Comment décrire l’indicible ?
Décrire l’indicible…, cette problématique très lovecraftienne se pose rapidement à tout intrépide qui tente de s’aventurer dans les marécages poisseux de certaines créations mécaniques, inutilisables dès leur conception et qui entrainent nombre de jeunes beautés dans un enfer pavé de mauvaises intentions…
Je te vois, toi, de derrière ton écran d’ordinateur, malheureux internaute, pantelant et tremblant, n’ayant à la vue des photos de cet article, que quelques mots qui te viennent à l’esprit : “Qu’est-ce que c’est que cette chose ?”…
Alors que tu croyais avoir tout vu, tout connu, tout supporté…, des tréfonds gluants de la créativité débridée que j’aime explorer, je parviens encore à mettre à jour une nouvelle surprise qui te cloue sur place.
Risque-toi tout de même, malgré le poids de la chose, à lire mon étude.
Tout d’abord, une petite analyse personnelle : pour une explication technique, si tu es néophyte, tu n’auras qu’à te reporter à la lecture de n’importe quelle précédente chronique que j’ai publié au fil des ans, le tout formant un amalgame relativement compact amenant les lecteurs à des migraines de plus en plus aigues, dont les causes peuvent se décomposer en six phases d’écriture :
Phase 1 : Face à une médiocre créativité mécanique, plutôt que de l’ignorer, je tente d’en tirer un texte alternatif relativement jouissif en y ajoutant une histoire sexuelle sans aucun rapport (il faut sortir couvert), avec le communiqué de presse. C’est net, rapide et sans bavure comme l’amour “à la Cosaque”…, quoiqu’il m’arrive souvent de me laisser prendre (sic !), moi-même, avec un plaisir masturbatoire, à mes propres (pas toujours !) délires…, restant sourd (et pour cause), à toutes les critiques…
Phase 2 : J’ajoute à la Phase 1, des commentaires politiques qui me sont venu à l’esprit lorsque je me suis fermement ennuyé au volant de la voiture essayée (ou d’une autre bétise roulable, ça n’a aucune importance). Le résultat est une double histoire, chacune ne rencontrant jamais l’autre en sa duplication, tout en étant l’une et l’autre imbriquées parallèlement. Mais il m’arrive de tricher en faisant croire que les deux histoires sont fausses alors que le tout pris séparément dans sa globalité, est authentiquement vrai mais sujet à caution…
Phase 3 : Mon réservoir d’articles conceptuels disponibles à bas prix commençant à s’épuiser, je suis parfois contraint à un montage rédactionnel “à la tronçonneuse” et à des acrobaties narratives pour justifier la coexistence de situations tragico-comiques dans l’absurde, sans aucun lien entre elles, pour un résultat de plus en plus surréaliste. Je n’hésite pas en cas de besoin, à meubler, en utilisant des mots inconnus non utilisés depuis plusieurs dizaines d’années, voire bien plus…
Phase 4 : La crise étant partout (pour l’instant), je relève ma soupe textuelle avec le n’importe quoi rechauffé que se racontent les traditionnels piliers de bars à putes, espérant profiter de l’ambiguïté de la situation (et d’en jouir !), tout en mélangeant au hasard, sans la moindre espèce de rapport, des éléments de style désuets pompés dans des magazines dont la bétise éditorialiste défie toute concurrence. Si j’ai le temps et que je suis bien disposé, je tente d’y ajouter quelques dialogues qui lieront vaguement tous les éléments narratifs dans une absurdité totale (exemple en fin de cet article)….
Phase 5 : Les automobiles mêmes extraordinaires, ne l’étant pas toujours…, j’ajoute aux photos insipides, des photos de femmes nues, sauf si les voitures pas toujours extraordinaires ont été photographiées avec des femmes nues…, dedans, dehors et aux pourtours…, afin de tétaniser les lecteurs internautes (les lectrices n’en ont rien à battre)… J’évite autant faire se peut, les hommes nus en érection pour éviter “l’effet Spartacus” qui attire les Gays comme des mouches sur un morceau de viande…
Il y a aussi, durant les jours de pluie et nuits blanches, une Phase 6 décomplexée, dont l’originalité consiste pour moi, à ne faire strictement aucun effort pour rendre le tout totalement indigeste… J’avoue me délecter particulièrement dans cette dérive perverse dans laquelle aucun autre magazine automobile n’ose se risquer…
L’engin qui m’occupe ici, cher lecteur-internaute, constitue donc l’un des fleurons de la Phase 4 du 2 en 1 (quel langage pour initiés !) : quoi d’autre à tapoter devant un machin inspiré d’un skate-board, sans queue ni tête, ni fait ni à faire, avec tout juste un début, un milieu et une fin pour donner le change aux inconscients qui paieront pour le voir dans un show !
