J’avais un scoop de choc, c’était colossal, une info exclusive ! Je l’ai oublié sous un oreiller, trop occupé avec une belle dame… Dites-moi pas que ce n’est pas vrai ! Merci à la presse d’avoir consacré leur une pour cette nouvelle incroyable. Le grand reporter Jean De Mescouilles fut le premier sur le coup, quoiqu’il ne savait pas qui était aux manettes sur cette affaire, alors que tout était déjà économiquement irresponsable partouze : “Nos politiques n’arrivent pas à sauver le monde” qu’il a écrit pour se dédouaner ! L’année dernière c’était presque aussi pire, il fallait s’inquiéter ! Non ?
Pffffff ! Le scoop était classieux : “Bentley va construire 12 exemplaires de la Bacalar, une voiture recarrossée par Mulliner sur base du cabriolet Continental GTC. Bentley a baptisé ce roadster en lui donnant le nom d’un lac mexicain connu pour son eau claire avec de merveilleuses nuances de bleu, causées par les roches calcaires. Cependant, la carrosserie de la Bacalar est recouverte d’une couleur jaune laquée, que les Britanniques ont appelée “Yellow Flame”. Ils ont utilisé des fragments de cosses de riz dans la peinture pour créer un effet spécial. À l’intérieur aussi, différents matériaux se disputent un rôle de premier plan, bien que cela dépende beaucoup des spécifications que les 12 clients choisiront chez Mulliner”...
La Bacalar n’est pas vraiment une Bentley Continental GTC. À l’exception des poignées de porte, elle ne partage pas un seul élément de carrosserie et même l’intérieur est spécifique à ce modèle, fabriqué “à la main” par le département Mulliner. Le choix des matériaux diffère également. Par exemple, les portes sont en fibre de carbone. Les lignes de type Barchetta sont basées sur celles du concept EXP 100 GT 2019, une étude de style à moteur électrique avec laquelle Bentley a célébré son centenaire.
La Bacalar et la Continental GTCabrio partagent une même base technique, bien que cette Bentley le fasse avec des trains roulants spécifiques (plus larges de 20 mm). Sous le capot se trouve le célèbre moteur W12 de 6 litres qui développe 659 chevaux avec un couple maximal de 900 Nm. Le tableau de bord enveloppant présente des ouïes d’aération redessinées. Il présente aussi des éléments en titane, des inserts en bois “de rivière” recyclé (sic !) et une console centrale spécifique avec un affichage personnalisé. La banquette arrière disparaît au profit d’un compartiment à bagages spécial avec des sacs Shedoni personnalisés.
C’est l’éveil des sens et même l’émerveillement qui envahissent le cerveau et mettent le palpitant en zone rouge. En appuyant sur le “start” du démarreur à impulsion, la formidable usine à gaz qui remplit généreusement la “salle des machines” se réveille, il ne faut que soulager la pédale des freins pour laisser partir la voiture au couple… Les reprises sont tout simplement fulgurantes, à la moindre pression sur l’accélérateur, la lourde Bentley bondit et, en appuyant franchement sur la pédale des gaz, un tempérament sportif jusque-là insoupçonnable se fait sentir, collant irrésistiblement l’intrépide conducteur au fond de son siège. Voilà de quoi métamorphoser n’importe quel gentleman en délinquant routier, les 2,5 tonnes de ce cabriolet se font oublier, ce qui incite forcément à s’encanailler.
Prudence toutefois : le freinage fait ce qu’il peut pour stopper la masse, ça manque de mordant et d’endurance ! A vive allure (et c’est peu dire !), la Bacalar fait montre d’une précision de conduite imperturbable, tout en préservant le confort, en dépit de ses montes généreuses en 19 pouces. Bien sûr que les petites départementales sinueuses franchouilles (bien de chez nous), ne sont pas son terrain de jeu favori, la Bacalar préfère avaler goulûment les courbes et les lignes droites de la file de gauche d’une autoroute. Problème : sous les 4000 tr/mn, le moteur est presque absent à l’oreille ce qui gâche le plaisir. Mais, heureusement, une légère pichenette sur la palette dissimulée derrière le volant permet de “tomber”, en un éclair, un des 6 rapports de la boîte séquentielle Tiptronic.
Vivre un tel concert mécanique de l’intérieur capote en place est mièvre, on en profite en décapsulant la capote, car l’insonorisation de l’habitacle est poussée. La vocation d’une Bentley devient pourtant pneu à pneu (sic !) de pouvoir signer des chronos quoique rouler en Bentley est d’abord un art de vivre, où le luxe prime. Dorloté, on avance vers un rendez-vous d’affaire ou d’amour même sans amour car on ne se lasse pas d’admirer les petits riens qui font toute la différence. Pour le corps féminin, c’est plus loin dans le texte, pour cette Bentley, c’est plus que du bois, des effluves de cuir, et des touches de chrome, c’est une ambiance qui rend heureux. Et le W12 a là toute l’importance nécessaire.
Belle, cristalline, avec quelques reflets et de belles larmes qui ruissèlent. Le nez est expressif, sur des notes de fleurs blanches, de citron, de miel, une pointe minérale et de fines notes pétrolées. La bouche est pleine, ample, ronde et élégante, construite sur un fruit bien mûr, sans lourdeur, portée à une acidité tendue, fine qui apporte beaucoup de fraicheur. La finale est longue et fine pour un moment de jouissance au fort potentiel… Excellent !
