DESIMA RATEL : La Cobra Geisha !
Le soir dernier (à vrai dire vrai, je ne sais plus lequel soir, mais c’est une entrée en matière qui n’a strictement aucune importance pour quiconque est sain et lucide, ce qui va donc vous laisser penser que ce texte a donc été tapoté pour les pervers aigris, ce qui n’est pas vraiment faux), j’ai revoyagé au Japon dans une suite improbable de Fast&Furious !
Je m’étais toutefois posé préalablement à toutes suites envisageables, une double question existentielle concernant ma vie de créateur d’écrits vains (et croyez-bien que je pèse mes mots tel un orfèvre, car ils ont leur poids en or à mes yeux) : 1° Qu’est-ce que j’en ai à foutre des bagnoles, surtout des japonaiseries pour kékés aux yeux bridés ? 2° Suis-je responsable des graves conséquences mentales que mes texticules (petits textes, je précise) diffusent sournoisement dans le cerveau de mes lecteurs et lectrices ? Et, devinez kekcekecestke je me suisse répondu ? Rien ! Strictement rien ! Rien à branler ! Rien que des conneries ! Je suis donc psychologiquement reviendou de nulle-part où aller au fond de ma question ! Rien à foutre ! Point barre et zouuuuu !
Je vis à Saint-Tropez, retraité, 72 ans, cool et relax, sensible au fait qu’il m’est mathématiquement impossible de disposer plus de temps encore à faire le zouave que de temps passé à l’avoir vécu ! Ce qui quelque-part au fond de mon moi profond, me fait chier grâââââve ! Pourquoi donc, conséquemment à cette évidence, est-ce que je me sens malgré-tout obligé et heureux de tapoter mes souvenirs ? Il n’y a pas de réponse ! Quoique… Je dois être un sadique-masochiste-pervers ! Cependant, je ne crois pas perdre mon temps de plus en plus précieux au plus qu’il passe… C’est que ma vie de Gonzo-Baroudeur possède par elle-même un charme tout particulier, il faut toutefois l’avoir vécue comme moi seul peut l’avoir organisée, pour en apprécier la haute poésie et comprendre l’attrait qu’elle exerce encore sur mon mental, ainsi que la fascination dont elle m’enveloppe sans cesse !
Me lever quand bon me semble, prendre un café/déjeuner à 12 heures, dîner à 20 heures et dormir à l’heure qui me convient, cela peut paraître d’une monotonie intense et serait probablement plus que fastidieux si, au lieu de courir le monde, je restais à l’ancre dans le port de Saint-Tropez. Mais les folies mécaniques, leurs trépidations, les pannes, les hurlements d’agonie des moteurs, des boites, des freins et de mes toujours ravissantes passagères (éternellement jeunes et sexy’s), le ronflement des échappements, les grincements des pièces de carrosseries en dislocations, tout cela donne une âme à force de les triturer-torturer en tous-sens, jusque dans leurs ultimes tours en zone rouge !
Ce ne sont plus des machines inertes, ce sont des corps vivants, des organismes qui fonctionnent ou explosent ! Et moi, au milieu de ce charivari existentiel, je m’amuse à me laisser aller, pivot immobile autour duquel s’agitent toutes choses, centre du tourbillon de l’ambiant. Et je me sens envahi d’une douce langueur, quand, après dîner, la fumée de mon cigare Gurkha décrit de légères spirales vers le ciel bleu, mes yeux (verts) se portant vers l’horizon immense confondant sa courbe avec la voûte céleste… (C’est beau et bien écrit, avouez !). A peine 75 coffrets de “Réserve de Sa Majesté”, les cigares les plus chers du monde, sont fabriqués chaque année. Chaque coffret contient 20 cigares de 19 centimètres (la même taille qu’un Pénis “en forme”), pour un prix exorbitant de 21.000 dollars, soit 1.050 dollars l’unité (938 euros)… et je m’en tape !
