Pininfarina Battista…
Pour une des rares fois ou je sors de mon antre Saint-Tropézienne, ce que je tente d’éviter m’est arrivé, un quidam m’a abordé alors que j’étais en file d’attendre d’acquérir mes délices du matin. Il s’est présenté comme étant propriétaire d’une automobile classique, ex-lecteur de mes magazines “papiers” Gatsby, Chromes&Flammes ainsi que Calandres lorsqu’il avait40 ans de moins… Il m’a traité de l’importance de l’histoire de l’automobile. Il admirait la Pininfarina Battista que j’avais en essai longue durée et qui n’était absolument pas adaptée à la vie Saint-Tropézienne : “C’est le premier modèle de la nouvelle marque automobile lancée simultanément par Automobili Pininfarina et Mahindra qui a acquis en 2015 une participation de 76 % dans le bureau de design italien Pininfarina basé à Cambiano”..., Je me suis dit : “Par où commencer avec ce gars ? Mais pas trop car je ne parviendrais pas à en finir”... Avec autant de tact que possible, je lui ai dit que J’étais encore et toujours anéanti que Mahindra avait fait main basse sur Pininfarina et que ce devait être la conséquence de vanités diverses liées au passé de l’Italie, mais qu’en fait j’étais indifférent, sauf que cette voiture n’était pas l’idéale pour venir chercher mes petits’pains à la pâtisserie Cyril Lignac et que ma Bentley Turbo R était plus confortable et plus pratique pour venir acheter mes petits’pains…
J’ai poursuivi en lui demandant le pourquoi d’un tel commentaire dans une pâtisserie qui crée de délicieux petits pains aux raisins au risque de me faire passer le goût du (petit) pain… Je lui ai ensuite dit qu’il était chanceux de pouvoir m’apostropher car ce dimanche (c’était effectivement dimanche matin, très exactement à 8h28 et 12 secondes), et que comme tous les dimanches mon chauffeur était en congé dominical, qu’il devait sans doute prier à la messe et que mes gardes du corps ne l’avaient pas vu venir … Décontenancé, pour s’excuser il m’a prié de lui laisser m’offrir mes petits pains… et moi de lui rétorquer que j’en avais commandé une cinquantaine… Une information incorrecte génère une information fausse, tout l’art est de saisir les opportunités, quoique je n’allais pas savoir que faire de 50 petits pains aux raisins, fussent-ils de Lignac et fort bons… Ne manquait que l’entrée du journaliste de Var Matin… Ce qui fut le cas…qui se mit à gribouiller des indications vraisemblablement foireuses dans un carnet noir de mauvaise augure… Trop souvent, ces histoires sont imprimées…et c’est là que le vrai mal est causé. Une fois que ces demi-vérités et ces histoires apocryphes sont imprimées, elles gagnent en crédibilité, c’est-à-dire : “Je l’ai lu dans Var Matin”, donc cela doit être vrai.
La faute n’incombe pas uniquement aux auteurs d’articles de journaux, magazines et de livres actuels. J’ai remarqué que tous étaient forgés d’erreurs. Aujourd’hui, heureusement, un bon écrivain, et/ou un bon journaleux vérifiera souvent plusieurs sources avant de poursuivre un article… C’est ce qu’à fait le journaliste en me demandant le pourquoi de 50 petits pains aux raisins… J’ai dit “Trump”, je ne sais pourquoi… Le journaliste est devenu comme fou et a téléphoné à je ne sais qui pour obtenir “Toute l’équipe de Var Matin et FR3 régional avec une info générale”... Et il m’a demandé si on était ami, le pourquoi, le comment, j’ai ajouté qu’on faisait la fête dans la baie sur le Yacht de Mark Zuchenberg… Du coup il a filé donner des coups de teléphone… Mon problème se limitait à quoi faire des 50 petits pains aux raisins… J’ai donc filé en douce… L’une de mes “légendes” préférées ne concerne pas les Bentley Turbo R, ni Trump, ni les bagnoles classiques et encore moins la Pininfarina Battista, mais la Ford Model T. Au moins une fois par an, j’entends un collectionneur de voitures raconter à quelqu’un comment Henry Ford a demandé à ses fournisseurs de construire des caisses d’emballage de manière à ce que les planches puissent être réutilisées comme planches de plancher dans la modèle T… il n’y a aucune preuve documentée que cela se soit jamais produit.
