Mercedes-Benz 540K Special Roadster 1937 ex-Roi Mohammed Zahir Shah d’Afghanistan / 9.905.000 $
N° de châssis : 154075 – N° moteur : 154075 – N° de carrosserie : 200479 – Achetée neuve en 1939 par le Roi Mohammed Zaher Shah d’Afghanistan pour marquer l’entente cordiale avec l’Allemagne Nazie d’Adolf Hitler en un temps ou ce pays n’était pas encore au cœur des guerres américano-soviético-européennes, cette Mercedes 540K n’a presque jamais été utilisée, ne parcourant même pas 13.000 Miles, étant préservée dans le garage bunker du Palais du Roi Mohammed Zaher Shah d’Afghanistan.
Elle a été “exfiltrée” quelques décennies plus tard par quelques “profiteurs de guerres” américains cupides et sans scrupules en suite de divers massacres, menteries et génocides afin d’être “préservée” par des collectionneurs renommés qui n’ont jamais osé se montrer à son volant de crainte de revendications internationales pour pillage d’œuvres d’art en périodes de guerre (quoique une histoire rocambolesque a été écrite pour justifier sa disparition dès 1945)…. Jamais montrée publiquement, les évènements actuels en plus de la prescription des faits, font que cette Mercedes est maintenant disponible pour la première fois aux enchères organisées par RM-Sotheby’s au Centre de Conférences de Monterey entre le 18 et le 20 aout 2022 pour 30 millions de US$ !
Un peu d’histoire pour tenter de comprendre ! L’Afghanistan est historiquement né à partir de l’émirat de Kaboul créé en 1747 par Ahmed Shah Dourrani, un Pachtoune de la tribu Popolzaï jusque là aux sévices du Shah Nader d’Iran. À la mort de ce dernier, Ahmed Shah Dourrani unifie les tribus pachtounes du sud de l’Afghanistan et se taille un empire de Kandahar à New Delhi, une percée rendue possible parce que les trois grands empires qui se partageaient alors la région étaient en crise (les Safavides en Iran, les Ouzbeks en Asie centrale et les Moghols en Inde, tous fondés dans la première moitié du XVIe siècle par des Turcs s’appuyant sur une administration persanophone).
L’originalité Afghane tient au fait que la nouvelle dynastie était Pachtoune et non Turque, même si la langue de cour et d’administration restait le Persan. Sa légitimité première était tribale, mais les émirs s’efforcèrent de l’élargir en développant un embryon d’État central avec, en particulier, une garde royale non tribale et une administration persanophone. Le territoire sous le contrôle de l’émir fluctua en fonction des vicissitudes affectant les trois puissances voisines. On est bien ici dans le cadre de la théorie d’Ibn Khaldoun (dont je vous recommande la lecture) sur la fondation des empires à partir d’une coalition tribale.
Peu à peu, l’appareil d’État issu de cette coalition s’autonomisa par rapport à elle, tout en prenant soin de maintenir une légitimité tribale par les mariages, l’insistance sur les origines et la généalogie, ainsi que par le mythe du consensus des tribus sous la forme des Loya Jirga (grandes assemblées), qui légitiment après coup le pouvoir en place plus qu’elles ne le désignent. Sous les contraintes de l’environnement régional (confrontation avec les deux impérialismes occidentaux, le Britannique et le Russe) avec la volonté de s’émanciper du contrôle des tribus, les émirs se lancèrent dans la mise en place d’un État moderne.
C’est la pression Britannique qui était la plus forte : après avoir pris le contrôle de l’empire des Indes, les Britanniques arrivèrent aux frontières de l’émirat. La première rencontre eut lieu en 1809 (ambassade de Elphinston auprès de l’émir de Kaboul, résidant alors à Peshawar), suivie par la première guerre en 1839 (défaite britannique en 1841) et un second conflit en 1879-1880, après quoi les Britanniques décidèrent de renoncer à la “Forward-Policy” (marche en avant pour occuper les espaces encore libres entre les Indes et la Russie, politique prônée par Disraeli)…
Dans tous les cas, les brèves victoires Afghanes furent obtenues grâce à des “levées tribales” (lashkar) et non par une armée nationale, inexistante. Obsédés par la crainte d’une descente russe vers les mers chaudes, sans vouloir payer pour autant le prix d’une occupation de l’Afghanistan, les Britanniques décidèrent, après 1880, de faire du pays un État-tampon plutôt qu’un avant-poste pour éviter des ingérences Russes (mais aussi pour que l’Afghanistan ne devienne pas une zone refuge pour les tribus pachtounes qui entraient régulièrement en dissidence dans l’espace contrôlé par les Britanniques).