Ils sont produits par la compagnie américaine Gurkha Cigars (créé en 1887) grâce à un procédé qui suit un cérémonial minutieux. L’intérieur du cigare, la “tripe”, est constitué d’un mélange des meilleurs tabacs, et entouré de feuilles de tabac de République dominicaine séchées et fermentées pendant 12 ans (c’est la “sous-cape”). Puis des feuilles de tabac Maduro (brun très foncé) de 15 ans d’âge sont enroulées autour pour constituer la “cape”. Le tout est mis à infuser dans du cognac Louis XIII, l’un des plus recherchés au monde ! Ce cognac, autrefois réservé aux dignitaires, coûte plus de 4.000 euros le litre ! Et de temps à autre je m’en jette une lampée dans le gosier ! C’est d’ailleurs ce cigare illustré dans les pubs GatsbyOnline qui me vaut les foudres de Facebook, Mark Zuckerberg me précisant en personne que cette image va à l’encontre de son règlement : Interdit de baiser, de fumer, de voir des tétons et d’écrire des mots orduriers ! Piting de con ! Chiant ! Merde !
C’est cela mon farniente, très prisé des vrais “filousophes”, la douceur de vivre loin des faits divers de la comédie humaine, des chinoiseries et surtout des “américanités” de la politique, des drames de la passion et de la misère, car devant moi c’est grand ouvert : les flots d’azur, l’immensité, sans le spectacle de la multitude, le fourmillement des boulevards, le fracas des papotages des gens… Mon regard se complait en effet à suivre la mouette dans son vol capricieux, l’alcyon se poser sur la crête des vagues, et ces bandes de miséreux qui en fin des journées de soleil plein sud, après avoir sucé une boule (de glace), jeté leurs papiers gras et déjections partouze, fuient de toutes parts vers les campings, effarouchés par les prix stupéfiants des restaurants Tropéziens locaux !
Que vouloir d’autre ? J’ai le soleil qui tous les matins ensanglante l’horizon et qui tous les soirs éteint ses feux dans les flots, colorant les nues d’une pourpre étincelante. J’ai les nuits étoilées, la resplendissante clarté de la lune qui se reflète sur les vagues en une immense tache lumineuse et papillotante. Et tout cela me fait une vie chaque jour nouvelle : il me semble être un autre homme qui constate qu’une porte s’est fermée sur le passé et qui vogue vers un avenir où les hommes sont différents. De fait, les amis, la famille, tout cela disparaît comme dans la brume, derrière un voile qui s’épaissit tous les jours, émoussant les sentiments, calmant les passions, endormant les souvenirs, les êtres et les choses, les sensations et les désirs, les haines et les affections…
Ooooooooh ! Vous, qui souffrez de la perte d’êtres chéris (Papa, Maman, Pépé, Mémé, vous me manquez), de la trahison d’une maîtresse (Au diable Patricia/Lorenza qui m’a volé ma pt’tit Gypsie. Au diable son morveux de fiston qui a laissé nos lapinous crever)… Vous qui êtes affligés par les déboires de la vie (Merde aux fiscards qui m’avaient taxés à 117 millions pour Chromes&Flammes et m’ont fait perdre 8 ans de combats avant la victoire d’une révision totale), accablés par les tribulations de l’existence (le nouveau C&F coulé par Presstalis en sus de 150.000 euros jamais payés… Et ma LéaFrancis de 200.000 euros volée à cause de sa non-surveillance par Hans Stevens, l’organisateur d’un show belge, qui pour masquer ensuite ses turpitudes a produit un faux contrat d’assurance AXAémis par la SA Jean Verheyen)… Merde ! Fuyez loin, loin, toujours plus loin ! Comme moi, parti définitivement plein sud. Mon Conseil : Plus vite vou partirez loin des connards et plus vite vous oublierez leurs conneries !
