DreamCollector…, c’est l’auberge espagnole des automobiles dites “de collection”, un lieu (Waterloo/Braine-l’Alleud)…, un parking (le Média-Markt situé en face du magasin Carrefour-l’ancien Bigg’s)…, on y trouve uniquement ce que chacun y amène…, mais c’est aussi un endroit cosmopolite où se multiplient les échanges…
Cette expression vient des divers récits retraçant les expériences des pèlerins sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle…, au sens premier, une auberge espagnole est un lieu où l’on vient avec ses provisions…, il était conseillé aux pèlerins qui souhaitaient manger à leur faim, d’amener eux-mêmes de quoi se restaurer, parce que l’auberge offrait le gîte mais pas le couvert.
Il faut noter qu’une nouvelle signification de cette expression est apparue récemment, plus répandue que l’idée initiale dans la culture contemporaine : les auberges placées sur le chemin du pèlerinage accueillaient des foules de pèlerins issus de pays différents, les voyageurs étaient donc susceptibles d’y croiser des gens de cultures différentes…, le brassage culturel ainsi obtenu était propice aux échanges enrichissants par et pour tous…
De nos jours, cette deuxième interprétation prédomine…, on désigne plus volontiers par auberge espagnole : tout lieu ou situation, où chacun va trouver ce qui l’intéressera en fonction de ses envies, de sa culture ou de ses convictions.
DreamCollector…, c’est donc d’abord une foule d’impressions… et de gens… et d’autos… et de motos… et d’instants…, l’évènement se déroule chaque dimanche matin, au son du Beau Danube Bleu qui résonne dans les haut-parleurs de votre voiture (si vous captez ce machin)… ou d’un Rock’and’Roll si vous préférez vous brancher sur Radio-Nostalgie qui est sponsor de l’affaire…
Rien que le nom rappele le son mélancolique et sourd des machines à laver… et la vapeur des fers à repasser des années-folles (les fifties et sixties)… et, comme c’est en Belgitude…, défilent les paysages vagues et la morne plaine de Waterloo (Victor Hugo)… et le noir du charbon… et le désuet des choses (et des gens) au coin des rues…, se rappeler et se perdre…, ne plus comprendre…, comme des mots en l’air, jetés… et qui retombent n’importe comment : c’est alambiqué, compliqué, coloré, bigarré…, il faut faire avec…
J’ai cherché à comprendre, j’ai mené l’enquête en Cadillac Allanté (la seule que j’ai sous la main dans un rayon kilométrique raisonnable)… et j’ai trouvé ça drôle, pathétique et touchant…, un constat social pas torturé…, mais une poésie foutraque tournant autour du fer, de l’acier, de l’alu…, mais aussi du plastique…
Love story’s contrariées…, toutes les réunions du genre sont des exhibitions de cadavres exquis qui passionnent les foules (du moins une partie)… mais m’ahurissent…, car revoir mes meilleurs faux-amis et bras-cassés de l’automobile deviser des périodes passées en exhibant leurs gloires…, crèe une atmosphère faite d’un mélange volatil et nébuleux qui laisse interloqué… et ce sans crier gare…, d’autant que certains, parmis les pires, semblent resserrer les rangs, histoire de privilégier la mandale directe et le traumatisme mécanique…
Car ces tordus, qui pour la plupart n’ont fait qu’escroquer leur monde en se vendant aux plus offrants (comme les jeunes bronzées trop jolies qui les accompagnent)…, ou en vendant des bagnoles merdiques le plus cher possible à des beaufs friqués…, osent en finale parader (arpenter le bitume du parking) en déclamant que bientôt, dans quelques temps, pluche tard…, ils reviendront dédicacer généreusement leur livre, car ils ont osé écrire (ou faire écrire par un nègre) leurs oeuvres, leurs mémoires, leurs parcours, comme des évangiles destinés aux crédules, afin de laisser comme une trace de pneu dans un “calbut” pour la postérité (généralement après un seul on a tout compris, s’il y en a un second c’est posthume, écrit par un dévot opportuniste)…
J’en ai repéré trois qui devisaient gaiement entre-eux, avec des mines de croque-morts, en me regardant de travers…, dépités que je puisse moi-même écrire tout le bien que j’en pense…, car c’est bien ça que les gens cherchent : des anecdotes croustllantes sur les dessous d’affaires…, il n’est jamais histoire de limites repoussées, de chambardements divers…, les beaufs veulent juste passer un pneu de temps, de belle manière, joyeusement mélancolique…, ça tombe bien, j’aime placer la barre assez haute de ce point de vue là !
Aucune objectivité ici… et à jamais…, je n’attendais en y venant, qu’une putain de chose : me fracturer le cerveau à coup de coeur…, chercher la belle auto/moto…, je la chante, parfois sous la douche, exclusivement dans ma tête, histoire de ne pas passer pour un fou face à moi-même dans le miroir des vanités…
Elles se pointent sans prévenir, régulièrement…, quand je cherche le sommeil…, quand mes pensées vagabondent…, quand je suis bourré…, quand je suis triste…, quand je suis heureux de ne pas en être traumatisé à vie…, certainement.., si, si…, malgré l’absence d’un magazine Chromes&Flammes ultime…, pour la simple et bonne raison que j’ai préféré passer à “autre chose“…, ad vitam aeternam…, je n’arrivais plus à piger si c’était moi qui avait grandi, ou si le monde (des bagnoles) manquait d’un je-ne-sais-quoi de magie pour réellement me flinguer l’échine…
Pas de fioriture, de l’efficace, presque du fan-service…, pas de surprise…, mais bordel, que c’est beau…, j’ai presque, sur place, entendu des harpounettes qui pleuvaient la mélodie des anges dans une constante progression, avec tout ce qu’il faut d’airs cristallins et de mélopée émo…, des papillons dans le ventre… et des étoiles plein la tête…. que ça en serait presque cliché (je ne parle pas du vieux cliché racorni, mais bien de la photo pleine de vie, frappante, débordant de contraste et de couleurs).
