Ed Big Daddy Roth
Ed Big Daddy Roth a été jeté à la casse ! Le créateur de l’anti-Mickey, figure du Hot-Rodding-créatif, est mort à 69 ans. Il suivait Von Dutch mort ruiné et volé par Christian Audigier, pote d’orgies de Johnny Halliday, décédé lui-aussi… Le nom de Big Daddy Roth ne dira pas grand-chose dans les chaumières de l’Hexagone. A peine plus que Georges Barris, que Tom McMullen et que quantités d’autres… Spécialiste du “Flake”, Ed Roth est à la culture des Hot-Rods ce que le fondateur du magazine Mad, William Gaines, était aux Comics : une figure titulaire et un grand rebelle contre l’ordre américain. Il était, en outre, le créateur de Rat Fink, l’anti-Mickey qui orne peut-être un de vos vieux tee-shirt de l’époque Chromes&Flammes des années ’80 et ’90 : Dents de scie, sac à puces pas propre sur lui, Rat Fink était la terreur des mamans, donc le bonheur des enfants.
Ed Roth était un original, un outsider trouvant le moyen de se voir finalement rejeté par la majeure partie des milieux du Kustom-cars et Hot-Rods, pourtant outsiders par excellence. Et Tom Wolfe l’a quand même appelé “le Salvador Dali du mouvement Kustom” dans son livre de 1964 : “The Kandy-Colored Tangerine Flake Streamline Baby”, empruntant même son titre à un des objets fous fabriqués par Roth, longtemps spécialiste du “Flake”, un mélange de peinture et de coquillages pulvérisés qui donnait ces mirifiques reflets aux Hot-Rods, prisés des jeunes Californiens. Big Daddy opérait depuis un garage situé dans Bellflower, banlieue prolo d’East L.A., avec deux associés, Tom Kelly et son grand-père, “The Baron”, lequel avait appris l’art de peindre les rayures et “Pinstripes” en Indiana au siècle précédent, dans une fabrique de diligences.
C’est dire que je vous cause ici d’art américain profond et véritable, le désir de transformer, fignoler et transcender en allant très loin dans le subversif ! Bon nombre d’artistes comme le pape de l’art de la côte Ouest, Ed Ruscha, ou Robert Williams (qui travailla comme grouillot chez Roth) mentionnaient toujours Roth comme une influence majeure. S’il est resté ignoré de l’académie, les musées s’intéressaient déjà à son cas : le jour de sa mort pas moins de trois expos contenaient une ou plusieurs de ses fameuses voitures, dont “Made in California”, “Art and Identity”, au “L.A. County Museum of Art & Customized”, et à l’Institut des arts contemporains de Boston”. Ceci pour quelqu’un qui gagnait surtout sa vie en vendant des tee-shirts Rat Fink aux surfers, c’est également de l’art !…
Truc gluant : Ed Roth est né en 1932 de parents allemands, mais à Beverly Hills. Son père était le chauffeur de Maître de Mary Pickford. Cancre vaguement doté d’un diplôme d’ingénieur, il découvrit, en 1940, le matériau qui devait changer sa vie : la fibre de verre. Peu doué en machinerie, il se trouvait en désavantage devant des stylistes plus sérieux comme George Barris, Dean Jeffries ou Darryl Starbyrd, les ténors de cet art naissant qu’était le Kustomizing. Barris surtout, qui opérait de son “Kustom Kar Shop” à Los Angeles, était le roi incontesté des “Grease Monkeys”. Roth pouvait littéralement mouler à la main ses rêves mécaniques déments. Il créa ainsi une série de véhicules d’apparat monstrueusement asymétriques, des machines molles avec bulles en verre et troisième phare rendu torve au biseau. Des bagnoles aux tons Fushia, Vert toxique ou Chromés, diversement baptisées “The Outlaw”, “Orbitron”, “Rotar”, ou “The Beatnik Bandit”.
En 1959, le succès était tel que la firme de jouets Revell passa un contrat avec lui pour diffuser des modèles réduits de ses insanités. C’est Revell qui lui trouva le surnom de Big Daddy. L’artiste put donc ouvrir un studio à Maywood, autre quartier du sud-est “Angeleno”. Robert Wiliams, qui travaillait au studio à cette époque, dit que l’endroit était ouvert jour et nuit ; motards, surfers, dealers et artistes, fascinés par les couleurs et les matériaux utilisés par Roth, fréquentaient l’endroit. Mais Big Daddy n’allait pas se reposer sur ses lauriers ni sur la culture Rat Fink. Il engloutit toutes ses économies dans “Choppers”, un magazine irrévérencieux pour motards qui lui valut l’immédiate inimitié des “Kustomizers” plus conservateurs. La résiliation de son lucratif contrat avec Revell et finalement, son divorce d’avec la mère de ses cinq enfants va le ruiner…
En 1970, pour survivre, Roth dut vendre ses quinze voitures pour la piètre somme de 5.500 dollars. Il réagit de façon purement “Big-Daddyesque”, prenant d’abord un job chez Knott’s Berry Farms, un sous-Disneyland ringard à souhait, puis déménageant à Nanti en Utah, un bled paumé au cœur du pays mormon, épousant une mormone et continuant vaille que vaille de vendre ses trouvailles. Il s’était fait rattraper par une masse de fans et collectionneurs avides, démultipliés grâce au Net. A sa mort (dont on ne connaît toujours pas la cause), il préparait une nouvelle voiture avec laquelle il serait parti en tournée. Car même s’il était nominalement retiré des voitures, Big Daddy faisait toujours les conventions et shows comme la “Rat Fink Party”, qui se tient chaque année à Woodland Hills, le 21 juillet. Organisée par un certain Mouldy (moisi) Marvin. Site officiel de “Big Daddy” Roth : www.ratfink.org
En France, les grandes gueules du Kustomizing et du Hot-Rodding se la sont cassée… Chacun a eu sa manière de “crever”, mais leur fin fut douloureuse, certains agonisants dans des souffrances financières atroces… Le Groupe Wild éditant PowerGlide a sombré corps et biens, en suite d’une quantité d’autres éditeurs, mais c’est la faillite du “Groupe Michel Hommel”, un an après “Ten Publishing” aux States, qui va annoncer la fin d’une époque. Quid de la Kustom-Kulture et du Hot-Rodding ? Il n’y a plus grand monde, ça c’est l’évidence évidente basique ! Les nouvelles normes “sécuritaires-européennes” interdisent toutes modifications, les moyens policiers sont exponentiels, les automobiles modifiées sont impitoyablement traquées car interdites de la moindre modification ! Le Tuning c’est mort ! Le Kustomizing est hors-la-Loi, tout comme les Hot-Rods ! Restent les Ricaines pas trop “Fast ans Furious” et pas du tout “Mad-Max”… Alors ! Quoi ? Chromes&Flammes s’est transformé en Gatsby, lui-même étant une extrapolation “papier” de www.GatsbyOnline.com Mon web-site a presque 30 ans depuis sa création et affiche 7.000 internautes/jour, il est souvent en tête des références Google… Je suis ainsi très heureux d’avoir survécu en presse après avoir été le premier à créer le mouvement Kustom en France avec Chromes&Flammes magazine… Merci à vous toutes et tous !