1953 Mercedes 220 Cabriolet “A” / 166.000$
Avant même la fin du troisième Reich Hitlérien de mille ans, alors que l’Allemagne sombrait et que tout était en ruine, le conseil d’administration de Daimler-Benz AG planifiait la création, la fabrication et la commercialisation de Mercedes de luxe, qui devraient être représentatives d’une nouvelle Allemagne, conformément à sa vieille tradition.
C’est ainsi, qu’à la fin 1945, l’ère d’après-guerre des moteurs six cylindres Mercedes-Benz a commencé. L’Allemagne, on le sait, est le pays de la musique classique et le mélomane averti ne trouvera guère d’objection à ce que Mercedes figure parmi les meilleurs compositeurs d’opéra symphonique à quatre temps pour six cylindres en ligne.
L’audition orgasmique d’aussi fougueuses envolées mécaniques nécessite toutefois l’obligation d’une esthétique Wagnérienne ressuscitant les extraordinaires automobiles des dignitaires du précédent Reich. Fi donc des volumes atrophiés “à-la-française”, des profils congestionnés et haut sur pattes “à-l’américaine”, des formes surréalistes et torturées “à-l’italienne”…
La marque à l’étoile 3 branches, redevient officiellement celle des dignitaires à venir du Quatrième Reich, reprenant sa place au sommet du monde et de la nouvelle Germanie ! Elle doit toutefois utiliser tous les ingrédients imaginables pour que la 220 symbolique du renouveau, soit considérée comme la seule étoile de l’automobile.
Au pays de Wagner, on ne loge toutefois pas à la même enseigne les musiciens et les stylistes. La tâche bassement rébarbative de ces derniers se résume depuis le Saint-Empire à l’habillage des chefs-d’œuvre du répertoire mécanique bavarois. Ceux qui ne pouvaient s’offrir en 1947 la nouvelle Mercedes 220 n’étaient que des sous-hommes !
Les autres, moins diserts, ne se sont pas fait prier pour à nouveau parcourir les autobahns au pas de l’Oie ! Car après tout, qu’importe, tant que le Schnaps et les litres de bière procurent l’ivresse du pouvoir en recomposition. Toutefois, en dépit de ma résolution à écrire sur cette 220, j’éprouve toutes les peines du monde à exprimer l’ennui abyssal dans lequel me plonge le sérieux et la rigueur de cette Mercedes.
Me retrouver indifférent, a provoqué en moi les mêmes effets érectiles qu’un abribus ordinaire un soir de grisaille. Sans plus de relief que de grief, les Mercedes d’après-guerre ne me suscitent rien d’autre qu’une forme d’apathie alors que mes crocs se cassent sur leurs trop lisses surfaces comme la goutte d’eau glisse sur le galet inaltérable.
Le verbe tari, l’inspiration en berne, capitulant devant l’inexpressive insipidité de cette insignifiance, j’ai cru cauchemarder, abominable sensation pour un chroniqueur en verve. Par contre la Mercedes SSKL de 1927 tout comme les 500 et 540K ont toujours alimenté ma plume numérique la plus volubile, en ces temps bénis où elles étaient encore disponibles à l’achat dans des ventes aux enchères accessibles…
Maintenant qu’une Mercedes 300SLR a atteint 135 millions, le monde s’est mis à décliner sur deux catégories sociales les deux facettes de la même farce automobile ! Que de regrets tout cela me laisse ! Oui, les Mercedes d’avant-guerre, c’était vraiment Kolossal ! Pas tant pour le meilleur que pour le pire, ces antiques Mercedes étaient conçue pour plaire au pays des tanks Panzer et Tigre chics et choc !
Ahhhhh ! Leurs lignes brutales à la finesse toute martiale traduisaient un souci aérodynamique à peu près égal aux sympathies qu’Hitler, en pleine crise mystique, vouait à la Juiverie qui le lui rendait en retour de flammes. En nos latitudes marquées par le culte triomphant, la proue verticale des Calandres Mercedes frisait la curiosité touristique !
Mais que dire des échappements sortant triomphalement des capots et des roues de secours sur les ailes avant ? Sinon que l’on n’avait jamais autant disserté sur ce genre de détail depuis 1933. Fort heureusement, la modernité ne s’entendait alors qu’à géométrie variable pour ne pas bousculer un cœur de clientèle fossilisé dans le passéisme.
Les nouvelles techniques ne s’appliquaient donc que très parcimonieusement, longtemps, très longtemps après avoir été éprouvées par les concurrentes et leurs subversives idées ! De peur de provoquer des frondes ils ne firent guère de vague. Passons ces années… En avril 1951, le nouveau modèle Mercedes 220 a été présenté à l’IAA en signe d’une nouvelle confiance en l’Allemagne.
La nouvelle représentante de l’opulence allemande en redevenir, la Mercedes-Benz 300 en limousine d’État (plus tard appelé “Adenauer”), l’épaulait pour la reconquête… Vengeant la défaite de la Bataille d’Angleterre, VW et BMW achetant Rolls-Royce et Bentley (et Jaguar aux Hindous !), Mercedes devait consolider la percée comme en 39 et 40…
La Mercedes 220 correspondait à la 170 S en termes de châssis et de carrosserie à l’exception des phares désormais intégrés dans les ailes, mais avait un moteur six cylindres entièrement nouveau sous le capot, qui, en tant que moteur à course courte avec arbre à cames en tête et une sortie de 80 chevaux, avait un design extrêmement moderne.
