1931 Bucciali TAV 8-32 Saoutchik “La Flèche d’Or”
La société Bucciali a été fondée en 1923 par les frères Angelo et Paul-Albert Bucciali. Au volant d’une voiture dessinée par son frère, Paul-Albert, équipée d’un moteur Ballot Type 4J Sport de trois litres de cylindrée avec soupapes inclinées et freins sur les quatre roues, Angelo Bucciali participe à quelques épreuves locales dont il ne tire aucune gloire, mais cela suscite chez ces deux fanatiques de mécanique, l’envie de poursuivre dans la compétition. C’est ainsi qu’ils ouvrent un petit atelier à Courbevoie, afin de construire une voiture de course dont ils confient la réalisation du moteur à l’ingénieur Marcel Violet, spécialiste du deux temps. Ce dernier met au point un petit bicylindre avec chambre de combustion interne de 1340 cm3, un moteur assez performant puisque la voiture s’adjuge la 3ème place au Grand Prix des Voiturettes au meeting de Boulogne de 1922.
Ce succès incite les frères Bucciali à commercialiser une voiture portant leur nom, baptisée Buc AB1, prête dès la fin de l’année 1922. Une petite série est construite et l’une de ces voitures est engagée au Tour de France au mois d’avril 1923 dans la catégorie 1500 cm3. Première ex-aequo à l’issue de la première journée, la voiture est cependant contrainte à l’abandon après un accident dans l’étape suivante. A la demande des frères Bucciali, Marcel Violet travaille sur un quatre cylindres en V à compresseur d’une cylindrée de 1496 cm3 qu’il parvient à terminer pour le Grand Prix des Voiturettes de 1923 qui se dispute une fois encore à Boulogne. Pour l’occasion, Paul-Albert a dessiné un nouveau châssis court, toujours doté de freins sur les quatre roues. Mais le moteur quatre cylindres s’avère peu efficace lors des essais, d’où la décision d’équiper la voiture du bicylindre de l’année précédente. Un choix judicieux puisqu’il se solde par une victoire de la Bucciali dans la catégorie des moins de 500 kg.
Toujours animée par le moteur de 1923, la voiture participe les années suivantes à de nombreuses épreuves et s’octroie plusieurs podiums qui accentuent progressivement la renommée sportive de Bucciali. Et c’est la Buc AB 4-5 qui connaît le plus grand succès commercial de la firme avec un peu plus de 100 exemplaires vendus entre 1925 et 1927. Une conduite intérieure et deux coupés sport sont inscrits au Tour de France 1925 et les trois voitures terminent l’épreuve avec succès. Mais les frères Bucciali jugent cette dernière réalisation trop sage et se lancent dans l’étude d’un nouveau modèle de compétition, dénommé 4E Spécial, animé d’un moteur CIME de 1456 cm3 avec simple arbre à cames en tête et compresseur Cozette. Malgré une vitesse de pointe de 150 km/h, les trois exemplaires construits n’auront que rarement la possibilité de rivaliser avec l’importante concurrence qui règne alors dans la catégorie des 1500 cm3, trop handicapés par leur poids excessif.
Les frères Bucciali réalisent alors la Type AB 6, une 6 cylindres de 1500 cm3 avec un très beau châssis surbaissé et profilé, qui participera à de nombreuses compétitions nationales et internationales…., mais sans aucun succès. Les deux frères se découragent et décident d’abandonner purement et simplement toute compétition et leurs anciennes fabrications qui ne se vendent pas, pour se lancer exclusivement dans l’étude d’un châssis adoptant la traction avant.
A Molsheim on travaille sur la Royale type 41, à Courbevoie la première Bucciali TAV voit le jour ! Traction avant, bien sur, calandre flamboyante, châssis surbaissé, jantes immenses de 1 mètre de diamètre (24 pouces), sommet des ailes au-dessus du capot, vitrages réduits, phares énormes blottis au plus bas…, les TAV sont impressionnantes. 8, 12, voire 16 cylindres ne seront pas de trop pour propulser ces plantureuses automobiles, dont l’empattement peut atteindre 3m50 !
