Présentation et commentaires…
Incroyable mais vrai, il est encore possible de passer commande d’une Cheetah. CRC (pour Cheetah Race Cars) se présente un peu comme l’équivalent de Caterham vis-à-vis de la Lotus 7.
Mais ce n’est pas tant sur l’histoire, les caractéristiques techniques ou cette “continuation de la Cheetah” que je voulais me pencher en réalisant ce reportage.
Plutôt sur son incroyable ligne…
Je ne suis pas le seul, voici quelques commentaires que j’ai noté, provenant de diverses personnes qui sont “tombées” nez-à-nez avec ce monstre… :
– Ouaihhh, elle est tellement racée et sauvage, c’te bagnole, que je ne lui connais pas d’équivalent aussi fort.
– Cette Cheetah me hérisse les poils et me donne la banane, même si globalement il n’y a pas de quoi grimper aux arbres…
– Ca doit être marrant de conduire véritablement assis sur le train arrière comme ça…
– Ca me rapelle les Cobra de 1965 !
– Il faudrait développer sur la motorisation pour finir d’asseoir tout le monde ! A l’époque, les Cheetah’s étaient équipées de moteurs de Chevrolet Corvette dopés à 6.2 L et 520 chevaux. Vitesse maxi : 320 km/h ! Et tout ça dans une auto qui est plus petite qu’une Mini actuelle ! Petite précision, le chassis et la carrosserie ne supportaient pas cette vitesse…
– Cette auto a été immortalisée par Jean Graton dans “Suspense à Indianapolis”.
– J’ai eu la chance de m’installer dans la Cheetah CroSal et même de la déplacer sur 200 mètres environ. Il y fait très chaud ça puait l’huile et l’essence, ça vibrrrrrrait (le mot est faible) de partout…, mais quelle ambiance grisante !
– Ca doit y aller les glissades avec cette voiture ! Tout en travers sinon rien…
– En tout cas, elle à une de ces gueules avec son empatement réduit !!!
– Ca fait peur meme à l’arrèt !!!
– Qui en france à déja vu rouler une Cheetah, y a t’il une continuation chez nous ?
Le mythe…
L’AC Cobra s’est taillée une sacrée réputation dans les années ’60 : celle d’une voiture indomptable ou presque, sauvage à coup sûr.
Chevrolet, concurrent de toujours de Ford qui fournissait le moteur de la Cobra, ne pouvait pas rester insensible à l’impact que la Cobra produisait, il lui fallait donner la réplique.
Aujourd’hui pourtant, celle qui naquît alors du rêve de Bill Thomas, la Cheetah, n’a pas accédé au rang du mythe, au contraire de la Cobra.
Pourtant, ce n’est pas faute de disposer de lignes incroyables, jamais vues auparavant, jamais vues ultérieurement.
Enfin presque !
Depuis 2006 en effet, la Cheetah, à l’instar de la Cobra qui poursuit sa carrière chez AC, rugit de nouveau avec la Cheetah Continuation Coupe, produite dans l’Arizona, aux Etats-Unis.
C’est d’ailleurs un de ces modèles qui est illustré dans cette article, propriété de Marc et Véronica Baen.
La Cheetah première du nom n’ayant été produite qu’à 23 exemplaires, toute Cheetah Continuation Coupe construite, sonne comme un coup de tonnerre dans le ciel de notre globe terrestre.
Un V8 5,7 litres, sous le capot d’une Cheetah, cela ne passe jamais inaperçu…
Cheetah Bill Thomas Race Cars…
La Cheetah a été imaginée et construite par Bill Thomas dans sa compagnie, Bill Thomas Race Cars. Grâce à ses nombreuses relations chez Chevrolet, les plus récents éléments mécaniques provenant de la Corvette ont pu être employés.
Grand supporter du clan Corvette, Thomas voyait clairement à l’aube de la saison 1963 que les Cobra de Carroll Shelby ne feraient qu’une bouchée des Chevrolet Corvette.
Il proposa donc à la G.M de construire lui-même une voiture basée sur la mécanique Chevrolet qui pourrait ainsi battre le clan Ford sans violer la position officielle de la marque de non-participation aux courses. Chevrolet fut dans un premier temps intéressé et un projet fut mit en place consistant à construire 100 exemplaires d’une nouvelle voiture construite par Thomas et nommée Cheetah.
Elle serait ensuite commercialisée par quelques concessionnaires triés sur le volet.
