“L’Angleterre vous tend les bras“, affirmaient les Médias automobiles…, “Vendredi 11 juillet2008, Bonhams organise en effet sa traditionnelle vente à l’occasion du Goodwood Festival of Speed qui se tiendra à Chichester dans le Sussex. Il y aura des merveilles absolument inabordables comme la première Jaguar Type D 3.4 sortie des chaînes de production en 1955, une Bugatti Type 57 Atalante de 1939, une Lagonda LG45 Rapid Tourer de 1937, une Lamborghini Miura P 400S de 1970, une Bizzarrini GT Strada 5300 de 1968 et une Ferrari F40 de 1990 au milieu de bien d’autres modèles à des prix plus légers, ainsi que de la très belle automobilia. Un événement incontournable…” !
Difficile de résister, surtout qu’en sus de ce matraquage, Tom, le responsable de Bonhams UK à surenchérit…, ce qui est, concédons-lui…, son métier !
– “Et pourquoi, cher “Quelqu’un “, n’iriez vous pas au “Festival of Speed ” de Goodwood avec votre extraordinaire Corvette Big-Block 1966 ? Bonhams, par mon intermédiaire, est à même de présenter votre inestimable automobile au niveau de son rang, à un public de personnes hautement interessées par ce joyau de l’art mécanique… et donc de découvrir l’acquéreur qui saura l’apprécier et y investira l’argent nécessaire sans être regardant, disons 65.000 Livres Sterling au bas mot, soit légèrement en dessous de cent mille de vos Euros… Tope-là ? “…
En un éclair je me voyais déjà au bord de la mer, sous les cocotiers style Jersey et Guernesey…, attendant, comme une simple formalité, l’investissement financier subséquent…
– “Oui, vous avez raison, je vais aller à Goodwood avec ma Corvette“…
Tom, un homme sérieux , efficace, il a toujours eu les mots, les gestes pour m’aider…, à chaque fois que je le rencontre, il écoute patiemment mes histoires de voyages automobiles dans le monde, s’inquiétant toutefois, un peu, de mon apathie mécanique qui me submerge de plus en plus au fil du temps qui passe…
– “Parfait, je vous envoie l’Entry-Form, renvoyez-le moi avec une dizaine de splendides photographies, je vous réserve deux pages dans notre catalogue, à bientôt“…
Jusque là je n’étais qu’un client, impatient de voir la fin du bout du tunnel de la crise actuelle…, mais grâce à Tom et à cet accord quasi historique (voire hystérique), j’allais reprendre les rennes de la vie…
Mais quelle vie ?
J’étais cool, sans vrai but ni envie, me demandant confusément ce que j’allais bien faire de mes années futures !
C’était l’occasion de rebondir en me remuant.
Je suis donc allé à Goodwood…!
Sur place, j’ai rencontré des personnes savantes-es-automobiles qui m’ont affirmé que le marché des automobiles de collection devait être très haut de gamme pour être dynamique et entraîner le reste, comme la Jaguar Type D, vedette de la vente Bonhams de Goodwood… qui a effectivement été vendue pour plus de 2,000.000 millions de £, soit environ 2,400.000 millions d’€uros.
– “Malgré la crise des sub-primes aux USA et sa conséquence dans le reste du monde…, malgré la crise économique et le baril de pétrole au delà des 140 US$…, malgré les nombreuses faillites de banques aux USA…, malgré la chute des bourses et les scandales financiers…, malgré les menaces d’une troisième guerre mondiale, atomique, en cause de la crainte de l’Etat Israélien devant la montée en puissance de l’Iran en pleine expansion…, le marché des automobiles de collection de très haut de gamme ne chute pas comme il l’a fait au début des années 1990 !“… m’ont-ils martelé comme s’ils devaient me convaincre…
– “À la fin des années 1980, on a connu une bulle spéculative où tout se vendait à n’importe quel prix. Aujourd’hui, les collectionneurs et les amateurs semblent plus éclairés, ils étudient l’investissement, on le voit avec les Ferrari Daytona qui ont mis longtemps à atteindre les 200.000 euros, valeur qui semble actuellement normale, alors qu’en 1988 elles se vendaient à plus de 2,000.000 millions d’€uros, un prix tout à fait anormal qui s’est écroulé. Aujourd’hui, le marché est plus réfléchi et il y a une relève internationale, surtout Russe, ou les gens qui s’enrichissent, quelqu’en soit les manières…, viennent à la voiture de collection. Cela commence par l’achat de voitures exotiques qui seront des voitures de collection. La mode-tendance en ce moment dans le haut de gamme, est aux voitures de sport avec lesquelles on peut participer à des courses rétrospectives de prestige, comme votre Corvette Sting Ray Big block de 1966 qui atteint facilement 150,000.00 US$ dans diverses ventes aux USA…. Celles qui sont éligibles pour les Mille Miglia, le Mans Classic, le Tour de France, sont très prisées également des amateurs fortunés, de même que les voitures de course avec lesquelles on peut circuler sur la route. Quant aux monoplaces, c’est une autre histoire, parce que leur gestion est difficile“.
