Chrome City Angels…
Un futur très important metteur en scène franchouille, fanatique de mes histoires Gonzo dans www.GatsbyOnline, m’a demandé de créer un scénario déjanté pour un film policier à réaliser… L’histoire se situe à Lohéac, en Bretagne, une bande de malfrats décident de prendre un célèbre éditeur en otage pour exiger une rançon en échange de sa libération… Les malfrats s’introduisent dans le Manoir de ce chef d’entreprise, tentent de le kidnapper alors que, nu sous son peignoir, il s’apprêtait à déjeuner d’une omlet baveuse… Le chatelain parvient à fuir avec son chien dans une Zill russe de sa collection… ex coureur automobile, il utilise sa tactique ancestrale : à fond. Le puissant V8 le colle à son siège, mais l’effet de couple passé il a beaucoup de mal à contrôler son engin… il fait des signes frénétiques aux indigènes locaux qu’il entrevoit dans les différents automobiles qu’il double à toute allure alors que leurs conducteurs lui font tous un signe d’amitié, index dressé vers le haut en opinant de la tête, la scène fait penser à la répétition d’un ballet postmoderne, visages et silhouettes se détournent, à la vitesse du dépassement accompli, puis ces mêmes visages et silhouettes, dans un mouvement séquentiel parfait de symétrie, reprenent leurs positions face à la route, dès que la voiture du chatelain finit de les doubler… et ainsi de suite… Une seule chose est certaine : ça doit mal se terminer.
Ensuite, tout arrive très vite : il déboîte une nième fois pour se glisser en douce entre deux véhicules, deux sottes lui lancent des appels incessants de phares… il s’engage sur une petite route de gauche (une erreur politique) qui déboucher le long d’un lac en bordure d’un supermarché… et freine plein pot après deux cents mètres d’engagement sur cette route étroite. Une brave ménagère au volant d’un coupé Ford qui arrive face à lui, est prise de panique, freine à mort et enfonçe l’arrière d’un Hummer 4×4 qui stationnait sur le bord de la route… Le choc, très violent, envoie le 4×4 dans le lac sur un groupe de “pédalistes” qui dispaissent au fond de l’eau avec le lourd tout-terrain. Le vieux pépère chatelain, paniqué, continue tout droit en écrasant une troupe de scouts… puis plonge vers le fossé pour éviter une collision en chaîne… percutant un arbre et terminant en tonneaux…
Les malfrats s’étant maintenus à bonne distance stoppent sans trop de difficultés (des acrobates, des cascadeurs dans l’âme aussi)… se disent que s’ils laissent tout “ce bazar” en place, il risque d’y avoir une enquète qui finara par les impliquer…, ils doivent apporter une petite touche perso, alors le chef crie : “PLAN B“… et tout les malfrats comprennent qu’il leur faut se hâter, éviter toute visite impromptue qui les obligerait sans doute à prendre soin des nouveaux arrivants… Ils n’y tiennent pas vraiment, atteignant déjà le trop-plein.
Chacun se met à la tâche… Le chef déconcertant de sang-froid, tire froidement une balle de 357 magnum dans la tête du chatelain qui devait être kidnappé… un mignon petit trou rouge apparait entre ses yeux… l’homme meurt, sans une plainte, œil fixe, les paupières se relevant dans un dernier arc réflexe… et la compagne du chef lui coupe les roupettes avec un rasoir qu’elle jette ensuite sur le tableau de bord… Travail d’empreintes accompli, elle tire deux coups de fusil à pompe dans la porte du coupé Ford puis dépose l’arme contre la portière du conducteur de Zill Russe de collection de chatelain, comme s’il y avait eu règlement de compte entre bons amis et amies… elle balance ensuite des cartouches à l’intérieur du véhicule… puis brise la nuque du pépère. Ca s’est révélé facile : puis elle a arraché violemment la trappe et le bouchon du réservoir et a laissé couler l’essence… Ensuite avec le chef du gang, le cadavre du doberman qui s’était envolé au moment de l’impact et avait été violemment projeté contre le tableau de bord puis était revenu se ficher sur le dossier de la banquette passager… est manipulé… les deux roupettes du chatelain sont placées dans la gueule du doberman !
