Chryslus Rocket ’69…
A part quelques rares qui se lancent dans les Young-Timer’s comme mon Cocker Blacky se lance sur les pigeons avec le même regard hagard, de plus en plus préfèrent se perdre dans des balades et de vaines courses virtuelles, un volant de pixels entre les mains, là, et las…, arpentant des routes imaginaires, bavant d’un air fier de posséder des irréalités, alors qu’ils n’ont souvent même pas le sacro-saint permis de conduire dans le strict respect des lois.
Vu de l’extérieur, les jeux automobiles réels ou virtuels ont un air de mystère aux yeux de ceux que les conneries réelles ou en 3D indiffèrent…, mais alors, pourquoi les “machins” automobiles de ces deux sortes de folies, sont-ils si populaires ?
Les deux jeux automobiles phares du genre, Gran Turismo et Forza, se sont écoulés au cumul à près de 100 millions d’exemplaires tous épisodes confondus et la série Mario Kart s’est hissée sur le podium des meilleures ventes des quatre dernières consoles de Nintendo, soit plus de 80 millions de jeux vendus en dix ans !
Il y a une dizaine d’année, j’exposais une presque parfaite et “concours” MGC cabrio, celle avec un 6 cylindres, dans un show de bagnoles anciennes, je sentais qu’au fil des ans passant, le public semblait moins passionné par les vraies vieilles… et quelques visiteurs et visiteuses se sont laissé aller à me dire que pour le prix de ma magnifique MGC ils préféraient acheter un écran TV géant et une console de jeu… et s’y balader virtuellement dans un nombre presque incalculable d’automobiles, qui dans la réalité leur sont impayables, même en gagnant aux courses de chevaux ou à l’Euromillion !
– Je visite le monde et en plus je deviens champion des plus grands circuits et épreuves du monde en quelques clicks, sans y dépenser des sommes gargantuesques, pas de maintenance, pas d’essence, aucun frais d’entretien, de déplacement, d’assurance, ni aucun souci pour changer de voiture…, je fais le circuit d’Abu Dahbi ou les 24h du Mans avec une ViperRTS, une Bugatti Veyron et même avec un camion fusée…, je peux même écraser les passants avec plaisir… et en finale, en un click c’est terminé, pas de parking, zéro frais, zéro emmerdes…, qu’est ce que j’en ai à f… de votre MGC !
Depuis une dizaine d’années, les jeux vidéos bénéficient même d’une reconnaissance médiatique… et même universitaire, grandissante…, les sports mécaniques sont même une des rares catégories qui sont corrélées à la catégorie socioprofessionnelle – employé/ouvrier – la mimesis (la pulsion d’imitation) et l’agôn (la pulsion de compétition), deux des quatre socles du jeu y trouvent une expression privilégiée, car pour les vrais joueurs de jeux de voitures, la question de la simulation, de la précision, et du réflexe est importante.
A cet égard, la simulation automobile est la seule simulation sportive qui imite le dispositif de contrôle d’un pilote réel : volant et pédales existent comme accessoires de jeu vidéo, et même sans, la manette imite le geste du pilotage, en tournant vers la gauche ou la droite le stick de contrôle, ou en accélérant ou poussant un bouton de tranche sensible à la pression, exactement comme une pédale !
Forza Motorsport et Gran Turismo ont largement capitalisé sur la finesse de la reproduction des voitures et leur mise en scène quasi érotique…, non sans tomber parfois dans le cliché viriliste et l’accessoirisation de la femme, par exemple dans Outrun, où l’avatar du joueur est constamment accompagné d’une passagère blonde passive et muette…, mais le plus souvent, le joueur retrouve surtout dans le jeu vidéo un plaisir proche des petites voitures…, c’est celui de l’imitation, de la possession et de la collection…, la fierté de décrocher, par ses bonnes notes, ses performances ou ses économies, la petite nouvelle, le tout dernier modèle, la plus belle des autos.
Mais il se double également d’une dimension proprement ludique, absente – idéalement – de la conduite dans la réalité : le jeu d’obstacles…, dans les mécaniques de jeu, on retrouve une brique vraiment très basique : la gestion de la collision, éviter, ne pas toucher le bord…, c’est pourquoi dans le jeu de course, il y a aussi la question de l’accident, souvent très investie, très graphique.
A cet égard, le jeu de course tient d’une décharge d’adrénaline finalement très proche des “shoot’m up”, les jeux de tir spatiaux…, rapidité et précision d’exécution, prééminence du danger, cadre spectaculaire : les combats de vaisseaux dans Star Wars ne sont finalement pas si éloignés, dans leur arrière-goût d’adrénaline, des courses épiques de F-Zero X ou des déboulés à contresens de Burnout.
Au vertige de l’accélération et du déplacement s’ajoute celui de la situation d’exception, de la situation inusitée dans la vie de tous les jours : échapper à des poursuivants, rouler à tombeau ouvert, jouir du plaisir de rouler dans des paysages de cinéma…, ainsi dans Forza Horizon, le joueur, plongé dans l’arrière-pays australien avec ses reliefs majestueux et sa végétation luxuriante, recourt à des véhicules inattendus (hélicoptère, train, quad de science-fiction…)…, cette simulation de course dépasse le simple cadre compétitif, agonistique, classique de la course entre véhicules, pour offrir au joueur une expérience plutôt pensée comme ce que l’on pourrait qualifier de morceau de bravoure automobile.
Cette expérience-là renvoie bien moins au sport qu’au cinéma, qui en regorge : des courses-poursuites (James Bond), des fuites (Drive), des balades (le road-movie en général), des filatures (Bullit), des défis (La Fureur de vivre), des accidents (Crash, de Cronenberg)… c’est-à-dire des morceaux de bravoure.
Le jeu vidéo de voiture sait aussi se faire détente.., à l’image de Forza Horizon qui relève bien plus du plaisir de la conduite libre, de la balade automobile et d’une ivresse de la vitesse qui se passe de règles et de codes…, ici, peu d’emballage sportif, mais surtout le plaisir de l’imprévu.
Et puis il y a le sentiment de maîtrise, poussé jusqu’à l’impression de ne plus faire qu’un avec son véhicule, jusqu’à conduire sans même y penser…, le jeu de voiture se fait alors transe ordinaire, à la manière d’une longue séquence hypnotique de conduite bercée par les lumières de la nuit…, une expérience proche de l’hypnose.
Il faut s’y imaginer le plaisir du joueur qui, de campagne en colline, roule et se dandine, sans jouer les héros…, faire la route sans y penser !
Pour illustrer je suis allé chercher la Chryslus Rocket de 1969 de Fallout 4 qui se trouve également dans Forza 6 !
Il n’y a pas que les dernières super et hypercars qui ont droit à leurs entrées dans ce jeu, car si Meguiar’s Car Pack faisait surtout la part belle aux voitures de compétition, tandis que le Top Gear Car Pack ajoute au jeu les dernières Ferrari, Lamborghini, Bugatti et autre Rolls Royce…
Avec la Chryslus Rocket ’69, c’est un drôle d’engin qui vient s’ajouter au garage, un véhicule qui appartient à l’univers pré-apocalytique du jeu Fallout 4…, une sorte de véhicule spatial posé sur roues, avec un style hyper rétro et sa bulle en verre qui sert d’habitacle, cette Chryslus serait sans aucun doute la plus incroyable voiture de votre garage !
Putain de merde, encore un pneu et j’imaginais pouvoir la placer dans mon garage, en vrai !