Chromes&Flammes et Gatsby deviennent ensemble le premier magazine quotidien 24h/24h…
Il y a 700 ans, le monde est devenu autre, une révolution silencieuse s’est jouée en Occident ! Pas l’invention de l’écriture, née au Proche-Orient il y a plus de 5.000 ans, ni celle de l’alphabet apparu en Phénicie au VIIIe siècle avant notre ère. Pas celle du codex, cette manière de relier des pages, mise au point il y a 2.000 ans, pour former des volumes bien plus maniables que les encombrants rouleaux de papyrus ou de parchemin. Pas davantage celle de l’imprimerie dont chacun sait qu’elle fut mise au point dans les ateliers de Mayence dans les années 1450 et dont on s’est habitué, à juste titre, à en faire le big bang de notre modernité.
Rien de tout cela, et pourtant… Ce qui s’impose sans retour dans l’Europe, entre le XIIe et le XIVe siècle, c’est bien une révolution de l’écrit. Cela commence par le déplacement massif de l’écriture des ateliers froids des monastères vers le monde grouillant des marchands et des villes où se multiplient les petites écoles. Apparaissent ensuite de nouveaux lieux de savoir, les universités, accompagnant la montée de l’écrit et de la culture lettrée comme instruments de légitimation, voire de domination sociale.
C’est aussi la fin du XIIe siècle qui marque la croissance des documents conservés. Rois, évêques, moines et grands laïcs s’emploient à sélectionner, compiler, transcrire et relier ce qui peut être mémorable, c’est-à-dire utile. D’objets précieux conservés dans les coffres, les écrits, à la fin du XIIe siècle, deviennent bien plus efficacement que l’épée, la manière d’authentifier des droits et des privilèges.
On est loin, bien sûr, d’un idéal d’alphabétisation généralisée. Difficile d’ailleurs de chiffrer la part de ceux qui savaient vraiment lire et écrire. Encore faut-il s’entendre sur ces mots. Et la réflexion du Moyen Age sur ce que sont les semi-litterati nous aide à comprendre nos rapports complexes à l’écriture et au texte. On peut déchiffrer sans comprendre, lire certains textes et pas d’autres, le français mais pas le latin, lire sans être très habile à écrire.
Qu’importe puisqu’une civilisation de l’écrit n’est pas une société où tout le monde sait écrire mais où tout le monde connaît la valeur de l’écrit.
C’est de cela que nous sommes les héritiers, nous qui avons construit nos repères dans une civilisation du livre qui est aussi une civilisation du papier. A partir du XIIIe siècle, en effet, ce support venu de Chine, d’abord un peu méprisé et voué à la péremption, a imposé ses exceptionnelles qualités de souplesse, de solidité, de fiabilité et finalement de conservation. C’est lui qui a permis l’explosion de la diffusion des livres liée à l’imprimerie.
La révolution numérique que nous vivons depuis deux décennies a tout changé. Avec elle il nous faut de nouveau réfléchir à ce que veut vraiment dire savoir lire et savoir écrire. C’est dans ce cadre que sont réinventés les instruments que, patiemment, les hommes du XVe siècle ont mis au point pour nous aider à devenir savants : les index, les rubriques, les paragraphes, tout ce qui facilite le repérage et finalement la mémorisation. On nous annonce depuis dix ans et plus encore aujourd’hui la fin de la presse magazine papier, tout change, évolue ! Jour après jour (à l’exception des dimanches), des millions de journaux et magazines sont jetés sans être achetés, sans être ouverts, sans être regardés, sans être achetés. Si on les empilerait, on obtiendrait chaque jour une pile de journaux de 50 kilomètres de haut qui est envoyée en recyclage ou “à la poubelle”. À l’année, cela représente quelques milliards de journaux et magazines imprimés inutilement rien qu’en France L’impact écologique de ce gaspillage de papier est énorme mais ce n’est pas tout : 1.000.000 de tonnes de magazines et journaux consomment 200.000 tonnes d’encre, il y a également les transports pour les déposer en points de vente et reprendre les invendus…
Je vous laisse multiplier pour l’ensemble du monde, c’est affreux ! En France, le système de distribution fonctionne selon des règles d’un autre âge. Le paroxysme a été atteint avec la faillite du principal acteur de la filière : Presstalis, 75 % de la diffusion de la presse nationale a été déclaré en faillite, deux milliards d’€uros liquidés par le tribunal de commerce de Paris et 90 millions perdus par le Gouvernement Macron pour les aides (inutiles) qui avaient été accordées afin que la presse diffuse la ligne Gouvernementale “officielle”…
Les francs-tireurs et les politiquement-incorrects ne reçoivent aucune aide ! La presse automobile qui n’a rien de gouvernemental à “faire-passer” se casse également la gueule tel le Groupe Michel Hommel avec près de deux millions d’€uros de perte, ses employés pas payés, de même que les fournisseurs ! Aux USA, d’un seul coup, 20 titres automobiles “papier” ont été stoppés, les rédactions fermées définitivement, les employés devant se reconvertir dans la précarité ou dans des jobs éphémères en supermarchés !
