1929 Bentley 4½-Litre Supercharged Le Mans Tourer Vanden Plas
Magnifique romantique vouant un culte sacré à l’amour des Bentley’s, mais simultanément être obsessionnel et totalitaire confondant sentiment et enfermement, tel est Lord James de Portcain qui, trouble et sombre, n’apprécie que les atmosphères sinistres tout en affichant un perpétuel visage de glace. Son château est sensé suggérer sa puissance mais il est vide, livré aux fantômes. Il a l’ampleur d’un hall de gare disposant de tours haut perchées.
Ce château est promesse de grands mouvements, de vastes chevauchées, ou, du moins, d’un souffle particulier qui pourrait remplir l’espace hanté par les fantômes de cauchemars éveillés dansant comme aux années folles un charleston endiablé teinté d’échos funèbres. L’ambiance est toutefois froide et fausse dans une pénombre ou glissent des figures erratiques qui, çà et là, se mettent à parler pour dévoiler des secrets interdits…
Cette stabulation fantomatique traduit bien l’artificialité des lieux, où, pour la bonne société, en un temps révolu, l’argent et le bonheur coulaient ici à flots, mais étaient aussi volatils que les bulles de champagne dans lesquelles les femmes noyaient leur vertu, parce que la folie leur semblait être la seule issue. Car ici, les nantis et nanties s’amusent sans s’amuser tout à fait.
Des voix de femmes, hystériques et forcées, racontent leurs déprimes intimes, tandis que les hommes ont la claque facile et le coup de rein typique de ceux qui vacillent. Des meubles dont certains sont étrangement éclairés du dedans, parsèment le grand salon en attente d’une apparition. Tout en ce lieu est emblématique d’une époque en chute libre… Soudain, bouleversant les usages, une beauté suave, et nue comme une feuille au vent, se présente…
Elle à une plastique de rêve et ses yeux ténébreux visent les nerfs à vifs du malheureux Lord James de Portcain, joyau de ma narration, celui qui doit installer le récit et permettre à la fable que j’écris et publie, de prendre à la fois sa hauteur et sa profondeur. J’ai le regard très particulier de l’observateur captivé qui écrit avec un recul qui doit vous permettre de mieux voir l’action.
En effet, elle s’avère d’une composition si fascinante que vous, internautes en suffocations de toucher l’absolu, imaginez sans doute que je suis un tyran du sentiment. Il y a de cela une part de vérité. Jamais mon côté totalitaire Fitzgeraldien ne vous était apparu avec autant de force que dans ce travail qu’est mon œuvre contemporaine d’écriture. Voilà. Tout est écrit… Tout est calme, jusqu’à ce que soudain un son emplit l’atmosphère.
Il y a peu de sons aussi évocateurs que ce dont est capable une Bentley Blower, un ensemble d’explosions, toutes bourrues de bruits et de puissances seulement égalées par le hurlement d’une femme qui jouit. Chantante, sale et terriblement rapide, la Bentley Blower a gagné une légion de fans tout au long des années 1920 et 1930, bien qu’elle n’a jamais remporté une course internationale.
Icône de l’ingéniosité britannique, elle détient pourtant un attrait qui a transcendé les âges. Cette Bentley Blower châssis DS3573 a commencé sa vie en tant que berline H.J. Mulliner achevée par l’usine en août 1929 avant d’être immatriculée en juillet 1931 au président de Tate&Lyle : Sir Leonard Lyle. L’historique de propriété intimement détaillé cible les travers libidineux de divers personnages fascinants attirés par cette Bentley au fil des ans.
Fi des 4 autres entre-eux deux, ce qui pousse à saluer le sixième propriétaire, John Hyrne Tucker Wilson, qui a acheté la voiture en 1954. Ce rameur de Cambridge qui a remporté la fameuse course de canots trois fois consécutives entre 1934 et 1936 en plus de remporter l’or olympique, a ensuite servi dans le service politique Soudanais, où il a survécu handicapé à une attaque dramatique à la pagaie en 1942. Trop pagayer amène des dérives curieuses…
Le huitième propriétaire, Robin Coombs, qui a acquis la voiture en 1955, a également servi pendant la guerre, en faisant atterrir son bombardier Blenheim sur l’île d’Alymlos en Grèce en 1941. Après 4 autres proprios, en 1965, la Bentley était confiée aux soins de ses 12e propriétaires, Hugh Swain et sa femme Annabelle, dont le père, le géant du journalisme John Bolster, était rédacteur technique pour le magazine Britannique “The Autocar”.
En 1990, la voiture appartenait à Graham Jones, sous la garde duquel elle a été reconstruite équipée d’un compresseur, d’une boîte de vitesses de type « D » et une carrosserie Le Mans Tourer construite par Arley sur le châssis d’origine, par la suite terminée aux standards des concours d’élégance par un propriétaire ultérieur… Tout ces faits d’enquêtes, démontrent que cette Bentley n’a rien d’origine si ce n’est son châssis. C’est une magnifique duperie !
