Morgan 2025 : Réplique ou fausse vieille ?
Je vous devine excités, envoutés, ahuris et abasourdi de pouvoir immatriculer légalement une réplique… Ouaihhhhh ! Un retour aux années ’70 et ’80 avant les lois scélérates européennes qui ont tout “foutu par terre”... Majoritairement le peuple Français ne voulait pas faire partie de ce Grand Machin (comme le caricaturait le Général de Gaule, avec raison… Le 29 mai 2005, près de 55% des Français votaient “non” au référendum sur le projet de Constitution européenne. Evénement historique : la France, pays fondateur de la Communauté, donnait elle-même un coup d’arrêt à l’union du Vieux Continent.
Evénement politique, aussi : Jacques Chirac semblait avoir déjà entamé sa fin de règne ; à partir de ce jour, il entre dans son crépuscule. L’Express a suivi avec passion ce débat et vous propose le meilleur de ses archives sur le sujet, avec notamment des interventions de Valéry Giscard d’Estaing, Dominique Strauss-Kahn et Philippe de Villiers. Jacques Chirac connut de nombreux revers au cours de sa longue carrière, mais celui-ci fut sans doute l’un des plus graves. Le 29 mai 2005, les Français rejettent le traité établissant une constitution pour l’Europe.
C’est un score sans appel : le non recueille 54,68 % des suffrages exprimés. Après la dissolution grotesque de 1997 et l’invention du “septennat de deux ans”, le président venait une nouvelle fois de se tirer une balle dans le pied. Lui qui rêvait encore d’un troisième mandat recevait son préavis de licenciement… Le projet européen subissait lui aussi les conséquences des errances tactiques du président français. A Rome, à Madrid, à Bruxelles et à Berlin, c’était la consternation. La France était l’un des pays fondateurs de l’Europe et c’est elle qui enclenchait la marche arrière…
Les hommes politiques, dans un premier temps, vont serrer les rangs et refuser de tirer un trait sur la Constitution européenne, ainsi désavouée par les Français. Mais aux yeux de nombre d’experts, les Français, par leur vote, enterraient de Grand Machin… Mais après le rejet du projet de Constitution pour l’Europe par référendum en 2005 (55% de “non”), le Gouvernement français a décidé de ne pas proposer de nouveau référendum aux citoyens français et de faire adopter le traité de Lisbonne par la force de la voie parlementaire…
Considérez que c’est ainsi que nous sommes entrés dans une forme de dictature populaire et démocratique avec une soif insatiable d’incorporer les Etats “pauvres” pour y faire construire tout moins cher, l’Ukraine étant le gros élément… Aux USA, la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) a mis en œuvre une nouvelle réglementation permettant aux constructeurs automobiles à faible volume de construire et de vendre un nombre limité de répliques de véhicules, sous réserve des exigences en matière de propriété intellectuelle, de sécurité et de configuration.
Un clic sur le lien pour tout en connaître : https://www.federalregister.gov/documents/2020/01/07/2019-27211/replica-motor-vehicles-vehicle-identification-number-vin-requirements-manufacturer-identification
Depuis 2011, la Specialty Equipment Market Association (SEMA) et d’autres entités de l’industrie ont fait pression sur le Congrès pour obtenir des exemptions permettant aux petites entreprises de produire et de vendre un nombre limité de répliques de véhicules. Ces efforts ont abouti à l’adoption de la loi FAST (Fixing America’s Surface Transportation Act) en 2015, qui a créé une exemption pour les constructeurs automobiles à faible volume de construire et de vendre jusqu’à 325 répliques de véhicules aux États-Unis chaque année, sous réserve d’une surveillance réglementaire.
