ALFA ROMEO GIULIA TZ 1965 /1.181.250 £
Estimée valoir entre 1.000.000 £ et 1.200.000 £, cette évaluation qui n’était pas une expertise, est apparue colossale recalculée en €uros et en dollars US, aux yeux des populations (je cause à un niveau planétaire) atterrées et en émois alors que la guerre en Ukraine s’envenimait de plus en plus, que le premier ministre Boris Johnson faisait le pitre sur le départ et que des hordes de mécontents sortaient en manifestations.
L’Alfa Romeo Giulia TZ Zagato s’est vendue 1.181.250 £ le 3 septembre 2022 au palais de Hampton Court pour le 10e anniversaire du “Concours of Elegance”, qui se voulait relier les marchés britanniques et européens à la clientèle mondiale de la société Gooding & Company… Ce fut fait en six coups de marteau, pas loin de l’estimation haute, ce qui n’a fait réagir strictement personne…
Gooding & Company, leader mondial des ventes aux enchères, après une série de vacations très réussies et hautes en couleurs au Royaume-Uni, dont la vente record “Passion of a Lifetime” en 2020, la vente aux enchères “Geared Online European Sporting and Historic Collection” en février 2021 et l’événement “Geared Online”, a ensuite annoncé un partenariat de sponsoring à long terme avec le “Concours of Elegance” réalisé sur les terres du palais de Hampton Court.
Luigi Citeroni Ascoli Piceno (Italie), est le premier propriétaire, ayant acquis cette Alfa neuve en 1965… Barbaro Grelli Ascoli Piceno (Italie), est le second propriétaire, ayant acquis cette Alfa du précédent nommé en 1966… Vittorugo Girolami (Rome-Italie), est le troisième propriétaire, ayant acquis cette Alfa du précédent nommé en 1981… Fabrizio Arengi (Padoue-Italie) est le quatrième propriétaire, ayant acquis cette Alfa du précédent nommé en 1984…
Boy Houtman (Gravenhage, Pays-Bas) est le cinquième propriétaire, ayant acquis cette Alfa du précédent nommé en 1993)… Pierre Mellinger (Suisse) est le sixième propriétaire, ayant acquis cette Alfa du précèdent nommé en 2011… Le dernier et septième propriétaire actuel , ayant acquis cette Alfa du précèdent nommé par le biais de Gooding & Company à Hampton Court, Londres, Royaume-Uni d’Angleterre, le 3 septembre 2022 a désiré rester anonyme.
C’est un vœu qui tiendra les foules en haleine (pas fraîche) jusqu’à la prochaine vente qui sera la conséquence d’une transaction secrète au profit d’un huitième clampin jouant la destinée d’une auto-objet comme s’il s’agissait d’une passation de règne et de pouvoir dans un cérémonial ridicule et décalé calqué sur les rites de la royauté Britannique…
“Vanité des vanités et tout est vanité”… Ce qui est vain, c’est la prétention humaine puisque l’homme croit être quelque chose par le biais d’une automobile “de petite vertu”, sublimée telle un objet du divin, alors qu’il n’est rien. Dans la correspondance du chevalier de Méré, nous trouvons le récit d’un entretien (supposé) de son auteur avec le duc de La Rochefoucauld. Les propos de ce dernier ont été synthétisés et nous parvenus en les termes ci-après repris…
Agenouillez-vous pour lire : “Il était persuadé qu’on n’est heureux que par le plaisir et malheureux que par la douleur, ce me semble, à le bien examiner, plus clair que le jour. Mais les faux honnêtes gens aussi bien que les faux dévots ne cherchent que l’apparence, et je crois que dans la morale, Sénèque était un hypocrite et qu’Épicure était un saint. À en croire Méré, La Rochefoucauld se pose là en pourfendeur des vertus stoïciennes, figure trompeuse pour qui ne cherche que les apparences”.
Or, biens chers Tousses, presque en même temps, dans “La liasse des Pensées consacrée aux philosophes” Pascal affirmait : “Ce que les stoïques proposent est si difficile et si vain”…, soulignant ainsi l’inefficacité, voire l’inanité de la démarche stoïcienne. Dès lors, stigmatiser la philosophie d’Épictète, en en révélant la subtile vanité, pourrait bien apparaître comme le lieu commun, le préalable indispensable à toute démarche de moraliste !
