Douce France…
(Septembre au sud)
En fin de journée, regardant mes émails, j’ai lu que le zadministratatouilleur d’un club du bon goût et du bien écrire Franchouille sur les pages Facedebouc…, se plaignait (à moi en personne) que mes chroniques étaient de plus en plus souvent débitées comme des grosses tranches de lard gras, que même certains cochons d’Inde et diverses cochonnes dodues ne parvenaient (selon lui) plus à digérer…
Ce courriel anal (itik), soulignait que c’était même assez souvent un non-sens de l’humour inversé… doublé trop souvent d’un double-sens de l’humour déplacé…, ce qui serait une forme de démence démentiellement perverse.
Un extrait d’une étude sexuelle publiée en Afrikaner dans le “Journal of Alzeheimer’s disease”, était joint à ses commentaires édifiants, il y était indiqué que les blagues cyniques ou totalement absurdes pouvaient être considérées comme des symptômes de démence imminente… et que les “ceusses” qui riaient de tout et se riaient du tiers et du quart étaient plus sujets à la démence précoce que les conspirationnistes de tous poils qui prétendent depuis des milliers d’années que si le monde va mal, c’est à cause des Illuminatis habillés de costumes Armani en peau de reptile qui tirent les ficelles dans l’ombre tout en sirotant des cocktails au sang de veuves vierges.
J’ai répondu que pour ma part (du gâteau), j’étais sûr et certain que les chinois de la CIA du KGB avaient implanté psychiquement dans ma tête, une molécule de Vin Rosé-Pamplemousse pour faire de moi un suppôt du sud de la Franchouille, terre des Illuminatis, comme nous le savons tous, que cela avait même été publié dans le Figaro, dans Var-Matin (la bible des joueurs de boules)… et dans le coranik-ta mère (édition Nice-Nord)…, mais qu’il fallait être reptilien pour le voir…, quoiqu’il suffit de parcourir les petites annonces de rencontres et massages tantriques pour le constater : tout y part en couilles…
J’ai ajouté en gras en finale :
– “Si des doutes subsistent dans votre tête de pif, regardez la TiVi, cela spermet de jouir de compréhension sur la réalité inhumaine…, pas seulement à la vue des Miss-Météo… mais aussi à celle d’émissions particulièrement “HardCore” présentant sans censure des faux-culs les exhiber en tentant de nous persuader qu’ils et elles ne nous cachent absolument rien sur tout et tout le temps en moins de temps qu’il n’en faut pour y comprendre quoi que ce soit à coups de nanotechnologies du futur sur la tronche (et la gueule)”…
Comprenez, amis, amies qui me lisez avec avidité, que j’ai eu envie d’aller me changer les idées plutôt que de continuer à supporter ces bourre-pifs…
Rien de tel qu’un p’tit resto…
Je ne vous écris pas ou je suisse allé avec mon fidèle et frétillant Blacky, car on commence à savoir qui nous sommes dans la région…, c’était un resto, nickel, bien ciré, empesé… situé sur le port…
D’habitude je vais chez Denis Nicolas mon ami à l’oiseau de toutes les couleurs, “Bidulelesalbracitain”…, mais là, non…, ayant remarqué une Dame en rouge seule à une table d’un resto un pneu pluche loin, j’y suisse allé…
On a été reçus, Blacky et moi, à bras ouverts par une serveuse dodue à trogne rouge égayée de verrues, la chevelure clairsemée d’un blond tirant sur le roux, avec d’immenses yeux très clairs et très cons…, l’ensemble lui donnant l’aspect d’un vieux travelo obèse, probablement germanique, ayant participé au carnaval de Francfort…, cette opulente, dégageait, surtout quand elle était en mouvement, une odeur de boucherie africaine et d’œillets en décomposition avancée.
Petite, blafarde et rouquinante, avec un œil qui ne parvenait pas à se réconcilier avec l’autre…, elle avait d’exquises verrues groupées en essaim au menton, un ventre qui devait servir d’emballage cadeau à un splendide fibrome… et ses jambes étaient marbrées de bleu genre lapis-lazuli…
Blacky voulait du poisson, j’ai commandé du saumon mariné, des harengs à la moutarde et pour moi des boulettes de viande à la confiture de myrtilles.
La bouftance m’a amadoué…, Blacky a fait pipi derrière un bac à plantes…, le pain était extra, la bouteille de vin s’est laissée vider.
Y avait donc la Dame en rouge à la table voisine, une touriste esseulée qui fêtait la solitude de son dernier jour…, je lui ai proposé de prendre le dessert ensemble… et elle a accepté…, j’ai déplacé la salière, la corbeille à pain et le petit pot de fleurs contenant de l’eau croupie et des feuilles… pour saisir la menotte de ma conquête.
Elle m’a sourit frêle…, merci saigneur pour ce dessert…, j’ai direct en tête préparé un projet d’envergure destiné à faire reluire cette miraculeuse Dame pour qu’elle en perde la tête, qu’elle crie son fade aux quatre points cardinaux.