Au Salon de Paris 1930, les frères Bucciali ne trouvent qu’un seul client durant toute l’exposition : Georges Roure, qui est intéressé d’acheter un véhicule avec un moteur seize cylindres. Après qu’il eut été informé que la production d’un tel moteur prendra beaucoup de temps, parce qu’il n’existe pas encore, il passe commande pour un huit-cylindres. Les travaux commencent immédiatement sur le châssis de l’exposition, qui a été officiellement baptisé TAV 8-32.
Pendant la construction, George Roure change d’avis et demande qu’un moteur Voisin douze cylindres soit monté dans le compartiment moteur. La voiture est achevée à la fin de Novembre de 1931. Albert Bucciali et Georges Roure vont alors “descendre” sur la Côte d’Azur, un voyage de 1000 km, jusque Nice, pour participer à un concours d’élégance où le véhicule recevra le Grand Prix d’Honneur.
A cause de ces succès, un partenaire financier pointe son nez dans l’entreprise, c’est Emile Guillet, qui a déjà une entreprise de carrosserie. L’hiver suivant, les frères Bucciali sont en tournée aux Etats-Unis pour y commercialiser leurs nombreux brevets… Ils font l’objet de commentaires élogieux dans tous les grands magazines… Mais là encore… pas d’ordres d’achat, sauf une convention avec Peerlees ! Retour au travail à Courbevoie. En 1932, la crise économique s’amplifie. La première déception est l’annonce de Peerless qui, sous prétexte d’abandonner la production de voitures pour se concentrer sur la bière à travers leurs achats d’industries nouvellement acquis, annule sa convention avec Bucciali.
Pour donner l’impression d’une production effective, les châssis TAV 2 et 3 doivent être habillés de nouvelles carrosseries pour le Motorshow de Paris à venir. Le premier est envoyé à Saoutchik pour être habillé en cabriolet… et le second est confié à l’atelier Guillet pour réaliser une carrosserie de limousine.
Albert Bucciali va être amèrement déçu du travail d’Emile Guillet et il va retirer cette voiture de l’exposition et la remplacer par un modèle antérieur.
Inutile de dire que ce stress supplémentaire jette un froid “Sibérien” sur la relation d’affaires entre les deux frères Bucciali et leur bailleur de fonds.
À la consternation en outre d’Emile Guillet, Georges Roure offre de payer un montant supplémentaire important pour que la carrosserie de la voiture qu’il a commandé, soit remplacée par une création Saoutchik. En avril 1932, les travaux sont terminés et Roure est officiellement le premier client à prendre livraison d’une Bucciali TAV équipée d’un moteur Voisin 12 cylindres et carrossée par Saoutchik… La dépression est proche de son pic ! Ce devait être une maigre consolation que leur seul client était en fait très heureux…, en effet, après un rapide coup d’œil à la sculpture roulante, Georges Roure va être comme étourdit de bonheur.
En l’absence d’un arbre de transmission entrainant les roues arrière, la carrosserie avait pu être montée beaucoup plus bas sur le châssis, ce qui a entraîné une hauteur globale inférieure de moitié à toutes les autres voitures, en ce compris les Mercedes et les Bugatti… et ce de façon spectaculaire…, ce qui a été encore renforcé grâce aux jantes de 24 pouces. Les cigognes de la carrosserie d’origine ont été replacées et servent de touche finale à ce grand dessein automobile. Pendant les années 1930, très tôt, Emily, la femme d’Albert Bucciali, était de plus en plus réticente à financer toutes les initiatives nouvelles de son mari et de son frère. Elle avait dépensé une grande part de sa fortune sans le moindre retour de son investissement. Et les difficultés économiques des années 1930, allaient encore d’avantage tout compliquer.
Aux États-Unis, Peerless avait mis fin à sa convention avec Bucciali… et, après tant et tant d’années de recherches, de mises au point, d’innovations diverses et de dépot de brevets sensés leur apporter gloire et fortune…, un seul châssis, même pas motorisé par eux, mais par Voisin… qui plus est même pas carrossé par leur carrossier bailleur de fonds Emille Guillet…, mais par Saoutchik… avait été vendu ! Georges Roure avait été leur seul client à acheter une automobile complète. Les frères avaient travaillé dur pour trouver des soutiens financiers, mais leurs tentatives avaient été infructueuses. A la fin de 1932, les frères ont donc été contraints de cesser leur production.
