’accepte, mais qui peut savoir si…
– 161.000 Maître Poulain, 161.000…
– 161.000 au téléphone…, je vous l’avais dit… Osez 165.000, vous verrez, sans risque, elle est à vous…
– 162.000
– 162.000 ?
– (Rires), (Bruits de chaises), (Brouhaha)…
– Bien…, vous savez, nous sommes ici entre-nous, je puis me permettre de vous narrer quelques anecdotes…, cette voiture, c’est celle de mon meilleur ami, une amitié lointaine certes, mais le poids des ans l’emporte en valeur…, à cette époque je voyais mon ami me narguer à son volant, avec raison, c’est une voiture extraordinaire…
– 162 pas plus…
– 162.000 donc ? Oui ? Bien…, je savais qu’elle était pour vous… Une fois ? Deux fois ? Et au téléphone ? Plus rien ?
– Maître Poulain…
– Matthieu, oui ? Vous avez eu votre client ? Il ne répond pas ?
– Pas de tonalité…
– C’est un signe du destin, cette voiture était pour Madame, ici devant moi…, un cadeau d’amour de Monsieur pour Madame… J’espère que c’est votre Mari ? Votre amant ? Non ? Vous riez ? Votre mari ? Oui ! Que d’amour… Trois fois, j’adjuge, 162.000 euros pour Monsieur ici devant moi. Merci Monsieur, elle est à vous Madame, elle est vôtre, merveilleux, c’est le jour de l’amour… Pas le vôtre Matthieu, quoique…
– (Applaudissements)…
– Félicitations Madame, vous avez de très beaux yeux…
– (Rires)…
– Magnifique voiture aussi, après la vacation venez me voir, je vous conterai l’histoire de cette voiture magnifique… La voiture d’un ami très cher, achetée neuve par ses soins. Une rareté inestimable… Ah, mais j’ai oublié de frapper l’enchère avec mon marteau magique… Une fois donc… deux fois…
– (Bruits de chaises), (Rires), (Brouhaha), (Toussotements)…
– Maître, le prix de réserve est de 200.000…
– Bien, bon, Nous y reviendrons…Lot suivant, une rareté, encore une… Je débute à 800.000 pour ce qui est considéré comme un monument de l’automobile…, un Hot-Rod fabuleux ayant lui aussi appartenu à mon meilleur ami, une photo de lui se trouve d’ailleurs dans mon bureau, une valeur inestimable, un diamant finement ciselé par des mains expertes…, 800.000, j’ai déjà une offre par téléphone…
– En voulez-vous ?
– (Silence sépulcral en réponse)…