Gene Ponder Collection…
Nous accumulons, tous, des trucs, des crayons mâchonnés, des stylos à bille et à plume dans des tiroirs, des sacs en plastique, des paires de chaussures, des tasses, des gobelets, des gadgets, des peluches, des rapports sexuels et textuels… Du temps où on était encore illusionnés par les réseaux asociaux, on y collectionnait des followers sur Instagram et des “amis” sur Meta-Facebook, virtuels certes, mais plus ils étaient nombreux, plus on se sentait rassuré… C’est lié au rapport que l’enfant entretient avec les objets, il ne fait pas la différence entre le “moi” et “le monde” qui fait partie de lui-même. Derrière toute collection, il y a probablement une blessure due à un manque : d’amour, de lien, de parole… Que sais-je ? Un divorce, un déracinement… Une blessure tellement enfouie que la plupart du temps les individus ne la connaissent pas.
Lorsqu’on réalise ne pas pouvoir tout s’approprier, s’installe un manque qu’on ne pourra jamais totalement combler. La collection protège. Comme un doudou, “l’objet transitionnel” est une passerelle entre le chaos du monde et ce que nous croyons être. Elle donne un sens à la vie et parfois permet de passer à une postérité éphémère en créant son armoire vitrée, sa pièce, son entrepôt, pour exposer ses trésors, puis en laissant son nom dans un catalogue de ventes aux enchères voire à un musée qui cache le moyen magique d’échapper à l’impôt… Sans ces gens en quête de reconnaissance d’actions éphémères et d’égoïsme, il n’existerait pas de musées ni d’escroqueries ni de faux, ni d’experts, ni de spéculations hypothéquant l’éphémère ! Sur leur thème de prédilection, les collectionneurs en savent mille fois plus que les experts patentés, mais personne ne fait vraiment avancer la connaissance de l’humanité !
Quelques siècles suffisent pour que presque tout disparaisse, le monumental en décomposition ne livrant aucun secret de fabrication, aucun manuel de construction à l’identique… Le vide abyssal crée des religions, des croyances, des divinations, des obligations, des guerres… Comme après l’amour, on s’endort ! La tension retombe. La folie de la quête disparait, Le manque est satisfait. Provisoirement, puisqu’il s’agit d’une pulsion, la même qui anime le séducteur. Ce n’est pas l’objet qui compte, c’est la conquête. On a besoin de cette excitation pour survivre dans l’illusion, le besoin de collectionner peut être rapporté à l’enfance, comme la plupart des troubles psy. Chez certains, l’objet agit comme un doudou, qui leur rappelle des souvenirs enfouis. Pour d’autres, l’objet miniature ou copié est représentatif d’un autre qu’ils ne pourraient pas s’offrir. On pense ainsi aux collectionneurs de trains ou de petites voitures…
Néanmoins, il arrive parfois que la collection vire à la folie. Certains sont parfois prêt à voler ou tuer pour un tableau de maître ou un objet rare. D’autres s’avèrent incapables de s’arrêter, quitte à entasser des objets inutiles, périssables et potentiellement dangereux pour leur santé. C’est le cas du Syndrome de Diogène ! Cependant, ces cas pathologiques sont plus rares, collectionner des timbres ne crée pas des fous furieux ni des délinquants. La frontière est toutefois parfois mince car certains basculent dans la pathologie. Mais la plupart des personnes qui collectionnent des objets sont capables de se plier aux règles sociales et culturelles des lieux où ils vivent. Ces pulsions sont parfois encouragées par la situation. Une salle des ventes, un état d’esprit euphorique que ressentent les accrocs aux jeux d’argent dans un Casino. Le tout est de savoir se comporter en société et de ne pas laisser la passion consumer…
Niché à la périphérie de la ville de Marshall, dans l’est du Texas, aux Etats-Unis d’Amérique, se trouve une oasis d’engrenages : une série de bâtiments de magasins et de garages ultramodernes parsemant un autre monde bien entretenu. C’est le domaine de la collection Gene Ponder, un assemblage éclectique de plus de 120 voitures, motos, bateaux et avions, ainsi qu’une sélection d’Automobilia. Gene Ponder, un entrepreneur Texan typiquement Cow-Boy dans l’être et le paraitre, a construit son monde d’affaires en même temps que sa ville dont il s’est investit tous les titres. Fortuné milliardaire, il a vendu deux de ses usines d’ébénisteries très prospères basées à Marshall-Texas, ce qui lui a permis de s’adonner à sa passion de toujours pour les automobiles passionnément inutiles et excessivement chères.