Le passe-temps des voitures de collection semble abonder de telles histoires, et les histoires incluent souvent la propriété par des célébrités. Bien sûr, beaucoup de grands classiques appartenaient à des célébrités qui étaient et sont toujours un marché cible pour les constructeurs automobiles de luxe, car ils avaient les moyens d’acheter des automobiles coûteuses (de nos jours, c’est moins évident). Mais toutes les voitures luxueuses n’appartenaient pas à une célébrité. La plupart appartenaient à des ploucs qui possédaient à peine les moyens d’acheter une auto qui coûtait plus qu’une maison à l’époque. Ce groupe comprenait non seulement des célébrités, mais aussi des capitaines d’industrie et des personnes similaires qui accumulaient des richesses. Il y a des années, un propriétaire de voiture classique m’a dit que sa Packard avait appartenu à Jean Harlow. Quand je lui ai demandé comment il le savait, il m’a montré une photo de Jean Harlow debout à côté d’une Packard comme la sienne, qui pouvait ou non être sa voiture. Désolé, mais ce n’est pas suffisant pour me convaincre, ou la plupart des passionnés de voitures que je connais, que la propriétaire originale de cette voiture était Jean Harlow. D’un autre côté, j’ai vu des classiques dont la provenance est irréfutable, grâce aux immatriculations de voitures, aux actes de vente et aux documents similaires…
Ceux qui relient le propriétaire d’origine revendiqué à la voiture. Une facette de la possession d’une voiture de célébrité me laisse perplexe : j’ai remarqué que certains propriétaires de voitures de célébrités effectueront une restauration sur une telle voiture. À mon avis, cette restauration supprime effectivement la célébrité de la voiture car cela enlève les traces du propriétaire d’origine : la célébrité. En effet, la voiture est redevenue neuve. Il y a plusieurs années, j’ai écouté un collectionneur de motos expliquer pourquoi il n’avait pas restauré la selle en cuir usée d’une moto Harley-Davidson entièrement d’origine et non restaurée qui appartenait à la star de cinéma Clark Gable. Sa réponse était simple et assez logique : “Je veux mettre mes fesses sur le même siège que Clark Gable”... La folie symbolise la liberté. Le fou est inconventionnel, il sort des conventions sociales. Les fous sont présents partout parce que nous manquons de liberté. Ce qu’on veut dire, notre non-dit, on le transmet au fou. Le fou devient notre messager. C’est l’homme de la transgression… Une archéologie sommaire de la folie révèle qu’au cours des siècles, la notion a connu des acceptions diverses telles l’ excentricité, la bouffonnerie, l’asocialité et la maladie mentale.
Ainsi “Le fou du roi” est-il plus un bouffon qu’un malade mental. Aujourd’hui encore, à côté des cas cliniques, la doxa identifie comme fous , au sens large, ceux dont la conduite est anormale . Mais la lecture et la saisie de l’anormalité comme frontière du raisonnable et du fou est bien poreuse au regard des cultures et des visions hétérogènes du monde, de sorte qu’il n’est pas excessif de conclure que fou et folie sont des problèmes de perception. Si, historiquement, on peut distinguer au moins deux types de folie, la première est liée à une école comme celle des Cyniques, où l’on décide volontairement de tourner le dos à la société et aux plaisirs qu’elle engendre, et une autre d’essence plus clinique, conséquence d’un dysfonctionnement du cerveau qui se manifeste par une incohérence de la conduite, les deux semblent se manifester par les mêmes phénomènes : le refus de l’ordre et de la raison. Depuis lors, on peut conduire à l’hypothèse d’une marque de fabrique romanesque autour du personnage du fou. Or, le malheur des fous, le malheur interminable de leur silence, c’est que leurs meilleurs porte-parole sont ceux et celles qui les trahissent le mieux ; c’est que quand on veut dire leur silence lui-même, on est déjà passé à l’ennemi et du côté de l’ordre. Waouwwwwwwww !
Qui est le fou ? Quels sont les attributs et les caractéristiques de ce personnage ? Quelle plus-value apporte-t-il à la création ? La difficulté est de nommer ces fous, de lire la cohérence de leurs actes incohérents et de dire la lisibilité que leur présence confère au texte. Pour ne pas en ajouter à la difficulté taxinomique de ce travail, je tiendrai pour fous ceux que les textes désignent comme tels ou ceux dont la conduite va à contre-courant de la raison sociale. Un univers romanesque où abondent les fous … Bien… Je m’égare…Il est temps de réécrire les livres de records. Car la Pininfarina Battista surpasse à peu près tout. Pour l’instant. 1.900 cv. Mieux que tout. Bon, je vais me montrer irrespectueux, mais nous sommes sûrs, Blacky (mon Cocker) et moi que Battista n’en a rien à faire de ce qu’on pense… Quoique… Ce n’est pas parce qu’une voiture a près de deux mille chevaux sous le capot qu’il faut y aller à genoux. Essayons de garder le cap. Même si la voiture en question porte le nom sacré de Pininfarina et celui de son père fondateur Battista, celui qui en 61, a obtenu du président de la République italienne le droit d’intégrer son surnom “Pinin” à son nom de famille “Farina”. Le résultat : “Pininfarina”... Pfffffffffffffffff !
