Shelby Cobra Daytona Bad Boy…
No Respect… Fuck off… This is a car for Bad Boy… Il y a quelques décennies se déroulait chaque année une sorte de raid sauvage d’automobiles surpuissantes qui traversait les Etats-Unis de New-York à Los-Angeles à fond de compteur. Cette course de folie s’intitulait “CannonBall”… il en a été extrapolé des films éponymes qui ont ensuite mutés en une suite ininterrompue de “Fast and Furious”… Cette course annuelle est rapidement devenue mythique et interdite dans tous les Etats américains, les valeureux chevaliers de l’inutile étant pourchassés et leurs automobiles saisies. Perpétuer le mythe aux USA étant devenu impossible, un clone de ce non-évènement a ensuite été créé en Europe, réservé aux vrais et faux millionnaires capables de payer un droit d’entrée à 6 chiffres et d’aligner une automobile payée où volée d’au moins un quart de million d’euros…
Mais si tout était descendu un cran plus bas question style et fréquentation, le “Gumball 3000” consistait toujours à rouler à fond, en limite de zone rouge, de manière la plus sauvage possible, sur de longs itinéraires à travers l’Europe ! Il ne fallait pas vouloir examiner ce cirque de plus près, de trop près, on n’y mourrait pas que d’accidents de roulage, il s’agissait là d’un événement pas chic du tout, ostentatoire, bling-bling, putassier et d’une grossièreté assumée… C’était bien loin des concours d’élégance de Bagatelle où de la villa d’Este sur les bords du lac de Côme, peuplées d’anciennes gloires sur le retour singeant l’art de vivre des milliardaires de la belle époque, même fauchés (un must) chacun/chacune cherchant à paraitre en se mettant en avant… Mais, ces “parties” pas toujours fines s’étiolent avec le temps…
Les beautés suaves et vénales qui y prospéraient y sont de plus en plus vénéneuses au fur et à mesure que les bandeurs fous et chics font faillite ou meurent, il n’y a guère de renouvellement chez les mâles, si ce ne sont les éternels fauchés qui viennent s’imprégner de ce qu’ils n’auront jamais et qui shootent et reshootent des photos GSM médiocres pour leurs Blogs, contribuant ainsi à la mort lente et douloureuse des photographes et journaleux professionnels. Personne d’entre-eux n’a vu que depuis plus de 10 ans, les automobiles extraordinaires sont entrées dans la troisième dimension, celle du numérique… certains constructeurs de rêves bouclent même leurs fin de mois avec le design d’automobiles de jeux vidéos, présentées en faux-vrai dans les salons automobiles avant qu’ils ne disparaissent…
Au-delà de leur succès terrassant, les jeux vidéos automobiles portent un regard acide sur la société de consommation 99% américaine, ses addictions et ses dérives. Ils sont ensemble devenus le produit “culturel” le plus populaire au monde, l’un d’eux, GTA, pulvérisant les records de l’industrie du jeu en réalisant un chiffre d’affaires d’un milliard de dollars dans les trois jours suivant la sortie de chaque dernier opus… ne quittant plus le sommet des charts… Tractés par ce succès, les anciens épisodes de la même fameuse licence (Vice City, San Andreas, GTA) ont réapparu dans les listes des meilleures ventes un peu partout autour du globe. GTA raffine et augmente à chaque fois la formule qui a fait toute la gloire de la série depuis ses origines, en 1997… Il s’agit toujours pour le joueur d’accompagner l’ascension de petits truands vers les sommets de la délinquance, comme y invite la promesse de base de Grand Theft Auto..
On commence par voler des voitures surpuissantes et on finit par réaliser le casse du siècle, à plusieurs millions de dollars. L’originalité tient dans la position héroïque d’emblée attribuée aux malfaiteurs, même si c’est une convention classique d’un certain cinéma de gangsters américain, De Palma et Scorsese en tête, lesquels forment une référence majeure de l’univers de GTA. Imprégnée par la culture du cinéma, la saga est devenue une source d’inspiration fondamentale pour toute l’industrie du jeu, qui a adopté nombre des innovations conçues par ses développeurs… le titre a même défini un genre à lui tout seul et lorsqu’un jeu s’y apparente, on parle désormais de GTA-like… Le lancement du mode online il y a quelques années a provoqué une ruée homérique, au point de faire disjoncter les serveurs pourtant puissants mis à disposition par Rockstar Games, le studio qui développe la licence depuis ses origines.