Le tout n’a pas pris cinq minutes… c’est plus long à décrire dans le détail qu’à faire pour de vrai… La Zill Russe de la collection du chatelain, devenue épave, s’est embrasée grâce à une torche en papier… l’idée étant qu’avec un peu de chance, la forêt, à proximité, ainsi que tous les bâtiments alentours y compris le super marché prendraient feu, augmentant ainsi les chances de faire disparaître des indices par trop significatifs… Bien évidemment, la mise en scène ne ferait pas long feu pour des spécialistes de scènes de crimes, manqueraient les roupignoles du chatelain, par exemple, qu’ils retrouveraient finalement dans la gueule du clebs… pour faire désordre, ça ferait désordre… mais la réalisation était suffisamment emberlificotée pour laisser le temps de voir venir, et faire des bagages, si nécessaire…
Le plan B était relativement simple, il s’interprèterait comme suit : Après partouze pas très fine, suivie d’un chaud départ des autres convives, le pépère chatelain fait mumuse en fin de soirée à la ménagère du coupé Ford… Ils sont à ce point allumés qu’ils finissent par foutre le rifle au super marché… Une course-poursuite s’en suit : sorte de jeu à la fois sérieux et furieux… Défi à la vie, à la mort… Manque de bol, trop joueur et facétieux, il percute un arbre et se crame la canne accidentellement ! Malade complet, il utilise son rasoir (ça fera travailler les bulbes des enquêteurs la présence de ce rasoir) pour s’émasculer dans un geste de désespoir amoureux, puis ivre de douleur, pour en finir il tente de se suicider au pistolet… Mais, il se rate (il y parviendra cependant par choc et perte de sang) tandis que son doberman lui bouffe les roupignoles…
C’est un mauvais scénario de série B… pour la disparition des roupettes, on laisserait supputer… pour la plaie au crâne aussi… ca tiendrait ce que ça tiendrait… on était loin de la perfection du scénario de l’accident de “Lady Di”… mais l’emberlificote de la mise en scène allait leur prendre les têtes un petit moment, juste ce qu’il fallait pour trouver de l’air, un travail de voltigeurs aguerris… Une heure plus tard les pompiers étaient en pleine action, il ne restait pas grand chose du super marché… les sapeurs se contentaient d’arroser les débris, une colonne de fumée montait, abondante… Selon le capitaine des pompiers, les sinistres étaient liés, ce que confirmaient ses hommes… le propriétaire du super marché faisait partie des victimes de l’accident tragique, les pompiers supposaient même qu’il était l’organisateur de la partouze à l’origine de ce bazar infernal… à vrai dire, personne ne regrettait le pépère chatelain.
Les pompiers volontaires gardaient tous en mémoire la froideur de son accueil au moment des étrennes, c’était même devenu une forme de bizutage pour tout nouvel arrivant dans la brigade. D’habitude, il foutait immédiatement le novice, avec son lot chatoyant de calendriers sous le bras, à la porte… il lui demandait d’aller jouer ailleurs avec son camion qui faisait pimpom… non seulement cet engin coûtait une fortune, mais se trouvait gracieusement offert par les contribuables de la commune dont lui-même faisait bêtement partie… il concluait son exposé en traitant, direct, le nouveau venu de parasite et d’incendiaire.. et ajoutait une formule tendre, du genre : “Espèce de pisse-au-lit, de drogué de la corne de brume et du gyrophare ! “. Enfin, il proposait de lâcher son chien si le soldat du feu, volontaire et bénévole, ne détalait pas sur-le-champ… bref, les pompiers se vengeaient, l’affaire était classée…