J’ai perdu 150.000 €uros dans la faillite Presstalis, ce qui a impacté Chromes&Flammes magazine en faveur de GatsbyOnline.com et la création de GatsbyMagazine… Quelle galère ! Ramer pour avancer vers un horizon hypothétique, devenir galérien, quel cauchemar pour un capitaine ! Pour les éditeurs, imprimer des journaux n’a jamais été aussi coûteux. Les distribuer encore plus. Une profonde remise à plat est en cours. Les journaux et magazines “papier” sont appelés à occuper une place de plus en plus marginale dans leur modèle économique devenu invivable. Les annonceurs rêvent de publier leurs annonces sur Gogol et Fessebouc sans jamais rien en voir, l’arnaque est totale, les annonceurs payent pour rien pas cher ce qui est déjà trop et les vampires gagnent des milliards… C’est désespérant !
Le déclin de la presse papier connaît un coup d’accélérateur à travers le monde depuis la crise COVID-19 : les audiences numériques des journaux et magazines ont explosé mais leurs ventes d’exemplaires papier se sont effondrées ou ont dû être suspendues. Avec la crise sanitaire, il est devenu difficile d’amener des lecteurs-acheteurs jusqu’aux points de vente, et c’est compliqué pour de les obtenir.
La crise a accéléré quasi certainement le passage à un futur 100 % numérique. Elle frappe une industrie déjà fragilisée par la chute des ventes et des revenus publicitaires, ses deux principales sources de revenus. Partout, la disparition progressive des éditions papier affecte toute la chaîne de production : des journalistes aux vendeurs de journaux, en passant par la production de papier, les imprimeurs et les livreurs, un journaliste sur trois a perdu son poste. Le dernier est mis en compétition avec des logiciels robots qui “travaillent” 100 fois plus vie et 100 fois moins cher, sans pause, sans revendications, sans charges sociales !
Trois fois moins de presse papier, deux fois moins de tirages. C’est le bilan de la presse papier. A cette allure, la mort des “papiers” est inévitable. Pis, elle est prévue dans notre pays pour l’an 2029, comme l’imagine une carte réalisée par “Futur Exploration Network”. Cette prédiction est corroborée par une étude menée par le groupe Nielsen spécialisé dans la mesure d’audience de télévision, de radio et de presse écrite, elle prévoit la mort progressive des rotatives, partiellement liée au vieillissement du lectorat. En effet, 51 % des lecteurs qui lisent exclusivement de la presse print ont 50 ans ou plus. Ils font partie de la génération des baby-boomers, nés entre 1940 et 1960. Lorsque cette génération disparaîtra, c’est donc la moitié des lecteurs actuels de la presse écrite qui s’en ira avec elle.
A l’inverse, selon cette même étude les deux tiers des consommateurs de presse numérique ont moins de 50 ans. Et aujourd’hui les médias prennent à degré variable le virage du digital. L’année dernière, certains ont connu une hausse de 47 % de leurs ventes numériques selon l’ACPM (Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias). L’équilibre des médias s’inverse.
