Caresto-Rods… (T6 Roadster & V8 Speedster)
Le Hot-Rodding a débuté dans les années ’30, en Californie, quelques jeunes passionnés de mécanique et d’extravagance, s’inventent des sensations dans de multiples défis : des courses d’accélération sur des routes dégagées et plus ou moins désertes.
L’invention des feux de Traffic et leur multiplication au sein d’un réseau routier pléthorique mais en constante augmentation, leur offre des points de départs idéaux pour se mesurer les uns aux autres.
L’Amérique d’alors n’offre pas encore de véritables voitures sportives telles celles existant en Europe, aussi, ces jeunes passionnés utilisent généralement d’anciennes Ford’T dépouillées dont ils améliorent les performances avec mille moyens souvent désuets mais efficaces, ces engins n’ont aucune tenue de route, mais procurent des sensations démentes en accélérations.
L’arrivée des premiers V-8 Ford va leur permettre de récupérer ces moteurs provenant de voitures accidentées et de les placer sur “leurs” Ford’T (j’écris “leurs” entre guillemets parce que certaines étaient des voitures volées, il ne faut pas se voiler la face, c’est une pratique qui a d’ailleurs toujours cours dans les milieux de la prostitu-compétition).
Ce principe va ensuite devenir comme une règle au fur et à mesure de la diffusion des Ford’32, ’33 et ’34 qui vont devenir les archétypes quasi immuables d’un mouvement qui va se nommer Hot-Rodding et va peu à peu se structurer, avoir ses règles (ce n’est pas sexuel, quoique…) et surtout ses compétitions : les courses d’accélération sur le lac salé de Mojave (Californie du sud) ainsi que sur la plage de Daytona Beach en Floride…
Les courses de rues, mythifiées par quelques films, vont être interdites et vont se dérouler “au grand jour” sous forme de compétitions dans des endroits aménagés, c’est la naissance des Drags-Trip pour Dragsters, des courses d’1/4 de miles (400 mètres).
Après la guerre de 1941/1945, ce mouvement va se diffuser de plus en plus dans tous les Etats d’Amérique, aidé par la sortie d’un magazine d’un certain Donald Petersen : Hot-Rod-Magazine ! (Donald petersen va y puiser sa fortune puisque ce titre va le faire entrer dans le club des milliardaires, il fera même édifier un musée à sa gloire, musée qui existe toujours).
La technique va rapidement évoluer, des kits haute performance vont être commercialisés, les courses sur lac asséchés vont se structurer et s’organiser grâce à la création d’associations comme la Southern California Timing Association ou la Rusetta Timing Association…
Bref, ce “petit” mouvement va devenir une industrie très prospère en même temps qu’un style durable typiquement américain.
Le Hot-Rodding va alors se subdiviser en quantités de styles, dont le Customising qui est la transformation des carrosseries rondes et lourdes des véhicules d’après guerre, style quasi inventé par les frères Barris qui proposent des personnalisations automobiles aux Stars d’Hollywood.
Beaucoup de Hot-Rodders, ne pouvant financièrement pas suivre cette escalade, ou ne désirant pas s’engager dans la voie des compétitions de dragsters, vont alors se concentrer sur l’esthétique : châssis détaillés, mécaniques chromées et carrosseries soignées.
Fin des années 1950, pour faire face à la pénurie de carrosseries en tôle d’acier d’avant-guerre, des répliques en polyester vont apparaître, c’est la commercialisation “tout polyester” de la Corvette en 1953 qui va permettre la diffusion de cette technique.., ce nouveau souffle est suivi par la création d’une multitude d’entreprises spécialisées.
En réaction, les purs et durs Hot-Rodders, pour lesquels il est essentiel de rouler avec le véhicule qu’ils ont eux-mêmes modifié, se regroupent au sein de la NSRA (National Street Rod Association).
Dans les salons automobiles spécialisés, disséminés dans tous les Etats Unis (Oakland Roadster Show, Détroit Autorama…), on voit dès-lors peu à peu apparaître des véhicules uniquement construits pour y gagner des trophées (show-cars).