Ce mode online a été salué par la presse spécialisée pour sa profusion et sa générosité : il permet une extension presque illimitée de l’expérience du jeu lui-même grâce à une multitude de modes et d’activités… de surcroît, viennent s’ajouter des contenus téléchargeables dérivés du jeu à leur tour, ces épisodes subsidiaires viennent prolonger la durée de vie d’un titre dont l’influence est déjà considérable auprès des gamers comme de l’industrie du jeu vidéo qui est une subculture, le gaming a toujours embarrassé la société civile malgré l’influence croissante qu’ils exercent sur elle. Après avoir dépassé celle de la musique au tournant du millénaire, l’industrie du jeu supplante désormais largement Hollywood en termes de chiffre d’affaires… Aujourd’hui, cela dépasse même de loin l’industrie des automobiles d’hyper-luxe.
Nul ne peut plus faire comme si le phénomène n’existait pas et il est certain que cela compte de plus en plus comme un agent perturbateur déterminant dans l’histoire de cette légitimation… C’est ce que les frères Dan et Sam Houser, patrons-fondateurs de Rockstar et véritables concepteurs de la saga, identifient à celle du rock : “Ceux qui jouent sont les mêmes qui, il y a trente ans, écoutaient du rock. Le jeu vidéo à quelque chose de légèrement underground et un peu répréhensible. Ce qui inquiète les politiquement-corrects, c’est que tout cela finisse un jour par devenir acceptable, fade, comme le reste… Même les films “grands public” deviennent maussades, d’où des nouveaux produits comme “John Wick”… la musique aussi devient terne, il n’y a que les jeux vidéo qui connaissent une telle inventivité. Tant qu’il existe une chance d’exprimer notre créativité, s’il faut rester dans une mouvance underground et si des gens vous identifient au mal, et bien qu’il en soit ainsi”..
C’est tout le paradoxe du triomphe de GTA, le plus emblématique des succès mainstream garde cette aura sulfureuse, subversive, politiquement incorrecte, qui contribue aussi au respect sans défaut dont il jouit parmi les franges les plus hardcore des joueurs, ceux qui craignent précisément que leur cher vice ne soit un jour entièrement récupéré par le système. Parce qu’ils pilotent à la fois le game design et les scénarios de la série dans une indépendance farouche vis-à-vis de l’éditeur américain Take Two, les frères Houser ont pu rester d’une fidélité sans faille à leurs fans, tout en réussissant une contamination inespérée vers le grand public. Ils sont les maîtres d’oeuvre tout à fait conscients de cette superbe ambivalence d’origine écossaise, quadras, biberonnés aux Clash et à Maggie Thatcher, ils incarnent l’archétype du soft power britannique moderne, sachant jouer toutes les gammes de ce capitalisme distancié…
Celui-ci associe sans complexe mœurs libérales, satire politique, virtuosité des récits, brio technologique et… marketing diabolique. Si le grand public s’est montré aussi sensible à l’attraction exercée par le plus grand jeu du monde, c’est aussi parce que ce monde-là, justement, l’attendait… Le plus stupéfiant dans l’extraordinaire succès de GTA dont on n’a pas fini d’enregistrer les répliques, ce n’est pas sa magnitude, c’est sa profondeur, sa substance et la justesse avec laquelle il frappe. C’est pourquoi il faut saisir la chance qu’il nous offre : une immersion sans filet dans ce que l’on appelle un monde ouvert, soit un espace immense où l’on peut agir librement, car oui, GTA est un vaste, un titanesque commentaire satirique sur le monde moderne en général et l’Amérique en particulier, c’est notre monde distordu, l’autre côté de notre miroir menteur, la face hirsute, cynique, triviale de notre société.