Ce qui nous amène à Lord James de Portcain propriétaire actuel qui en 2006 a réalisé l’ambition de toute une vie de posséder une Bentley Blower, fut-elle fausse car reconstruite pour donner l’illusion d’être ce qu’elle n’a jamais été… Insuffler de la sorte une nouvelle vie à cette machine pour la prétendre historique en commençant par re-organiser divers voyages prolifiques sur routes avec la voiture, ne me semble pas être très Gentleman…
Sans relâche partout, de Brooklands et Silverstone au Mans et à Angoulême, cette Bentley châssis DS3573 est ainsi devenue l’une des Bentley les plus rapides et les plus accomplies d’avant-guerre dans le but de se fabriquer une légende. Engagée dans plus de 100 courses à travers l’Europe, elle a fait campagne au Mans pas moins de huit fois et a été invitée et a couru au Goodwood Revival à plusieurs reprises.
En 2012, elle a même été pilotée par Derek Bell, cinq fois vainqueur du Mans, et en 2019, ce qui n’avait strictement aucun rapport avec sa vie de Berline d’antant, elle a franchi une autre étape en devenant la première Bentley suralimentée de l’histoire à remporter une course internationale : le Goodwood Revival’s Brooklands Trophy. Rien de véritablement historique… Je pense que c’est la première “Transgéstion” sexuelle automobile…
Bien qu’elle soit capable d’atteindre un seuil à peine croyable de 132 mph (démontré à plusieurs reprises par le propriétaire actuel le long de la ligne droite de Mulsanne au Mans), c’est le caractère, la polyvalence et la praticité de la voiture qui ont été mis en valeur comme étant le plus attrayant. Avec des composants mécaniques robustes conçus pour supporter la punition des courses de 24 heures et le couple prodigieux du 4 1/2 litres compressé.
La Bentley a toutefois été moquée par ceux qui connaissaient la construction de la supercherie, elle a été déclarée comme étant un superbe véhicule de remorquage car en 2017 elle a été utilisée pour remorquer une Porsche 962 de Londres à Angoulême et plus tard, à la demande de l’usine, d’une Bentley Turbo R d’usine moderne. On disait pas que c’était une catin pour ne pas perturber les convenances de “la haute société”...
Elle a donc été chaleureusement accueillie lors des meilleurs événements mondains, cette Bentley Blower osant même “Couper le chaume” avec le “Benjafields Racing Club” en 2014. Elle a même été utilisée à d’innombrables reprises pour des vacances en famille dans des destinations aussi lointaines que l’Italie… Par la route, off course… Sublimation ultime de refaire le parcours de la course avec un train des années trente…
Avec une telle histoire impeccablement documentée, une reconstruction de haut niveau comprenant un essieu arrière Speed Six authentique et une boîte de vitesses WO, sans oublier un record de course enviable, a été peaufinée une supercherie, rendant définitivement cette Bentley aussi fausse que les affirmations de tous les hommes politiques, et des couples qui se trompent dans l’allégresse de copulations hors normes…
Cette Bentley châssis DS3573 est sans aucun doute devenue l’une des Bentley les plus célèbres d’avant-guerre, mais regarder vers le passé ou compter les rivets a quelque peu manqué le but de cette magnifique machine. Une Bentley vintage n’est pas seulement un billet d’or pour les meilleurs événements du monde, c’est aussi un membre de la famille qui ouvre la porte à l’aventure… En ce cas d’aventures, ce n’étaient que des partouzes déviantes dans les fions…
Que ce soit en tonnant le long de la ligne droite de Lavant à Goodwood, en croisière dans le sud de la France ou simplement en se rendant au pub local et ce à une fraction de la valeur d’une authentique Bentley Blower construite et livrée en usine… Dilemme, car cette Bentley châssis DS3573 est certes une Bentley qui vous emmènera vers divers ailleurs avec et dans beaucoup de style, de son et (si nécessaire) de vitesse…. Mais elle est fausse…
C’est sans doute la Bentley vintage la plus rapide aujourd’hui, mais c’est une reconstruction selon les spécification de 1929… Elle n’est donc pas “authentiquement pure et virginale”... Ce n’est pas pourtant une supercherie et je ne crierai pas “Au faux, au faux” tenant compte que la belle a fait campagne dans des courses “historiques” entre 2006 et 2023, et a été pilotée par Derek Bell, quintuple vainqueur du Mans au Mans Classic 2012…
C’est aussi la première Bentley suralimentée à remporter un meeting international et dont la chaîne de propriété est ininterrompue depuis sa création… Mais elle est fausse quand même… Avec une estimation de 1.000.000 £, c’est assurément beaucoup de Livres Sterling pour une Bentley, certes magnifique, mais qui n’affiche par une pureté virginale et un Curriculum Vitae irréprochable… La justification est qu’elle est rare… ce qui est une excuse assez minable.