Le terme Street-Rod apparaît alors, pour désigner un véhicule conçu pour rouler sur route, véhicule qui doit en outre répondre aux principaux critères suivants :
– Etre un véhicule d’avant 1949 (ou une réplique de ce style),
– Avoir subi des modifications mécaniques et/ou esthétiques plus ou moins importantes,
– Avoir un châssis séparé de la carrosserie (pas de monocoque),
– Etre une propulsion.
On voit alors apparaitre des Hot-Rods avec moteur arrière, des moteurs Ferrari V-12 et quantités d’autres choses qui rendent totalement obsolètes les règles édictées par la NSRA…
Après le style baroque des années 1970 (chromes à outrance, peintures psychédéliques), qui donnera naissance aux “Van’s” pourtant à l’origine uniquement des véhicules de “surfeurs“, la période 1980-1990 voit apparaître un style beaucoup plus sobre mais beaucoup plus coûteux à réaliser : le high-tech (utilisation des techniques les plus modernes, épuration des lignes).
Ces Hot-Rods High-Tech coûtent des sommes astronomiques, souvent plus de 100.000 US$, parfois même 500.000 US$, ce sont des “vieux” (plus de 55 ans) nostalgiques très fortunés qui ont connu les débuts du Hot-Rodding, qui en passent commande à des carrossiers spécialistes tels Jay Ohrberg et surtout Boyd Coddington qui vont y prospérer.
A l’opposé de cette mouvance très chère, certains construisent des Hot-Rod’s se voulant plus conformes à l’esprit des origines : c’est le mouvement Nostalgia qui sévit depuis le milieu des années 1990, et qui prône l’utilisation de vraies caisses d’époque et des solutions techniques venant des origines : mécaniques anciennes, freins à tambours, pneus diagonaux, etc…, bref des Hot-Rods peu couteux, pas bien finis, désuets qui se veulent identiques à l’époque des outlaws…, c’est le début des Rat-Rods !
Aujourd’hui, le Hot-Rodding est en perpétuelle évolution et regroupe aux USA plus de cent mille personnes au sein d’associations nationales (NSRA, Goodguys….)… le rassemblement national annuel (NSRA Street Rod National) dépasse chaque année les 10.000 véhicules, avec des pointes jusqu’à 16.000 Hot-Rods, ce qui en fait le hobby automobile le plus important au monde.
Il existait sur le sujet d’innombrables publications spécialisées qui relataient l’histoire de cette part importante de la culture automobile américaine, ou expliquaient au travers de livres techniques comment construire soi-même de tels véhicules, mais comme rien ne dure vraiment, fin 2019 près de 20 magazines spécialisés dans les Hot-Rods et autres ont été définitivement stoppés.
En France, le mouvement “Hot-Rod” découle de la mouvance Custom, apparue fin des années ’70 avec Chromes & Flammes… et malgré que mon magazine prônait l’utilisation des voitures américaines à la base du mouvement Hot-Rodding (Ford’T, ’32, ’33, ’34 etc…), le manque flagrant de ces vieilles autos en France a contraint les enthousiastes d’un renouveau automobile à modifier des vieilles voitures françaises (Renault Juva 4, Simca Aronde, Peugeot 203…) pour les mettre aux normes du Hot-Rodding et du Customising, mécaniquement et esthétiquement.
Va s’ensuivre une véritable cacophonie des genres qui perdure encore actuellement, dérive due à des “coucous” (entendez par là “les opportunistes” de “Nitro“, à l’affut de nouvelles parts de marché en faveur de leur seule maison d’édition).
Cela va fatiguer bon nombre d’amateurs et durablement ralentir le mouvement Hot-Rodding dans l’hexagone franchouillard qui ne s’en remettra quasi pas, “Nitro” s’ingéniant à créer une guerre entre magazines… le mouvement Custom va en patir et piétiner (je passe sous silence les multiples coups bas, les diffamations et médisances ainsi que les sabotages de mes Dragsters et un contrôle fiscal téléguidé par un inspecteur du fisc, également pigiste “d’Echappement” les week-end (un magazine de la même maison d’édition que “Nitro”)…, qui prétendra que les profits des 24 heures du Mans allaient dans ma poche, un vrai délire !.