Rien n’échappe à cette implacable machine à claques, les personnages entretiennent avec le capitalisme marchand un rapport au premier degré : je veux, je prends, le fourmillement permanent des dialogues attrapés à la volée, les subtilités de l’intelligence artificielle, la qualité des scènes contextuelles ne cesse d’entretisser la vraisemblance et l’ironie, le crédible et la moquerie, le réel et son contrepoison. Il en est de même sur les stations de radios que le jeu propose à bord des innombrables voitures qu’il incite à voler… GTA s’est depuis longtemps forgé une réputation d’excellence dans le choix des musiques disponibles. 250 morceaux sont embarqués, à quoi s’ajoute une bande originale signée Edgar Froese, survivant du groupe seventies Tangerine Dream… mais là encore une publicité parodique et digne du Saturday Night Live vient rappeler à la vigilance…
Quoi cela dit-il ? : “Si toi aussi tu rêves de voir tes données personnelles enfin accessibles par le monde entier, rejoins-nous sur Life Invader”… Derrière ce nom, c’est bien sûr Facebook qui est visé, et même pilonné à de nombreuses reprises dans le jeu ! Le cinéma hollywoodien en prend pour son grade dans plusieurs parodies. On y trouve une réduction de film catastrophe où des extraterrestres sont invités à se faire enfiler par l’espèce humaine ou un thriller grossier chargeant le capitalisme pratiqué à Wall Street… Le cinéma d’auteur à l’européenne n’est pas épargné avec un pastiche qui emprunte autant à Buñuel qu’à Godard… Partout ailleurs, les murs de la ville affichent les publicités pour les derniers gadgets iFruit, les barres de céréales Ego Chaser ou vantent des programmes immobiliers en plein désert. Le jeu organise aussi une topographie sociologique pointue où les quartiers bobos grignotent les zones populaires…
Chacun/chacune y a ses voitures, commerces et populations spécifiques, l’affrontement politique américain le plus aigu entre les tenants du Tea Party et les franges libérales-démocrates y trouve de nombreuses illustrations (lycéens intégristes luttant contre le mariage gay militants en faveur de la dépénalisation de la marijuana). La tragédie des clandestins fait aussi l’objet d’une transposition cynique : le joueur est d’abord attaché aux basques d’une milice de citoyens blancs qui chasse le wet back (immigrés clandestins mexicains) comme le lapin, il disposera, plus tard, du plaisir d’éliminer à son tour les justiciers. Même le débat sur le bagne de Guantanamo est évoqué : le joueur est mis en demeure d’éprouver la notion de “torture limitée dans un cadre légitime”, défendue becs et ongles (avec les dents également) par le gouvernement américain…
Le jeu est violent, séditieux, immoral et diablement addictif, il est aussi très drôle, trempé dans cette nature particulière de l’humour british lorsqu’il décide d’être extravagant, excessif, outrageux. S’arrêter à cette surface adolescente serait ne rien comprendre… C’est un concassage de techniques virtuelles et de discours politique sans équivalent dans les pratiques modernes. GTA est un objet qui exprime plus de vérité et de justesse sur le monde contemporain que n’importe quel autre produit culturel. Il tombe à l’heure pile des cauchemars les plus urgents et dézingue exactement ce qui nous ronge et nous domine, impeccablement synchrone avec nos exaspérations les mieux motivées… les jeux vidéo sont la première phase du plan d’assistance des machines à l’espèce humaine, le seul plan qui offre un avenir à l’intelligence ! Wouahhhh ! L’apparté GTA se termine là… J’en reviens à la bête rouge…
Wouahhhh ! Ouiiiiiiiiiiiiii ! Calmos… Le cour est terminé. La récréation commence enfin… J’en reviens (donc et enfin ?) à la Shelby Cobra Daytona qui illustre cet article… Elle, est réelle mais correspond dans la réalité à celle de GTA, elle est totalement “politiquement incorrecte”… Factory Five Racing s’est concentré sur une nouvelle configuration de châssis qui est 14 fois plus rigide que le châssis des Shelby Cobra Daytona originales… restait à améliorer les capacités du design… Les accessoires ajoutés, sont comme les bagues, bracelets, montres, bijoux, diadèmes et autres breloques dont les femmes se parent non pas pour mettre en valeur quelconques beautés mais pour que l’attention soit détournée de leurs imperfections humaines. Les vêtements y contribuent aussi… L’action est toujours foncièrement consumériste. Revenons à la voiture qui illustre cette chronique…
Alors que la ligne de toit imite la version italienne de la Cobra Daytona originale (avec une forme plus lisse que la version américaine), une évolution aérodynamique a été développée pour Snap-on Tools en tant que véhicule promotionnel… Ce coupé particulier est le quatrième projet de ce type réalisé de concert avec Snap-on (qui a également parrainé le roadster Cobra de la FFR) à la fois sur les “vrais” circuits, mais aussi pour les jeux vidéos.