Ce moteur a eu une très longue durée de vie et, modifié plusieurs fois, a été construit pendant près de quatre décennies. La 220, présentée deux ans seulement après le lancement sur le marché de la 170 S, était également justifiée par le fait que l’Opel Kapitän à moteur six cylindres était déjà disponible en Allemagne à partir de 1948.
Bien sûr, ils ne voulaient pas laisser ce segment de marché au concurrent de Rüsselsheim à Untertürkheim, qui a finalement réussi grâce à une très bonne réponse dans la presse spécialisée et parmi les clients de l’entreprise. La nouvelle 220 a donc impressionné par ses bonnes performances de conduite et par conséquent son bon comportement de conduite.
Elle a ainsi poursuivi les caractéristiques de qualité traditionnellement élevées de la marque. Le nouveau modèle de la classe de luxe présentait toujours les caractéristiques de conception classiques des années 1930 et était proposé sous la forme d’une berline à quatre portes, d’un cabriolet “A” à deux places avec deux fenêtres, d’un cabriolet “B” à quatre places avec quatre fenêtres et, un petit nombre en coupé deux places.
Une voiture comme la Mercedes-Benz 220 Cabriolet “A” était toutefois encore un rêve irréalisable pour la grande majorité de la population, mais une telle voiture signifiait également un engagement clair et un signal en direction d’une reprise économique qui s’inscrivait dans le miracle économique allemand qui pouvait ainsi à nouveau entrer dans l’histoire.
En 1954, avec les 180 et 220 S, la nouvelle ère des carrosseries “ponton” autoportantes commencait, et avec elle la fin des “châssis”. La Mercedes 220 Cabriolet “A” offre donc l’expérience particulière d’une autre époque avec une conduite décapotable élégante dans l’un des rares véhicules de l’après-guerre qui ait survécu. L’ensemble du véhicule qui illustre cet article a toutefois été entièrement restauré.
Techniquement et visuellement, le Cabriolet “A” présenté ici est en parfait état. Le véhicule a des dimensions parfaites, la ligne est excellente et toute la technologie fonctionne parfaitement. Que peut-on demander d’autre et de mieux ? Une Mercedes-Benz 220 “A” Cabriolet procure à son conducteur et à ses passagers une sensation inimitable de sérénité et de plaisir tranquille tout en sachant pouvoir compter sur elle !
Cette Mercedes 220 symbolise l’artisanat allemand. On pourrait aussi écrire que c’est une Mercedes typique ! Conduire avec le toit baissé est une expérience sensorielle difficile à décrire, la 220 transforme les voyages de vacances en événements élégants en plus aussi d’avoir conscience d’avoir fait un investissement particulièrement stable avec un potentiel de croissance.
Une Mercedes des années 1950 à son meilleur en tant que cabriolet deux portes et deux places fait appel à l’émotion et à la raison dans une égale mesure ! Cette Mercedes-Benz 220 de 1953 est l’une des 1.278 modèles Cabriolet “A” carrossés par Sindelfingen-Karosserie entre 1951 et 1955 et a été vendue neuve à la société Kaiser&Ganz en Allemagne avant d’être importée aux États-Unis.
Elle a ensuite été achetée en 1958 et par un Californien et est resté en sa possession jusqu’en 2018. Ce cabriolet W187 a ensuite été acquis cette même année dans le cadre de la collection Oktmotorfest au Texas. La voiture est finie en noir sur une sellerie en cuir beige, et la puissance provient du six cylindres en ligne 2L2 jumelé à une transmission manuelle à quatre vitesses à déplacement sur la colonne de direction.
Les autres caractéristiques comprennent une capote noire avec des barres landau chromées ainsi que des feux de route, des rétroviseurs montés sur les ailes, des portes suicides (à charnières arrières), des jantes en acier de 15 pouces avec enjoliveurs et une radio Becker Monaco. Le six cylindres en ligne M180 de 2L2 est doté d’un seul carburateur Solex et d’un purificateur d’air chromé.
2 commentaires
Mon cher Gatsby,
Je vous remercie pour ce bel article plein de retenue où vous parlez pudiquement et non sans humour de purificateur d’air pour cette auto fabriquée quelques années après Dachau ! J’ai pour ma part d’excellents souvenirs de ces six cylindres Mercedes, mélodieux et au caractère bien trempé si on les utilise autrement qu’à allure sénatoriale. Tout cela est loin maintenant, les derniers nazi mangent les pissenlits par la racine et l’élégance, les traditions et les bonnes manières classiques des haut de gamme Mercedes ont été remplacées par une griffe AMG supposée représenter l’apogée du bon goût automobile. On pourrait oser un parallèle où dans le secteur des chaussures les baskets ont dans le même temps gagné beaucoup de parts de marché…
Une touche de comique burlesque sert de mise en bouche pour cet article qui est comme un plat concocté/cuisiné avec des abats littéraires ! Cette cuisine comporte un gratin de souvenirs au four, préalablement et machiavéliquement saupoudré d’épices Kacher. Il se déguste en finale sur fond musical Bavarois pour pouvoir se taper les cuisses afin d’éviter un rappel mémoriel mélodramatique que la masse feint d’oublier.
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