Une rencontre au hasard, comme beaucoup de rencontres, quand tu ne t’y attend pas, quand tu as la certitude qu’on ne t’y reprendra plus.
Installe toi tout confort, Popu, lis-moi…
L’esprit libre, encore cabossé des amours précédentes, tu déboulais au détour d’une route perdue, les oreilles libres, le cœur mou… paf, tu la vois qui te fait signe, sa Mustang est en panne… alors c’est le coup de foudre, la folie directe : la relation qui démarre sur les chapeaux de roues, au risque de te brûler.
Elle et toi, Popu, passez votre temps à baiser, un weekend entier, des histoires de chair, des histoires de Flesh…
Le début d’une histoire, ce n’est que mélodies… et passé l’électricité des premières fois, on se roule toutes et tous dans le stupre jusqu’à l’agonie, jusqu’à ce que les sexes brûlent, les dos griffés, jusqu’au sang.
On baise, on baise…
Voilà, Popu, t’as joui, tu ronfles… elle fume une clope à la fenêtre…
Ca repart…
On baise… et on parle de la vie, de la sienne, de la tienne… et de sa Mustang…, des longues phrases, des tirades banales que tu penses profondes, pour des moments tellement beaux.
C’est Bullit à domicile, c’est des moments de vies romancés ou crus, des mensonges et quelques vérités… on s’invente des personnages et l’on gomme certains défauts, parce qu’à chaque début de relation est offerte la possibilité de se redéfinir.
Alors tu passes des semaines, voire des mois, le sourire aux lèvres, à te balader… tous les jours, toutes les nuits… à penser constamment à des demains sans “avant”…
Ce n’est pourtant pas l’album de ta vie, mais il y a quelque chose de chaud, de rassurant, un coté aventure aussi.
Vous vous pardonnez tout, les petits défauts, les petites manies… et, lors des rares moments fugaces, cela confine au sublime.
Alors on baise, on baise, on baise… puis on commence à connaître les habitudes… l’excitation de la nouveauté n’est plus là, mais pourtant, chaque rencontre, chaque nouveau rendez-vous est tellement plaisant.
Tu étais un peu perdu aux premières fois, à ne pas savoir que faire de ce nouveau corps, gestion d’émotions nouvelles.
Tu connais parfaitement son tout désormais… tu le chantes sous la douche… tu la connasses par cœur, tu sais sur quels boutons appuyer pour tout faire sauter.
De la lassitude ?
Que nenni… quel bonheur, cette relation qui partait sur du plaisir spontané, sans lendemain, de la vivre évoluer en longue quête amoureuse, avant de rentrer explosé, défoncé… un plan cul mâtiné de drogues qui se transforme en relation longue durée, que demande le peuple ?
Et le temps passe… une sacrée étape, dans une relation, parfois casse gueule, souvent accueillie avec sourires… elle, papillon de nuit volant au grès des mélodies, n’est justement pas qu’un papillon de nuit !
La deuxième étape, c’est souvent de prouver que l’on peut être plus sérieux… alors on police, on police.
Les aspérités des débuts, les petits défauts, on les accepte moins… la maladresse tellement mignonne des premiers mois devient un peu agaçante.
Alors on gomme… on fait des efforts.
Tu te grattes les couilles, elle reste collée à son Smartphone…
C’était mignon, c’est devenu chiant… soudainement.
Alors on fait des efforts, on rabote…
Tohu Bohu, c’est beau… très beau… c’est la relation stable, sans la drogue et les levrettes sauvage du début.
Mais c’est toujours aussi agréable… et surtout, rassurant.
C’est beau putain, c’est beau…, on fête les anniversaires, les Noëls, les valentins/valentines, c’est beau, on est heureux putain… bye bye macadam, ça te rappelle le début, quand tout était fou, beau, candide…., parade, ça te rappelle quand tu rentrais bourré en hurlant dans la rue !
Tu roulais sur le monde, putain… maintenant tu roules sur canapé, devant la télé, mais c’est bien.
Et puisqu’on se connaît bien, pourquoi ne pas pimenter un peu le bordel… et tester de nouvelles choses ?
Ca fait des Let’s Go, mais c’est pas grave parce qu’on a confiance et qu’on voit bien que la relation tient debout, que c’est fait ensemble, putain on est heureux.
Alors oui, c’est plus mou… c’est moins l’aventure, les surprises, ce n’est pas tous les jours, mais seulement quelques fois dans le mois.
