2CV Citroen Racer Bimoteur 4X4 1980
L’image de la France pour les non-français se résume souvent à un folklore ringard ou nous sommes des caricatures d’éberlués en bérets basques, tous une écharpe bleu/blanc_rouge en travers du poitrail, une cigarette au coin de la bouche quasi édentée, une baguette de pain coincée sous un bras dont la main est crispée sur le goulot d’un litron de vinasse… beuglant des insanités aux femmes… Ce cliché s’accompagne d’histoires de ripailles lors de kermesses villageoises, à base de saucisses grillées et de fromages qui puent…
Un Français est un Monsieur Hulot inadaptable aux nouveaux standards de vie américains façon GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) ! Le franchouillard vivrait selon les américains dans une forme permanente de schizophrénie temporelle où les époques et les problématiques se télescopent violemment. Les trains jamais n’arrivent à l’heure les routes sont perpétuellement encombrées et les employés sont tous des fainéants qui passent leur temps à bouffer des “jambons-beurre” en sifflant les putes aux terrasses des cafés !
En réalité notre France est sans cesse en pleine mutation, le franchouillard, après des années de reculade, a décidé de prendre la modernité à bras le corps, en lui imprimant cette démesure cocardière qui fait le charme séditieux de l’hexagone. A l’heure des débats sur l’intelligence artificielle, quelle autre nation sinon la nôtre aurait pu inventer la 2CV, la pompe à bière connectée et, par voie de conséquence, la gueule de bois 3.0 ? Ou encore se lancer tête baissée dans un projet de start-up de livraison d’apéro ? La France était pourtant avant le Covid19, le deuxième pays étranger le plus représenté après la Chine au CES de Las Vegas, grand rendez-vous annuel des nouvelles technologies.
Dans notre dictatucratie républicaine désormais sans complexe où Emmanuel Macron est devenu le “BIG Franchouillard en chef”, le guide suprême de la santé publique qui avance d’un pas conquérant vers le néant exhortant son peuple à faire un pas en avant alors que la France est au bord du gouffre (le puits sans fond de la connerie humaine) ou il plantera le drapeau tricolore comme Louis Armstrong jouait de la trompette sur la lune avant de gagner le Tour de France cycliste.
Là où la modernité semble prendre un tour trop exagérément algorithmique, siliconien, et charnellement désinvesti, où certains sont même tentés par le mythe ô combien ennuyeux de la prétendue perfection transhumaniste française (un grand retour au temps des lumières et de Vercégintétourisque… le franchouillard est sommé participer à la consommation de la surenchère de promesses aseptisées pour démultiplier l’écho de la vraie vie retracée par l’industrie pharmaceutiquetique : donner encore plus de panache au “french way of life” où l’important est d’avoir à toute heure une bouteille de rouge à portée de main, ainsi qu’une baguette, du beurre et du fromage… Avec ses tweets simplistes rendant tous hommage à la beauté de la langue de Molière des confinés et leur art du selfie en apesanteur faisant devenir notre langue en une sorte de purée lyophilisée franchouillarde ressemblant à des dialogues de pétomanes sourdingues !
Monument automobile typiquement franchouille, la 2CV Citroën à été sublimée entièrement sur mesure pour devenir un Racer du désert d’Ermenonville, une sublimation à quatre roues motrices orchestrées par un bimoteur développé par le Français Jack Hanon dans l’idée de concourir en y participant au brutal rallye de l’Atlas, une course de 1.800 milles à travers les montagnes de l’Atlas au Maroc, qui, ne le savait-il pas, n’allait plus être organisée… Lorsque Hanon a construit ce véhicule, il a commencé par créer un nouveau châssis constitué de deux plateformes avant de Citroën 2CV ensemble. Les deux avant soudés, il pensait pouvoir utiliser les deux moteurs… sans réfléchir qu’en usage l’un irait dans le sens opposé de l’autre !
Hanon avait choisi d’utiliser des moteurs Citroën GSA flat-four avec leurs transmissions, utilisant un levier de vitesse unique mais partagé ainsi qu’une pédale d’embrayage unique. Il est probable que Jack Hanon avait été inspiré par la Citroën Sahara 4×4, une 2CV bimoteur construite (plus correctement) en usine, conçue pour une utilisation “Sahara”. La construction complète a duré plus de 3.000 heures de travaux réalisés dans son garage situé dans la banlieue parisienne de Gennevilliers.
L’engin est sorti de son garage dans les années 1980 et Jack Hanon s’est alors aperçu que (comme écrit plus avant dans ce texte) chaque moteur allait dans une direction opposée, il a toutefois voulu malgré tout participer au Rallye de l’Atlas de 1985. C’est là que miraculeusement un garagiste Touareg a pu bricoler un retour de sens d’un des moteurs via une boite inversant le sens de fonction des roues arrière, la voiture devenant alors une vraie 2CV 4X4 bimoteur…
Il restait toutefois un problème de synchronisation des commandes des deux boites commandées par un seul “stick”... Découragé, Jack Hanon a finalement migré au Canada avec femme(s), enfants et sa 2CV… mais il est décédé en 1995 d’une méningite, son médecin expliquant que son cerveau n’avait pas résisté à la complexité de l’énigme de faire fonctionner les deux moteurs dans le même sens ET avec une commande unique… Sa veuve a conservé la 2CV bimoteur cachée au fond d’un box jusqu’au jour où elle a proposé son trésor à son propriétaire pour payer le loyer.
C’est un Hollandais qui a plus tard emporté le joyau (admirez le savoir-faire Franchouillard avec l’aspect impeccable des moteurs, de l’habitacle et de la carrosserie digne des plus beaux Kustoms-Franchouilles des années 1980) mais ne pouvant l’utiliser normalement il a confié son trésor à la maison de vente aux enchères Bonhams pour une “auction” prévue ce 11 décembre 2020, l’estimation étant de £ 15,000 / £ 25,000… soit 20.000 $ /26.000 $ USD… Nul ne sait si maintenant la voiture fonctionne en 4X4 ou si le conducteur émérite a simplement l’illusion qu’elle fonctionne… La finition a été indiquée comme un élément primordial du style Franchouille, je crains que seul Mister Bean’s y trouverait matière pour un film !