Mais DreamCollector ne va pas s’escrimer à ressortir du fan-service qui terrasse les cœurs encore durs…, le choc intervient au bout de 2 minutes, quand on a fait le tour dans l’autre-sens que la semaine précédente…, impossible de ne pas lâcher un “whaooouw, bordel” de circonstance, sous la perfection d’un changement pareil…, un voyage en apesanteur, candide, cotonneux, sublime, qui n’en finit plus de monter vers le ciel.
C’est la claque, la même beauté, la même émotion, mais pimpé par une perfection assez ahurissante… et un coté aventureux que l’on pensait avoir perdu…, un coup de maitre, d’une puissance folle, qui renverse tout, comme une coulée de lave zebrée de sursauts jouissifs…, une complainte de la fin d’un monde qui n’en finit pas de survivre, mais avec des autos et des motos qui nous chialent leur tristesse de façon absolue ; dépressions, amours perdus, mémoires floues…, mais avec amour…, une longue chute sur musique de marche militaire d’éclopés, une armée balayée par le vent.
L’organisateur m’a impressionné, désarçonné presque, me balançant une explication quant au sens de cet évènement qui prend enfin des risques, montrant un visage déjà aperçu mais jamais réellement contemplé…, Bernard Bernolet Dethières est également l’organisateur de la fameuse et gigantesque brocante de Waterloo qui se déroule depuis plusieurs dizaines d’années sur le parking du magasin Carrefour (l’ancien Bigg’s).
– J’utilise le même procédé que les sites-web, c’est gratuit pour qui visite, et légèrement payant pour qui expose, une cotisation de 25 euros tout compris pour la saison entière… et un peu plus pour qui vient vendre, j’invite tout le monde à visiter mon site www.DreamCollector.be ou toutes les explications utiles se trouvent.
Mais avec, là aussi, une profondeur étonnante… qui va tout emporter, faire saigner les palpitants, draguer l’échine…, si la présentation peut presque faire du surplace…, dès qu’on clique sur la bonne rubrique, la colonne vertébrale vibre !
C’est coloré comme une bulle de savon, entre fragilité pure… et chute dans un puits de néon…, une pop star pourrait chanter la mise en musique de ce texte et ça serait bien…, une armée de filles en fleur pourrait découvrir ce qu’est la vie automobile des vieux beaux-mecs qui les draguent et ça serait bien…, un mec défoncé au nitrométhane qui rentre chez lui avec des souvenirs d’automobiles anciennes plein la tête pourrait lire et relire tout ça et ça serait bien…, c’est magique, avec une putain de conclusion joyeuse, à donner envie de sortir les cotillons.
Et je ne pige pas pourquoi…, vous allez me dire que c’est niais, que c’est sucré, que l’on frôle le Disneyland…, ouiiiiiiiiiiiiiiiiii, mais merde, c’est ça qui est bon…, parce que c’est putain de beau, c’est comme si des arcs-en-ciel nous tomberaient sur la tronche, où des monstres se mettraient à danser, et où nous délivrions enfin la princesse pour qu’on puisse copuler sauvagement…
C’est débile mais parfait, beau comme le jour, candide à en crever…, c’est une sorte de symphonie qui se brise et vrille vers une electro flinguée…, c’est le moment où on se balance dans ta bouche des Fizzy Pazzy, quinze ans après avoir mangé le dernier paquet : on se sent idiot de succomber à ce plaisir enfantin…
Mais…, ce goût sucré, ce bonbon qui claque de partout dans la bouche, cette langue colorée qui fait passer pour un débile, c’est la sensation qu’on cherche tous les putains de jours qui passent en allant se casser le cul au boulot, pour un salaire de misère…, débile oui, mais heureux.
Oh je sais, je suis un peu lourd avec mes textes, mais si certains/certaines se foutent un peu de la gueule des gens et de leurs lubbies… euhhhhhhhh !, de leurs hobbys…, j’ai toujours pris le bordel au sérieux…, au point de me taillader les coucougnettes avec un tesson de bouteille…, après un délire quasi-christique !
On est loin du barnum qui révolutionne tout, qui va changer la face du monde, mais ce n’est clairement pas ce qui semble intéresser Bernard Bernolet Dethières et son équipe, qui veulent juste enchanter les gens, infiltrer leurs cerveaux, leur offrir de nouveaux moments de vie en réactivant les mémoires…, en bousculant la mélancolie… en donnant, tranquillement, l’envie de rêver.
Certes, il y a toujours à dire et redire, mais avec le DreamCollector du dimanche matin, je me surprends à nouveau rêver…, à sourire comme un con…, à vouloir courir en pleine rue, la nuit, les bras écartés en me marrant…., avec une mini larme à l’oeil (gauche) en pensant aux âmes tristes et disparues…