Cadillacs and Dinosaurs
Si vous ne vous êtes jamais remis de Dino Riders et que vous ne renonceriez à prendre le bus que pour vous mettre au volant d’une Cadillac cabrio ’54 (ne serait-ce que ligoté dans le coffre), il y a de grandes chances que vous ayez déjà entendu parler du comic de Mark Schultz qui célèbre les noces post-apocalyptiques des Cadillacs et des dinosaures. Dans le cas contraire, sa récente réédition chez Akileos est l’occasion de revenir sur ce bijou de la bédé d’aventures qui a également été décliné en jeux vidéo, série animée, toys et autres colifichets.
Le Comic
En 2020, la Terre a été ravagée par un cataclysme planétaire ayant contraint l’humanité survivante à se réfugier au sein de gigantesques cités souterraines. Cinq siècles plus tard, les humains retournent à la surface, découvrant un écosystème entièrement transformé au sein duquel cohabitent une faune et une flore qui avaient précédemment disparu, en particulier, je vous le donne en mille : des dinosaures.
L’histoire se concentre sur deux personnages :
– Jack « Cadillac » Tenrec, un as de la mécanique, tendance éco-warrior, appartenant à la Cité de la Mer, un New York en ruines à demi-englouti. Jack est une sorte de chaman, défenseur d’une doctrine (la machinatio vitae) prônant le maintien d’un équilibre entre la préservation de la Nature et le développement technologique. Il est issu d’une ancienne lignée ayant conservé les connaissances techniques nécessaires à la survie de l’humanité durant son séjour souterrain. C’est un amateur de voitures anciennes, capable de les modifier afin qu’elles roulent au guano de dinosaures.
– Hannah Dundee, scientifique et politicienne, ambassadrice de Wasson (anciennement Washington D.C.), une contrée simili-orientale rivale. Pragmatique et scientiste dans l’âme, elle est un peu à Tenrec ce que Scully est à Mulder. En revanche, niveau sape elle met à l’amende n’importe quel agent du FBI, à moins que vous ne soyez en mesure de m’en citer un qui porte aussi bien le bikini en fourrure…
Au programme des péripéties pulp de nos deux héros : sabotage de braconnage de sauriens, tôle froissée, expériences scientifiques à la Herbert West, voyages aux centre de la terre, complots politiques, hommes-lézards communiquant grâce à des lettres de Scrabble et érotisme chaste. De quoi contenter les personnes aux goûts sûrs et authentiques !
Le comic a originellement été publié de 1987 à 1995. Chaque numéro comportait une histoire principale signée Schultz et une histoire secondaire, généralement dessinée par Steve Stiles. Les Chroniques de l’Ere Xenozoïque réunissent les quatorze épisodes principaux dessinés par Schultz. Il existe également un comic en couleurs réalisé par une équipe différente et publié par Topps Comics en 1994 sous le titre Cadillacs et Dinosaurs.
Chroniques de l’ère Xénozoïque est une bédé culte, qui a sa place dans le haut du panier du graphic novel aux côtés du Barbarella de Forest ou du Hard Boiled de Darrow et Miller. Le style graphique de Schultz est un mélange de réalisme virtuose (l’anatomie des dinosaures, les engins), d’une mise en scène typique des pulps des années ’50 et d’une composition dynamique et violente propre à la bédé indé de la fin des années ’80.
Si l’inspiration de Schultz provient évidemment du récit d’aventure (Tarzan en tête), on décèle également l’influence des EC Comics (Tales From the Crypt) et de Lovecraft quand le récit bascule dans le récit d’horreur voire dans le gore.
Un seul regret: l’œuvre est inachevée. Et si Schultz n’a jamais annoncé officiellement l’abandon de la série, il est peu probable qu’il reprenne les crayons pour offrir une conclusion à une histoire laissée en plan depuis 1995.
Les Jeux
Le premier jeu tiré du comics, intitulé Cadillacs and Dinosaurs est un beat’em all signé Capcom, sorti en 1993, soit la même année que la diffusion de la série animée. Il s’agit d’un rip-off de Final Fight d’excellente facture, jouable jusqu’à trois simultanément. Il propose une palette de coups étendue, un nombre important d’armes à ramasser, une attaque spéciale par personnage ainsi que la possibilité de faire une attaque spéciale groupée lorsque plusieurs joueurs coopèrent. Quatre personnages sont sélectionnables, chacun ayant ses points faibles et ses points forts:
– Jack Tenrec est évidemment le personnages aux stats équilibrées, comparable à Cody de Final Fight.
– Hannah Dundee est rapide mais peu puissante à l’instar de Guy.
– Mess O’Bradovich (un comparse de Tenrec qui fait une apparition éclair dans la bédé) joue le rôle la brute épaisse venue botter des culs et mâcher du chewing-gum à l’image de Mike Haggard.
– Mustapha Cairo (un ingénieur, ami de Jack) est le personnage le plus complet du jeu, à la fois rapide et puissant.
Le jeu comporte 8 niveaux aux environnements variés (ville, marécages, désert, mines) reproduisant assez fidèlement les lieux de l’œuvre originale. Le troisième niveau permet même prendre le volant de la Cadillac de Jack et de tout écraser sur son passage. De temps à autre, il arrive que l’on croise des dinosaures. S’ils sont de couleur orange, ils attaqueront votre personnage. Affrontez-les, et ils deviendront verts, cesseront de vous harceler et prendront la fuite. De nombreux sites permettent de s’adonner en ligne à une version Java du jeu.