La décision fut prise de confier la direction du pays à l’émir Abdourrahman, alors en exil en Asie centrale et de lui donner les moyens de contrôler le pays (armes modernes et subsides) tout en lui interdisant de mener une politique étrangère propre (confiée au vice-roi des Indes, représenté à Kaboul par un résident Musulman Indien). Au cours des vingt années de son règne, l’émir Abdourrahman prit le contrôle d’un espace situé à l’intérieur de frontières décidées de l’extérieur par un certain nombre d’accords bilatéraux dont il était lui-même le plus souvent exclu.
L’État Afghan n’est ainsi pas le résultat de conquêtes extérieures mais la conquête intérieure d’un territoire défini de l’extérieur, c’est-à-dire par la volonté des Britanniques et des Russes de créer un État-tampon et d’éviter tout contact direct de leurs empires. Ce territoire, en réalité, n’avait aucune homogénéité ethnique : non seulement il comprenait des groupes ethniques et linguistiques variés, mais tous les grands groupes concernés (sauf les Hazaras) étaient établis de part et d’autre des frontières (Pachtounes, Tajiks, Ouzbeks, Turkmènes persanophones sunnites, Kirghizes, et Balouches)…
L’émir Abdourrahman qui avait lancé une campagne de réformes dans la ligne de celles d’Atatürk, fut renversé par le soulèvement tribal des Shinwari et divers éléments fondamentalistes Tajiks qui prirent Kaboul en 1928, tandis qu’une branche cousine dans le clan, sous les ordres de Nader Khan (père du roi Zaher), se lança dans la reconquête de la ville en s’appuyant à son tour sur une coalition tribale Pachtoune (octobre 1929). Le nouveau régime reprit prudemment les réformes mises en œuvre par le souverain déposé et remplacé par le Roi Mohammed Zaher Shah d’Afghanistan. Celui-ci, en gage d’amitié avec Adolf Hitler et son Gouvernement Nazi, achète la Mercedes 540K (vedette de cet article) et l’expose dans son Palais Royal.
À partir de la fin des années 1970, l’Afghanistan connaît plusieurs décennies de guerres ininterrompues qui causent la mort d’au moins plusieurs centaines de milliers de personnes. En 1979, les troupes soviétiques interviennent militairement en Afghanistan. Une longue guerre oppose ensuite les Soviétiques qui assistent les forces communistes Afghanes aux Moudjahidines, armés et soutenus par le Pakistan, les États-Unis, la Chine et l’Iran. Les forces soviétiques se retirent du pays en 1989, le gouvernement communiste de Mohammad Najibullah est renversé en 1992, au même moment où l’État islamique d’Afghanistan est instauré et qu’une nouvelle guerre civile oppose rapidement les différentes factions Moudjahidines.
Le mouvement Taliban émerge alors en 1994, sous la direction du Mollah Omar, et profite de ces divisions pour prendre le pouvoir à Kaboul en 1996. Une partie du territoire demeure cependant sous le contrôle des Moudjahidines de l’Alliance du Nord, qui poursuivent la lutte contre les Talibans. Fin 2001, le régime Taliban est défait par une coalition internationale menée par les États-Unis, en raison de son refus de livrer le chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden, déclaré unilatéralement sans preuve par les USA d’être le cerveau responsable des attentats du 11 septembre 2001 !
C’est dans cette période totalement floue que d’audacieux Américains exfiltrent la Mercedes 540K de son repaire secret et l’envoient “à l’abri” aux Etats-Unis d’Amérique… Simultanément les forces de l’Alliance du Nord reprennent le pouvoir et forment en 2004 la République islamique d’Afghanistan, de type présidentiel, dirigée par un président aux pouvoirs étendus mais contrôlés par un parlement bicaméral. Pendant vingt ans, les talibans vont toutefois poursuivre une longue guérilla, que les forces du gouvernement Afghan et de la FIAS (les USA) ne parviennent pas à réduire.