La Loi définit les répliques de véhicules comme des véhicules à moteur qui ressemblent à des voitures produites il y a 25 ans ou plus. Malgré l’adoption de la loi en 2015, la NHTSA n’a publié la règle finale qu’au début de l’année, à la suite d’une action en justice intentée en 2019 par la SEMA contre la NHTSA pour forcer la mise en œuvre de la loi. La Loi impose une série d’exigences aux répliques de véhicules produites en vertu de l’exemption. Pour être éligibles au programme d’exemption de la loi FAST, les fabricants de répliques de voitures doivent se conformer à ce qui suit :
Droits de propriété intellectuelle. Les fabricants de répliques de voitures doivent obtenir tous les droits de propriété intellectuelle nécessaires à la production des véhicules, y compris, mais sans s’y limiter, la configuration du produit, les brevets, les marques de commerce et/ou les droits d’habillage commercial. De plus, bien que les fabricants de répliques ne soient pas tenus de soumettre des documents démontrant leur propriété ou leur licence sur la propriété intellectuelle applicable, ils doivent néanmoins certifier que la réplique sera fabriquée sous les licences de propriété intellectuelle appropriées.
Ressemblance. Les répliques de véhicules ne doivent ressembler qu’au design extérieur du véhicule d’origine ; Ils n’ont pas besoin de ressembler à l’intérieur d’origine.
Limites de volume. En vertu de la loi, les fabricants de répliques ne peuvent produire qu’un maximum de 325 répliques de véhicules aux États-Unis par an.
Exigences de taille. Les répliques de véhicules doivent être reproduites à l’échelle 1:1, à plus ou moins 10 %, à l’exclusion de la configuration, de la hauteur de caisse, des garnitures de carrosserie, des ailes, des grilles, des capots, des marchepieds, des fenêtres et de l’emplacement de l’essieu. Les variations de taille sont soumises à l’approbation de la NHTSA au cas par cas.
Exigences de sécurité. Les répliques de véhicules doivent généralement être conformes aux normes fédérales de sécurité des véhicules automobiles (FMVSS) applicables, bien que la loi prévoie des exceptions étroites pour tenir compte des aspects techniques et financiers. Notamment, la loi préempte expressément les lois de sécurité des États couvrant les répliques de véhicules.
Pour “sauver sa peau” en tant qu’entreprise avec une tradition ininterrompue de construction de voitures entièrement traditionnelles “à l’ancienne”, Morgan avance à un rythme effréné pour créer une Morgan Plus Four pour revenir aux États-Unis cette année, importée en vertu du Replica Car Act, décrit ci-avant, en tant que première Morgan à quatre roues à être importée en tant que nouvelle voiture aux États-Unis depuis plus d’une décennie… Elle sembler aussi traditionnellement anglaise qu’un cottage à colombages dans les Cotswolds.
Mais cette Supersport s’avère être radicalement la plus laide que Morgan ait produit depuis la Seconde Guerre mondiale. Les aficionados de Morgan basés aux États-Unis même passant outre cet aspect visuel cauchemardesque, devraient freiner leur enthousiasme à ce stade, le PDG de la société, Matt Hole, ayant déclaré qu’il n’était finalement pas prévu d’amener la Supersport aux États-Unis, tellement le coté hideux et grotesque fait fuir jusqu’aux irréductibles. Compte tenu du processus long et tortueux nécessaire pour obtenir l’approbation fédérale américaine pour homologuer la Plus Four aux USA.
Cela est compréhensible, mais le fait de voir ainsi bloquée une gamme de Morgan aux spécifications américaines en préparation pour l’expédition à l’usine de Malvern, laisse penser que les gens de Morgan deviennent fous… Sous une toute nouvelle carrosserie, la Supersport repose sur le même châssis en aluminium collé que la Plus Six sortante, et est propulsée par le même moteur turbocompressé B58 BMW de 3,0 litres. Le six cylindres en ligne développe des pointes inchangées de 335cv et 369 lb-pi, ce qui peut sembler peu par rapport aux normes des voitures de sport modernes.
Mais cela ne devait que contrer ce que Morgan prétend être un poids à vide de 2600 livres. Une boîte de vitesses automatique à huit rapports dirigeant la puissance vers les roues arrière est de série, Morgan proposant une transmission manuelle sur les nouvelles versions européennes de la Plus Four qui devraient être identiques à l’horreur roulable qui illustre cet article… Parmi les autres complications apportées par rapport aux Plus Six, je pointe du l’index un système de direction révisé avec une crémaillère plus démultipliée et une structure de carrosserie plus rigide grâce à des renforts renforcés.
