Bianco’S 1979
C’est une voiture rare aux États-Unis, inconnue en Europe, ignorée du monde entier, et, par conséquent, 99,999% des entités vivantes sur notre planète Terre n’en ont jamais vu ni reniflé ni quoique ce soit auparavant, physiquement ou en images. La voiture est l’une des spéciales pseudo-sportives construites au Brésil, par et pour des Brésiliens/Brésiliennes et pour qui en voudrait une, sous réserve d’un paiement certifié… La bête date de l’ère des Kit-Cars qui faisaient le bonheur des lecteurs/lectrices de mes magazines Chromes&Flammes (et dérivés), diffusés alors mensuellement à 500.000 exemplaires mensuels en 5 langues dans le monde entier.
Historiquement, le Brésil a subi le joug des lois restrictives sur les importations automobiles, les gouvernements successifs ayant l’espoir de favoriser une industrie automobile nationale dynamique. Dans l’ensemble, il semble que la tactique ait fonctionné, bien que pendant de nombreuses années, les Brésiliens aient été privés de “vraies” voitures sportives abordables, malgré qu’un certain nombre d’entreprises locales aient vu le jour pour combler ce vide… Cette Bianco S est donc une rareté Brésilienne construite sur un châssis Volkswagen. Elle a été créée en réponse aux lois du Brésil sur l’importation d’automobiles, qui se voulaient contributives à favoriser une industrie automobile nationale.
Ottorino Toni Bianco, un immigrant italien installé au Brésil en quête d’y faire fortune, a fondé sa propre société automobile Bianco en 1970 et ce fait qui était pourtant insignifiant à l’échelle du continent sud-américain, a eu un impact significatif sur la scène des courses et des voitures sportives au Brésil, concevant la première voiture de Formule 3 du pays. Bianco avait donc trouvé sa voie, son bonheur et le moyen de survivre à défaut de presque faire fortune. Il a donc continué à construire des voitures uniques jusqu’à l’âge de 80 ans (l’équivalent d’un sacerdoce) mettant en valeur sa passion de toujours en s’arc-boutant sur la fameuse Coccinnelle/Beetle/Kafer qui était un fleuron de l’industrie de l’Amérique du sud.
La Bianco S utilisait donc un moteur Boxer 4cyl.Coccinelle de 1600 cm³, produisant 65cv avec deux carburateurs aux niveaux des réglages standard d’usine. La bête pouvait atteindre 0-60 mph en 17,7 secondes avec une vitesse de pointe de 91 mph. Bien que ce ne soit pas particulièrement impressionnant en termes de performances, les ateliers de réglage locaux y trouvaient leur bonheur en proposant de “considérablement” améliorer ces chiffres. Environ 320 unités ont été produites avant la fermeture de l’entreprise en 1979. Le Grand rêve n’aura duré que 10 ans à raison d’environ une voiture construite par jour. La Bianco S Series 2 de 1979 présentée ici est vraisemblablement la dernière construite.
Comme les photos la présentent, elle est noire, pas très bien finie (à mon sens) avec un intérieur en cuir marron “local” qui ne pouvait rivaliser avec aucune véritable sportive de luxe européenne, quoiqu’elle disposait de vitres électriques et d’un volant cerclé de bois qui était la seule “sportivité” décelable de ce Kit-Car d’usine pré-monté en dehors de la gymnastique d’entrée/sortie du conducteur. La voiture a été mise à niveau avec un moteur VW Flat-Four de 1L9, équipé de deux carburateurs de style Weber (des copies Brésiliennes), et est maintenant installée à Phoenix, en Arizona, USA ou elle fait illusion car il ne fait aucun doute que la Bianco S ressemble à une Supercar inhabituelle des années 1970, avec sa carrosserie basse et ses lignes élégantes.
Malheureusement, (ou heureusement pour l’intrépide conducteur et les usagers de la route croisant la bête), les performances ne sont pas tout à fait… et même pas du tout… à la hauteur de l’apparence. Quoiqu’en tant que voiture de sport Brésilienne, cette voiture était l’une des meilleures produites au Brésil à l’époque, et des exemplaires pouvaient être vus inscrits à des courses locales à travers l’entièreté du Brésil et même plus largement dans toute l’Amérique du Sud. La Bianco S y était une voiture au style “mémorable”, ne ressemblant à rien d’autre sur les routes. En dehors du Brésil, très peu de gens savaient ce que c’était. Beaucoup de gens honnêtes et droits ont ainsi été sauvés d’une mort affreuse, prisonniers de la bête qui les avait broyés.
L’industrie automobile brésilienne avait été lancée par Henry Ford, qui avait ouvert la première grande usine automobile du pays en 1921. Cela a provoqué des effets d’entraînement dans toute l’industrie et General Motors est ainsi venu ouvrir sa première usine au Brésil cinq ans plus tard, en 1926. La population du Brésil et sa croissance économique en faisaient alors presque un miroir des USA sur le continent sud-américain. Les restrictions à l’importation et les droits de douane élevés imposés au Brésil signifiaient que la possession de voitures “sportives” était limitée à quelques riches privilégiés, mais le grand nombre de voitures Volkswagen fabriquées dans le pays à partir de 1959 allait bientôt apporter une solution à ce problème.