Dénoncer la vanité des choses humaines pourrait fonctionner paradoxalement comme le point de conciliation, voire de réconciliation entre la morale et l’apologétique. Pascal et La Rochefoucauld semblent, en effet, partager un même projet : mettre en évidence la misère de l’homme. L’auteur des Maximes s’en ouvre très explicitement au Père Thomas Esprit dans sa lettre du 6 février 1664 qu’à nouveau il vous faut lire agenouillés devant votre écran :
“Il me semble que l’on a pu trop exagérer les misères et les contrariétés du cœur humain pour humilier l’orgueil ridicule dont il est rempli ”… C’est un rapprochement implicite avec la première partie de “l’Apologie Pascalienne” qui entend proposer une description de la misère intellectuelle des hommee dans la tradition vétérotestamentaire, et ce à l’heure de stigmatiser la vanité humaine…
“Qui voudra connaître à plein la vanité de l’homme n’a qu’à considérer les causes et les effets de l’amour. La cause en est un je ne sais quoi. Et les effets en sont effroyables. Ce je ne sais quoi, si peu de chose qu’on ne peut le reconnaître, remue toute la terre, les princes, les armées, le monde entier”... La vanité se mesure, ici, à la disproportion qui sépare les effets de leur cause, le sort de l’univers entier dépendant ainsi d’une passion éprouvée par l’homme.
Et c’est dans cette disproportion que vient s’inscrire tout le dérisoire de la condition humaine… Dans la construction de l’épopée mythique de cette Alfa Roméo dont le dérisoire en vient à se confondre à la sublimation d’une ferraille de marque, les identifications sont de haute importance en référence aux numérotations gravées telles des mentions mortifères hiéroglyphiques égyptiennes pharaonesques !
“Châssis: 10511AR * 750081 * Moteur: AR00511 * 00068 * C’est l’une des 112 TZ construites entre 1963 et 1967. C’est l’une des voitures de compétition les plus réussies de l’époque, de plus incroyablement bien documentée et conservant son moteur d’origine dans une histoire limpide et une provenance épique, c’est l’exemple merveilleusement préservé d’un chef-d’œuvre”…
Un livre de Messe (ne manque que l’usage du latin) suit l’Alfa duquel livre sont puisés le texte sacré qu’on lit en Messes-d’Enchères avec recueillement : Chapitre UN . A l’aube des temps sacrés : “Alfa Romeo a connu un énorme succès dans les années 1920 et au début des années 1930 dans les épreuves de distance, de circuit et de course de côte à travers l’Europe. Mais, à l’approche de la Seconde Guerre mondiale, Mercedes et Auto Union ont tenté d’éclipser les voitures de Portello.
Chapitre DEUX . La résurrection : “Après la guerre, Alfa Romeo a repris ses chemins gagnants avec des corsaires utilisant des 8C 2900 d’avant-guerre. Tout au long des années 1950, les propriétaires privés ont maintenu la marque en vie dans la compétition, notamment ceux qui ont utilisé des variantes Zagato des modèles Giulietta et 1900. L’une des séries les plus réussies a été celle des voitures Sprint Veloce Zagato (SVZ), qui sont miraculeusement apparues en 1956″.
Chapitre TROIS. La montée aux cieux : “Ces réalisations ont attiré l’attention d’Alfa Romeo, qui a ensuite chargé Zagato de créer la Sprint Zagato (SZ), en tant que modèle catalogué en 1960. La SZ a été remplacée en 1963 par une voiture encore plus spécialisée, la magnifique Tubolare Zagato (TZ). nommée d’après son nouveau châssis tubulaire autour duquel elle a été construite, permettant des économies de poids et de rigidité par rapport aux SZ. La TZ étant construite chez Autodelta,
Chapitre QUATRE. Le révélation ultime : L’équipe de course officielle de l’usine Alfa Romeo est immédiatement devenue mythique en remportant les honneurs de la catégorie aux 12 Heures de Sebring, à la Targa Florio, aux 1000 km du Nürburgring et aux 24 Heures du Mans en 1964, ainsi que le Tour de Corse et la Coupe des Alpes. Il y a eu seulement 112 TZ construites, ajoutant de la rareté à ses nombreuses qualités rédemptrices”.…
Selon une copie de la facture originale figurant au dossier, le châssis 750081 a été facturé par Autodelta à Alfa Romeo S.p.A. le 9 septembre 1964 et équipé du moteur n° 00068, qu’il conserve aujourd’hui. Elle a été vendue en mai 1965 à son premier propriétaire, Luigi Citeroni d’Ascoli Piceno, en Italie, et, selon des copies de son livre d’immatriculation italien, l’Alfa a été immatriculée sur des plaques italiennes numérotées “AP53000”.
