Cobra Dax 427 Comprex réplica…
Bienvenue dans cet espèce de vertige mécanique qui noue les cœurs et broie les paroles.
Bienvenue dans cet appendice vital de la folie humaine.
Adepte de la mélancolie comme du bonheur brutal, encordé à mes folies, j’ai commencé à écrire ma poésie urbaine en rythmant ma vie par les battements de cœur/pistons des Cobra’s 427 qui se sont succédées dans mon garage…
Certaines m’ont rendu dépressif et d’autres m’ont transporté de joies diverses.
Mais pourtant, c’est une seule d’entres-elles, un soupçon inventive, quelque peu ingénieuse dans son agencement mécanique, qui m’a poussé à assembler mes mots, en fait des phrases, pour la déifier au delà du raisonnable…
Vous la voyez sur les photos, de loin, avec son compresseur qui dépasse de son capot, elle peut paraître étrange, beaucoup l’imaginent, à tort, instable et fragile…, alors que la seule chose à laquelle elle tend, c’est d’être exempte de toute obligation de limitation de vitesse et de bruit.
Peut-être suis-je trop rêveur, mais aussi terre-à-terre, bien conscient du monde mécanique qui m’entoure et qui s’étiole de plus en plus…
Alors je suis quoi, moi, dans tout ça ?
Ma foi, entre deux eaux, il faut juste que j’allume le monde.
Ma Cobra ?
Ce n’est pas une authentique sortie des ateliers de Carroll Shelby, mais à ce défaut, elle est batârde, mais bien sur qu’elle est belle, un grand amour mécanique après tout…
C’est une Dax type 427 équipée d’un big Bloc V8 avec compresseur volumétrique…, 650cv… un bruit d’avion de chasse Spitfire MK IV de 1945 en échappement libre…
Il y a quelque chose d’immuable et d’intemporel dans cette voiture, c’est elle qui m’amené parfois loin, vers des horizons insoupçonnés.
J’en suis tombé amoureux un jour de 1998, une autre époque.
Mon premier souci fut de lui ajouter des bandes blanches (strippes) et de la convertir en LHD (volant du coté gauche)…
Mon second souci fut de la maîtriser et de composer avec une véritable check-list de démarrage…
Cela mis-à-part, outre sa sensibilité chronique aux variations barométriques obligeant en de savants et laborieux réglages des deux carburateurs quadruple-corps coiffant un compresseur volumétrique…, c’est une sacrée maîtresse mécanique…
J’avoue…, elle m’a fait jouir bien des fois… et m’a coûté la peau des fesses…, la garce !
Pffffff, qu’à cela ne tienne, le suspens est une aide heureuse lorsque l’on veut cacher ses maux.
Et si pour beaucoup elle est trop agressive, moi je l’ai comprise dès les premiers abords, elle me berce les oreilles.
Son nom sont changeant selon les bouches, les différences ne sont pas bien lourdes.
Je ne sais pas vraiment, peut-être est-elle trop entourée d’autres belles aguicheuses, j’ai parfois l’impression qu’elle me boude.
Peut-être devrais-je croire encore un peu plus en elle… j’ai passé plus de 20 ans de mon temps à écouter son tumulte, à supporter ses lubies mécaniques, au jour le jour, quelques-unes me saoulant de fureur et me plongeant dans une transe ramenant du gouffre des vanités… me disant que tout et rien n’ont pas d’importance.
Elle est brutale, elle est belle, elle tente toujours de me faire croire que la vie peut se résumer en un gros V8.
Le cerveau en compote, j’ai avalé des kilomètres à la recherche de sensations qu’elle remet sans cesse au goût du jour, le temps d’une période répétée à l’infini.
L’infini c’est ce qu’elle me parait, mais, elle elle pourrait s’arrêter et mon cœur s’arrêterait de battre.
L’odeur des échappements libres est toujours le même, j’appuie sur “repeat“… la belle décuple ses saveurs.
Mais parfois, nostalgique ou plus attentif, j’arrive à reconnaître d’autres parts d’elle que j’ai aimé, même aujourd’hui encore, j’ai de quoi sourire, et rire.
Elle a un jour claqué la porte du garage, en laissant quelques affaires en souvenir du bon vieux temps…
Comme font toutes les ex.
Quelques photos enamourées dans divers albums, cadeaux sans intérêt, babioles, une armée de chef d’œuvres et de perles rares.
Pour abuser sur les mots, je ne pensais pas qu’elle était morte…
Non, pas encore.
Je dirais juste que je voulais qu’elle renaisse comme au premier printemps ou nous nous sommes aimés !
Mon identité en crescendo, pour que revive la tragédie des trajectoires.
Elle est rentrée pimpante, quelques retouches, des “arrangements”… oh Cobra infidèle !…, tu auras toujours ton fou pour t’aimer, des ombres à ta mesure, des espoirs démesurés…