J’ai droit à un direct-live-cool, je sais d’avance que ça va finir comme si je me faisais sucer la roue de trop près par une livreuse de nouilles thaï, j’ai soudain en tête l’émotion de vieux souvenirs refoulés, les nems de Kheket et les rizières humides de Khu Khu… C’est surement sexuellement transmissible.
– Et zou, paf, par terre ! C’est rapide !
– Avec tout ça, on en a oublié de parler de choses importantes, l’amour, la vie, la mort, la beauté…
– Faut pas pousser !…
Elle me l’a susurré… et ce qu’elle a ajouté m’a fait serrer les fesses, trop au pied de la lettre…
– Gel et gants en latex ! Yaka faire comme pour une grande campagne de dépistage du cancer du colon, une proctologie consensuelle et l’affaire est dans le sac ! Comme on l’a déjà bien profond dans la vie, avec du gel et des gants, ça passera mieux pour aspirer la poudreuse, ça marche pas mal, une vraie chasse neige, ça nettoie en moins de deux !
– Dans l’inconscient collectif, la femme reste avant tout un objet de désir.
– Au nom de quoi ?
– Sachant d’avance qu’après jouir on dort, personne ne devrait s’intéresser au vide intersidéral qui caractérise ce que l’humain a le culot de concevoir comme relevant d’une quelconque pensée.
– Vous êtes un spécialiste de l’agitation, me feriez-vous la cour ?
– Je crois bien que oui, pour vos jambes et votre chevelure librement dénouée, pour votre allure si superbe quand j’erre en vos creux, en ère-mite, pour les fards qui rosissent vos joues, votre odeur oui, je vous fais la cour, c’est ostensible…
On boit du champagne, nos têtes presqu’au bout du monde, elle annule ses rendez-vous à la chaîne, dit non à des hommes importants, à des politiciens, à des avocats, même à une amante et à qui sais-je d’autre depuis une chambre prise le plus vite possible. Elle décommande très sûre pendant que sournoisement je dénude son dos, ses jambes, son odeur… Après c’est sauvage et doux et cela dure, et dure, nos regards brûlés, c’est presqu’insupportable mais vraiment délicieux, on joue la comédie des mains et des sourires !
– M’avez-vous assez priée et fait prier, supplié sous mes bottes de bien vouloir vous faire jouir ? Tâchez que vos démons vous inculquent la flûte ! 3/4 de flûte 1/4 de sang… 1/4 suffit, je vous assure… mais du vôtre d’abord ! Avant tous les autres sangs.
– L’Alchimie a ses lois… Le sang des autres ne plait point aux Muses…
Tout crasseux-pas-chié de la faulde, ni dégrossi du giron, prétendu apostat de mon sang même, recopieur de défets monopsiques à toute heure, s’ennuyant, ennuyant. Voilà toute la répugnance par opposition à la distraction éprouvée : on s’ennuie et on ne trouve pas son comptant. Peindre, écrire, chanter c’est foutre ! Discourir, tamponner l’épinette, subordonner, corrompre, tout pareil, glouglouter dans son sang, l’ouïr vrombir quand on est poignardé par l’enfouissement de son corps dans un autre. Voilà ! On pose là, on expulse ce qui est de soi-même, des résidus d’émonctoires chafouins qu’il faut entremettre partouze !
Quel cirque de s’introduire, de pénétrer, durcir, prendre tout, bander en somme ! Bête que l’homme est ! C’est à fond des paroisses de parmain et des puits profanés que le cri s’énonce bien. Je vois trop de films pour que cette vie m’appartienne encore, je lis trop de livres, quand suis-je vraiment moi ?
Elle se lève somptueuse ajoutant une touche respectable à son air ambigu, nous nous disons au revoir, décidons du prochain rendez-vous, même endroit, même jour, exactement jour pour jour dans un an…
Je déteste avoir vieilli. Je ne dis pas vieillir, vieillir est transparent, vieillir est un insensible petit ronron ébroué depuis bonne heure, c’est une léthargie dans laquelle on mouille le doigt sans ronds d’eau, sans tiède ou chaud, je ne dis pas vieillir qui s’agrippe en douceur et noyaute l’ingambe, vieillir, ce spécimen à microscopiques ambitions, ce charançon coi, cette manière d’étouffement serpenté au jour le jour dans l’enfoncement de la charpente, du pourri de boyard, mais dans le sucre aplati et docile.
Avoir vieilli en revanche, je veux dire le retour aux “maintenants” qui mordent la gueule et bouffent la chair jusqu’à section des nerfs, le cru revif claqué à pleine figure dans les sillons, les coins, les craquelures annonciatrices du naufrage qui tire droit dessus, voiles gavées de vents, matelot gibeté à la dunette, époumoné de cris -mort-mort- qui emplissent plus vite qu’ils n’écopent ! La mitraille renvoyée à tout-chaos par d’inflexibles chisteras de flaques-à-tain, regardez ! Avoir vieilli l’écorchure, regardez ce fracas, regardez ce froid gâchis, avoir vieilli et rien, rien qui ne semble, rien qui ne dise.
Ce n’est pas moi, je le jure, moi je suis poli à ne pas croire, moi je suis cristal échappé des petites maisons, tout chez moi écarquille et entonne, je cache sous ma défroque des esquisses de muscles d’Olympe, chacun de mes pores cèle millions et mille pigments que n’importe quelle étincelle fait tempêter en exaspérations polychromes, moi je suis du bouillon d’ardeur impétueuse, je wizze sans pauses jamais, pas un fleuve, pas un sommet ne ralentit ma course et l’anéantissement, je suis la foudre et la colère, je suis le feu, oui je suis feu…
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