J’en viens à l’article concernant cette DESIMA RATEL ! Il est temps pour ne pas y passer toute la nuit ! J’avais été invité au Japon à la présentation de cette éjaculation automobilistique soi-disant extraordinaire qui s’est avérée n’être qu’un kit largement inspiré/copié de la Cobra 427S/C du Grand Carroll Shelby rhabillant une BMW-Z4 de seconde main… Dès les premières secondes, je m’ennuyais, pressentant que ce serait chiant du matin au soir et peut-être même du soir au matin, car je n’étais pas certain que le sommeil interrompe cet ennui. Je recherche en effet sans cesse la solitude, je préfère le silence, et là, si j’ouvrais parfois la bouche, ce n’était pas pour papoter de cette auto, mais pour bâiller…
En vain les auteurs de cette supercherie qui n’était qu’une BMW Z4 rhabillée d’un kit en aluminium (quand même !) de Cobra 427S/C, cherchaient à m’égayer : “Eh bien ! Monsieur Gatsby, comment va ? Quelle délicieuse journée ! Nous vous amènerons ce midi sur nos routes fleuries puis terminerons dans un show démentiel !”… Je m’em… Merde… Les quelques paroles prononcées étaient d’amertume envers ce kit-car, contre la lenteur du temps qui passe au Japon, contre la destinée, contre tout ! En un mot : L’ennui nait de l’uniformité ! L’esprit peut toujours s’affranchir des plus étroites barrières, il peut fouiller les profondeurs de l’Océan, franchir l’horizon, vivre avec le passé, voir dans l’avenir…
Et comme rien n’est plus propice à ces envolées de l’esprit que l’inertie du temps qui passe, puisque je m’ennuyais parce que je voulais m’ennuyer même si sans cesse les Japonais de chez DESIMA RATEL créaient tous les jours quelques distractions nouvelles et souvent inédites, comme il me fallait en rabattre, j’ai profité de cette situation pour faire du tourisme… Voilà déjà une illusion perdue ; que d’autres encore je perdrai au cours de ce voyage ! Faut-il donc admettre, avec Schopenhaûer, que la vie est une désillusion à jet continu ? Soyons plutôt de l’école de Zenon, soyons pour le stoïcisme : le café est servi, prenons-le d’abord, et attendons les événements ! Ce pourrait être la fête, plutôt dans les cœurs que dans le décor !
Ici, pas de boutiques foraines, pas de chevaux de bois, pas même de corridas, la musique, les illuminations ? Pfffffffffffffffff ! Même pas un bal en plein air ! Cependant, au Japon, toute la population est dehors, tout le monde rit, est en joie, et de cette cohue grouillante d’hommes et de femmes s’exhalent des effluves enivrants, de captivantes senteurs de chair en délire… Les prunelles lancent des provocations de plus en plus ardentes, les hanches ondulent dans un balancement des plus capiteux, l’air semble saturé d’émanations voluptueuses, d’odeurs de bêtes en rut…
Savez-vous qu’il existe 50 façons différentes de dire pluie en japonais ? Cinquante nuances pour définir son intensité, sa temporalité, sa saisonnalité. Mais ce n’est pas parce qu’il pleut que le voyage s’arrête, bien au contraire. Non seulement la pluie et le brouillard rendent certains lieux encore plus photogéniques, mais surtout le Japon fourmille de visites en intérieur, certaines complètement insolites. Et c’est ainsi que je me suis retrouvé dans le musée d’art contemporain d’Echigo Tsumari. La région entière est dédiée à l’art, avec des œuvres réparties un peu partout et un gros festival se déroule tous les trois ans. Ce grand musée regorge d’œuvres un peu barrées, parfois très imposantes, interactives. La plupart sont impossibles à photographier tant ça ne rendrait pas justice à la création.
Ainsi, on traverse un long tunnel en trompe l’œil, on explore un poteau de barbier géant… Mon coup de cœur est allé à une œuvre de Ryota Kuwakubo, intitulée LOST #6 : une pièce plongée dans l’obscurité avec, pour seule lumière, le phare d’un train électrique. Celui-ci suit son trajet, et dévoile un jeu d’ombres sur les murs grâce à des objets disposés de part et d’autre des rails. C’est tout simple et très poétique. J’ai visité ensuite une œuvre dans laquelle on pouvait dormir : House of Light (James Turrell). De loin, ça ressemblait à une maison japonaise traditionnelle. En rentrant, on pouvait découvrir les détails : le toit ouvrant, notamment. Et de nuit, tout s’illuminait ! C’était totalement kitch !