La première course pour cette # 750081 a eu lieu le 22 août 1965 à l’Ascoli Colle San Marco, où Citeroni a remporté sa classe. Citeroni a ensuite vendu la TZ à un autre résident d’Ascoli Piceno, Barbaro Grelli, en 1966, et de manière quelque peu unique pour une voiture de course italienne dans les années 1960, l’Alfa restera sa propriété pendant 15 ans, selon les documents au dossier, comprennant des dossiers détaillés, ainsi que de nombreuses photos d’époque.
Entre juillet 1966 et août 1970, Grelli a conduit sa TZ dans 15 compétitions en Italie, se classant régulièrement en tête de sa catégorie, ce qui a été mis en évidence par deux inscriptions au “Gran Premio del Mugello” en 1968 et 1969, avec des classements de classe 4ème et 3ème, respectivement. Fabrizio Arengi de Padoue a acheté la TZ en 1984 et l’a envoyé à l’un des plus grands restaurateurs italiens, Dino Cognolato, pour rénovation.
Signor Arengi a ensuite utilisé la TZ dans des rallyes, dont la Coppa d’Italia 1988 et l’Alfa Romeo a été présentée dans le numéro d’avril 1993 du magazine Auto d’Epoca. Boy Houtman, passionné d’Alfa Romeo et habitant Gravenhage, aux Pays-Bas, a acheté la TZ à Arengi en 1993 via A.B. Cars de Padoue. En 2011, M. Houtman a vendu la TZ au célèbre collectionneur suisse Pierre Mellinger, qui l’a immédiatement conduite dans le Tour Auto en France.
Puis il l’a expédiée au spécialiste Alfa Romeo GPS Classics à Parme, en Italie. Comme le montrent de nombreuses factures, GPS a effectué un travail considérable à cette TZ, y compris la reconstruction du moteur et de la boîte de vitesses, ce qui lui a valu la certification “Heritage Technical Passport” de la FIA. Il s’est ensuite rendu chez Carrozzeria Quality Cars à Vigonza, en Italie, pour une mise au point cosmétique.
Le propriétaire final a acquis la TZ de M. Mellinger après recherche minutieuse d’un exemple à utiliser dans les rallyes. L’inspection a trouvé le numéro #663 à plusieurs endroits sur la voiture, y compris les supports d’amortisseur, les garnitures de vitres et l’arrière des panneaux de porte. Lors de son achat, elle a été emmené chez Mugello Engineering aux Pays-Bas pour le tri mécanique, puis il a reçu une attention particulière de Classic Skills pour la carrosserie.
L’Epitaphe final : Dans son état actuel, et avec son vaste dossier de documents, cette TZ est peut-être l’exemple le plus intrigant disponible sur le marché dans l’histoire. Éligible à des événements tels que Le Mans Classic et Tour Auto, cette incroyable Alfa Romeo Giulia donne à tout acheteur potentiel une chance de vivre les performances légendaires qui ont fait de ce modèle un incontournable pour les collectionneurs les plus exigeants.
Voilà… L’acheter c’est entrer dans le club le plus élitiste de la planète, garantissant à son propriétaire l’aura mythique d’une automobile sanctifiée ! Amen… Dans cette occurrence, c’est bien la vanité objective des choses humaines qui est désignée : l’acception du concept de vanité est alors d’ordre métaphysique. Saint Jérôme l’utilise en ce sens tout au long de son célèbre commentaire de l’Ecclésiaste, la plus fameuse des gloses scripturaires du Moyen Âge.
La Glose ordinaire, attribuée en partie à Pierre Lombard, explicite ainsi le texte Paulinien : “Tout ce qui ne peut être permanent, peut être dit vanité, parce qu’il change. Seul, le vide est toujours ce qu’Il était, est et sera. Tout ce qui change, dans la mesure même où il disparaît, n’est plus ce qu’il était, comparé à l’incomparable stupidité humaine, tout être créé, tout peut être dit vanité et pour ainsi dire compté pour rien”… En résumé : “Merda, Merdum, Merdorum e spiritus Alfam Romerus”…