Georges Roure a gardé la voiture pour une courte période (une année) avant de la vendre à un banquier parisien, le Comte de Rivaud. Il aimait la carrosserie Saoutchik, mais pas le châssis Bucciali ni le moteur V12 Voisin… Il a donc acheté un châssis et un moteur Bugatti Type 46… et a tenté de faire adapter la carrosserie Saoutchik sur le châssis roulant Bugatti…, ce qui était loin d’être évident puisque la Bucciali était une traction avant à châssis surbaissé (sans arbre de transmission), alors que la Bugatti type 46 avait un arbre de transmission, un châssis surélevé et un essieu avant rigide…
C’était le pire camouflet imaginable pour les frères Bucciali ! Le meilleur de leur technique était jeté aux orties pour un essieu rigide des années vingt !!! La situation économique avait balayé toutes perspectives pour Bucciali, il ne leur restait que les souvenirs d’une aventure quasi inhumaine, mégalomane, sans soucis d’un quelconque retour sur investissement de la fortune de l’épouse d’Albert Bucciali.
En 1934, le projet d’une petite sportive aérodynamique, animée par un 8 cylindres suralimenté dont la particularité majeure était sa transmission permanente à quatre roues motrices, qui devait participer aux 24 heures du Mans, germa encore dans les cerveaux des deux frères…, mais le manque de moyens mit fin au projet et l’usine ferma définitivement ses portes. Cependant, les frères Bucciali se battirent encore pendant de longues années afin de faire reconnaître leurs droits pour les innovations qu’ils avaient apportés et surtout pour leurs brevets qui avaient été vampirisés par de nombreuses entreprises. Après la mort d’Angelo en 1946, Paul-Albert crée la “Société de Mécanique et de Brevets Bucciali”. Il va en vivoter sans aucun panache, une longue fin misérable et interminable… Albert Bucciali va toutefois continuer de travailler sur de nouvelles innovations en créant deS véhicules militaires.
Encore une fois… et à sa grande consternation, il découvre que ses plans ont été transmis par le gouvernement Français à Panhard & Levassor, qui les utilise sans vergogne et sans jamais payer quoique ce soit…, pour construire des véhicules militaires à huit roues. Ses dessins et brevets ont également été pillés par de nombreux autres constructeurs automobiles, y compris par Jeep pour la Willys… Pendant plusieurs années il va tenter de lutter devant les tribunaux contre ces violations de ses brevets, mais, en dépit de plusieurs rapports d’experts, toutes ses tentatives seront rejetées au nom du “secret Défense” ou au nom de “la raison d’état” et autres bileversées et calembredaines… Dans les années 1950, il décide de changer d’orientation car il ne veut plus être indépendant…, il parvient à se faire nommer ingénieur-employé chez Cotal et y crée une série de boîtes de vitesses automatiques et des convertisseurs de couple. C’est sans le panache du temps de Bucciali, mais au moins ne meurt-il pas de faim, au contraire, il trouve ainsi une nouvelle manière de vivre.
Dans les années 1970, par hasard, on retrouve ce qui reste du châssis Bucciali TAV 8-32, de la carrosserie Saoutchik et du rarrissime groupe motopropulseur Voisin 12 cylindres… C’est un choc dans le monde des collectionneurs, car on était persuadé qu’il ne restait strictement plus rien des créations des frères Bucciali. C’est le célèbre collectionneur Raymond Jones qui est à l’origine de cette découverte, dans une grange en ruine. Son premier souci est d’acquérir le lot de pièces en épave et de trouver le moyen de transporter le tout, principalement l’extraordinaire carrosserie Saoutchik qui avait été démontée du châssis plusieurs années auparavant… Son second souci sera d’amener le tout en un endroit déterminé, une carrosserie spécialisée, capable de reconstruire la seule et unique véritable Bucciali restant au monde !