En 1994, un second jeu voit le jour: Cadillac and Dinosaurs : The Second Cataclysm. Développé et édité par Rocket Science Games pour le Sega CD (le Mega CD américain), il s’agit de la seule transposition de l’univers xénozoïque sur console de salon, si l’on excepte une version Dreamcast non-officielle du jeu Capcom. Il s’agit d’un rail shooter dont le gameplay combine la conduite et le shoot.
Le joueur contrôle simultanément Jack, qui doit éviter les obstacles au volant de sa Cadillac et Hannah, sa passagère, qui doit abattre les cibles ennemies. Il est possible de jouer à deux et de se partager les tâches.
Le jeu est en partie réalisé en full motion vidéo, une technologie alors très à la mode, qui tomba en disgrâce aussi rapidement qu’elle fut portée aux nues par des développeurs ayant décidé d’en mettre plein la vue aux joueurs au détriment du gameplay. Ici, rien à redire. Le rendu graphique du jeu est réussi et respecte le style de l’œuvre originale. On regrette en revanche la répétitivité des environnements (6 niveaux de jungle, 3 niveaux de mines… Il faut aimer le vert et le marron !). Là, où le bât blesse réellement, c’est au niveau de la grande difficulté du jeu et, paradoxalement, de sa faible durée de vie une fois qu’on a pigé le truc. Au final, on se retrouve avec un jeu sympathique, au défi assez corsé, et qui a le mérite d’être bien réalisé. Il existe une version PC du jeu.
La série animée
En 1993, l’année de sortie du premier Jurassic Park, la dinomania bat son plein et nombreux sont les studios désireux de surfer sur le succès du film de Spielberg en proposant une production estampillée dino. C’est dans ce contexte que le studio Nelvana s’intéresse à l’œuvre de Schultz et décide de produire une série animée en 13 épisodes de 22 minutes pour la chaîne CBS. Étonnamment, il ne s’agit pas du tout d’un produit opportuniste, mal torché, simplement pondu pour faire acheter aux gamins les figurines qui ne manqueront pas d’envahir les rayons des magasins de jouets dès le début de la diffusion. Bien qu’édulcoré et adapté pour un jeune public, le dessin animé se révèle fidèle au matériau d’origine et est correctement réalisé. La série a été diffusée en France à partir d’Avril 1994 dans M6 Kid, puis régulièrement rediffusée jusqu’en 1998.
Toys, JDR et… chocolat !
Pour accompagner la diffusion de la série, la société Tyco commercialise une dizaine de jouets (6 figurines, 4 dinos, 3 véhicules plus un prototype). Parmi les autres exploitations de la licence, on compte également un JDR sorti par GDW en 1990 basé sur les règles de Twilight 2000 et, parce qu’il faut bien caler l’estomac des rôlistes anémiés, des barres chocolatées. L’univers créé Mark Schultz a connu de nombreuses adaptations. Pourtant la plus évidente manque toujours à l’appel : le cinéma. Pas de doute, sur le papier, l’équation est explosive: Jurassic Park + Indiana Jones + Macadam à deux Voies = Le projet conviendrait bien à un Guillermo Del Toro, par exemple.
Qui sait ? En ces temps d’adaptations de comic-books à tire-larigot, Hollywood finira peut-être par s’intéresser à Xenozoïque pour le plus grand bonheur des amoureux de dinos.
8 commentaires
Galeriste, comme caviste !
On ne peut être vraiment soi qu’aussi longtemps qu’on est seul ; qui n’aime donc pas la solitude n’aime pas la liberté, car on n’est libre qu’étant seul. Toute société a pour compagne inséparable la contrainte et réclame des sacrifices qui coûtent d’autant plus cher que la propre individualité est plus marquante. Par conséquent, chacun fuira, supportera ou chérira la solitude en proportion exacte de la valeur de son propre moi. Car c’est là que le mesquin sent toute sa mesquinerie et le grand esprit toute sa grandeur ; bref, chacun s’y pèse à sa vraie valeur…
En outre un homme est d’autant plus essentiellement et nécessairement isolé, qu’il occupe un rang plus élevé dans le nobiliaire de la nature. C’est alors une véritable jouissance pour un tel homme, que l’isolement physique soit en rapport avec son isolement intellectuel : si cela ne peut pas être, le fréquent entourage d’êtres hétérogènes le trouble ; il lui devient même funeste, car il lui dérobe son moi et n’a rien à lui offrir en compensation.
J’adore m’isoler, loin de la foule (déchainée) ! Parfois mes proches s’inquiètent que je pratique la solitude comme certains l’onanisme ou autres… Le pire est que je ne m’ennuie jamais seul mais que je m’emmerde grave dès que je suis dans un groupe de plus de deux personnes… Par contre j’adore mon chien qui m’adore tout autant que je lui donne des Côtes de bœufs et autres jarrets de beaufs, un régal !
Ne soyez pas modeste, il a bien fallu que quelqu’un choisisse le sujet, vous êtes un galeriste du monde virtuel !
Leur publication reste un plaisir pour les yeux, et ce pour un abonnement mensuel fort modique ! Imaginez les trésors de diplomatie et les sommes qu’il faudrait investir pour voir des Dagmar en vrai, on ne peut que vous remercier en ces temps de disette !
Galériste, ou galérien ?
Excellente mise en valeur du pare-chocs Dagmar !
Je n’en ai aucun mérite.
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