En tant que créateur et éditeur de Chromes & Flammes, je vais être fatigué de cette dérive et je vais faire évoluer mon magazine en AutoChromes, s’intéressant davantage aux véhicules haut de gamme.
Très rapidement, il n’y aura plus de vrais amateurs en grand nombre, plus de marché, donc plus de clients, le mouvement se suicidant par bêtise dans un climat de guéguerre entre clans et magazines.
Plus jamais la France et l’Europe Continentale n’arriveront à suivre (sauf de très loin) la mouvance Américaine, sauf l’Angleterre (qui ne fait pas partie de l’Europe Continentale et qui est excessivement bien structurée dans le mouvement Custom), et les pays Scandinaves (principalement la Suède).
Toutefois, méfiant et se souvenant de l’emprise néfaste des “coucous-opportunistes” qu’étaient et sont toujours les journaleux, beaucoup de rodders Franchouilles ne sont pas membres FSRA ni d’aucune association, d’autant que les règles prônées sont obsolètes : que faire des Prowler, véritables Hot-Rods modernes et des créations de Caresto qui s’affichent avec des moteurs Volvo ou Toyota placés en position arrière et qui ne répliquent strictement rien d’avant 1947 ?
Les propriétaires de véritables Hot-Rods ne s’y retrouvent plus dans ce mouvement “custom-franchouillard” , trop large et peu structuré qui ne tourne qu’autour de “concentres” et de “coupes” à gagner dans de faux concours débiles… et en finale des années 2010, les Prescrits Européens devenant des Lois pour chaque Etat, vont tellement renforcer les directives, les obligations et contrôles, que plus aucun Hot-Rod n’est légal, tous, s’ils sont utilisés, même avec l’artifice de vieux “papiers”, sont illégaux…
Le Hot-Rodding en Franchouille, ce fut et c’est encore l’épopée et le style de vie de divers marginaux, des rebelles et des “Hors-la-loi” (Outlaws).. et si c’est là le vrai fond, ça ne peut être une foire aux boudins, une foire aux bestiaux ou une concentre concentrationnaire de tatoués divers… wait and see pour ce qui va arriver…, quoique dans le pays aux lois les plus contraignantes en matière de respect de l’environnement et de la sécurité, la Suède, œuvre un constructeur génial qui propose des Hot-Rods neufs 100% légaux !
Un ancien employé de Volvo, du temps ou cette marque était 100% Suédoise et pas encore tombée entre des mains Chinoises, a créé des Hot-Rod’s remarquables de finition, en hommage aux suédoises les plus mémorables : le Caresto V-8 (Volvo 4L4) et le Caresto T6 (Volvo 2L9 6cyl.)…
Malgré un style plein de caractère, les Volvo’s passaient pour des voitures guindées… donc qu’un ancien employé de Volvo, constructeur surtout connu pour son attachement à la protection des passagers et de l´environnement s’est ingénié à construire des Hot-Rod’s 100% légaux et immatriculables… cela à créé un choc jusqu’aux USA, au Sema-Show de Lac Vegas.
Chaque année, les équipementiers américains tiennent salon en Californie… et quel meilleur endroit que le SEMA Show aux USA (Specialty Equipment Manufacturer Association) pour faire pareille démonstration et s’y faire une publicité ?
Le SEMA show est le réceptacle des rêves des accessoiristes, des constructeurs et des préparateurs qui se livrent à une compétition amicale pour rendre le plus bel hommage à l´esprit de créativité national, évidemment, il est de bon ton pour un constructeur étranger de se plier aux coutumes locales, voire de marquer son adoration pour le dieu Hot-Rod local en confectionnant sa propre interprétation du genre.
Mieux vaut s´adresser à un spécialiste du cru pour ne pas risquer de froisser les susceptibilités nationales ou, pire, de sombrer dans le ridicule avec une caricature de ces engins surpuissants, vaguement inspirés des populaires américaines des années ’30 et ’40… mais gare aux faux pas !