Aujourd’hui, le but est d’attirer sur le contenu digital les lecteurs qui délaissent la presse print. En somme, peu importe le support tant que les titres gardent leur lectorat. Les magazines même s’ils sont traditionnellement affiliés au print proposent, de plus en plus, des abonnements 100 % digital. C’est notamment le cas de Gatsby. Ce changement de cap est l’une des solutions apportées pour faire face à la crise. Surtout, elle est l’émanation d’une volonté de modifier un modèle économique pérenne, qui a déjà fait ses preuves. D’autres ont tout de suite fait le choix du tout numérique comme Mediapart, créé en 2008, mais il apparaît comme un ovni dans le paysage médiatique tant sont rares les médias qui sont parvenus à s’imposer sur ce modèle. Mediapart se distingue grâce son contenu, sa ligne éditoriale et la qualité de ses informations. Le journal compte à son actif l’affaire Cahuzac, l’affaire Woert-Bettencourt ou encore le dossier Takieddine.
Cette transition numérique et la fin annoncé du papier a en outre bouleversé l’organisation des rédactions. Avant l’avènement d’Internet les journalistes rendaient leurs articles en fin de journée, voire en soirée. Les rotatives se chargeaient du reste. Mais aujourd’hui, les habitudes changent : des rédactions web ont été créés et la plupart des papiers, même ceux écrits par des journalistes traditionnellement affectés au print, sont publiés sur le web dès qu’ils sont écrits. Objectif : donner de l’information de qualité tout le temps, toute la journée, à ses lecteurs et abonnés. Qu’ils soient internautes, mobinautes ou lecteurs. En ce sens, la réalité est que les articles deviennent exclusivement l’œuvre de logiciels robots !
Mais, tout n’est pas noir, j’ai inventé le magazine quotidien 24h/24h, aucune interruption, pour 1 euro par mois… Imbattable ! Près de 4.000 articles à lire et une centaine de Viméos Vintage automobiles ainsi que les magazines Chromes&Flammes et Gatsby en version liseuse ou Viméo “augmentée” de 300 pages ! Bienvenue !
2 commentaires
Point de vue de lecteur faisant partie des 49% : avant j’avais plusieurs bibliothèques, presque le volume d’une pièce remplie de livres automobiles, de magazines bien comme il faut “au cas où”. Tout ça était aussi cool que d’avoir un livre de Serge Bellu entre les mains quand on a envie de se masturber. Ces documentations très sérieuses copiant au mot près les communiqués des constructeurs, faisaient de moi un érudit autoproclamé de l’automobile. Tous ces ouvrages étaient d’ailleurs tout à fait montrables et n’auraient pas déparé dans une salle d’attente. Mes “amis” trouvant le vin offert assez à leur goût se lançaient même parfois dans des tirades admiratives dignes du Corbeau et du Renard.
Aujourd’hui plus besoin d’aller mendier au kiosque : pour quelques euros par mois je lis du contenu qui me plaît vraiment et , qui me fait réfléchir. Si je veux lire un article avec plein de photos de filles nues personne ne le voit par dessus mon épaule, et je peux même donner mon avis au rédacteur des textes !
Ma seule crainte, en tant que lecteur, est de savoir ce que deviendra Gatsbyonline dans quelques années : et si tout cela s’arrêtait, qu’en resterait-il ? Crainte bien vite balayée : je serai peut-être le premier à mourir, alors jouissons !
D’où les 5.000 euros suggérés… Je comprends votre inquiétude ayant conservé dans la partie “égo” de mon loft-garage dans la pièce-bureau richement dotée, une quantité astronomique d’ouvrages que je ne lis ni ne feuillette plus depuis la révolution numérique. Je vous avoue avoir la même attitude envers les automobiles qui remplissent le vide intellectuel abyssal de la salle “super-égo” de mon même repaire… Je ne les sort plus, elles m’indiffèrent et me pèsent, mais elles sont comme les belles plantes vénéneuses qui s’exhibent pour des échanges de palpations, leurs formes contre le contenu de mon compte bancaire qui n’en peut et résiste (comme moi) aux succubes… De là à ce que vous ayez l’idée (intéressante psychologiquement) de vous masturber en relisant les contes sodomiques de Serge Bellu est une déviance fort intrigante qui m’émeut au delà du raisonnable, les saillies burlesques du chieur Rosinski me semblant plus vicieuses ! Que soit ! Je suis émerveillé de votre aveu de posséder une Porsche 928, sans doute espérez vous mon absolution ?
Votre crainte que mon décès (probable) entraine la fin de GatsbyOnline me touche. Ramses avait la même crainte que sa pyramide disparaisse avec lui…
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