Corvette C8 Hennessey HPE 1200 Chevaux…
Ecrire un article qu’il n’a pas envie de tapoter…, le pigiste s’en tapote pourtant des kilomètres…, il copie-colle le communiqué de presse ou John Hennessey lui-même raconte une histoire dont tout le monde se f…, alors que c’est un larbin américain qui l’a écrite pour Hennessey, en commande, pour pas grand chose, même pas le prix d’un dîner médiocre où qu’une passe-pute de vingt minutes de peine à jouir…, c’est finalement une histoire de larbin à larbin dont le résumé tient à pas grand chose : “les gars d’Hennessey ont modifié plus de 500 Corvette C7 jusqu’ici, mais la nouvelle C8 va encore multiplier ce chiffre”…
Les lecteurs de la presse papier, qui se raréfient, sont-ils vraiment intéressés de lire que Hennessey modifie la nouvelle Corvette C8 pour aller encore plus vite dans les lignes droites…, alors que 98% peinent à rembourser une bricole à crédit et que les Gilets Jaunes manifestent sans discontinuer ?
Le pigiste se force toutefois à dactylographier que Hennessey va améliorer la nouvelle (2020) Chevrolet Corvette pour en tirer beaucoup plus de performance qu’elle n’a de l’usine…, que la société basée au Texas prévoit d’offrir une version de 1200 chevaux de la C8 appelée HPE1200…, que Hennessey affirme qu’il va obtenir cette énorme quantité de puissance grâce à deux turbo LT2 et que les moteurs seront mis à niveau…, des phrases stupides… le consumérisme détruit tout !
Du coup le pigiste se ressert une rasade d’alcool pour y trouver de l’inspiration, du courage, mais aussi pour oublier qu’il est une pute… et il parvient à tapoter que : “Les internes tels que les pistons en aluminium forgé, les tiges de raccordement en acier forgé et d’autres mises à niveau non spécifiées, pour gérer la puissance, Hennessey dit qu’il va incorporer une usine améliorée et fortifiée à double embrayage boîte automatique et un système de freins Brembo complet entre autres mises à niveau du châssis”..., c’est la minable traduction automatique Google du communiqué de presse…, le pigiste en a marre de ce boulot de con, sous payé, minable…, il faut qu’il recommence la phrase…, mais quoi écrire d’autre…, les gens s’en branlent… et au prix de la pige, il n’y aura pas assez de… … … … Pfffffffffffffffffffffffff !
Le pigiste continue…, écœuré de lui-même…, de la presse qui se vend de moins en moins…, (normal avec de tels articles baclés)…, l’idée de se branler lui vient dans une suite d’association d’idées…, il pense que ce serait mieux de se faire branler…, mais c’est plus cher…, il se ressert un autre verre…, re-examine la farde de presse…, les photos qui sont jointes au dossier ne sont que des rendus, des gracieusetés de Hennessey…, des faux…, la voiture n’existe pas encore…, elle n’existera sans doute jamais…, le pigiste hésite à l’écrire…, il a soudain un regard menaçant…, en réalité il angoisse !
Il lui faut penser que le public est en amour avec les absurdités, avec les gadgets, comme “la pelle de coffre”, nommée spoiler, où aileron…, qui selon Hennessey peut devenir nécessaire pour utiliser les 1200 chevaux…., c’est cool comme connerie, cette aile est exagérée, et cette voiture est ridiculement rapide…, tout cela n’est que de la fumisterie…
Encore un verre pour faire passer…, Hennessey n’indique pas de prix ni de date de vente prévue pour ce kit HPE1200, mais détaille quelques autres mises à niveau qu’il va mettre en vente…, un système d’échappement en acier inoxydable…, une mise à niveau de la suralimentation…, que des bêtises…, Hennessey affirme même prendre des suggestions de la foule…, un questionnaire en ligne est même disponible pour savoir exactement ce que les gnous veulent dépenser en milliers de dollars…, vendre encore plus de puissance pour la Corvette C8 qui accélère déjà de 0-60 mph en moins de trois secondes “usine” semble fou et inutile!
Le pigiste arrête, étourdi par le dégout et une âcre nostalgie…, son ancien foyer…, une sarabande d’objets familiers déferle dans sa mémoire, bien qu’il les a abandonnés depuis plus d’un an, ils lui restent curieusement habituels, ni ses yeux ni ses doigts ne les ont désappris, alors que les traits de son ex s’estompent, comme sur la vieille photo exposée sur la table de chevet.
La pluie augmente de violence…, le pigiste regarde par la fenêtre scintiller le boulevard dont l’orage délaye les néons…, il a choisi de vivre dans un hôtel miteux, c’est à dire pas cher, pensant s’y sentir moins seul, mais en fait cet environnement anonyme s’avére pour lui plus cruel qu’une véritable solitude.
Chaque nuit, il triche pour retarder le moment de retrouver sa chambre et le cachet de somnifère qui le délivre de ses fantasmes…, mais ce soir, cette affaire d’Hennessey de merde le pousse à sortir se changer les idées dans le cabaret situé à gauche de l’hôtel, en sortant…, un dernier verre et, éventuellement, se laisser embarquer par une fille pas trop vénale…
La boîte a un nom exotique impossible à lire car plusieurs lettres de son enseigne sont éteintes, sa façade en stuc blafard date d’au moins vingt ans, un portier mal rasé bat la semelle dans la lumière verte qui palpite comme un feu de Bengale souffreteux au-dessus de sa tête…, il promet d’un ton morose les plus belles danseuses noires de Paris en épluchant des marrons dans la poche de sa tunique trop ample pour lui.
En le voyant décidé à entrer, il se découvre et le guide dans un local enfumé, d’une décevante banalité, où des poivrots et des putes gesticulent mollement dans la pénombre avec des mines recueillies…., le pigiste se laisse installer à une table, commande un whisky et attend un miracle…
Sur la scène, deux musiciens cocaïnés dont un chanteur transsexuel besognent leurs “instruments” avec des mines incitant à se flinguer…, un air désuet qui malaxe les tympans.., l’endroit ressemble un peu à une bétonneuse qui pétrirait des corps et de la musique, une force, tantôt centrifuge, tantôt centripète, s’empare des clients, les aspirant et les rejetant tour à tour, dans un mouvement de marée.
Toute l’avant soirée, dans le petit hôtel le pigiste avait noirci des feuilles avec une fièvre qui n’excluait pas l’application…, il avait consigné les éléments accumulés à propos de la Corvette C8 Hennessey…, ce qui contrariait quelque peu sa certitude quant à l’utilité de ce genre d’article…, finalement, les putes coutant trop cher, il était revenu cuver son alcool dans sa chambre, seul…
Au petit matin, quand il a entendu fredonner les premières chasses d’eau, il s’est mis au lit, n’est pas arrivé à se branler la nouille… et s’est endormi pour ne s’éveiller qu’à quatorze heures trente, heure locale… pour se faire servir du café noir et un croissant (un luxe), puis il s’est re-installé dans le lit pour mater le petit poste de télé débitant des jeux débiles puis un documentaires sur la vie des lémuriens…
Après le générique de fin, suivi scrupuleusement jusqu’au nom du laboratoire ayant procédé au tirage, il a zappé dans l’espoir de trouver encore une heure de dérivatif, mais on ne lui proposait que de la merde en branche et il a décidé de laisser refroidir le téléviseur pour reprendre en tête les élucubrations “Henneysseyiènes” par le détail…, il les a finalement déchirées avant de quitter sa chambre et les a confiées à MM. Jacob-Delafon qui les ont expédiées aux abysses des égouts.