En 2021, les États-Unis retirent leurs troupes d’Afghanistan et les Talibans mènent une offensive victorieuse à travers tout le pays. Le gouvernement que les États-Unis soutenaient militairement s’effondre, le 15 août 2021, les Talibans reprennent le pouvoir à Kaboul sans combat, vingt ans après en avoir été chassés… J’en viens donc (enfin) maintenant à la Mercedes 540K, la voiture à laquelle les passionnés pensent lorsqu’ils imaginent l’emblématique 540 K Special Roadster. Herman Göring en avait également une (blanche).
Tous les styles de carrosserie Sindelfingen pour la Mercedes-Benz 540 K ont évolué au fil des générations et des variations et la Special Roadster n’a pas fait exception. Il ne reste que trois exemples au monde de 540K identiques, c’est la plus recherchée, et celle de cet article est la seule actuellement disponible à la vente. Selon les documents originaux de cette voiture, elle a été commandée pour le roi Mohammed Zahir Shah d’Afghanistan en mai 1937 et lui a été livrée à Kaboul en septembre 1937. Mohammed Zahir Shah avait succédé à l’âge de 19 ans à son père assassiné pas même quatre ans plus tôt.
Cette Mercedes était un gage d’amitié avec le Gouvernement Nazi qui d’ailleurs n’est pas venu chercher querelle à l’Afghanistan qui a pu construire des relations diplomatiques avec les grandes puissances du monde, a organisé une banque nationale, des industries d’État, et a réalisé la construction de routes modernes sur lesquelles le jeune roi pouvait conduire rapidement sa Mercedes 540K autour de Kaboul en croissance rapide et de plus en plus moderne.
La Mercedes 540K Spécial Roadster est toutefois réapparue comme étant cachée dans la propriété de M. Bahre à cause d’un passage du livre de Beverly Rae Kimes, “The Classic Car”, en 1990. Peu de temps après, elle a été vendue aux propriétaires actuels, alors que Bahre avec les dollars de la transaction se lançait dans la construction du “New Hampshire Motor Speedway”.
Depuis cette acquisition, la 540 K est à nouveau restée cachée, émergeant rarement à la vue du public et, de manière significative échappant à toute restauration. En effet, à ce jour, la voiture est 100% intouchée, jamais restaurée, elle porte toujours la finition marron bicolore, les tapis de sol, la sellerie ainsi que sa capote et son outillage d’origine.
Non seulement cette Mercedes conserve tous ses composants mécaniques d’origine, les étiquettes Typenshield et Kommission d’usine, les pneus d’époque mais le numéro de carrosserie est estampillé d’usine dans le châssis original. C’est l’une des rares voitures importantes d’avant-guerre survivantes dans un tel état de conservation est unique, c’est le rêve impossible de chaque vrai collectionneur !
Proposée aux enchères RM Sotheby’s à Monterey avec un wagon de documents originaux et de photographies d’époque validées et réassemblés par le spécialiste de la marque Jonathan Sierakowski, n’ayant eu que cinq propriétaires privés en sept décennies, et conservé exactement comme à sa sortie d’usine en 1937
Cette Mercedes 540K King of Afghanistan Special Roadster est l’une des plus importantes grandes Mercedes-Benz suralimentées et, en fait, se situe dans le sommet parmi les classiques ultimes. Il n’y en a pas d’autre avec sa patine, son originalité, ou son passé, qui se combinent dans une aura qui lui est propre. Mise à prix 30 millions de US$ plus frais et divers, une occasion rarissime. Seule contrainte, ne pas aller en voyage à son volant en Afghanistan… La prescription est atteinte, certes, mais les Talibans n’en ont cure…
Une histoire alternative… Vernon Jarvis a noté une histoire alternative dans un formulaire d’adhésion pour sa collection afin de légitimer sa possession de la Mercedes 540K… écrivant lui-même, sans preuve que : “Au début de la Seconde Guerre mondiale, la 540 K a été envoyé en France et stocké à l’ambassade d’Afghanistan à Paris, où elle est restée jusqu’en 1948 (faudrait-il qu’eut existé cette ambassade et que la 540K ait pu y être entreposée en plein dans la guerre) . Le roi l’a ensuite donné à son gendre qui l’a apporté en Angleterre en 1950 et ne l’a conduit qu’occasionnellement à Londres jusqu’en 1952 (aucune trace réelle). Le Prince (il n’existe pas) l’a vendu à Chipstead Motors, Limited à Londres (Introuvable !) au cours de