Paul-Albert Bucciali est consulté pour aider à cette complexe reconstruction, en ce compris les détails spéciaux comme les couleurs et le design de l’intérieur. Le but étant de restaurer/reconstruire très exactement la Bucciali comme elle avait été exposée au Salon de Paris en 1932, en utilisant les nombreux plans “d’usine” d’Albert Bucciali. Un grand nombre des pièces de la TAV 8-32 sont recueillies et envoyées aux États-Unis, y compris le très rare moteur Voisin V12 et sa transmission. D’après les dessins et plans originaux du châssis, la cloison avant et l’essieu arrière vont être recréés et… patiemment, la “Flèche d’Or” va être reconstruite à l’identique de son ancienne gloire. L’une des plus grosses difficultés concernera la remise en marche du moteur, il n’y avait plus aucune information disponible !
Le projet a été finalement achevé en 1997…, mais Paul-Albert Bucciali était décédé depuis 1981 sans avoir revu son extraordinaire Bucciali totalement terminée, revivre… et sans avoir reçu beaucoup de reconnaissance pour tout ce qu’il avait accompli avec son frère. Quoiqu’il en soit, en 1997, à peine sèche (terminée), la Bucciali est immédiatement proposée par Christie’s à leur vente aux enchères de Pebble Beach. Il était difficile de mettre une valeur sur une voiture qui était à la fois d’une grande importance historique, qui était vraisemblablement une des plus extraordinaires voitures au monde, qui plus est : rarissime car seule survivante d’une époque révolue… et…, le commissaire-priseur a été incapable de trouver un nouveau propriétaire.
L’année suivante, en 1998, la voiture est représentée par Christies qui a eut le temps de rédiger un historique complet à l’appui d’un dossier de 50 kgs… et achetée par un collectionneur suisse qui avait vu la voiture exposée sur le stand de Christie’s lors du salon Rétromobile de Paris. Après quelques années passées en Suisse, la voiture est retournée aux Etats-Unis pour participer à l’édition 2006 du Concours d’Elégance de Pebble Beach. Ce fut une journée mémorable, car une des deux seules autres voitures connues pour être équipées du moteur V12 Voisin, l’étonnante Voisin C20, était également présente.
Cette Bucciali dispose de fonctionnalités spécialement conçue par Albert : l’essieu avant comporte une boîte-pont à quatre vitesses…, les grandes roues de 24 pouces, fabriquées en acier, ont des tambours de freins intégrés…, la cigogne distinctive sur chaque coté de capot est réellement faite d’argent, de bronze et de laiton plaqué or. Cette cigogne était l’insigne de l’escadrille de chasse Bucciali’s lors de la première guerre mondiale. En 1931, le prix d’un châssis Bucciali, sans moteur, était de 130.000 Francs de l’époque… et la carrosserie valait 85.630 francs supplémentaires. Une seule Bucciali a été vendue !
Pouvez-vous l’imaginer, alors que cette marque à un tel aura ?
Bucciali fut l’une des plus audacieuses entreprises d’automobiles françaises car les deux fondateurs n’ont jamais hésité a reculer les limites du possible, à se ruiner… et à bousculer les conventions, pour imposer leurs conceptions. Pas une seule voiture complète, Buc ou Bucciali, n’a survécu, bien que de nombreuses parties des projets TAV existent encore, disséminées de par le monde… Il y a bien sûr des millions et des millions de voitures particulières, sur la route aujourd’hui, qui utilisent le système de traction avant mis au point par Albert Bucciali en 1926…, c’est là un hommage secret…
Un autre hommage est l’excellent livre écrit par Christian Huet sur le sujet, qui contient un historique détaillé de la vie d’Albert Bucciali et de ses nombreuses créations, un précieux livre illustré par une pléthore de tableaux d’époque et de dessins. Christian Huet a eu la chance de rencontrer à plusieurs reprises Albert Bucciali et le livre est comme une sorte de testament, assorti d’un livre de compte personnel. J’espère qu’un jour le gouvernement français en particulier, et l’industrie automobile en général, reconnaîtront le brio de cet autodidacte et génial inventeur et ingénieur.
Post-Scriptum… : Les Bucciali réplica…
Comme il n’en existe qu’une seule au monde, on peut admettre que des passionnés ont voulu construire et posséder une Bucciali correspondant à leurs rêves impossibles.
De “sérieuses”, il n’y en a que deux.
– D’abord la Bucciali 2 portes Coupé de Bill Tishman, un milliardaire américain bon teint, qui l’a surnommée “L’essence de Bucciali”… Toute son histoire et diverses photos ont été publiées dans mes magazines Calandres N°9 daté novembre 1982 et AutoChromesCollectionII/N°83 daté mars-avril 1987.