Pour en savoir plus, j’ai pu papoter le bout de gras avec John George et l’ingénieur FFR Jim Schenck : “Le degré d’effort et de conception assistée par ordinateur qui est allé dans la rationalisation de cette voiture, avec l’augmentation de la force d’appui, a été extraordinaire. Le tunnel NASCAR utilisé dispose de capteurs de charge à chaque roue qui mesurent précisément à la fois la levée et la force d’appui, avant d’imputer et d’analyser les données dans un logiciel CFD”…
La dynamique des fluides computationnels dans une Cobra Daytona, c’est un bond dans l’inconnu, où un pas en avant de la technologie, par rapport aux techniques de développement brut pour le coupé Shelby original ?… Commentant les améliorations du coupé Gen-3 de la FFR, il m’a dit avoir dépassé chaque centimètre carré de la voiture ! En entrant dans les détails, nous allons commencer par le nez, juste sous les phares, John Crowel à créé un cône de nez, qui abaisse la traînée et soulève la force d’appui : “Le cône avant était l’amélioration no 1, il a réduit la traînée de jusqu’à 14%. Ce nombre peut ne pas sembler beaucoup, mais il est extrêmement important pour une voiture de compétition.D’autres éléments de conception qui gardent le coupé collé à la chaussée sont une paire de canards et un séparateur attaché au fascia avant. Les couvre-phares ont maintenant une forme plus propre pour moins de traînée”…
Un diffuseur a également été testé, mais il n’a pas généré les résultats souhaités, de sorte qu’il a été mis au rebut pour le moment. Le long des flancs ont été placés de grands conduits, convenablement appelés “sorties d’air de roue”, qui libèrent la haute pression de l’intérieur des puits de roue.. En parlant de roues, ce sont des 18 pouces Volk ZE-40, des jantes en alliage pesant 20 livres chacune… A l’arrière, vous ne pouvez pas manquer l’aileron massif, les supports verticaux sont en aluminium découpé au laser et boulonnés au châssis… Et la queue Kammback, comporte des ouvertures initialement destinées à soulager la pression de l’air, mais en fait qui aspirent l’air ! C’est un aspect qui n’est clairement pas traditionnel, cependant, se trouve sous le capot un V8 Ford Performance 5,2 litres Aluminator XS, capable de produire plus de 570 chevaux…
Ce V8 Ford est similaire au moteur de la Mustang GT350, mais en diffère de plusieurs façons, cette option combinant toutes les pièces du moteur Coyote les plus performantes construites depuis 2011, en un seul paquet… Il s’agit notamment de la Cobra Jet 5 litres 4V avec un 65 mm Cobra Jet billet avec des arbres à cames haute portance personnalisés. Jim Schenck et Mark Dougherty de The Traveling Builder ont optimisé le traitement aéro au cours d’une journée complète d’essais en soufflerie, ainsi que des évaluations sur piste… D’autres détails intéressants ont émergé, comme la mise en place de pneus Hoosier A7 qui ont un flanc beaucoup plus rigide. Voilà, la présentation est terminée, ne vous reste qu’à passer commande et franchir toutes les diaboliques étapes mises en place par nos gouvernements européens destinées à vous faire les poches et vous dégouter. C’est moins cher d’être abonné à GatsbyOnline.
Tous ces changements évoqués ont porté leurs fruits sur les parcours routiers et les chiffres ne mentent pas : en outre, les deux premières victoires de la saison sont venues en Juin à NJMP, le deuxième week-end de course de la NASA NorthEast saison… Et il y a eu d’autres grandes courses contre des corvette dans la classe ST2… Recommandez www.GatsbyOnline.com + www.ChromesFlammes.com + www.SecretsInterdits.com à vos amis et n’hésitez pas à vous abonner ce qui vous donne accès à 4.000 articles de la même trempe, ainsi qu’à une centaine de Viméos et aux liseuses numériques reprenant les magazines “papier” Gatsby et Chromes&Flammes… Merci !