Ce sont quelques pur-sang de classe moyenne (notamment une Mercedes-Benz 300 SL Roadster de 1960, une Maserati 3500 GT Spyder de 1960, une Ferrari 330 GTC de 1967 et une Porsche 356 A 1600 Speedster de 1956, une paire d’éblouissantes Aston martin DB2/4 Drophead Coupés dont un exemple unique de Graber) qui mettent en valeur sa collection de MG couvrant la période 1927 à 1971, avec des raretés telles qu’un coupé MG PB Airline de 1935 sur le devant de la scène. Point de vraies automobiles rarissimes entre 10 et 100 millions de US $… Mais pour un Cow-Boy du Texas, la solution à tout faux problème s’arrange par la rapidité et la puissance de feu… Ne pouvant acquérir les plus rares et chères automobiles, Gene Ponder a fait construire de A à Z, des reconstitutions artisanales de voitures de sport européennes quasiment inaccessibles, rarement vues en dehors des musées ou de collections privées.
La vanité refoulée de Mister Ponder pour ces voitures rares l’a amené à les refabriquer avec l’aide d’un carrossier texan. Alors que certaines voitures (surtout des Bugatti et Ferrari) ont un châssis et des trains roulants de la marque dans laquelle elles se recréent, bien que quelques années plus récentes, la plupart des oeuvres de Mister Ponder présentent les fondements d’un châssis et d’un train de roulement Jaguar des années 1950, un favori personnel de Mister Ponder. La relation de travail de plus de quatre décennies entre M. Ponder et son carrossier du Texas a produit un assemblage étonnant de sculptures roulantes, dont le coût exorbitant tout de même, n’a jamais été remis en question, de toutes façons bien moindre qu’acheter (par presque impossible compte-tenu de leur extrême rareté voire du fait que certaines sont uniques !
Interview Gene Ponder
-L’impressionnante partie automobilia de votre collection, Mister Ponder, va des mascottes à la signalisation classique, des juke-box aux pompes à essence, des néons à l’art mural et bien plus encore. Peu importe ! Y-a-t-il une explication logique ?
–Mais nous sommes, nous les êtres humains, une espèce complexe. Contrairement à l’ensemble du vivant, nous voulons toujours être plus que ce que nous sommes simplement.
-Si pour l’éléphant, le corbeau ou le grand chêne, la vie se résume à subvenir aux besoins vitaux, se reproduire et mourir, l’humain ne s’en contente pas. Il se questionne sans cesse sur le passé et le futur en omettant de la sorte de privilégier le présent et de le vivre pleinement. Il ne se satisfait jamais de l’essentiel mais désir acquérir et accumuler, créant ainsi une multitude de troubles psychologiques et autres névroses.
–Par-dessus tout, l’humain essaye de comprendre pourquoi il est là et quel est le but de sa vie.
-De cette ignorance naît l’occultation de la mort car s’il y a une fin, à quoi bon vivre ?
