C4 Cactus : Citroën a osé…
Par Marcel PIROTTE
En 1948, Citroën dévoile la 2CV, une voiture simpliste mais efficace, pas trop chère, increvable également, elle se retire sur la pointe des pneus en 1990 avec plus de 5.000.000 d’unités au compteur, près de 7 millions si l’on y a joute les modèles dérivés comme la Dyane et la Méhari…, depuis lors, la firme de l’ancien quai de Javel n’a jamais pu faire aussi bien ni même “soulever” un tel engouement auprès de toutes les classes sociales.
Aujourd’hui, Citroën voudrait nous rejouer le même coup, mais cette fois sous la forme d’une “Deuche du 21e siècle”..., C4 Cactus, ils l’ont appelée…, alors que par le passé Citroën était passé maître dans l’art de la publicité mais aussi de la communication, les nouveaux génies placés à cette fonction ont sans doute raté le coche…
À leur place, j’aurais pris le chanteur Jacques Dutronc comme parrain de ce projet, lui qui n’hésitait pas à crier haut et fort dans sa chanson “les cactus”, que finalement : “la vie n’est qu’un cactus”…, il y avait sans doute moyen de “retourner” ce point de vue et de l’appliquer à la dernière C4 Cactus…
Toutes les voitures se ressemblent, seules quelques unes échappent à la morosité ambiante, les SUV, les nouveaux conquérants du bitume, sont tous bâtis sur le même moule, à quelques détails près on pourrait les confondre.
Les berlines, classiques à souhait, ont toutes les peines du monde à se démarquer…, seuls les coupés et autres cabrios permettent parfois de sortir de l’anonymat, alors que les breaks et autres monospaces, reprennent des formules archi connues.
Et puis vint la C4 Cactus…, une polyvalente qui veut jouer la carte de l’originalité à tout prix…, tout à fait à l’opposé d’une gamme DS orientée vers le luxe et la volupté…, avec Cactus, Citroën veut revenir à l’essentiel et proposer une voiture simplifiée mais rafraichissante, pas trop chère également… et surtout qui n’existe pas encore sur le marché.
La C4 Cactus ni n’est une berline, ni un Crossover (seulement 1,48 m de haut), ni même un break, mais un subtil mélange de tout cela, c’est une sorte de mini SUV, mais qui cache bien son jeu, d’autant que Citroën adore brouiller les pistes…, nous proposant une nouvelle donne automobile qui offre davantage de design et de confort, mais également une technologie utile, ainsi qu’un budget maitrisé…, tout ça, c’est le message délivré par le constructeur mais correspond-il à la réalité ?
Il y a un an, j’avais eu la chance d’assister, en très petit comité, à la présentation du concept Cactus qui devait voir le jour en 2014…, autant le dire de suite, j’avais été séduit par la simplicité de ce prototype mais également par quelques solutions assez innovantes.
A mon avis, une voiture bien née correspondant à l’image novatrice souvent véhiculée par le constructeur français…, d’où mon impatience de rouler avec la version de série… et Citroën, de me confier une version bien équipée, la plus chère également, plus de 23.000 €…, ce qui m’a un peu refroidi…, c’est loin, très loin, vraiment loin d’une compacte de base à moins de 15.000 €…, mais comme elle était affublée d’une couleur jaune flashy du plus bel effet…, qu’elle comportait des rails de toit et de très belles jantes de couleur, ainsi qu’un toit vitré panoramique qui “ne laisse passer que de la lumière tout en absorbant la chaleur”…, impossible de la louper…, c’était aussi le but recherché.
Et de me pencher sur la fiche technique de cette polyvalente de 4,16 m de long qui emprunte les dessous de la C3 Picasso, l’empattement de la berline C4, 2,60 m…, mais qui par rapport à cette dernière, affiche sur la balance, moins de 200 kg, énorme !
Et comment en est-t-on arrivé-là ? En rognant un peu partout, utilisant une plate-forme légère et compacte ainsi que de l’acier à très haute limite élastique et même de l’aluminium pour le capot et les poutres avant et arrière…, on a aussi allégé tout ce que l’on pouvait mais avec parfois de fausses bonnes idées, comme ces vitres arrière à compas qui font économiser 11 kg mais qui donnent l’impression aux passagers arrière d’être littéralement enfermés.
Et que dire alors de cette banquette arrière rabattable d’une seule pièce (6 kg de gagnés) alors que la plus petite des compactes propose bien souvent de série une banquette fractionnée du type 60/40…, ici, il faudra donc choisir, entre des passagers arrière ou bien des bagages mais pas moyen de combiner les deux …
Pour une berline qui se veut innovante, la C4 Cactus a raté le coche, à revoir au plus tôt, Citroën y pense sérieusement, sûrement…, mais c’est avant qu’il fallait agir… et non pas essayer de gagner des kilos à tort et à travers…
En revanche, cette berline mutante ne manque pas d’originalité avec notamment ses airbumps, des sortes de tapis en caoutchouc parsemé de bulles d’air que l’on retrouve sur les flancs de la carrosserie et sur les coins des boucliers…, ça, c’est plutôt original à défaut de ne pas être très élégant, mais au moins, le système a le mérite d’encaisser les petits chocs sans broncher, Citroën assure également qu’ils peuvent résister à la chaleur et aux plus grands froids, à vérifier dans quelques années.