Le centre culturel de Matsudai Nohbutai abrite lui aussi bon nombre d’œuvres, dont une partie est dans le parc qui entoure le site. Son restaurant est assez réputé, j’en ai profité pour tester la nourriture de la région. Car oui, au même titre que la France, chaque région du Japon a ses spécialités, sa gastronomie. Ne me demandez pas les noms des plats et légumes, je sais juste que tout était très bon ! (Et chaque région vous expliquera que sa sorte de riz est la meilleure…) J’ai terminé mon incursion à Tokamachi dans le coin le plus connu, ses rizières. La météo n’était malheureusement toujours pas avec moi, mais même sans soleil, la promenade fut agréable.
J’ai ensuite quitté la préfecture de Niigata pour celle de Gifu. Direction Takayama, la ville la plus touristique de mon itinéraire (son nombre de monuments historiques lui vaut l’appellation de “petite Kyōto”). Il faisait nuit quand je suis arrivé, et il pleuvait des cordes. Mais j’ai trouvé la ville assez photogénique, ainsi sous la pluie. J’ai emprunté un parapluie à l’hôtel, et j’ai fait le tour du quartier. Takayama est connu pour son festival de yatai, des chars décorés défilent dans toute la ville. Ils sont gigantesques, valent des fortunes, et sont stockés dans des petits entrepôts dédiés, chaque quartier ayant le sien, ou exposés à tour de rôle dans le musée qui leur est consacré. La visite est donc quasi-obligatoire, au moins pour se rendre compte de la taille des chars et de l’importance de cette tradition.
En sortant du musée, je me suis promené dans le marché puis dans la vieille ville. Quelques rues ont été conservées, gardant une architecture traditionnelle. Très prisées par les touristes, les magasins sont naturellement devenus principalement des boutiques de souvenirs. Mais cela n’enlève rien au charme du lieu. Un petit peu à l’extérieur de Takayama, se trouve le village de Shirakawa-gō. Il faut un peu de temps pour s’y rendre, mais le détour vaut le coup : dans une petite vallée traversée par une rivière, au milieu des montagnes, ce petit village a conservé une architecture traditionnelle. Et c’est bien malheureusement dans la pluie et le brouillard que j’ai découvert les lieux. Et une fois encore, ça rajoutait indéniablement un petit quelque chose.
Le village est inscrit au patrimoine mondial de l’humanité. Les maisons y sont typiques : toit pentu pour survivre à la neige, en chaume. Aujourd’hui encore, les habitants du village s’entraident pour remettre la paille et refaire les toitures régulièrement. Il est possible de visiter certaines habitations. Je suis rentré dans la maison Wada, et son propriétaire m’en fait faire le tour. Il m’a expliqué l’exploitation des vers à soie qui étaient l’activité principale, puis il m’a commenté le comment et le pourquoi du chauffage d’une maison aussi grande avec la ventilation indispensable pour protéger le toit de l’humidité. Il m’a semblé fier de perpétuer la tradition, me rappelant avec un sourire malicieux que sa maison était la plus grande de Shirakawa-gō.
A cet instant de l’article, je vais faire une transition digne des meilleurs présentateurs de JT. Nous allons passer du village traditionnel à l’hôtel traditionnel, le Ryokan. J’ai donc essayé de dormir à la japonaise quand j’étais au Mimatsu à Fukui. C’est assez étrange, quand on n’a pas l’habitude. Il faut imaginer rentrer dans une pièce vide. Il y avait juste un petit bureau avec une chaise basse au milieu de la pièce. Rien d’autre ! Pas de table de chevet, pas de lampe. Et c’est pendant que je mangeais, qu’un employé de l’hôtel est passé installer le matelas et une couette à‑même le sol. C’était donc assez étrange par rapport à ce que l’on peut connaître en Europe, mais je n’ai pas mal dormi !