Battista Pininfarina a laissé au monde une succession de créations automobiles, dont le coupé Cisitalia, l’un des plus beaux classiques de Ferrari, ou le concept-car avant-gardiste basé sur la Ferrari 512S, le MODULO… Par ailleurs, nous aimerions également mentionner que son neveu Giuseppe a été le premier champion du monde de Formule 1. Aujourd’hui, le géant multinational indien Mahindra Group détient environ les trois quarts des actions de l’entreprise. (Juste pour mettre les choses en perspective et expliquer d’où vient l’argent pour tous ces investissements frivoles…) C’est cette combinaison d’histoire et d’hystérie qui nous donne l’ hypercar Battista . Et la Pininfarina Battista est une prouesse, je le reconnasse du bout des lèvres et des dents : quatre roues, un moteur électrique à chaque roue, une batterie en forme de T, tout est conçu pour la vitesse. On ne peut nier le concept de design commun qui a permis à cette voiture de franchir la barre des 300 km/h. Une passion appliquée, magnifiquement présentée. Aucune surprise, aucune tension. Même les rétroviseurs latéraux ont une fonction aérodynamique. Je ne l’ai jusqu’à présent pas senti en roulant dans St Tropez, mais je l’avais ressenti en allant au lac de Come pour un w-e sexuellement torride… Inracontable.
La production sera limitée à 150 exemplaires, dont le prix de départ avait été évalué à 1,75 million d’euros, selon les variantes et les options, une Pininfarina Battista va en réalité coûter jusqu’à 2,5 millions d’euros… Pffffffff ! Plus taxes, frais, suppléments, compléments, redressement fiscal et autres voluptés assassines. En contrepartie, vous bénéficierez d’une autonomie d’environ 500 kilomètres, à condition de ne pas dépasser les 350 km/h. Il semble que l’énergie électrique n’ait de sens que dans les sphères supérieures, alors tout s’accorde. Puissance et autonomie accrues, temps de charge plus rapides. Les performances de conduite se mesurent principalement en valeurs d’accélération. Certes : moins de deux secondes à cent, c’est formidable, mais cela nous rappelle un peu les montres étanches jusqu’à trois cents mètres de profondeur, qui va nager si profond, ma piscine fait 4 mètres au plus profond. La bande sonore spécialement composée semble également provenir de profondeurs insondables. Cette puissance énorme met également en perspective le rapport entre les composants et le facteur le plus lourd, le poids à vide d’à peine deux tonnes. Même les trains de marchandises peuvent être manœuvrés avec 1.900 chevaux et 2.300 newtons-mètres. Pour passer les courbes comme sur des rails, il faut beaucoup d’efforts électroniques et physiques.
Une vitesse de 200 km/h suffirait néanmoins à faire tourner les quatre roues. Un départ en trombe, en quelque sorte. Pour éviter cela, les synapses vibrent en temps réel. Espérons que les semi-conducteurs ne fondront pas au passage. Rimac est un pionnier dans ce domaine. Le constructeur croate d’hypercars, détenu à 20% par Porsche, nous offre la Rimac Nemera pour faire concurrence à la Pininfarina Mahindra, un modèle de référence pour une puissance surnaturelle, parrain hardcore de la Battista, plus civile. Voici, ici, un petit condensé de bêtes de puissance, prêtes ou en projet : Rimac Nevera, Lotus Evija, Drako Dragon, Deus Vayanne, Koenigsegg Gemera, toutes des stations de transformation électriques sur roues surpuissantes. Seule la TranStar Dagger GT avec son V8 courageux tire sa puissance de 9,8 litres de cylindrée. C’est encore possible ! Donc, comme tout cela me fatigue inutilement je vais décliner l’achat et ne rien acheter du tout… Sauf continuer d’acheter mes petits pains aux raisin de chez Cyril Lignac, chaque matin… Notez qu’à 3,50 euros ils sont meilleurs que ceux de la Tarte Tropézienne à 2,0 euros et le moins cher du trio, Senequier à 1,80 euros… 1 euro chez Carrefour… Ahhhh ! Il y a aussi Cédric Grolet le meilleur pâtissier du monde et de l’univers à 5,0 euros, mais ses créations sont bien plus que ses petits-pains aux raisins, ce sont des œuvres d’art…