En fait, Renault avait déjà pensé sur ses R4 et R5 à des protections installés sur les flancs, mais c’était nettement plus basique…, ces “airbumps” permettent d’identifier à coup sûr la C4 Cactus, d’autant qu’ils peuvent être proposés en quatre coloris et s’associer ainsi aux dix teintes de carrosseries proposées dont certaines sont littéralement flashy…
Et ce n’est pas fini, car à l’intérieur, la planche de bord se signale par son grand dépouillement, deux écrans tactiles, un point c’es tout…, il faudra se passer de compte-tours…, la boîte à gants passager est en forme de valisette, l’airbag côté droit se déploie à partir du haut du pare-brise… et pour fermer les portes, des sangles comme au bon vieux temps.
C’est plutôt bien présenté, l’écran tactile central regroupe la majorité des commandes (climatisation, applications médias, navigation, téléphone, aides à la conduite, services connectés), mais la manipulation n’est pas toujours évidente, il faut bien souvent repasser par différents menus afin d’accéder aux différentes fonctions…, cela aurait pu être plus simple…
Pour ceux qui optent pour la boîte robotisée (une solution à jeter aux orties et à oublier au plus vite), la commande s’effectue au bas de la planche de bord en sélectionnant trois boutons, D, R ou N…, un peu comme à la manière de certains voitures américaines des années soixante, mais le passage manuel des vitesse s’effectue via des palettes au volant…
Du coup, les sièges individuels des versions à boîte classique avec commande au plancher avant, sont remplacés par une espèce de banquette du style sofa…, mais que l’on peut adapter à la morphologie des occupants des places avant (notons une capacité du coffre bien dans la moyenne du segment, de 348 à 1.140 L, mais un seuil de chargement nettement trop haut).
Sous le capot de cette traction avant dont les poids se situent entre 1040 et 1150 kg, rien que des petits moteurs :
– essence trois cylindres, 1,2 L de 75 ou 82 chevaux…
– essence trois cylindres, 1,2 L avec turbo livrant 110 chevaux et surtout 205 Nm de couple…, le trois pattes essence de référence, à recommander, dommage qu’il ne soit pas accouplé à la boîte mécanique 6 vitesses…, 5 seulement…
– diesel quatre cylindres 1,6 L de 100 chevaux…, ce “Blue HDI” avec 254 Nm, constitue la meilleure offre en diesel, mais là aussi 5 vitesses seulement…, vaillant, performant, peu gourmand (un peu plus de 5 l/100 km), il peut véhiculer toute la famille et les bagages, en ville, sur route et même entreprendre de longs trajets sur autoroute…
La boîte robotisée à simple embrayage installée avec le trois cylindres essence de 82 chevaux ou le quatre cylindres diesel de 92 chevaux est à oublier…, imprécise, pas progressive pour un centime, imprévisible dans ses réactions…, caractérisée par de trop nombreux à-coups lors des démarrages et reprises, elle s’avère même dangereuse à utiliser.
Le groupe PSA a beau nous chanter que cette boîte ETG a subi de multiples améliorations, elle n’arrive pas à la cheville d’une solution robotisée à double embrayage (nettement plus onéreuse, il est vrai) et ne peut supporter la comparaison avec une boîte CVT à variation continue qui ne coûte pas plus cher…, la C4 Cactus mérite une boîte automatique…, mais une bonne et surtout pas cette ETG inadaptée !
Côté comportement, c’est plaisant à conduire, plutôt confortable, la C4 Cactus ne se couche pas trop en virages, pas trop de roulis non plus mais ce n’est pas une sportive…, qu’on se le dise…, c’est une bonne compacte, facile à manier, assez légère dans ses réactions, plutôt dynamique également…
– La C4 Cactus est-elle révolutionnaire ?
– Est-ce la 2 CV du nouveau millénaire ?
Nous n’irons pas jusque-là, mais en tous cas, elle apporte un peu de fraicheur, un vent nouveau dans un segment très important du marché…, en plus, elle est sympa, sort un peu des sentiers battus, c’est une sorte de concept car lâché dans la rue…, on la remarque, c’est sûr et de plus, elle roule bien, ses petits moteurs consomment et polluent peu, mais certains aspects pratiques auraient pu être mieux étudiés…, en outre, ses différents niveaux d’équipements et surtout ses options et autres “packs” peuvent très vite faire grimper le montant de la facture.., malgré tout cela, C4 Cactus devrait plaire à une clientèle anticonformiste…, mais quant à savoir si elle deviendra un collector, comme la 2CV, rendez-vous dans vingt ans…
Marcel Pirotte, pour www.GatsbyOnline.com
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