J’étais tout enflammé de les écouter, comme une assurance avant vente que j’allais battre des scores inouïs…, je pensais, en conséquence que j’allais racheter la Cobra (lot #576), la Monteverdi (lot #534) et la Mustang Shelby GT-500 (lot #543) avec seulement la moitié de la vente de ma Corvette (lot #557), n’écoutant quasi-plus leur docte discussion en monologue…
– “La Ferrari BB512 (lot #593) reste relativement sous-estimée, c’est une voiture qui a tout de même une histoire en course, même si celle-ci n’est pas extraordinaire, mais elle vaut aujourd’hui moins cher que la Dino 246 (lot #512), ce qui n’est pas normal. Chaque marque a ses modèles qu’il faut bien choisir, des modèles intéressants qui pourront prendre de la valeur“.
– “Souvent, on craque sans savoir, sur un coup de foudre“, ai-je alors rétorqué….
– “Si vous voulez vous faire plaisir sans faire un mauvais placement, il vous faut choisir un modèle connu et apprécié. Pas un modèle trop rare, l’auto doit être facilement revendable. Mais si vous avez envie de la Jaguar E-Type V-12 (lot #573, choisissez ce cabriolet plutôt qu’un coupé, ce sera plus cher mais plus facile à revendre… Si vous choisissez une marque très peu connue, la Barrow Spécial Roadster (lot #601) par exemple, voire la Siata Daina (lot #581), la revente sera beaucoup plus difficile, il faut aussi bien savoir ce que vous voulez faire avec ces autos : usage en solitaire ou en famille, usage sportif…, voire la mettre dans un coin et la contempler de temps en temps. Plus la voiture est moderne, plus il faut faire attention à son état“…
– “Je vais d’abord voir si ma Corvette 66 Big Block se vend, je ne fais pas d’achat sans avoir vendu cette voiture”…, ais-je rétorqué, “on me consulte régulièrement pour me demander conseil, je vais alors jusqu’à “chasser” un modèle rare pour le compte d’un collectionneur. Je commence par une étude des moyens dont dispose l’acheteur. Ensuite, je contacte les personnes ayant le modèle recherché et qui pourraient être tentées par une proposition. Dans ce cas-là, le prix est élevé et non discutable. Un Américain m’a ainsi demandé de retrouver une Packard qu’il avait vue photographiée en couleurs dans mon site GatsbyOnline…, or cette voiture avait déjà été vendue…, j’ai du reproposer son achat à mon acquéreur pour la ré-expédier aux USA. J’utilise mon fichier, mon réseau, mon expérience et mes archives. Les automobiles exceptionnelles se vendent très souvent aux enchères. Si on a une voiture exceptionnelle, la mettre en vente publique est une très bonne manière de faire, car il y a toujours des personnes intéressées. Un propriétaire d’automobile de très haut de gamme espère toujours qu’il y aura un riche inconnu, une société d’investissement, pour établir un nouveau record“.
– “Ces dernières années le marché a confirmé, et très clairement, la valeur des carrosseries uniques, et validé leur importance historique nettement supérieure aux modèles “de série”. Ainsi, les carrosseries spéciales deviennent de plus en plus une “terre promise” pour les collectionneurs, car ils y trouvent le témoignage irremplaçable des multiples chemins pris par les plus grandes marques de l’Histoire pour construire leur légende. La production officielle restera toujours objet de désir et de plaisir, mais les modèles rares, sortant de l’ordinaire, voire uniques ont contribué à leur propre manière, singulière et parfois décisive, à l’inspiration et à la créativité des automobiles de leur époque. Un objet unique joue toujours un rôle irremplaçable dans l’imaginaire de chacun, et présente un caractère, une identité d’autant plus forte qu’il se positionne en complément ou en contrepoint du courant “majoritaire” de l’époque“… me fut-il répondu…
Fort de cette discussion, j’étais sur un petit nuage.
Hélas, lorsque ma voiture fut présentée… et ce fut le même pour toutes les voitures américaines, mis à part la Mustang Shelby GT-350, aucune ne rencontra d’investisseur avisé !
Il y a des jours comme ça…
J’ai pourtant soif d’expérimentations…
Je les rassure, c’est effectivement le cas.
Les candides exogènes, peu au fait des subtilités du monde des voitures de collection, pourraient m’imaginer comme un être snob et blasé, dénué d’affect pour les inhumains.
C’est que la vie est parfois cruelle pour moi !
Si ma tendance naturelle est d’user mon temps (qui passe inexorablement) dans des parties fines afin d’emmener les poitrinaires hôtesses des lieux à onduler du buste pour me faire admirer les excitantes lois de la dynamique des fluides, il arrive parfois que certains évènements me poussent à sortir de mon biotope préféré.
Oui, j’avoue, je dois être masochiste automobile…
Plus étonnant encore, seule la présence d’une faune particulière peut me rendre intrépide jusqu’à venir m’enivrer des subtiles effluves distillées dans des shows automobiles et/ou des ventes aux enchères d’automobiles de collection… où l’ambiance plombée et glaciale me rétrécit lamentablement et irrémédiablement l’entre-jambe…
Non, point que j’éprouve l’envie brutale de m’enliser dans la connerie ambiante mais plutôt celle d’assister à un lâcher de bestiaux cumulant les superlatifs tant quantitatifs que non-qualitatifs.
Fin de partie…
Galerie Photos