l’été 1953, à qui il a été acheté par M. A.W. Giles de Old Catton, Norwich, Angleterre pour compte de M. Vernon D. Jarvis, le 22 décembre 1953... (aucune trace, pas de facture, aucune photo, pas le moindre témoignage). La voiture a été expédiée de Londres à Jacksonville, en Floride, via l’Ocean Ranger, pour commencer sa nouvelle vie à l’étranger (la suite est rocambolesque en diable puisque c’est Vernon Jarvis qui rédige cette histoire comme s’il était un tiers-témoin). Vernon D. Jarvis était un homme d’affaires prospère de l’Illinois et l’un des premiers collectionneurs américains de Full Classics, construisant une écurie enviable qui comprenait des exemples vraiment exceptionnels de Duesenberg, Delahaye, Isotta Fraschini, Cord et de nombreuses autres grandes marques. Ses voitures exceptionnelles, y compris cette 540 K, ont été exposées aux côtés de modèles, de devantures de magasins d’époque et d’autres bizarreries du passé dans la Carriage Cavalcade, plus tard connue sous le nom de Early American Museum, construite par Jarvis à la destination touristique de Silver Springs en Floride. Pendant 30 ans, les familles en visite ont pu faire une pause en montant dans des bateaux à fond de verre ou en observant la traite des serpents à sonnettes au Reptile Institute de Ross Allen, et voir non seulement History on Wheels, mais vraiment l’une des meilleures collections d’automobiles d’avant-guerre jamais assemblées dans ce pays, une expérience surréaliste qui n’est possible qu’au milieu du siècle en Amérique. (Il n’existe strictement aucun document, aucune photo, attestant la véracité de ce roman qui n’est qu’une sorte d’alibi destiné à rassurer les enchérisseurs éventuels). En 1986, la 540 K a été acquise par Robert Bahre, connu pour sa grande perspicacité et sa connaissance en avance de son temps d’excellentes voitures, y compris plusieurs Mercedes-Benz importantes. M. Bahre était connu pour sa bravade dans la poursuite de la bonne automobile; pour acquérir ses trésors automobiles, il a littéralement acheté le contenu du Early American Museum, en masse et mur à mur, jusqu’à la collection de poupées et de mannequins costumés de Mme Jarvis. Dans la propriété de M. Bahre, la King’s Special Roadster est apparu dans le livre de Beverly Rae Kimes, The Classic Car, en 1990. Peu de temps après, la Mercedes a été vendue aux propriétaires actuels, alors que M. Bahre se lançait dans la construction de son chef-d’œuvre, le New Hampshire Motor Speedway.(La prescription a joué, plus personne ne viendra revendiquer la propriété de cette Mercedes 540K d’autant que tous les intervenants sont décédés)…
Cette sensationnelle Mercedes 540K est une participante idéale aux concours d’élégance haut de gamme et aux tournées de conduite dans le monde entier, offrant à son propriétaire un exemple tout à fait unique et émouvant de la vénérable Mercedes Roadster 540K. Il vous suffisait simplement d’enchérir entre 6 et 8 millions de $, soit 9.905.000 US$ le samedi 20 aout 2022 chez RM-Sotheby’s à Monterey/Californie/USA pour le Lot 108 # 1937 Mercedes Spécial Roadster 540K Châssis 154075 #
RM Sotheby’s – Monterey Conference Center – Contact : jpresley@rmsothebys.com Tel USA +1 260 927 9797
2 commentaires
Neuf millions de dollars ne me semblent pas si chers en 2022 pour une classique ultime jamais restaurée ? Je vous vends l’histoire et je donne la voiture. L’exfiltration d’Afghanistan aurait eu lieu entre 1979 et 1986, 35 ans plus tard, prescription du vol ?
Prescription effectivement. Le truc est de directement enfouir l’objet volé et de ne pas y permettre d’accès… et ensuite d’attendre. L’objet doit toutefois ressortir “ailleurs” sans faire de bruit ni de battage médiatique. Quelques fausses transactions permettront de tout complexifier (sic !) et la vente aux enchères permet de raconter tout et son contraire dans une opacité quasi totale à grands renforts d’histoires fausses, de témoignages bidonnés et d’expertises grotesques… Comme m’a dit un des boss de Tracfin dans l’affaire de l’Alfa Zagato : “Mon brave Monsieur DeBruyne, la moitié des oeuvres d’art du Louvres sont fausses, donc cette AlfaRoméo triple de 50 millions n’est qu’un grain de sable de plus. Pour que nous agissions, il faudrait que le Commissaire-Priseur se dénonce”…
Commentaires désactivés.