–Alors on se crée des mythes, des croyances pour pallier tout cela, pour donner un sens, un espoir, pour se rassurer…
-Mais en fin de compte, la mort fait partie de la vie, tout simplement, et c’est ce qui la rend si précieuse, si riche et si lumineuse, j’ai voulu croiser toutes ces croyances, ces pratiques, ces cultes… pour en extraire une universalité, une source commune à tous les êtres vivants. Je pense que l’art peut aider celui qui désire comprendre où est sa place… Mais seul celui qui ne cherche pas finit par trouver…
–A la lecture de vos 4.000 articles de www.GatsbyOnline.com, ce que nous partageons vous et moi, ce sont nos références artistiques et humaines : Carlos Castaneda et sa série de livres à base de quêtes initiatiques et de plantes psychotropes, Hunter S. Thompson, écrivain et journaliste aussi timbré que brillant, Marilyn Manson qui incite les ados à devenir leur propre et unique référence à coup de slogan nietzschéen, ou encore Bret Easton Ellis que je vais pas me fatiguer à vous présenter… De véritables pointures, donc, qui ont au moins un point en commun : tout le monde les prend pour des tarés.
-Alors, qu’est-ce qui explique votre folie et votre besoin de recréer des automobiles mythiques ?
–Cela vient certainement du statut spécial que la société offre à toute personne n’ayant plus de contraintes financières, le côté marginal et bohème du milliardaire !
-Le mythe de l’artiste maudit à la Rimbaud, Modigliani ou Artaud ne vous correspond pas… Tous les artistes que vous venez de citer sont issus d’une autre génération, d’un autre temps, un temps révolu. Un temps de libération et d’orgie, de révolution culturelle et de folie, un temps où Janis Joplin sortait avec Jim Morrison, où les hippies léchaient des arbres à Haight-Ashbury, où Jack Kerouac s’effondrait complètement bourré devant la librairie City Lights Booksellers and Publisher de Lawrence Ferlinghetti à San Francisco… Un temps où Hunter S. Thompson ruinait, comme les Stones, les hôtels de Las Vegas…
–J’ai été biberonné avec cette époque, cette culture, cette musique. Je me souviens de la première fois où j’ai découvert la musique des Doors, de Pink Floyd ou des Stooges, quel choc. Et puis il y a eu la poésie d’Allen Ginsberg, la folie de Ken Kesey, Las Vegas Parano de notre cher Hunter, Le Postier de Bukowski, Jodorowski avec El Topo… Et bien sûr l’hallucination totale en lisant L’Herbe du Diable et la Petite Fumée de Carlos Castaneda.
-Pour le commun des mortels, tous ces artistes, écrivains et autres cinéastes, nous deux compris, sont des gens à part, des tordus majestueux ou de simples fous dangereux, des déviants issus d’une époque déviante. Ils sont le fruit d’une lutte, des luttes soixante-huitardes.
–Il y a aussi un paramètre important dans cette équation : le star-system. Même s’il touche plus la musique et le cinéma, quand un artiste connaît la gloire, qu’il est adulé et porté au panthéon, son cerveau commence à griller lentement. Comment ne pas switcher ? Vous, avec GatsbyOnline et surtout avec Chromes&Flammes ainsi que TopWheels aux States, vous retrouvez avec des milliers, voire des millions, de fans, et tout ce que vous faites est analysé, scruté, décortiqué… Vos écrits sont devenus évangiles… C’est très sectaire, en fait. Les gens ont besoin de modèles, d’idoles, que ce soit un chanteur, un écrivain ou une statue kitsch d’un gros bonhomme assis en lotus. À mon niveau, j’ai connu les effets de la reconnaissance automobile et je peux dire qu’il faut être solide dans sa tête pour ne pas basculer dans la folie. On se retrouve plongé dans un monde parallèle où tout le monde se lèche le cul et le pire, c’est que c’est agréable ! (rires) On finit par croire qu’on est supérieur, exceptionnel et on agi en fonction, en diva cocaïnée.
-C’est super malsain en fait. Sans parler des drogues et autres addictions qui les ont tous rendus cinglés. Tout cela fait donc partie de cette mythologie de l’artiste et de la folie créatrice.