La lassitude ?
Pas encore.
Pointe-elle le bout de son nez ?
C’est possible.
Le dos griffé ?
Va falloir oublier…, “le boulot tu comprends”, “et si les collègues voient ça”...
C’est beau, c’est beau… Popu…, couillon… pour mieux te faire comprendre, je viens de changer les illustrations-photos, parce qu’en fait tu commences à rêver à une autre, différente… pourtant ta relation est mieux construite, plus solide, les fondations sont fortes…., mais la passion n’est peut être plus là.
Tu as troqué la passion pour la sécurité…, c’est pas plus mal, c’est comme changer la Mustang contre une Mégane… du coup tu te masturbes en rêvant à une autre, une plus salope… du moins… putain, fait chier !
T’as envie de pleurer, Popu… mais parce que tu sens le truc glisser, parfois s’éteindre, alors que t’es pourtant heureux.
Ca fait quelque temps que vous ne vous voyez plus… avec le boulot, les obligations, les fausses excuses, tout ça.
Oh, vous vous croisez tous les jours hein, mais depuis combien de temps n’y a t’il pas eu le feu ?
Le vrai, celui qui brûle, qui fait transpirer, qui nique le lit et les cervelets.
C’est froid bordel !
C’est toujours aussi propre, toujours aussi beau, surtout vu de l’extérieur.
Oh, le couple parfait… il est beau le couple, il est parfait, putain on vous envie, vous avez l’air tellement heureux.
Toi, tu reviens chez toi, les courses alimentaires dans des sacs à bout de bras… et des souvenirs pleins la tête, de la mélancolie à tour de bras.
Il fait froid… tu regardes le frigo et tu penses à “avant”.…
Ouais, Popu…, tu continues, tous les jours… mais ça baise plus… ça fornique, de façon robotique… une obligation presque.
Pire, tu commences à comprendre que ta nymphe fréquente d’autres personnes… elle ne le cache même pas, ça ne t’intéresse plus… et le pire, c’est que tu rêves de plus en plus à une vraie salope…
Parce que c’est déjà mort…, à l’intérieur, tu le sais.
Ca prendra peut être encore six mois.
Six mois à trainer un cadavre…. à s’engueuler… des hurlements inutiles, parce que… entre deux séances d’ennuis il faut bien un peu de tension, un peu d’électricité.
Les gueulantes ont remplacé les baises sauvages, il faut bien se décharger d’une façon ou d’une autre… et pourtant tu continues, tu tentes de regarder vers l’avant, de faire des voyages, des propositions… parce que c’est rassurant.
Ca fait des années que tu glandes, donc tu fais quoi si tu te retrouves tout seul comme un con ?
Ca fait peur, de se retrouver seul… Popu… mieux vaut trainer un cadavre hein ?
Jusqu’à ce que tu penses plus.., faut le trainer ton cadavre, hein ?
Jusqu’à ce que tu en chies du sang hein ?
Alors c’est fini, c’est mort… et pourtant, au détour d’un regard, d’une soirée, d’un geste, tu te souviens
que tu étais amoureux.
C’est un peu amer, un peu triste, mais il y a une légère chaleur dans ta poitrine… tu te rappelles de tous ces putains de moments de mélancolie belle et lunaire.
C’est mortel, c’est beau, c’est le plus beau truc depuis des années dans ta putain de relation de couple.
C’est nouveau et c’était avant…
C’est rassurant et ça pue la baise des premiers jours… tu penses même à quitter la ville et tout recommencer à deux, comme aux premiers jours.
Ca te file les larmes aux yeux, tu es heureux, tu te dis que tout peut repartir, l’étincelle est là, l’amour aussi, bien enfoui sous un paquet de merde.
Alors tu espères, Popu… comme un niais, comme un con.
Les minutes passent, l’étincelle trépasse, elle ne te regarde plus… et voilà que vous vous engueulez à nouveau pour rien.
La lassitude.
Et tu te rends compte que dans ton couple, il n’y a que du vide.
Pas de rage, pas de lien… même plus la Mustang te fais plus bander… t’as trop fait le dingue avec elle !
Mêmes les conflits sont vides, sans passion, sans feu.
Tu pleures parce qu’il ne reste plus rien, plus d’amour, plus de haine, plus rien… et… elle s’est taillée avec la Mustang…
Et tu rages car t’as signé un crédit pour une Renault ZOE… Popu… t’es con !
Bye Bye Macadam…