Je t’informe, ami, que son créateur est Alexander Tchekofsky (un pseudonyme russe) qui œuvre au sein d’un collectif intégré au sein d’une société dirigée par divers margoulins qui espèrent recevoir des fonds illimités pour mettre la chose en production limitée, chacune numérotée et réservée à un héros faisant partie d’une élite d’épicuriens-baroudeurs-milliardaires.
Difficile à dire qui est derrière tout cela, mais si ce n’est lui, c’est donc son frère…, donc c’est l’un des siens, qui aurait repris ses techniques ! Ceux qui s’attendent à une grande clarté, ne vont va pas être déçus…
Tout a commencé dans une usine désaffectée, ceci étant précisé, je peux également me risquer à écrire que cette démarche industrielle se prête assez facilement à la parodie… et comme c’est le cas ici, au ridicule volontaire.
Le design de l’engin ferait en effet passer n’importe quelle Ferraillerie pour un inqualifiable chef-d’œuvre décomposé…
Autant que tu le saches, cher lecteur-internaute, frère et ami…, ce qui suit va être un vrai festival du grotesque !
Mais ce n’est qu’un début abracadabrantesque où le créatif irresponsable, sous l’œil approbateur des investisseurs, va créer une sorte de super-inutilité en faisant muter une Harley-Davidson en tricycle-quadricycle motorisé par le célèbre V-Twin 1400cc positionné à l’envers (regarde les photos pour comprendre)….
J’imagine que la peau de ton visage se met à bourgeonner et à produire des bulles de chewing-gum… Ce n’est que le début de la fin, car ta bête figure de lecteur crétinisé, va se transformer jusqu’à devenir semblable à un magnifique masque en caoutchouc hirsute, à mi-chemin entre Chewbacca, un Yéti et un épagneul breton…
Grrrâouuuu !
Maintenant, ami, toi et moi ne pourrons plus être réunis que dans l’au-delà des mots et phrases !
Alexander Tchekofsky est un blondinet insipide, qui se préparait depuis 7 ans et demi à mener cette opération à bien dans un bâtiment abandonné de la banlieue Est de Moscou (l’usine ?) dont il demande de croire en l’existence, malgré la nudité virtuelle des murs et le matériel misérable
Là, les mots manquent au pauvre chroniqueur que je suis de plus en plus…, pour décrire la magnificence époustoublourrifante de cet engin, qui est encore moins ce que les Charlots sont à Charlie Chaplin. Tu peux te laisser aller à imaginer que son conducteur (émérite) est fagoté dans un sac poubelle argenté, relooké par un Jean-Paul Gaultier sous cocaïne, avec une antenne de poste de radio sur la tête, en faisant “wrrrr-bzziiii” à chacun de ses mouvements !
Tous les concepts du ridicule, existants ou ayant existé, y compris ceux qui furent réduits à néant, sont auto-sublimés devant ce nouveau mètre-étalon !
Il est temps que je te signale tout de suite l’arnaque ! Tu n’espérais quand même pas que Alexander Tchekofsky allait produire une automobile normale, non ? C’est ici en effet qu’intervient la seconde histoire (Phase 4) de mon récit, qui va grossièrement squatter environ 50% du temps de lecture restant ! D’une manière imprécise (une astuce) je vais tenter de relier deux histoires improbables… C’est à toi de tenter de faire coïncider le tout.
En tout cas, si tu ne peux pas dire que mon texte regorge de détails, avoue qu’il te fait quand même passer agréablement le temps. Un instant magistral !
Les moments les plus goûtus se trouvent cependant dans la dernière seconde partie de la Phase 4… Là, pas de discussion, TOUT est grotesque ! Rien qui n’échappe au ridicule le plus terrassant…, à m+e demander si ce ne fut pas exprèssement calculé à l’insu de mon plein gré…
Ce résumé ne donne cependant qu’un faible idée de l’altissime teneur en stupidité de cet invraisemblable engin réalisé avec des moufles, photographié par un aveugle et fabriqué par des mécaniciens au chômage en état d’ébriété…, c’est l’une des plus abominables catastrophes jamais vues, à regarder au moins une fois pour ne pas en croire ses yeux. J’ai même écarté l’idée de te gratifier de plans-nichons totalement inutiles, préférant deux plans-culs !