–Néanmoins, si on analyse en profondeur, d’un point de vue strictement personnel, je pense sincèrement que nous sommes tous complètement cinglés !
-La collectionnite c’est une pathologie, un dérèglement cérébral. Ce n’est pas normal. Qu’est-ce qui pousse un être à avoir une telle obsession pour la recréation, tous les jours, tout le temps ?
–Ce qui est normal pour le peuple c’est de s’allonger dans son canapé avec des chips et une bière à mater Netflix ! L’art de la recréation d’automobiles est en fait une bénédiction, un sacrifice qui m’a poussé à me remettre sans arrêt en question, à m’interroger sans cesse, à me combattre intérieurement… Une lutte contre moi-même, source d’insatisfaction perpétuelle, de découragement chronique, d’abandon… Je désirais transmettre quelque chose, exposer mes œuvres au monde !
-Si c’est dans l’espoir d’être remarqué, c’est très narcissique en fait. Faire de l’art de la réplication de façon altruiste est un véritable cauchemar car il ne faut jamais cesser de se mentir, même si c’est pour une cause, une lutte, tout homme cherchera à être récompensé pour son action.
–L’art est une excroissance nombriliste. Aujourd’hui bien plus qu’hier avec toute cette merde de réseaux asociaux. Votre œuvre dont vos magazines et surtout Chromes&Flammes, mais plus encore www.GatsbyOnline.com, assume totalement un côté chamanique, une quête spirituelle personnelle, un projet artistique se renouvelant sans cesse. A une époque, en Europe et surtout en France, vous avez fait connaître le Kustomising et le Hot-Rodding que très peu connaissaient. Est-ce que vous vous souvenez de ce qui vous y a poussé ?
-Pour une raison qui m’échappe, j’ai toujours eu une attirance pour l’extraordinaire. Ce fut une révélation. Cela ne m’a plus quitté, ce fut un véritable travail anthropologique (rires). La vie m’a offert cette opportunité. L’impact de mes voyages et des rencontres qu’ils ont engendrées est immense sur la personne que je suis devenue. J’ai eu la chance de faire des rencontres qui m’ont profondément marqué, inspiré, toutes ces rencontres ont été des étapes de transformations profondes, des passages d’un état à l’autre et elles ont eu des répercutions immenses sur ma vie.
–Connaître l’autre pour se connaître soi-même… C’est un désir d’ouverture vers l’extérieur et vers l’intérieur, un désir d’universalité. Tout cela s’est synthétisé dans mon œuvre tentaculaire qu’est mon musée automobile.
-Il y a beaucoup de double-sens dans vos desseins et une véritable intrication des opposés, comme la vie et la mort, la fin et le début, le désir et la haine…
–Il s’agit d’une boucle, d’un cycle, assez bien représenté par le fameux Ouroboros, le serpent qui se mord la queue symbolisant un paradoxe : à la fois autodestruction et résurrection, autofécondation, mais aussi lien entre monde terrestre (serpent) et monde céleste (cercle), sorte d’union entre deux opposés, comme le Yin et le Yang. Il y a un côté karmique aussi, qui rappelle l’éternel retour de Nietzsche peut-être, ou encore la roue des existences du Samsara… Sans compter ces deux histoires qu’on suit en parallèle, dans le monde contemporain dans mes usines et dans un passé archaïque. Tout est cercle, tout est cyclique, tout n’est que répétition. Nous vivons, nous mourrons, puis nous devenons autre chose, une renaissance, qu’elle soit physique ou spirituelle, un animal, un humain, de l’engrais qui aidera une floraison, de la poussière qui s’accrochera sur la roche, un esprit dans une rivière… C’est une question de philosophie, de croyance, d’expérience et de chemin… Pour moi, oui, tout est cyclique et la mort par exemple, qui fait intrinsèquement partie de la vie, n’est qu’un passage, une étape de plus. La mort est la seule issue possible de la vie… Tout est impermanence et l’attachement aux choses impermanentes s’avère être la cause de la souffrance. Nombre de personnes que nous côtoyons sont dans une bonne situation