S’ils rigidifient globalement la bête, en torsions, s’alourdit… Le débattement des roues a également augmenté et et les barres antiroulis avant et arrière sont maintenant de série. Deux packs de suspension différents sont proposés, un standard plus souple pour optimiser le confort et un pack de maniabilité dynamique en option qui apporte des amortisseurs réglables manuellement (sic !), les acheteurs pourront également spécifier un différentiel à glissement limité. Les plus grands changements par rapport au modèle sortant sont ceux qui ont été apportés à la carrosserie de la Supersport…
Comme pour toutes les Morgan’s, il utilise des panneaux d’aluminium formés à la main sur un cadre/châssis en bois de frêne, qui est ensuite monté sur un châssis en aluminium. Le changement de design le plus évident concerne la queue affreusement allongée de la Supersport qui intègre désormais un couvercle de coffre. Les traditionalistes de Morgan voudront peut-être conserver leurs monocles. C’est vrai, la Supersport est la première Morgan à disposer d’un coffre à bagages refermable accessible de l’extérieur. Bienvenue au 20ème siècle, les gars…
Le volume modeste du coffre peut être complété par un très laid porte-bagages externe ressemblant à une taque de cuisson pour cuisine ambulante, auquel des sacs peuvent être attachés… La Supersport dispose également d’un choix de toits différents en option, les acheteurs peuvent en effet spécifier soit une capote rabattable, soit un toit rigide en fibre de carbone, ou les deux car il est possible de passer de l’un à l’autre (relativement) facilement. Ja gage qu’ avec le toit rigide installé, la Morgan bénéficiera d’une rigidité structurelle supplémentaire (gag !).
Une autre tradition de Morgan subsiste mais a été mise à jour. Comme ses prédécesseurs, la Supersport a des “écrans latéraux” au sommet de ses portes réduites (sic !) incorporant des fenêtres en plexi coulissantes. Sur les voitures précédentes, le retrait ou la remise en place de ces précieux et destructibles éléments est un processus fastidieux et maladroit impliquant plusieurs prises,… L’avant de la Supersport est également laidement radical, avec le plus long capot de toute l’histoire de Morgan, un capot qui n’est plus sécurisé par une sangle en cuir…
Les phares sont des unités modernes à LED et le concepteur en chef de l’entreprise, Jonathan Wells, décrit les éléments rectangulaires à la place d’un pare-chocs traditionnel comme des “over-riders nostalgiques”. Une tradition qui survit inchangée, et qui m’a fait pleurer de désespoir… Heureusement les minis essuie-glaces triples avec de minuscules petits bras survivent dans cet univers. Dans l’ensemble, la nouvelle Morgan n’est pas moderne, mais n’est plus ancienne, elle n’est pas même d’une esthétique contemporaine, elle est laide, point…
Ce qui résume assez bien la situation. Dans l’habitacle, la Supersport reste très similaire à la Plus Six et à la Plus Four. Le tableau de bord en bois comporte un trio de cadrans analogiques qui détonnent, ainsi qu’un petit écran numérique devant le conducteur… Un spectacle incongru… La présence d’un sélecteur de vitesse automatique bulbeux de BMW “New-âge” dans la console centrale, est assez stupéfiant… Ceci venant en tant qu’ensemble avec le moteur et la transmission. Une innovation moderne est une station de charge sans fil positionnée directement devant celle-ci.
Bien qu’il n’y ait pas d’unité principale conventionnelle, la Morgan Supersport dispose également de l’option d’un système audio Sennheiser pour permettre à la musique d’être diffusée via des haut-parleurs bien cachés. Les livraisons hypothétiques aux clients de plus en plus rares et réservés, commencent en Europe où la Supersport sera vendue le mois prochain, avec des prix stratosphériques commençant à partir de 85 000 £ au Royaume-Uni avant taxes de vente soit 110.000 $ / 120.000€ aux taux de change actuels… Ajoutez-y les taxes et frais, options et autres frais et tracasseries…