Cruauté et sadisme ordinaires imprègnent un quotidien éprouvant…
C’est d’abord un homme qu’on égorge, puis qu’on dépèce, puis qu’on éviscère et qu’on désosse…, il y a du sang, de la peau arrachée, un corps suspendu dans le vide…, ça te met directement dans l’ambiance…
Ensuite il y en a d’autres, dont on arrache les ongles, qu’on électrocute aussi, qu’on donne en pâture aux beaufs qui regardent les infos de la télé en bouffant des chips, en ingurgitant de la bière… et qui finissent par s’entre-dévorer…
Cruauté et sadisme ordinaires imprègnent un quotidien éprouvant…
On évalue les uns, on teste les autres… et on punit toutes les manifestations…, les impulsions du monde sont retranscrites en suppliciant, en faisant sien cette mécanique brutale pour mieux s’en servir contre les autres, contre la société…
On brime les plus faibles, on frappe les récalcitrants, on rackette n’importe qui, jusqu’à l’impensable…, on y enseigne le bonheur des armes à feu, on y apprend que l’énergie du monde, c’est l’argent…
Périr ou survivre, le choix est assez simple à faire, renvoyant au processus de sélection naturelle si cher à Darwin, pour rester debout, être le plus fort, le bourreau…, pour s’extirper de la masse dans une quiétude trompeuse, dans l’oppression latente d’une intendance morale et étatique…
Tu viens de lire le titre et le “chapeau” de l’article dans lequel tu t’engages…, tu trembles, tu remues les genoux sur ton siège, les pieds en cadence, la tête aussi, les mains aussi, les yeux aussi, la bouche aussi, ta langue aussi, sans cesse, sans cesse…, ça pulse, ça te pulse…, tu le sens ?
Mitigé…, la moue…, humour absurde…, ridicule…, nul…, non-sens…, n’importe quoi…, rats…, cocaïne…, billets…, fric…, flics…, ripoux.., politique, donneurs de leçons…, creuse…, creuse…, mort…, pas mort…, vivant…
Les merdias en France…, en occident…, c’est délirant, décousu, désinvolte, décomplexé comme : “Dis voir, tu te foutrais pas un peu de ma gueule avec tes infos tordues, là ?”…
C’est bouffon…, l’art de faire des news sur rien.., rien dire en parlant beaucoup…, déformer et le faire bien : sur un serial killer…, sur un type qui a perdu le sens des réalités…, sur un non-sens…, sur un mélomane borgne…, sur une vénale…
Les saynètes du 20 heures sont déstructurées…, structurées…, improbables…, foutraques…, ce sont des clichés détournés, pour rire, pour pleurer, pour débiter de la pub, jouer à la pute… avec des zooms, des arrêts, des brisures…, c’est débile, drôle, raté, baroque…, trop con…, chantages, cadavres, cimetières…, à la fin tout le monde y est, au cimetière…, oui, à la fin tu te demandes le pourquoi du comment…, tu te poses des questions…, des questions…, des questions : “C’est quoi tout ça ? Ça rime à quoi ? Vit-on déjà en enfer ? Qui suis-je ? Où serais-je demain ? Écrire un livre peut-être ?”…
À la fin tout le monde danse…, champagne !
Dernièrement, dans un show glauque ou je regrettais d’être allé avant même d’y arriver…, un plus beauf que les beaufs, qui est constamment bourré…, me reconnaissant malgré mon masque, a essayé de me soutirer sur un ton faussement fraternel et clairement libidineux, quelques anecdotes salaces de mes voyages en absurdies, prétextes à des visites de shows automobiles débiles, à des ventes aux enchères de bagnoles dites “de collection”… et à des essais en contre-vérités d’automobiles inaccessibles aux communs des mortels (qu’ils crèvent)…
En fermant tes yeux, tu peux sentir ses postillons glaireux alors qu’il me chuchote à l’oreille : “Et donc, c’est comment la vraie vie ? Je veux dire… les nananas ? J’imagine que tu tâtais tous les soirs, hein, en faisant tes reportages ?”…
Voilà “LA” preuve établie, le beauf lambda, il n’en a rien à f… de l’homme qu’on égorge en début de cet article, ni de ceux à qui on arrache les ongles…, rien à cirer, rien à f…, il veut du cul, ensuite du foot… et aussi des bagnoles du genre que tout le monde en bave en pamoison…
J’ai perdu une bonne partie de ma vie dans des shows de bagnoles-à-la-con, et il se peut que ça te surprenne, mais je n’ai JAMAIS vu un seul blaireau (moi inclus) coucher dans les 10 minutes avec une blairelle qu’il a rencontré le soir-même…
J’imagine bien ce que tu dois penser : tu te dis que les blaireaux que j’ai cotoyé avaient probablement une tronche à faire goutter les robinets et que j’ai uniquement voyagé avec des blaireautons dégueulasses qui avaient fait un trait sur leur dignité et leur hygiène sexuelle !