générale. Néanmoins, elles ne sont pas heureuses, elles dépriment, elles sont perdues. Elles cherchent une alternative, veulent plus de choses et se détruisent pour les obtenir. Elles nous disent que ce n’est pas la vie qu’elles ont souhaitée. Qu’elles ne trouvent plus leur place et qu’elles s’enfoncent peu à peu… Beaucoup de belles réussites sociales et matérielles se sont retrouvées anéanties, car ces personnes souffraient profondément du décalage entre l’image qu’elles offraient et leur nature profonde. Nombre de gens se sont également perdus dans toutes sortes de croyances, de dérives sectaires et autres cultes imaginaires. Cherchant des réponses à leurs errances, elles ont trouvé réconfort dans des chimères… Dans toutes sortes de paradis artificiels…
-Si vous voulez réellement vous libérer de cette spirale négative et de vos névroses, redevenir ce que vous êtes vraiment et ressentir la force de la vibration universelle, alors n’essayez pas de vous construire une nouvelle identité plus agréable ou d’emprunter des chemins de traverse qui ressembleront plus à des fuites en avant, mais réfléchissez plutôt aux causes qui vous emprisonnent… Les barrières mentales sont la cause première de toute souffrance, elles empêchent d’être aligné, d’être en phase avec soi-même.
–Nous nous habituons au mensonge. Pas au mensonge qui consiste à tromper les autres, mais celui qui nous pousse à nous mentir à nous-même. Puis on avance, étape par étape, mensonge après mensonge, pour finir par se consumer à force de n’être qu’un autre et de ne pas être simplement soi. Mes reconstructions sont ainsi !
-L’individualisme est un mensonge. Le culte de la personnalité est un leurre. À quoi bon être le meilleur si on n’est pas soi ?
–Je suis parvenu au constat qu’il me fallait sacrifier une partie de mes automobiles pour pouvoir renaître, aller au-delà de moi-même, des mes schémas comportementaux, psychologiques… Dépasser mes croyances limitantes et quitter ma zone de confort texane. Je pense que d’oser abandonner une partie de moi est la décision la plus rude et la plus significative de ma vie. Dire adieu, volontairement, tuer un ancien moi-même pour me transcender ?
-Le sacrifice est primordial. La vie est faite d’abandons constants, de déchirures perpétuelles. Les croyances nous enferment, les dogmes nous lobotomisent, les règles nous limitent…
–Et puis il y a le mental et toutes ses barrières, un ensemble de critères qui agissent comme des obstacles puissants entre ce que nous sommes réellement au fond de nous, et l’image mentale que nous pensons être la réalité. Depuis la naissance, des critères comme l’éducation, la famille, l’environnement ou encore la société, construisent des barrières mentales qui s’enracinent profondément en nous et nous coupent de la substance essentielle de la vie. Ces barrières nous voilent l’esprit et nous entraînent sur le mauvais chemin, nous éloignent de notre voie intérieure et finissent par nous ronger, comme le ver ronge le fruit. Voila pourquoi le sacrifice est essentiel dans notre progression ! Sacrifier une part de moi qui freine les autres… L’art des copies m’emprisonné. Il me faut savoir m’éparpiller pour mieux me recentrer. La construction d’une œuvre est comparable à une plante protéiforme à plusieurs ramifications. Quelques œuvres sont comme des accident puis, mentalement se forme un vague cheminement.
-Heureux celui qui se contente d’une formule plaisante, éternellement répétée, qui le met à l’abri de toute tempête cérébrale. Les tableaux s’enchaînent et se ressemblent comme les sourires qui se figent sur les visages ! Pourquoi se torturer ? La création d’un tel langage personnel, identifiable à souhait, devient la pierre angulaire d’un désir d’histoire. Rare est celui qui bifurque en plein vol. Rare est celui qui assassine son médium. Rare est celui qui ose la métamorphose. Il faut tenter l’entrée du labyrinthe et se perdre mille fois pour trouver son chemin.
