Bentley Coupe V12 UltraTank
On connaît la folie douce des Russes quand il s’agit d’inventer n’importe quel engin artisanal. Plateformes de streaming vidéo à l’appui, les objets roulants farfelus accréditent devant la terre entière l’imagination débordante de ce peuple. Cette création d’un tank-chenillette de luxe, amène la populace, béate, à une sorte de fascination de l’inintérêt (a priori) de ce Tank qui laisse en double-sens le champ libre aux impressions divergentes. Le manque de rationalité de cet engin se fait immédiatement et bizarrement sentir.
“Sentir” étant à prendre au pied de la lettre, m’étant retrouvé à la piloter, en nage et en dérive, à force de crapahuter, de m’agiter et foncer à tombeau ouvert, avec appréhension, compte tenu des efforts nécessaires (plus cérébraux que physiques) que nécessitaient son pilotage électrique vaguement tapé malgré que l’intégralité du tableau de bord, volant compris, était exactement l’équipement d’une Bentley Continental “sur roues”...
J’avais prévu une séance photo avec une belle et jolie pour mettre la Bentley en perspective humaine, tout était prêt : une garde-robe fournie : fourreau de salope, minijupe de traînée, tailleur de pute (à fourrure), de sorte qu’à force d’attendre “LE” moment des “Shots” qui n’est jamais venu, elle a , fini par se déloquer pour reprendre une apparence humaine, ôtant en soufflant ses collants moites, après ses bottes, pour masser ses orteils, laissant l’équipe du “Tank” humer directement les odeurs échauffées qui émanaient de tout ça , mêlées aux relents d’un voisinage peu amène.
L’essai qui s’est ensuite déroulé fut “valable” (tombeau ouvert, freinages minutes, glissades, etc), mais rondement mené. Un léger emplafonnage dans un muret s’avéra la seule action imprévue ponctuée de coups de feu hasardeux d’un groupe de chasseurs désireux de montrer leur bonheur d’assister à cette affaire, au point que l’attaché de presse passablement casse-bonbons, se sente obligé de lâcher, pour tous les spectateurs, quelques arguties, affectées d’un penchant Russophile à la discutaillerie psychodramatique. Comme par un fait exprès, ce marlou visiblement soucieux de sa mise, trainait avec une bande d’affranchis à la ramasse, emmenés par une armoire à glace !
Cette affaire est assez simple à narrer : Le Big-Boss Russe de la chaîne Youtube “AcademeG” a eu la bonne idée de monter d’immenses chenilles sur sa Bentley Continental GT, l’idée étant sans doute de grimper n’importe où par le chemin le plus court et surtout, de le faire avec panache. C’est un pari réussi avec la greffe d’un système de chenilles dignes d’un tank soviétique monté sur la Bentley, rebaptisée pour l’occasion Bentley “Ultratank”. Pour faire passer le système sur les côtés du coupé de Grand Tourisme, quelques modifications ont dû être apportées, comme la suppression “à-demi” des portières et la découpe de la carrosserie au niveau des ailes, aux quatre coins. Le résultat étant monstrueux, bruyant et jouissif.
Le W12 de 6.0 n’a pas été conservé pour faire se mouvoir cet engin unique, mais en prêtant attention à la sonorité, on ne peut qu’apprécier la symphonie tonitruante ‘un V8 qui sort de l’échappement libéré. L’intégrité générale de la forme du coupé a été conservée, ce qui confère à ce véhicule une allure déstabilisante. L’intérieur luxueux habillé de cuir et de bois, a été lui aussi été conservé à l’identique. L’équipe à l’origine du projet a construit un tout nouveau châssis tubulaire façon chenillette du Grand-Nord, que l’équipe a par la suite marié à la carrosserie de la Bentley et à un moteur V8 d’origine inconnue (donc méconnue).
Il a fallu des mois et des mois et des mois et des mois de travail pour réaliser cette transformation, d’autant plus que la Bentley Continental GT n’est pas vraiment restée d’origine. Ce projet est assez fou. Cette Bentley Continental GT est unique au monde, et malgré toutes les modifications qui lui ont été apportées, elle n’est pas près d’aller au front. Elle n’est par exemple pas blindée,et les occupants ne sont pas du tout protégés. À défaut de faire la guerre, l’ultratank amusera les grands enfants fortunés.
En Russie, presque tout est possible même piloter un vrai Tank, tirer avec une AK-47 et un bazooka, tout en buvant de la vodka, j’ai ainsi combiné l’essai du Tank Bentley ER une excursion ultime réservée aux “vrais” hommes (et leurs copines), une après-midi entière de délire “à la russe”, tout compris, sur un champ de bataille reconstruit ! J’ai d’abord visité “Park-Patriot”, un impressionnant parc-expo incluant un musée de l’armée Russe. Là, j’ai pu tester mon aptitude à piloter un tank T-80 sur le simulateur officiel. Une fois la théorie achevée, on m’a fait grimper à bord d’un véhicule blindé Russe emblématique de l’ère Soviétique (un BMP-2 mais il y avait aussi un BTR-80) pour suivre un parcours en hors-piste.