La Cheetah fut cependant conçue dans le principal but de battre les Cobra.
Thomas avait l’avantage de partir d’une feuille blanche et de pouvoir dessiner une voiture entièrement destinée à la course, alors que les Shelby traînaient le handicap de leur origine AC de voiture de route.
C’est généralement Don Edmunds, employé de Thomas à l’époque, qui est crédité de la conception du châssis.
Après quoi il quitta la société pour créer sa propre entreprise, Autoreasearch Inc.
Le moteur était basé sur un Chevrolet 326 ci, situé devant le cockpit, équivalent à un emplacement central avant.
La puissance maxi était annoncée à 520 chevaux.
Il n’y avait pas d’arbre d’entraînement, la boite de vitesses de type Corvette était reliée à un différentiel en aluminium.
La voiture terminée pesait 750 kg, soit moins qu’une Cobra et moitié moins qu’une Corvette. Malheureusement l’usine ne pu jamais construite les 100 exemplaires requis pour l’homologation de la voiture en catégorie GT où elle était destinée pour se mesurer aux Cobra de Shelby.
Diverses raisons en sont la cause, dont un incendie en septembre 1965 dans la chaîne de montage… et surtout l’abandon du soutient de Chevrolet.
Elle se retrouva donc en catégorie sport avec des machines telles que les Chaparral ou Cooper Monaco, sans espoir de victoire.
Essai Cheetah…
Véritable mythe de la voiture de sport américaine, la Cheetah, pourtant totalement inconnue en Europe, traverse le temps en fascinant des générations de passionnés.
Plébiscitées pour leurs lignes suggestives et leurs moteurs, les Cheetah’s n’ont pourtant jamais égalé les références européennes de la catégorie, en raison de liaisons au sol très approximatives, ni même battu la bête de référence planétaire qu’était la Cobra…
Le cours de l’histoire n’a donc jamais négocié une quelconque courbe vertigineuse qui aurait élevé la Cheetah au rang de supercar intimidante.
Sous son imposant capot, la Cheetah sdisposait pourtant du nec plus ultra de l’époque pour énerver les propriétaires de Cobra et Ferrari, aussi exclusives qu’arrogantes…
Voiture culte aux états unis, la Cheetah n’a jamais brillé dans nos contrées, même pas aux feux rouges puisqu’aucune des Cheetah construites durant la période de Bill Thomas n’a été importée en Europe.
Dragster au moindre lâcher d’embrayage mais fer à repasser en perdition dès que la route tourne, le cocktail n’avait que peu de chance de faire des émules en Europe.
La Cheetah “continuation“, vient pourtant de faire une entrée fracassante dans l’univers inaccessible des GT de renom, un véritable hold-up qui, pourtant ne risque pas de laisser des traces indélébiles.
En récupérant un V8 5L7 litres préparé de 475 chevaux sous le capot, la Cheetah n’est pas loin, en effet, de pouvoir soutenir la comparaison en terme de puissance avec une Ferrari F430 (490ch), une Lamborghini Gallardo (520 ch) ou encore une Porsche GT2 (530 ch).
Si les performances obtenues par la greffe de ce “bucheron” pourtant archaïque (2 soupapes par cylindres, arbre à cames central) sont tout simplement ébouriffantes, le châssis ne se montre pas vraiment à l’unisson.
Je pourrais vous décrire l’auto dans ses moindres recoins, vous vanter les bienfaits de l’emploi de carbone et d’aluminium dans la structure de la caisse et des suspensions, mais une Cheetah ça se vit au volant, c’est un truc d’homme que les mots peinent à décrire !
Men only !
Millionnaire capricieux, Marc Baen (dont l’épouse Véronica est très sexy…, awaouwww !), l’espace d’une courte après midi, m’a confié le volant (et donc la Cheetah qui va avec…), pour faire connaissance avec sa belle sur la route…
Stricte deux places, la Cheetah m’accueille avec un habitacle sportif et incroyablement étriqué.
J’y case ainsi avec beaucoup de peine mon mètre quatre vingt-onze et mes 100 kilos (je sais que c’est 9 de trop, mais j’aime les côtes-à-l’os saignantes sauce béarnaise, les macaronis gratinés au fromage, les rôtis Orloff et les omelettes Norvégiennes)…
Sobre mais fonctionnelle, la planche de bord fleure bon la compétition.