Le châssis plate-forme de la VW Coccinelle avait été conçu dès le départ pour être abordable à produire et mécaniquement simple. Il bénéficiait également d’une suspension indépendante à l’avant et à l’arrière, ainsi que d’un moteur arrière qui était assez réceptif aux réglages pour plus de puissance et de performances. D’innombrables entreprises ont développé des voitures à carrosserie en fibre de verre en utilisant la plate-forme VW comme base, un cas d’utilisation que Ferdinand Porsche n’aurait jamais pu prévoir. Le fait que le châssis de la Coccinelle soit essentiellement une grande planche à roulettes avec moteur, transmission, suspension, freins et direction pré-fixés, a rendu facile la fabrication d’une carrosserie en fibre de verre qui va au-dessus.
Et c’est ce qui s’est passé aux États-Unis, au Canada, au Brésil, en Australie et dans toute l’Europe. Bianco qui avait quitté sa ville natale de Venise pour s’installer au Brésil dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, à la recherche d’opportunités dans ce pays d’Amérique du Sud en pleine croissance qui deviendra sa maison pour le reste de sa vie, aura un impact significatif sur les scènes formatrices des courses et des voitures “sportives” du pays. La première voiture de Formule 3 jamais fabriquée au Brésil a été, comme déjà écrit ci-avant, conçue et construite par Toni Bianco, il avait auparavant conçu un certain nombre d’autres voitures de course dans le pays. Je vais être un peu plus précis concernant Bianco, quoique la place me manque…
Lorsqu’il a immigré au Brésil en tant que jeune homme, il a travaillé dans des banques et comme ouvrier dans la construction de maisons en bois, jusqu’à ce qu’il soit fatalement employé par un atelier mécanique dans le quartier italien traditionnel de Bela Vista à São Paulo. Cette implication dans la réparation et la reconstruction de voitures a transformé la vie de Bianco, et bien qu’il ne le sache pas à l’époque, il construirait encore des voitures 60 ans plus tard. Dans les années 1970, il a fondé sa propre marque de voitures de sport éponyme, Bianco, pour produire un petit nombre de voitures sur la plate-forme Coccinelle. Les trois principaux modèles étaient la Bianco S 1, la Bianco S 2 et la Bianco Tarpan (La Bianco S 1 a été produite en plus grand nombre).
Bianco a fermé ses portes en 1979, mais le fondateur de l’entreprise ne s’est jamais lassé de construire des voitures inhabituelles, jusqu’en 2018, il était toujours là, construisant ses voitures sportives à moteur central dans son garage à l’âge de 86 ans. Les Bianco S1 et S2 sont identiques sauf détails décoratifs, toutes à deux portes avec moteur VW arrière, toutes basées sur le châssis Coccinelle conservant suspensions, freins, moteur, direction et transmission de la VW Cox, en l’associant à une nouvelle carrosserie en fibre de verre avec un renfort d’acier sur les côtés et à l’avant, l’intérieur étant relativement bien bricolé en cuir brun surpiqué façon “diamants”, des vitres électriques, un volant sport Rosseti cerclé de bois et une instrumentation de marque Bianco…
Si les phares quadruples inhabituels vous semblent familiers, c’est parce qu’ils proviennent de la Volkswagen Variant et qu’il s’agit des mêmes phares utilisés par la Volkswagen SP2, une autre voiture sportive Brésilienne également construite localement. L’ajustement et la finition des Bianco sont corrects à défaut d’être très bons, selon les normes d’une voiture Kit-Car d’usine basée sur des VW Cox des années 1970, construite au Brésil en limite du quart-monde… Toutes disposaient des mêmes deux sièges baquets, d’un même intérieur recouvert de moquette et d’une sellerie en cuir/vinyle, d’un pare-brise feuilleté, d’un volant cerclé de bois et d’un tableau de bord basique.
Presque toutes étaient motorisées du FlatFour Cox de 65cv équipé de deux carburateurs fabriqués localement en copies et d’une boîte-pont manuelle à 4 rapports (incestueux), ce qui permettait au bestiau de passer de 0 à 100km/h en moins de 18 secondes et d’atteindre 91 mph (146 km/h). Ce ne sont pas des chiffres de performances particulièrement impressionnantes, mais les garages de réglages Brésiliens locaux pouvaient les améliorer en fonction des moyens financiers disponibles au fil des ans, incluant des moteurs plus performants issus de marchés alimentés par les trafics. Au plus fort de la production (sic !), dix Bianco étaient construites chaque semaine au lieu de 6, un nombre important pour un si petit fabricant. Mais rien ne dure éternellement.
À la fin de la production, 320 avaient été fabriquées, on ne sait pas exactement combien ont survécu, mais elles sont maintenant considérées comme des voitures populaires de collection au Brésil, ailleurs dans le monde, elles restent largement inconnues. La voiture que vous voyez ici est probablement l’exemple le plus présentable de la Bianco S existant. Comme déjà écrit elle est finie en noir et dispose d’un intérieur en cuir brun entièrement rembourré à coutures diamantées, de vitres électriques, d’un volant sport Rosseti cerclé de bois et d’une instrumentation de marque Bianco… J’hésite à supprimer ce rappel les redites sont fatigantes
La voiture est propulsée par un quatre cylindres à plat VW de 1,9 litre qui a été amélioré avec deux carburateurs de style Weber, des filtres à air à haut débit et des collecteurs tubulaires. La voiture roule sur des jantes Roda Gaucha Aro de 13po équipées de pneus Westlake Radial P18 185/70, et elle est équipée de freins à disque à l’avant et à tambour à l’arrière. Aucun exemplaire de la Bianco n’a fait son chemin en Europe… et seulement un exemplaire est arrivé aux USA on ne sait comment…