En cours de route, un sergent-instructeur hurlait des ordres pour peaufiner l’ambiance. Il n’y avait strictement aucune chance de le comprendre, mais cela était impressionnant… Une fois cette première partie terminée, Vodka a satiété et déjeuner militaire inclus. L’activité suivante m’a permis de tester une variété impressionnante d’armes de guerre russes emblématiques : Makarov PM, PPSH-41, Kalashnikov AK-47, RPK, DP28 et bien plus encore… Pour finir, j’ai pu appuyer sur la gâchette d’un bazooka ! Pour éviter d’exploser par maladresse et ou de transformer les instructeurs en passoires, ne sont utilisées que des munitions non létales (à blanc).
L’apothéose finale fut la conduite assistée d’un gigantesque char de combat… dont le tableau de bord comprenait une centaine de boutons, cadrans et manettes de contrôle des turbines, lanceurs, dispositifs de communication, équipements électroniques, systèmes anti-feu et gyroscopes (pour ne citer que quelques-uns des systèmes complexes dont était doté l’engin). La plupart des commandes étaient toutefois accompagnées d’un libellé en abrégé qui n’était absolument pas “parlant” pour le non-initié que j’étais, ce qui rendait difficile la chose aussi basique que de trouver le bouton de mise en marche du moteur et le levier de vitesses. On m’a alors dit que certains tanks plus anciens nécessitaient un préchauffage du moteur pendant quelques minutes avant le démarrage.
Le relâchement des freins fut assez délicat il fallait simultanément lever le pied de la pédale et tirer sur un levier. Une fois ces étapes de base réalisées, la conduite du tank fut relativement intuitive. La pédale de frein et d’accélérateur fonctionnaient comme celles d’une voiture. Les tanks les plus modernes sont dotés d’un manche de direction similaire à celui d’un avion, tandis que les plus anciens disposent de deux leviers. En tirant sur le levier de droite, la chenille droite est ralentie, ce qui fait que le tank part à droite. En tirant sur le levier de gauche, c’est exactement l’inverse qui se produit. Les nouveaux chars de combat offrent une transmission automatique, contrairement aux vieux modèles qui requièrent un changement manuel des vitesses. Certains ont même trois pédales d’embrayage et calent assez facilement.
Les débutants apprennent en général à conduire un tank en gardant la tête en dehors de l’écoutille. Mais en situation de combat, il faut s’orienter à l’aide des “blocs de vision” ou “périscopes”, ce qui n’a rien d’évident pour un conducteur novice ! Sur une surface plane, un char d’assaut moderne peut atteindre plus de 95 km/h. Sur terrain accidenté, il est toutefois plus sûr d’adopter une vitesse de croisière de 16 à 25 km/h. Pour la conduite, inutile d’être particulièrement précautionneux, dans la mesure où l’engin est conçu pour rouler sur à peu près n’importe quoi. (Je n’ai toutefois pas eu la chance de pouvoir écraser des voitures jusqu’à réduire la hauteur de leur carrosserie à une trentaine de centimètres) !
Sur un terrain fortement boueux, il faut en revanche faire preuve de prudence. Si le corps du tank entre en contact avec le sol alors que ses chenilles tournent pour ainsi dire dans le vide (c’est ce que les spécialistes appellent le “bottom out”), il est coincé. Il faut alors recourir à un autre char pour remorquer le véhicule embourbé. Une autre solution consiste à placer un tronc d’arbre sous l’avant des chenilles et à faire avancer le char petit à petit, sur une distance égale à sa longueur à chaque fois, jusqu’à le sortir de la boue. Pour quelqu’un qui ne s’y connaît pas, l’utilisation du canon présente le même degré de difficulté que la conduite. De nombreux boutons servent à orienter le canon et à contrôler les dispositifs électroniques. Le bouton particulier qui sert à tirer n’est pas facilement identifiable.
Les blocs de vision dont se servent les artilleurs grossissent énormément le paysage, ce qui fait que l’artilleur a encore plus de mal à y voir que le conducteur. Il est arrivé quelques fois dans l’histoire, que des conducteurs improvisés réussissent à faire rouler un tank. En 2006, par exemple, des manifestants hongrois ont détourné un T-34 datant de la Seconde Guerre mondiale, à bord duquel ils ont parcouru une centaine de mètres avant que la vieille bête, à court de carburant, ne s’arrête juste devant une ligne d’unités antiémeute. Son réservoir contenait moins de 0,3 litres de diesel !