Non, c’est juste que les voyages ayant l’automobile comme but (ou prétexte), réunissent un tas d’éléments qui rendent techniquement impossible le moindre quickie avec une hystérique bourrée.
Je vous donne un exemple de reportage :
On m’avait renseigné un Hot-Rod d’enfer propriété d’une nanana d’enfer, elle aussi…, je vais vous conter l’envers du décor et de la réalité, dans le cadre strict du contexte officiel que j’ai toujours déclaré aux fiscards qui cherchent toujours à me faire les poches…, maintenant que je suisse retraité et que les faits datent d’au-delà toutes prescriptions, je croyais pouvoir me laisser aller à pisser dans la marmite et cracher dans la soupe, mais que nenni, ça continue !
Après un loooooong voyage vers le bout du monde, je me réveille à six heures du matin dans un Van-Camping-Car naze, pourri…, au beau milieu d’un brouillard d’odeurs fétides…, ça fait quinze heures que je ne me suis ni douché, ni même lavé les mains, si ce n’est pour acheter des sandwiches triangle et quelques cannettes de Coca Zéro.
Je pars ensuite vers ma destination finale dans cette merde roulable… et je roule, je roule, je roule… dans l’attente de trouver une station essence qui aurait des douches pour routiers, pour pouvoir enfin démouler le bronze qui me martèle les entrailles et commence à me donner des sueurs froides… et je fini par arriver quelque-part, n’importe…, ou je mange un mauvais Burrito avant de repartir vers l’inconnu…
À la fin de la journée, tous ces éléments combinés ont fait de mon slip kangourou, un puits d’un enfer si féroce qu’aucune nanana n’est techniquement en mesure de s’en approcher à moins d’un mètre sans faire la même tête qu’un bébé qui suce son premier citron.
Tu aimerais que ça soit le cas, mais non… et même si je parvenais à convaincre une conquête locale de s’allonger à l’arrière poisseux du Van de loc’, en lui affirmant que c’est le temple de l’amour… et bien je prendrais le risque de choper en retour la pire des saloperies sexuelle imaginable.
Et si tu penses que je pourrais ainsi m’amuser vite fait, tu as tort…, copuler au milieu des paquets de chips vides et les bouteilles d’eau minérale premier prix qui jonchent le sol du Van (ce sont des cachettes idéales pour mes capotes usagées), c’est pas le pied… et quand la nanana voit finalement les traces de fluides corporels aigres que j’ai laissé sur les sièges arrière lors d’autres agapes, elle ne reste pas pour peaufiner le travail par des massages langoureux…, elle réclame ses 50 dollars la pipe… et s’encourt…
Après avoir rangé mon matériel…, je sirotte une dernière cannette de bière chaude avant de reprendre la route, puis finir la nuit allongé sur un lit de chips écrasés au beau milieu de nulle part, en pestant que je dois repartir tôt le lendemain matin.
Tout le monde a un copain ou une copine chez soi…, même ceux qui n’en ont vraiment pas l’air… quelqu’un les attend… et cette personne lui manque vraiment beaucoup…, alors que je passe la majorité de mon temps assis dans un Van pour réaliser des putains d’articles que tu regarderas en diagonale…, toi, tu peux te pelotonner dans un lit avec une nanana en tête, à te tripoter la zigounette entre deux bouchées de bouffe asiatique en regardant des pornos crades sur le web…, ça devient plus qu’une alternative, c’est une religion !
S’il y a donc, pour moi, bien une chose qui importe en soirée, c’est d’être méchamment bourré, vite et bien, histoire de lutter contre l’ennui mortel qui forme la substantifique moelle des longues heures précédant l’attente du sommeil.
Plus jeune, je n’avais jamais imaginé que réaliser des reportages obligeait à avoir un certain niveau d’endurance que je ne soupçonnais pas trouver en moi-même…
Bref, je continue de te narrer mon reportage :
Je suisse finalement arrivé dans le bled pourri ou vivait la nanana propriétaire du Hot-Rod d’enfer… je me suis retrouvé à gagater des conneries avec elle sur une aire d’autoroute en galèrant un peu… et je suis finalement monté dans sa caisse qui était tellement “déjà vu”…, que je lui sors : “Euh, on fait quoi là ?”… et elle me répond : “Je t’amène plus loin, mais on prend le temps”….