A noter aussi pour les amis des bêtes que ce gloubi-boulga manque parfois un peu de rythme animal, ce qui lui fait rater de justesse, en ce qui me concerne, la note maximale garantissant des moments de délire d’une densité rarement atteinte. A voir d’urgence je ne sais ou…, mais à consommer avec prudence pour éviter de graves dommages cérébraux ! A vos risques et périls…
J’ajoute maintenant, à ce stade avancé d’une descente sans retour dans le puits sans fond de la bétise inhumaine, le bref interview de la jeune femme blonde qui a posé à coté de cet engin sur la photo d’introduction (anale)…
– Pourquoi vous êtes-vous compromise en posant les fesses à l’air devant cet engin improbable ?
– Je travaillais comme mannequin à Kiev, à cette époque… et c’est comme ça que j’ai été recrutée. Je ne peux pas dire quelle était l’agence, parce que ça fait plusieurs mois et que je ne m’en souviens plus. En fait, c’est grâce à moi qu’ont été recrutées mes deux copines jumelles lesbiennes (je ne me souviens plus de leurs noms), c’étaient deux filles adorables qui venaient de Sibérie orientale, elles n’avaient jamais été mannequins mais elles s’y sont mises tout à fait naturellement. Leurs parents avaient été déportés dans une mine de sel pour avoir critiqué Staline.
– Comment avais-tu entendu parler de cet engin ?
– Par l’intermédiaire d’une précédente copine qui couchait avec la femme de son concepteur. Elle est allée voir la cheffe de la société réunissant les investisseurs et a convaincu tout le monde de m’engager pour la photo d’introduction du catalogue sur laquelle je figure. C’est comme ça… Je ne sais pas pourquoi ; en acceptant ensuite de coucher avec le concepteur, cela a sans nul doute aidé, même s’il a du penser que j’essaierai de capitaliser cet acquit d’une manière ou d’une autre.
– Comment s’est passée la séance de photos ?
– Assez cool…, dans une banlieue proche d’un quartier extrêmement pauvre. La photo finale avec Natacha et Nabila a été réalisée en studio, mais également ma photo d’introduction, vu que précédement en extérieur, on a volé le matos-photo et qu’il a fallu tout refaire, y compris à nouveau coucher… Quant aux maquillages et aux costumes, ils étaient réalisés avec beaucoup de soin et nous avons pu développer une sorte de camaraderie. On nous a juste dit de dire n’importe quoi pendant les prises de vue, sachant que c’était muet. On nous donnait très peu de consignes. Nous n’avions pas de répliques ou de dialogues définis. Ce qui comptait, c’étaient nos fesses… et comment nous exprimions nos émotions avec elles. Il fallait exprimer ces émotions d’une manière très exagérée. C’est un style de jeu particulier. En Russie on tient à une expression plus subtile, il faut tout exagérer. Donc si tu as peur, on attend que tu hurles comme une folle. Je sais que c’est une manière de poser qui ici semble complètement ridicule, surtout le côté émotionnel. Les journées de poses-photos étaient longues et dures, nous étions dans le studio dès le lever du soleil… et parfois nous n’étions pas rentrées chez nous avant tard le soir. La sécurité n’était pas une priorité, il y avait souvent des viols.
– Qui est le responsable ? Est-ce que ce ne serait pas un pseudo ?
– Oui, je crois que c’est un pseudonyme, un vieux monsieur gentil et très distingué, qui a toujours montré beaucoup de respect pour moi. Je ne peux pas en dire autant de certains de ses collaborateurs ! Malheureusement, une recherche m’a permis de découvrir qu’il était mort bien avant que je le rencontre, et cela dans un incendie. Il y a un mystère autour des causes de ce feu, mais il semble clair qu’il s’agissait d’une escroquerie à l’assurance. Des acteurs et des techniciens sont morts en même temps que lui. J’ai été très triste d’apprendre des nouvelles aussi tragiques. Je l’ai dit à son pseudo…
– Qu’as-tu fait après tout ça ?
– Après, j’ai encore un peu travaillé comme mannequin, j’ai été violée à quelques reprises et j’ai du beaucoup coucher avec des décideurs dans l’espoir de décrocher des boulots merdiques, mais pour l’essentiel, ma carrière de poseuse s’est terminée à cette période. Je ne suis plus certaine du nombre de poses-photos que j’ai fait cette année-là. Mais je sais qu’il y en a au moins deux qui ont abouti à ce que j’obtienne un job intérimaire d’hôtesse dans des grandes surfaces pour la promotion de pâtés pour chiens… Une vie de merde !