J’en ai également profité pour tester un petit Onsen privatif (bain thermal), placé sur le balcon de ma chambre. Il me semble qu’encore aujourd’hui les Japonais ne sont pas des grands fans de tatouages, or il faut être nu pour rentrer dans les bains. Du coup, jusque-là, je n’avais pas osé tester ceux de mes hôtels (ni celui au saké, notamment !). Au final, surtout en extérieur (avec de l’air frais et la pluie qui tombait en grande quantité), c’était plutôt agréable.
Il faut également que je vous parle du repas. A plusieurs reprises, je me suis retrouvé face à ces petites casseroles dans lesquelles la nourriture cuit, une petite bougie placée en-dessous, c’est très mignon. Mais ce qu’il faut que je vous dise, c’est que je n’ai jamais su comment manger. Rien à voir avec les baguettes, juste trouver l’ordre des plats, les impairs à ne pas commettre. Ainsi, je savais qu’on ne plante pas ses baguettes dans le riz, mais j’ignorais qu’il ne fallait pas mélanger les plats (prendre un bout dans l’assiette de viande et le poser dans le bol de riz, par exemple, ne se fait pas). Il y a un ensemble de règles à respecter. On pardonne ces quelques erreurs aux touristes, mais, à titre personnel, j’aime essayer de respecter les coutumes locales, mais seulement jusqu’à un certain point de confort de d’aspect pratique !
Au petit matin, je me suis rendu sur les falaises de Tojinbo. Face à moi, l’étendue de la mer du Japon. Un millier de kilomètres en face, c’est la Corée du Nord. J’ai contemplé l’eau à perte de vue, les vagues qui se fracassaient sur les rochers. Le lieu est aussi celui d’une légende, celle de Tojinbo. Il en existe plusieurs variantes. Dans certaines histoires, ce sont les habitants du village qui se sont fait justice ; dans d’autres, c’est un règlement de comptes amoureux. Mais la fin est toujours la même : un moine du nom de Tojinbo est mort jeté de ces falaises et son fantôme hante les lieux, provoquant tempêtes et vents violents. D’ailleurs, le temps s’est rapidement gâté. Peut-être était-ce la faute de ce satané fantôme : j’ai donc été obligé de quitter ces reposantes falaises de basalte pour trouver un abri.
La région de Fukui est célèbre pour ses dinosaures. Ils ont un site de fouilles (qui se visite en été) et un musée dont ils sont assez fiers, réunissant des squelettes du monde entier et proposant des mises en scènes assez amusantes. Le Japon est un pays d’extrêmes, de grands écarts perpétuels. C’est le dépaysement le plus complet. J’ai été surpris, amusé, enchanté, mille fois par mille et un détails. Et parmi ces petites choses qui m’ont marqué, il y a l’omniprésence des mascottes, ces petits êtres sortis d’un cartoon (ou manga, plutôt) qui servent d’effigies à chaque lieu, même le plus sérieux du monde. Ainsi, chaque préfecture, entreprise, site touristique, a sa propre mascotte : les yuru-chara.
Fukui, forcément, a donc décliné les dinosaures, qu’on retrouve à toutes les sauces. Le petit dino vert est la mascotte d’origine, qui s’est retrouvé affublé de copains. Et, un peu partout, vous retrouvez des dinosaures, même sur des choses très sérieuses et officielles. Ainsi, aux ruines du clan Asakura, j’ai découvert la mascotte du site, un petit samouraï. Les touristes japonais se pressent autour du personnage costumé, et le directeur affiche carrément une cravate décorée de sa mascotte ! C’est si important qu’il existe désormais une école pour devenir yuru-chara ! Oui, oui, oui ! (Dois-je préciser qu’il existe tout un tas de produits dérivés à l’effigie de chaque mascotte dans chaque gare ?) !