–J’aime l’idée d’effacer les automatismes du confort et de rayer les certitudes moelleuses pour engranger une renaissance avec comme tout bagage, le patrimoine qu’est l’essence, cette lueur enfouie au fond de l’être qui pousse chaque matin vers des contrées lointaines, de nouveaux paysages mystiques peuplés de chimères argentées. La fulgurance d’un trait jeté sur le papier qui, comme une première goutte de sang, entraîne vers l’inconnu, parfois le chaos, mais qui est tellement plus enrichissant que la douleur confortable de la stabilité du quotidien. À fleur de peau, dans une transe à demi maîtrisée, s’ouvre alors devant les globes mous bien écarquillés, un univers intérieur ou tourbillonnent les trois règnes dans une danse synchronisée. Bon, je ne sais pas si j’ai été très clair mais, désolé, je me suis enthousiasmé ! (rires)
-Dans votre histoire, cet espace-temps symbolique, où votre action de tout vendre est mené dans l’esprit de produire des conséquences financières par millions de dollars vous font pénétrer dans un niveau de conscience qu’on peut qualifier de quantique, c’est ça que vous essayez de rapporter ici ?
–J’essaye en effet de lier des personnages et des situations malgré le fait que tout évolue dans une dimension variable. Les chemins sont liés et les actions des uns entraînent des manifestations chez les autres.
-C’est une image puissante qui nous ramène à un paramètre très terre à terre dans la mesure où au quotidien, nos actions, notre façon de consommer par exemple, ont de fortes répercussions à l’autre bout du monde. Quand on est heureux de trouver un vêtement pas cher dans la boutique au coin de la rue, on n’imagine pas la misère qui se cache derrière sa fabrication… Le sacrifice des uns devient le miracle des autres…
–Pour en revenir à votre question, quand vous vous retrouvez au bon endroit, avec les bonnes personnes et en plein milieu d’un flux puissant d’énergies, forcément il se passe des choses, on peut-être amené à pénétrer dans un “autre monde”, un espace que certains qualifieraient de parallèle. J’aime l’idée d’un mysticisme qui échappe aux carcans dogmatiques, un mysticisme sans religion. J’aime cette façon de désigner des expériences spirituelles, des états de transcendance, de modification de la perception et de pleine conscience qui échappe à toute croyance. Un éveil à une réalité plus haute et infinie dont le concept qui fait abstraction de la théologie, de l’idée du divin, peut être décrit comme un “mysticisme athéiste” et dont la vision première est tournée vers les forces universelles, ces énergies vibratoires qui amplifient notre connectivité avec les autres formes de vie, avec l’environnement et les “esprits” de la nature.
-L’art de la création de répliques est donc fait de transgressions ?
–C’est son carburant. Je me devais de casser les codes, remettre en question la société et ses valeurs, qu’elles soient saines ou putrides. Je ne conçois pas la création sans liberté. Se mettre des freins, se brider au nom de la morale, de la bien-pensance, ce n’est juste pas possible. Je vomis cette époque puritaine et délétère. C’est tellement fake. Le peuple en meute qui déverse sa haine sur quelqu’un en le jugeant déviant pour une parole, une œuvre… Et qui le soir, dans l’intimité feutrée de leurs appartements, ne sont pas forcement des saints… Laissez-moi rire !
-Rions donc ensemble…
2 commentaires
Mon cher Gatsby,
La lecture de votre texte est agréable et touchante : pleine de sagesse, d’esprit et d’humilité.
Faut-il préciser que je vous adresse une fois de plus toutes mes félicitations ?
Je suisse touché au plus profond du tréfond de mon être et je vous remercie de votre attention qui me va droit au coeur… Je suisse (bis) présentement occupé à publier sur quelques-unes des automobiles de cette collection..
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