Les deux heures suivantes sont horribles…, après m’avoir bien balladé, pris le temps de fumer son joint tranquille elle me demandé : “Eh, on s’fait la totale ?”…
On s’arrête à une station service pour prendre de l’essence mais bizarrement, au moment de verser, tout me rejaillit à la gueule…, j’arrive néanmoins à faire un demi plein…, le voyant reste pourtant dans le rouge…, on repart, mais 10 minutes plus tard on tombe en panne…, la merde…, on ne va jamais arriver…, mais ce qu’il y a de drôle, c’est que dans notre malchance, on s’en sort cool : on est tombé en panne à 200 mètres d’une autre station service.
Faire fi, être fort…, croire à un miracle et se dire que tout va être plus…, beaucoup plus que le salmigondi vécu jusqu’ici…, sauf que les miracles, c’est comme une chaise, on s’assoit dessus et on attend…, point de salut donc !
Les libertés prises avec la réalité (je voyage en réalité exclusivement en first-class, ne loue uniquement que des Corvette dernier cri, voire des Cadillac dernier-cri et loge dans des hôtels 5 étoiles ou des palaces pour m’y payer des filles hyper-top à 5.000 dollars la demi nuit)…, n’alimenteront que les querelles oiseuses de culs-bénis vociférants dans leurs visions forcément subjectives et apocryphes (et fourre-tout)…, à chacun de s’y plier et de l’accepter (ou non, mais alors il ne faut plus me lire, pour ne pas voir dans mes récits seulement trahisons et sacrilèges vis à vis du Hot-Rodding pur et dur)…, le problème ne vient pas de là de toute façon…
Le problème, c’est que je suis fatigué de côtoyer des bouffis n’offrant aucune réflexion intéressante sur les faiblesses de l’Homme, aucun enjeu psychologique fouillé autour du questionnement des errances humaines et de la culpabilité de chacun dans la grande putasserie qu’est le monde…
Le sacré et le mystique de la Kustom-Kulture, qui appelaient à une œuvre sobre et sensible explorant toute la complexité humaine face à ses croyances vaines et désuettes (jouir et puis mourir), sont balayés au profit du mainstream général qui se ramène à des bavardages rudimentaires au coin du feu, jusqu’au fanatisme et à la folie : une perspective morale engageante, féconde, mais saccagée en permanence par trop d’imbécilités : dont l’incapacité de l’Homme à appréhender le sens de la vie…, ce qui prouve qu’il perd pied dès qu’il se frotte à de la rhétorique ! Épique…, ce n’est que le spectacle malade, manichéen et rébarbatif, d’un homme embourbé dans sa quête d’absolu.
Je vais me faire descendre, me faire lapider, écharper, facilement et sans problème…, mais la nanana du Hot-Rod m’a énervé…, beaucoup…, je l’ai trouvée horripilante, pas super bonne baiseuse…. et puis son Hot-Rod, ensuite…, mauvais, très mauvais…, vraiment mauvais… et puis moche, visuellement très moche… et le bled ou j’ai réalisé ce reportage, affreux aussi… Le sujet d’un de mes voyages avait pourtant quelque chose de fort et de bouleversant avant que j’en arrive là…, je cherchais encore des instants de vie, une dernière fois…, des fracas d’émotion censés venir te chambouler… te sauver du carnage merdiatique ! À chaque fois que je me rends chez mon marchand de journaux, je ne peux pas m’empêcher de reluquer les publications trop honteuses pour que je les achète (parce qu’elles ne sont pas les miennes)… et parce qu’elles ne servent qu’à faire naître des pulsions de consommation, ou que leur couverture affiche un machin abominable.
Ce jeudi matin, le titre qui a attiré mon attention était, du moins je le croyais, mort depuis longtemps, mais non, je tombe sur ce vieux mag Kustoglobineux survivant qui dans sa version initiale était un magazine de franchouilleries grotesque avec lequel Chromes&Flammes était en guerre permanente ; en d’autres mots les choses les plus kitsch ont toujours une fin.
J’ai ramené l’exemplaire chez moi, curieux de voir ce que pouvait bien être un magazine franchouillard d’autos-kon en 2017…, sa lecture m’a plongé dans un état mêlant la rage à une profonde envie de vomir de la bile et j’ai décidé finalement de cramer cette pitrerie tellement cheesy que le numéro de Hot Vidéo spécial “Les pompiers sont chauds” passerait presque pour un Pulitzer…
Ne manquait que la nostalgie de la première version dans le Paris des années 1980 peuplé de pathétiques cokeheads prétentieux… et un édito ou on explique que les vrais Kustomizeurs ne se reproduisent plus, parce qu’il y a de moins en moins de spermatozoïdes dans leurs testicules…
N’y tenant plus, j’ai refermé ce mag’ et attrapé le briquet le plus proche pour procéder à un autodafé libérateur…, car tout ça c’est une vaste blague, hein, on n’est pas des beaufs… et de toute façon, les traits sont tellement grossiers que si l’on ose critiquer, c’est qu’on n’a pas compris toute l’ironie qui se cache derrière…, en clair : aucun humour.