Dans un sursaut sarcastique, vous pourriez vous dire : “Donc ce mec, là, il a fait des études pour faire ça ?”… Mais en fait, après l’avoir regardé travailler pendant un bon moment, on se rend compte de la difficulté du boulot. Il a tout un panel de mimiques à ressortir pour trouver de la variété dans ses expressions, et il ne peut s’exprimer que par son corps, sans parler. Et je ne parle même pas de la difficulté pour voir quelque chose ou se mouvoir dans ce costume. Bref, j’ai résolu d’en terminer… Après une dernière promenade dans le brouillard des montagnes japonaises, j’ai terminé mon voyage à Osaka.
Le retour à la foule fut étonnement aisé ici, avec le métro rose bonbon, les gens polis et courtois. J’ai passé la soirée à arpenter les rues du quartier de Shin Umeda, découvrant que Harry Potter y fait de la pub pour de la bière japonaise, et j’ai ensuite dégusté mon premier okonomiyaki dans un minuscule restaurant planqué à l’étage d’un immeuble. Les murs étaient couverts de photos de joueurs et joueuses de football, la télé diffusait d’ailleurs un match de baseball, l’ambiance était étonnante. Et forcément, j’ai terminé la soirée à l’Umeda Sky Building, une tour de 173m de haut qui se termine par un observatoire. On y a une vue à 360°C sur toute la ville. J’ai observé les jeunes japonais qui se tirent le portrait entre eux, ce lieu est surtout connu des jeunes couples qui peuvent s’immortaliser après avoir attaché leur cadenas d’amour éternel… Un petit promontoire est prévu pour poser son téléphone et avoir une forme de cœur sur la photo réalisée… C’est sympa mais trop cul-cul touriste…
Soudainement Blacky me manquait… Je ne connais (en chien Cocker) rien de plus beau ni de meilleur que mon Blacky, je lui attribue toutes les qualités, c’est plus que de l’amitié, c’est de l’adoration que j’éprouve et nous sommes inséparables : deux frères siamois. L’un ne fait pas un pas sans que l’autre soit sur ses talons, la nuit même ne nous sépare pas : il partage la chambre de son maître (moi), les plus friands morceaux de table sont pour lui, il est soigné, cajolé, bien mieux que le serait une maîtresse. Il n’est pas ingrat, il aime son maître comme il en est aimé. Mais il ne supporte personne d’autre dans un rayon de moins de 3 mètres (moi non plus dans certains cas) ! J’ai regretté d’être au Japon et de l’avoir comme abandonné avec Valérie… J’ai résolu de retourner at-home le plus rapidement possible après avoir examiné la DESIMA RATEL…
Blacky est jaloux. Qui s’approche trop ? Hop ! Il grogne et gronde, l’oeil mauvais, demandant à l’opportun ce qu’il vient faire par ici. Dame, toute patience a des bornes, même dans le monde des chiens… et il résout souvent, sans tarder, de donner une leçon à l’insolent(e) personne. Il rêve de le/la saisir brusquement par le cou entre ses deux mâchoires de fer et lui enfoncer dans les chairs ses terribles crocs…. Wouaaaahhh ! Raaaaaa ! Son cœur saigne d’amour, ses yeux versent des larmes de douleur et il se répand en imprécations contre tous les autres qui ne sont pas nous deux…
Dernier jour, enfin ! Qui frappe l’air, bon d’jieu de ces lugubres cris ? Faut-il toujours veiller dans ce sacré pays ? Oui… Quels sont ces appels déchirants, ces clameurs d’angoisse qui me font sursauter du lit ? C’est tout bonnement mes hôtes Japonais qui, dès l’aube, prennent un bain ! Je prends part à la gaieté commune ! Toutes et tous à poil ! ! Il y aurait sans doute des inconvénients à ce que de vulgaires pékins soient renseignés sur les mystères de la vie ou initiés à la science ! Néanmoins par l’observation je savais que j’approchais de la ligne finale : l’essai de la bagnole ! Mais ce ne pouvait être qu’approximatif !
