Jaguar D-Type 1955
Châssis XKD 546, 46ième des 54 exemplaires de production construits… Peu de voitures de sport sont aussi célébrées, à juste titre, que la légendaire Jaguar D-Type qui avait été spécifiquement conçue pour remporter les 24 Heures du Mans. S’éloignant significativement de l’architecture de la C-Type sortante, la D-Type a été l’une des premières sportives à présenter une construction monocoque, soulignée par une carrosserie aérodynamique de Malcolm Sayer.
Les D Type étaient propulsées par un développement du moteur XK six cylindres en ligne de 3,4 litres de la C-Type, désormais doté de triples carburateurs Weber pour une puissance améliorée. Plus tard, les voitures/clients ont été équipées de moteurs de 3,8 litres équipés d’une culasse grand angle, constituant l’itération des performances ultimes de la D-Type.
Débutant aux 1954 Heures du Mans 24, la D-Type a terminé 2e derrière une Ferrari, et, un an plus tard, elle a remporté la course avec une carrosserie “Long-Noose”. Jaguar se retira ensuite temporairement de la compétition après la saison 1956, mais la D-Type continua à prospérer (parfois à décliner comme vous allez le lire dans cet article) entre les mains de pilotes privés, remportant Le Mans en 1956 et 1957 pour l’Ecurie Ecosse.
Coventry a finalement construit 54 D-Type, permettant à quelques “chanceux” d’avoir le privilège de posséder la même D Type triple vainqueur du Mans, qui est restée de surcroit, sans doute, sous réserve, quoique le doute est permis, la voiture de course la plus importante de la marque… Cette D-Type XKD 546 particulièrement, car de multiple fois restaurée durant 21 ans de péripéties dantesques, en est un exemple remarquablement couteux…
Selon les données combinées du registre D-Type de Terry Larson, un certificat du Jaguar Daimler Heritage Trust et de diverses recherches longues et harassantes ainsi que très couteuses en frais et voyages (sic !), il est ressorti que la Jaguar numéro de châssis XKD 546 avait été construite en 54/55 et terminée en début décembre 1955 avec une carrosserie “Short-Noose” peinte en crème avec un intérieur rouge.
Expédiée mi décembre’ 55 chez Jaguar New York, cette D-Type a été vendue neuve quelques temps plus tard à Guy Jackson de Chattanooga, Tennessee. Au cours de sa succession éphémère, la Jaguar a couru au moins deux fois, avec un résultat médiocre qui a donc été considéré comme “inconnu” (afin de ne pas déprécier le bolide), à Courtland, Alabama, en juillet 1956, mais deux victoires ont été obtenues à Boca Raton, en Floride, en mars 1957 avec Jack Ensley.
En juin 1957, la Jaguar a été vendue à son deuxième propriétaire, Cornelius Kenslo Thompson de l’Alabama qui après une re-préparation minutieuse du bolide à grands frais, a fait campagne pour la voiture (comprenez un battage publicitaire local pour faire savoir qu’elle existait en tant que propriété d’une personnalité locale) lors d’événements locaux, comme les courses de voitures de sport “Courtland” en juillet 1957,..
La femme et le fils de Cornélius Kenslo Thompson ont participé à deux courses distinctes (pour le plaisir et la gloire de se montrer) avant que le Mâle, chef de la famille ne reprenne les choses en mains et remporte (seul contre lui-même), la victoire dans une compétition de 25 tours. Fin août 1957, la D-Type est engagée à la Coupe du Gouverneur à Mansfield, Louisiane, terminant 6e… et à la course de Gainesville, Géorgie, début octobre, où la voiture termine 3e.
Cet éclair potentiel a été suivi d’une victoire à la course “Collier Trophy”de Fort Pierce en novembre 1957. Au milieu de l’année 1958, la Jaguar a obtenu trois podiums distincts, prenant la 2e place aux épreuves de Chester, en Caroline du Sud, de Gainesville en Géorgie et d’Hammond en Louisiane. La Jaguar a toutefois été impliquée dans plusieurs collisions au cours de ces incursions, mais M. Thompson est crédité d’avoir effectué des réparations méticuleuses…
Elles comprenait le remplacement du capot et du carénage endommagé par un plus petit moins couteux… À la mi-1960, la Type D a été acquise par John Lumkin de Californie et la carrière de course de la voiture s’est poursuivie à Pomona en juin 1960 (13e place) et à Del Mar trois mois plus tard (5e place). Après être passée sous la garde de Mark Hurwitz, résident de Los Angeles, la Jaguar a été vendue a Alex Lucas qui l’a accidentée…
Alex Lucas a retenu les services de Bob Carroll pour retirer et changer le carénage de tête qu’il avait détruit dans ce mémorable crash et pour installer un nouveau pare-brise, afin que la D-Type ait l’apparence routière d’une XKSS. Ensuite il a vendu la Jaguar en 1962 à Tim Considine, un acteur hollywoodien peut-être mieux connu aux seuls USA pour son rôle dans la série télévisée de cette époque “My Three Sons” qui n’a pas laissé de souvenirs marquants.
Après avoir peint la D-Type en bleu, M. Considine conduisait régulièrement la voiture aux studios Desilu, et au cours de ce chapitre, elle serait apparue dans les émissions “My Three Sons” et “Perry Mason”. Conduite par des iconoclastes, à qui M. Considine confiait la Jaguar pour des balades en échange de faveurs sexuelles, le moteur original de 3,4 litres a explosé en surrégime et M. Considine a choisi de remplacer le moteur d’origine par celui d’une berline 3,8 litres.