Je viens de scanner les 24 pages de ces deux articles que j’ai déposé ci-dessus en petites vignettes que vous pouvez lire confortablement en plus grand format en cliquant sur chacune d’elles… Tout cela date de 40 ans ! J’espère que vous en avez tenu compte en les parcourant, pas pour mon style inimitable et reconnaissable entre tous, pas pour leur design de présentation qui n’a pas pris une ride (preuve que je savais déjà y faire), mais pour divers renseignements concernant la saga Bucciali, qui, en 1987 était plus nébuleuse qu’actuellement. A l’époque, la rumeur disait encore que les frères Bucciali avaient vendus et construits près de 150 voitures, alors qu’en réalité, il n’en était rien… Mais bon, vous vous forgerez votre propre avis… Oui, je sais, je sais, c’est une copie, un clone, ce que certains appellent maintenant une “voiture hommage” et je n’écris normalement pas sur les “voitures hommages” mais celle-ci est spéciale parce qu’elle est le produit d’une histoire d’amour entre un homme et une photographie de voiture. La photographie était celle d’une marque automobile Française appelée Bucciali. Je sais, ça sonne italien. Mais c’est Corse/Français et prononcé “Butch-I-ally” aux USA ! L’homme qui est tombé amoureux de cette fantaisie française était le géant américain de la construction William A. Tishman, qui avait trouvé une photo jaunie de la Bucciali dans un livre sur les voitures classiques et voulait simplement en avoir une, même si cela signifiait recréer ce qui aurait pu être une rivale de la Bugatti Royale. J’ai déjà écrit cette histoire dans mon magazine Calandres des années’80 repris ci-dessus, mais le temps passant (40 ans plus tard) Bill Tischman est décédé, il a fait don de cette voiture à un musée et son histoire a quelque peu été modifiée !
Bill Tishman était un descendant d’une famille qui avait créé un groupe de construction mondial et qui possédait déjà une Rolls Royce Phantom II, une Marmon Speedster et plusieurs autres classiques. Mais après avoir vu la photographie jaunie d’une Bucciali, il a voulu avoir la même Bucciali. Il lui a été un peu difficile de savoir ce qu’il était advenu de la vraie Bucciali présentée au Salon de l’auto de Paris. C’était à cause de la seconde guerre mondiale. En 1939, les nazis ont marché sur Paris et toutes traces de certaines voitures de grand luxe ont été perdues. Alors Tishman, sans se décourager, déterminé à posséder une Bucciali, a embauché trois ouvriers pour fabriquer la voiture. Dans un article de 1981, “Popular Science” a déclaré que la voiture avait pris huit ans et qu’elle avait certainement pris beaucoup d’argent. Dans cette même période du début des années’80, j’ai écrit ce que j’ai repris ci-dessus. On estime qu’il a dépensé entre 600.000 et 650.000 dollars pour y arriver, ce qui serait probablement plus proche de 2 voire 3 millions de dollars aujourd’hui (2022). Son design ressemblait remarquablement à l’original, du moins en s’inspirant de cette photo jaunie et de quelques autres, d’autant qu’au début des années ’80 il n’existait pas de Web-Site ni de Google et autres moteurs de recherches pour se documenter. Il a toutefois réussi à recréer la même ligne de toit, les énormes ailes cintrées qui sont presque hautes que la ligne de capot et qui donnent à la voiture ce que appelle aux USA, “un look sous-jacent”. Ceux qui ont visité son atelier ont dit et disent encore que Bill Tishman a conçu pratiquement tous les aspects de la voiture, de la carrosserie entièrement en acier avec des garnitures d’ailes intérieures en acier uniques, à un centre de rafraîchissement qui distribue de l’eau chaude et froide dans des verres en cristal qui sont bien ajustés pour se positionner sous les robinets. Le tableau de bord a exigé des hectares de bois pour arriver à la perfection voulue et à un look authentique d’avant-guerre. Al Axelrod, propriétaire d’un garage automobile de l’ouest d’Hollywood, m’a raconté quelques faits sur la voiture :