S’asseoir dans cette Cobra Z4, ce fut comme entrer dans un univers assez particulier. Rouler avec, ce fut un peu comme entrer en religion. La bête séduit et simultanément exaspère. Et comme c’est entre les deux, alors force m’a été de constater que je faisais partie des gourmands frappés d’inappétence. Déjà, la Cobra-Z4 peut s’apprécier moyennement rien que par les accélérations grâce à son moteur 6 cylindres de 2494 cm³. Puis il y sa gueule. Ha ! Pouf, çà, là, elle plaît aux Geishas ! Voilà un argument à utiliser si je devrais parler du chèque à signer…
Pas besoin d’être un(e) contorsionniste pour s’installer derrière le volant (Heu ! Par contre pour sortir du siège, il faut respirer un bon coup, faire semblant d’être souple tout en réprimant la grimace que la lombaire enragée m’amène au coin de la bouche !). Une fois en place, la vue mer et montagnes est imprenable au bout du long capot. Contact : le six cylindres en ligne laisse entendre un bruit de BMW 6 cylindres (gag !), c’est dire que c’est Bof ! Le 2.5 respire bien et fort et près de la zone rouge ses 192 canassons donnent de la voix avec enthousiasme.
Les amateurs Japonais de drift (une passion locale depuis Fast&Furious) m’ont dit être déçus car c’est une propulsion typique, mais elle n’a cependant pas d’autobloquant ! Toutefois DTC (Dynamic Traction Control) et son pote DSC (Dynamic Stability Control) sont là pour remettre les téméraires dans le droit chemin. Son truc, c’est plutôt sa jouissive accélération. A 6000 tr/min, le 2494cc délivre toute sa cavalerie tandis que le couple maxi de 245 Nm est atteint dès 3500 tr/min. La mélodie du moteur prend de la tonalité à mesure que les tours augmentent. Taper un petit talon-pointe en rétrogradant. Mmmm ! Que c’est bon ! Du tout bon !
Côté châssis, c’est le “bien foutu” BMW. La caisse en aluminium ajoutée en remplacement des panneaux d’origine BMW ne souffre pas en virage et la voiture vire bien à plat sans prendre de roulis. La répartition équilibrée des charges sur essieux (50/50) offre un comportement routier plus que correct et permet des passages en courbes à une vitesse (Chuuuut ! Censuré !). Quant aux freins, ils font leur boulot mais sans faire de zèle. Pas plus, pas moins, c’est sans saveur, on ne sait plus que faire ni penser…
Je vais causer confort et essayer de rester objectif, je vais donc écrire qu’il est passablement bon le confort. Mais le réseau routier japonais est loin d’être merdique comme dans certains recoins de la Franchouille profonde ! Et les jantes de 18 pouces chaussées de pneumatiques ultra-bas apprécient de ne pas devoir faire d’effort…. J’en viens à la vocation première de cette voiture : se vendre à des frimeurs qui rêvent d’une Cobra actualisée pour aller draguer les nanananas pour se faire branler voire sucer tout en prenant une bouffée d’air frais. Week-end en amoureux en perspective : pas de soucis.
De plus si le bref moment de jouissance peut perdurer (“Merci pour ce moment” disait une ex-première-dame de France), la bagnole a du répondant, le coffre propose un volume honnête de 240 litres. Attention : pas de roue de secours ! BMW a choisi des pneus Runflat. Bombe anti-crevaison et abonnement à un dépanneur sont conseillés. Voilà ! C’est tout ! C’est fini ! Tout ce périple pour ça, c’est quelque-chose de 100% crétin. Heureusement que j’ai pris le temps de faire un peu de tourisme !
Conclusion : C’est une fausse Cobra, certes, Japonaise de surcroit, mais c’est sérieusement fabriqué, quoique l’engin n’est pas une grande sportive. Ses accélérations, son bruit et son côté années 60’s la rendent vraiment très très sexy et agréable à vivre. Elle a certes des défauts, mais elle vaudrait largement la peine qu’on s’intéresse à elle. Malheureusement pour vous, j’ai décliné la proposition d’en devenir importateur pour l’Europe (c’est la raison de m’avoir appâté par un aller/retour France/Japon sans malheureusement mon Blacky), elle est toutefois à considérer avec le plus grand sérieux. Un futur Kit-Car-Kollector à n’en pas douter !