Si la finition n’a rien d’exceptionnelle, avec des plastiques et des tapis de piètre qualité, l’équipement est réduit au plus strict du minimum…
Un coup d’œil à l’arrière : l’immense roue de secours prend toute la place et ne permet pas de partir en week-end avec une jolie aux gros seins pendouillants (pfffffff, chacun ses besoins, non ?), sans devoir se contenter d’autre chose qu’une brosse à dents…
Une pression sur le bouton Start, le V8 s’ébroue en me faisant frissonner.
Pas du tout raffiné en terme de technologie, le bloc ricain préfère les cm3 aux calages d’admission variables pour obtenir sa puissance…, il délivre 475 chevaux à 5300 tr/min et 637 Nm de couple à 4300 tr/min.
Autant vous dire qu’avec autant de monde sous le capot et strictement aucune aide à la conduite, la Cheetah est un véritable monstre qui fait peur…
La prise en main de la Cheetah est pourtant étonnamment simple.
La boîte 4 rapports “à l’ancienne” est ferme à manipuler, de même que la direction et la pédale d’embrayage… tout cela rendant la conduite innaccessible aux moins aguerris.
Comme les suspensions ne filtrent pas les inégalités de la route, la Cheetah se donne des allures de voiture de course lachée par hasard dans la civilisation.
Une belle ligne droite va cependant me faire basculer dans une autre dimension en une fraction de seconde.
Mis en confiance par mon inconscience…, j’écrase la pédale de droite sans retenue…
Dans un hurlement qui me glace le sang, la Cheetah se transforme en véritable accélérateur à particules ! La poussée semble inépuisable : en quelques centaines de mètres, le compteur affiche une vitesse inavouable, en parfaite adéquation avec les performances annoncées.
Pour mémoire le 0 à 100 km/h est expédié en 3,9 secondes avec une vitesse maxi de 320 km/h.
Sans hésiter je “saute” sur la pédale du milieu pour désamorcer la bombe et préserver mon permis (ma liberté aussi) ; pincés à l’avant par d’antiques étriers à deux pistons, les disques ralentissent plutôt que freiner.
Très raisonnablement (ça m’arrive), je me cale en 4 ième à l’allure règlementaire sur l’autoroute.
Pour info, à 130 km/h, le compte-tours oscille entre 1400 et 1500 tr/min !
Vous l’aurez compris, la Cheetah est un missile à utiliser avec sans froid…
La deuxième partie de mon essai va se dérouler sur circuit.
C’est parti pour la séance de torture règlementaire.
Précise à inscrire en courbe, la Cheetah “Continuation” fait oublier son ancêtre.
Sans égaler l’efficacité d’une Corvette Z06, elle tient parfaitement son rang sur le tracé du Laguna Seca, malgré quelques glisses en sortie de courbe avant de calmer le jeu au-delà d’un certain seuil.
Privé de la moindre aide à la conduite, j’entame la lente mise à mord des pneumatiques qui partent en fumée à chaque sortie de courbe.
Réclamant beaucoup d’expérience dans ces conditions, la Cheetah devient une fabuleuse machine à plaisir pour qui sait l’utiliser.
Il n’y a que les freins qui finiront par abdiquer au bout de quelques tours à la limite : la course de la pédale s’allonge et je dois pomper comme un coureur cycliste.
Il est temps de regagner les stands, la récréation est terminée…
La Cheetah est une auto exceptionnelle.
Dans notre paysage automobile actuel où la raison l’emporte sur la passion, prendre le volant d’une telle machine à sensations est un luxe qui s’apprécie à sa juste valeur.
Quand vous saurez qu’elle s’échange moyennant 100.000 US$, soit environ 80.000 euros… (plus les taxes, 10% import + TVA + Transports + Assurances + Frais d’homologation quasi impossibles, voire totalement impossibles)…, vous comprendrez que je lui cherche désespérément des défauts additionnels pour ne pas regretter de ne pas en ramener une en Europe…
Ah au fait j’oubliais : une Porsche GT3 développe 420 ch et s’affiche à 113.000 euros, tandis qu’une Ferrai F430 s’échange à plus ou moins 200.000 euros en offrant 490 ch… et elles sont homologuées, les salopes !
Deux articles à lire, absolument :
Cheetah, the Bill Thomas dream ! (Historique en anglais)
Une légende renait : La Cheetah de Bill Thomas ! (Historique en français)