Les dirigeants de Volvo Cars of North America (VCNA) ont choisi d´ignorer ces conseils lorsqu´ils ont découvert le fruit du travail isolé d´un Suédois, Leif Tufvesson, échappé du centre des prototypes de la marque situé à Göteborg, en Suède.
Lorsque la présidente de VCNA, Anne Belec, a posé son regard pour la première fois sur le Caresto T6 Roadster dessiné et assemblé à la main par cet ancien employé Volvo, le Hot-Rod avait déjà été récompensé à plusieurs reprises par des magazines spécialisés à l´occasion de concours :
“Lorsque nous avons vu les photos du Caresto T6 Roadster et que nous avons pris conscience du soin porté à sa finition, nous avons immédiatement compris qu´il avait sa place sur le stand Volvo au prochain SEMA”, a dit Anne Belec, ajoutant : “d´autant que cette voiture biplace fait appel à des composants Volvo de série, ou bien, à défaut, à des pièces façonnées à la main par Leif Tufvesson dans son atelier de restauration de véhicules anciens Caresto, basé à Engelholm“ (www.caresto.se ).
Leif se lança dans la construction de son chef-d´œuvre, le Caresto T6 Roadster en 1998, après avoir visualisé le nouveau Prowler de Dodge-Chrysler et sauvé du pilon une Volvo S80 T6 prototype que ses collègues et lui avaient soumis à toutes sortes de tests.
Le T6 Roadster fut équipé du moteur 2L9 6 cylindres en ligne Volvo provenant de ce prototype, mais additionné de deux turbocompresseurs…
En suite de l’extraordinaire succès médiatique de sa création (Hot rod of the year by Hot Rod Magazine… Hot rod of the year by Wheels Magazine Sweden… Best in time European by Street Rod Nats & Sema show 2005), sans attendre de l’avoir vendu (environ 250.000 euros) Leif a réalisé une évolution de ce Hot-Rod High-Tech, le Caresto V8 Speedster.
Son moteur V8, 4.4 litres, Volvo B8444S est également monté transversalement au centre-arrière, il fonctionne à l’éhtanol ou à l’essence… en alimentation essence, il développe 315 cv à 5850 T/m… en alimentation éthanol, il développe 340 cv à 5850 T/m… la boîte de vitesses est une Geartronic 6 vitesses.
Un acheteur intéressé devrait être disposé à payer autour de 2.5 millions de kronor (la monnaie Suédoise) soit approximativement 338.000 US$ où 250.000 euros (plus taxes et divers) pour obtenir ce véhicule ou un autre réalisé exactement aux spécifications de l’acquéreur, obtenant en retour une voiture sur mesure et unique, en matériaux de pointe et avec le rendement élevé d’une voiture de sport avancée.
L´œuvre de Leif Tufvesson s´appuie sur un châssis tubulaire en acier qui supporte une carrosserie en aluminium, tous deux dessinés de sa main… ce qui correspond aux valeurs des Hot-Rods qui étaient fabriqués chez Boyd Coddington … ttrès loin des Nostalgia basiques et des bidouillages sur Monaquattre et autres 203 Peugeot.
Le Caresto Roadster V-8 y incorpore quelques références aux modèles contemporains : “Le capot arrière est à l´image de celui de la Volvo P 1800 ; les feux arrière à l´image de ceux d´une PV 444 ; la calandre évoque la Volvo XC70 ; tandis que les flancs s´inspirent de l´Amazone et des C70, S60 et S80. Autant de modèles qui illustrent la richesse du style de Volvo“…
Du propre aveu de Leif, l´inspiration lui est venue après avoir été confronté au Prowler et en contemplant ensuite les lignes intemporelles des Volvo d´antan… avec de l’imagination, on peut tout réaliser, et c’est plus qu’un double sens…
Je vous ai placé, ci-après quelques vidéos qui illustrent les débuts du Hot-Rodding aux USA et ce qui est considéré comme la mort du Hot-rodding aux USA (vidéo 1), plus quelques scènes de Dragsters qui vous démontreront qu’accélérer sur 400 mètres n’est pas toujours une partie de plaisir… (vidéo 2)…
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