“Le projet de Bill a commencé à un pâté de maisons de chez moi dans un petit atelier de soudage appelé “Art in Iron”, et j’ai regardé son avancement. Bill Tishman, un gars très gentil et très aisé, m’a chargé d’entretenir deux de ses voitures, la plus intéressante pour moi était une Rolls-Royce à double pare-brise de 1927, avec une banquette arrière séparée à deux places, loin, loin derrière, avec un second pare-brise. Pour une raison quelconque, Tishman voulait quatre roues motrices, il a utilisé un châssis Chevrolet S-10 avec un V8 350ci équipé d’un turbocompresseur Rajay utilisant un système d’injection d’eau. Il était évalué à 304 chevaux à 4000 tr/min. Cependant, les différents secrets de construction peuvent être trouvés dans une brochure de musée que j’ai obtenue longtemps après le décès de Bill alors que ses héritiers liquidaient ses voitures. La plus grande dépense dans la construction de la voiture a été de fabriquer pratiquement toutes les pièces, des roues aux poignées de porte en passant par le bouchon d’essence. À l’abri des regards se trouvent les systèmes de chauffage et de climatisation GM et le radio/magnétophone. Une touche finale a été un ornement de radiateur en verre Steuben, représentant un aigle, qui s’allume la nuit. Et bien sûr, la voiture a la célèbre insigne de cigogne qui ornait l’avion de chasse d’Albert Bucciali pendant la Première Guerre mondiale. Après que la voiture ait été terminée en 1983, il a conduit la voiture entièrement en état de rouler de la côte ouest à la côte est, visitant de nombreux salons d’automobiles de collection où sa réception variait de l’horreur (ceux horrifiés qu’il avait osé faire une réplique) à l’appréciation de la qualité de construction de la voiture. Entre-temps, les nouvelles ont commencé à filtrer sur la reconstruction et la restauration de la véritable légendaire “Flèche d’Oro”. Après tout le temps et l’argent dépensés pour sa recréation, découvrir qu’il y avait maintenant une voiture reconstruite à partir de pièces d’origine a dû être un coup dur pour Bill Tishman. S’il avait fait plus de recherches au début, il aurait pu acheter cette voiture, un vestige réel. Il a a alors décidé de se débarrasser de sa Bucciali fabriquée à partir de zéro et il est allé la proposer à un collectionneur de Houston, Jerry J. Moore, qui lui avait dit que c’était sa “voiture préférée”. Moore, a fait trainer et est décédé en 2008. C’était un promoteur de centre commercial et un francophile de classe mondiale, vivant dans un faux château du 18ème siècle qui avait été démonté et expédié de la campagne Française à Friar-Tuck-Lane dans le quartier chic de Sherwood Forest à Houston, chateau qu’il a minutieusement reconstruit, brique par brique et l’a décrit comme une reproduction miniature à l’échelle résidentielle du palais maniériste français de Fontainebleau en dehors de Paris… Tout cela avait du sens d’une certaine manière, Moore possédant 26 voitures de luxe françaises dans le garage de son faux manoir français… N’est-ce pas la vie grandiose des supers-riches ? Bill ne lui ayant pas vendu sa voiture est retourné avec elle chez lui. Il est décédé et la voiture a été liquidée au “Museum of American Speed” à Lincoln, Nebraska, fondé en 1992 par Speedy Bill et Joyce Smith. Il s’appelle en fait le “Smith Collection Museum of American Speed” et se consacre à la préservation, à l’interprétation et à l’exposition d’automobiles étranges mais importantes dans l’histoire”…
– Ensuite il y a la Bucciali 2 portes cabriolet de Bart DeVries, un artiste Hollandais, qui n’écrit et ne dit pas grand chose…
Je dispose de quelques photos de mauvaise qualité, et c’est tout…, pas d’explication sur la provennance, ni sur le comment et le pourquoi…
De ce que j’ai pu obtenir, Bart De Vries aurait utilisé le châssis roulant complet d’un Chevrolet Pick-up de 1973 équipé d’un 6 cylindres en ligne 4L2.
Il aurait construit intégralement sa réplique de Bucciali lui même en 1985.
Sa voiture mesure 5m65 de long, 1m42 de haut, 3m72 d’empattement et pèse 2 tonnes…
J’espère en savoir plus bientôt, je complèterai si besoin est…