Bonjour chez vous…
De nos jours, livrer une œuvre de qualité honorable suffit à susciter les acclamations de milliers de thuriféraires, qui crient immédiatement au culte…, de plus en plus nombreuses sont “les choses” auxquelles l’on prédit trop vite un grand avenir dans la mémoire collective…, quelques-unes dont on pense aimablement qu’elles resteront un siècle au panthéon des créations de l’esprit…, puis, à côté des spéculations, il y a les faits…
La série la plus aboutie de tous les temps, qui n’est pas américaine, ne date pas de la dernière décennie et ne parle même pas de sexe…, elle ne contient ni aliens gris, ni police scientifique, ni femmes désespérées, ni flashbacks inutiles…, elle a vu le jour sur les écrans anglais en 1967… et n’a jamais tant fait parler d’elle qu’actuellement (presque 50 ans !)…
Ses admirateurs racontent souvent, pour la flatter, qu’elle est toujours d’actualité malgré le sablier… et qu’elle est restée la même…, en réalité, ce serait la sous-estimer que d’affirmer qu’elle demeure aussi pertinente actuellement qu’à ses débuts : elle l’est bien davantage aujourd’hui.
Forcément, elle est le bébé d’un auteur visionnaire, qui a su se projeter mieux que quiconque dans ce que serait le futur des sociétés humaines du XXI° siècle…, de fait, elle avait bien cinquante hivers d’avance sur son époque : elle fut à la télévision ce que “Le Meilleur Des Mondes” d’Aldous Huxley fut à la littérature, à savoir l’anticipation la plus forte et évocatrice de son média.“Le Prisonnier”…, puisque c’est son nom, est bien plus que la simple série sociologique et critique à laquelle on la réduit régulièrement…, elle renferme une infinité de dimensions, qui vont de l’alerte politique à la définition d’un code de conduite, de l’hommage aux films de genre à la fibre psychanalytique, en passant par moultes séquences tragi-comiques issues du monde du théâtre…
Hybride au carrefour de la science-fiction glaciale, de l’humour british, de l’espionnage paranoïaque et du yéyé arc-en-ciel, “Le Prisonnier” terrifie et amuse à la fois…, faut-il rire ou pleurer de son cynisme sans fin ?