Son beauf mironton s’est virgulé dans l’arrière-salle de sa mémoire, elle a pété sans bruit…, j’ai direct vu dans ses yeux qu’elle était déjà contente de ne pas payer l’addition… et que les vieux comme moi, on ne se les rappelle jamais très longtemps…, ils sont faits pour douiller puis disparaître.
Un bon caoua, trop fort à mon goût, j’ai douillé à la serveuse qui, dans sa tenue noire et blanche très raide, ressemblait maintenant à une religieuse transsexuelle luthérienne…., je lui ai cloqué un pourliche ronflant…, si important qu’elle a cru que je lui commandais une pipe et que je la réglais d’avance.
Ma belle Dame et moi, on s’est cassé en se tenant par la taille d’une main, l’autre la laisse de Blacky qui bavait déjà à l’idée du spectacle…, l’est pervers Blacky…
Elle portait une robe rouge sang, à manches gigot noires, agrémentée d’une broche aussi grosse qu’un projecteur, mais beaucoup plus lumineuse, la dame avait du sacrifier sa chevelure de jument poulinière pour suivre cette mode ridicule qu’un glandu de coiffeur a inventée à l’intention de connasses qui n’hésitent pas à pratiquer l’automutilation afin de se rendre (croient-elles) intéressantes : la nuque rasée, surmontée de tifs teints dans une couleur différente, en l’occurrence, les cheveux rasibus du bas étant bruns alors qu’étaient blonds ceux du haut…
Son maquillage était en parfaite harmonie avec les extravagances que je viens de mentionner, à savoir que son fond de teint était d’un blafard crayeux de clown blanc, ses cils et sourcils d’un noir qu’avec ma hardiesse coutumière, je qualifierais “de jais”, sa bouche d’un carmin si ardent qu’en l’apercevant, un toro de corrida en ferait un pâté… ainsi que le torero dans son froc…
Il faut avoir essuyé un choc de cette force pour savoir si l’on est apte ou non à s’engager…, ça m’a rappelé Bécaud…
J’ai évoqué le cosmos, grouillant d’étoiles et de planètes si vertigineusement grosses que, comparée à elles, la Terre n’est qu’une orange, alors que ces mondes monstrueux sont atrocement vides.
J’ai parlé des espaces infinis (pense à ce mot, essaie de lui donner une signification) où s’accomplit la valse du néant et qui ne recèlent aucune vie…, pétrifiés… et nous, blottis sur cette boule de billard qui tourne dans la ronde, sommes perdus, élus, punis de vie !
Je me suis laissé aller :
– “On fait pousser des fleurs et des tours Eiffel. On peint la Joconde. On chope le sida. On aime, on meurt, on rit, on boit du Château Pétrus. On s’encule, on s’atomise, se décore. On devient Gaston Dunœud ou Victor Hugo. On va vérifier que la Lune est bien déserte. On croise en Dieu, on découvre l’Amérique, le four à micro-ondes, le couteau Opinel, le théorème de Pythagore, la pénicilline. On bâtit les Pyramides, le pont de Brooklyn, des châteaux en Espagne. On fait des guerres, et puis des guerres et encore d’autres guerres, sans réfléchir qu’on est désespérément seuls et que tuer un vivant équivaut à se tuer soi-même. On oublie ce formidable, cet INCONCEVABLE environnement de cailloux au centre duquel nous dérivons, pauvres naufragés élus…., oui, nous y dérivons à corps complètement perdus. Dieu est mort, Marx est mort, et moi-même je ne me sens pas très bien”…
Blacky m’écoutait en me regardant d’amour vrai…, il comprend tout mon Cocker de chien, la dame, elle, était désorientée…
Et dans un coin du parking désert à coté des bateaux du port, on s’est fourré dans les bras l’un de l’autre pour de sauvages effusions mêlées de larmes, de morve et de salive, ainsi qu’il sied à des gens que la vie a longtemps séparés…, étreintes, embrassades farouches, plaintes inarticulées, plaintes articulées, geignardises, hoquets, sécrétions polyorificielles, début de hurlements, gémissements pré-orgasmiques, cris de pleureuse islamique, corne de brume, couinements évoquant ceux qui ponctuent une descente de cercueil… et puis gloussements de bonheur, clapotis d’orgasmes et mugissements libérateurs…
Un récital !
Galamment, je vais, en finale, lui tendre sa petite culotte qui honorait une bite d’amarrage de sa présence (ou était aussi attaché Blacky), non sans y avoir déposé un baiser chaleureux, ce qui va l’émouvoir, y voyant une preuve de cette fameuse galanterie française dont la perdurance béquillante devient l’affaire des nostalgiques.
Elle m’a sussuré :
– “C’est merveilleux. Ah ! la France ! Le Golfe de St-Tropez… Je reviendrai”…