En 1965, la Jaguar qui n’était plus que l’ombre d’elle-même et constituée d’un “Mel-Pot” de pièces de récupérations diverses, a été acquise par Robert Otten de Campbell, en Californie qui durant huit ans a continué l’œuvre destructrice. Il a vendu finalement la voiture en presqu’épave à un passionné de course nommé Chris Drake du Hertfordshire, en Angleterre. Retour at-home, Drake a chargé Lynx Engineering de procéder à une rénovation/reconstruction totale.
Après quoi, la D-Type a été utilisée lors des compétitions de Silverstone en 1982 et 1984, et lors du championnat des voitures historiques de 1984. Après 20 ans de propriété, M. Drake a vendu la Jaguar en mai 1993 à son compatriote britannique David Pennell, et il a soumis la voiture aux spécialistes de la marque John et Gary Pearson pour une Nième restauration complète, s’apparentant à une reconstruction totale, avec une attention particulière pour le secret…
L’attention particulière était d’en refaire une authentique comme si elle n’avait jamais subi de dommages et transformations. Autant écrire que ces agissements qui sont considérés comme étant des “rafraichissements” étaient en réalité des reconstructions de A à Z avec refrappe des numéros… et que les préservations de carrosserie, châssis et sous-châssis (jugés avec 100% de partialité payée) n’avaient rien d’origine… C’est de pratique courante…
L’occasion était donc à saisir pour réinstaller un nouvel aileron arrière ainsi que le capot, les portes et la carrosserie… Le tout a été peint en British Racing Green. Après ces travaux de reconstruction importants, la Jaguar était donc mieux que “comme neuve”... elle l’était ! Elle a ensuite subi l’équivalent d’un lavage de cerveau avec l’orchestration d’une histoire plus nette et politiquement correcte conformément aux légendes britanniques…
Une confusion a donc été créée avec les véritables victoires de mêmes Jaguar conduites par diverses légendes britanniques de la course tels Richard Dickie Attwood et David Piper et Gary Pearson pour affirmer remporter d’anciennes courses en sus d’une nouvelle course d’endurance historique, celle en 1997du Nürburgring. Auréolée de toutes ces fausses histoires, il fallait la vendre à un riche idiot, et les riches idiots aimant une D’Type ne courent pas les rues…
En 1999 : BINGO GAGNANT ! La Jaguar a été vendue à Nicolas Cage, acteur de renommée mondiale primé aux Oscars et passionné de voitures. Nicolas Cage a alors exposé, ce qui lui avait été vendu comme une très rare D-Type, dans la salle de billard de sa maison de Bel Air… Comme le bolide présentait encore des défauts, il a chargé Lynx Engineering de procéder à un rafraîchissement du moteur tout en retenant les services de l’expert Jaguar Jon Pollack.
En mars 2002, M. Cage a inscrit sa Jaguar D-Type à la vente Amelia Island de RM Auctions, et elle y a été achetée par un collectionneur américain du Tennessee. À cette époque, la voiture était équipée (par radinerie) d’un pare-brise en plexiglas demi-largeur qui ne couvrait que le côté conducteur, et la zone des passagers avait été recouverte d’un plaque en polyester façon tonneau de course. Tout cela faisait faux en plus de l’être…
Le moteur non original a été remplacé par un moteur neuf façon “à l’ancienne” œuvre de Leo Goff Memphis Motor Werks. Une reconstruction neuve selon les spécifications appropriées d’époque au départ d’une récupération d’un bloc moteur ultérieur de 3,8 litres (renuméroté LA 7568-9) et d’une culasse grand angle, très prisée par les connaisseur, pour faire “plus vrai que vrai”. D’autres mesures drastiques et couteuses comprenaient l’installation de nouvelles jantes.
21 ans, plus tard, en 2023, coucou, revoilou le bolide… La Jaguar est restée à l’abri pour se faire oublier et vieillir “naturellement” car de temps à autre laissée sous la pluie… puis rangée dans un dans un entrepôt privé… bien qu’une exception a été faite lorsque le propriétaire a commencé à la représenter pour faire mousser (faire campagne pour vendre) au Brian Redman International Challenge à Elkhart Lake en juillet 2003… Personne n’a remarqué quoi que ce soit !
Dans le but d’obtenir un enregistrement historique auprès de la FIA, le propriétaire a mené un processus de recherche impliquant une correspondance avec les anciens propriétaires vrais et faux, aboutissant à la réalisation d’une histoire crédible et à la délivrance miraculeuse d’un passeport technique historique de la FIA en mai 2009. C’est comme pour l’ART, c’est le rapport de l’expert qui fait l’œuvre plus qu’elle-même…
Cette D-Type maintenant magnifiquement présentée (elle est comme neuve) est notamment proposée avec les éléments de carrosserie avant et arrière d’origine récupérés, ce qui pourrait plaire au futur propriétaire cherchant à rediriger à nouveau le bolide vers un état plus original… Documentée par un certificat d’héritage JDHT, FIA HTP et un grand livre de factures reflétant le travail effectué, elle vous a été présentée avec mon flair caractéristique…