En 2012, avec les GT86 et BRZ, Toyota et Subaru réinventent les coupés plaisir !
Par Marcel PIROTTE
Faut-il nécessairement débourser 50.000 € et plus pour se faire plaisir ?
Pas du tout, répondent en cœur Toyota et Subaru !
Et de le prouver avec deux coupés compacts à propulsion comme on les aime : joueurs, amusants, agiles, superbement dessinés, fiables et surtout : pas trop chers à l’entretien et à l’achat (un peu moins de 32.000 €) !
On croit rêver et pourtant, les sensations sont garanties avec la Toyota GT 86 et son clone, la Subaru BRZ…, à moins que ce soit l’inverse …
Un coupé, c’est bien !
Presque tous les constructeurs généralistes en proposent un si pas plusieurs au sein de leur gamme, mais uniquement livrables en… traction avant !
Rien à redire, d’autant que les progrès accomplis, afin de faire passer aux roues antérieures davantage de puissance et de couple, n’arrêtent pas de nous étonner, mais tous les puristes vous le confirmeront, rien ne vaut un modèle à propulsion qui permet une bien meilleure répartition des masses, tout en procurant davantage de fun à la conduite.
Mais parmi les coupés compacts d’un peu plus de 4 m de long et surtout pas trop chers, on peut presque les compter sur les doigts d’une seule main.
Jusque maintenant, la liste se résumait au coupé coréen Hyundai Genesis qui, dès la entrée de septembre 2012 fait peau neuve avec notamment un nouveau moteur 2 l turbo de 275 chevaux, le tout à moins de 31.000 €… et de plus superbement équipé.
Pour les amateurs de roadsters et de coupés cabrios, la Mazda MX-5 de 160 chevaux représente toujours une valeur sûre de même que la lotus Elise 1.8 S de 220 chevaux, nettement plus chère, alors que la BMW Z-4 ou la Mercedes SLK de base, revendiquent la même puissance de 184 chevaux, mais dans le cas des deux allemandes, la facture finale peut très vite dépasser la barrière des 50.000 €.
C’est en partant de ce constat, que deux constructeurs nippons, Toyota et Subaru (dont près de 17 % des parts sont détenues par le numéro un japonais), ont unis leurs forces, mais également leurs différents talents, afin de développer rapidement un coupé sport issu du concept GT 86 présenté au salon de Tokyo à l’automne 2009.
Et ça n’a pas trainé, les premiers exemplaires de série viennent de débarquer en Europe.
Toyota étant à la base du projet, s’est aussi occupé du style tandis que Subaru prenait en charge les éléments techniques importants, comme le moteur et le châssis, sans oublier la fabrication des deux modèles qui devaient être identiques à quelques détails près !
Du coup, on se retrouve en présence d’un coupé 2+2 (oubliez les places arrière, elles comptent pour du beurre), plutôt compact, 4,24 m de long, pas du tout encombrant et surtout très joliment dessiné.
En attestent le nombre de regards envieux que ce coupé a suscité un peu partout et pas uniquement sur les jeunes, notre GT 86 d’essai de couleur rouge avait l’air de plaire à la tranche d’âge des 7 à 77 ans, ce n’est pas courant.
Pas courant non plus ce design de mini Ferrari qui permet notamment de recourir à une architecture comme on les aime, simplicité avant tout !
C’est ainsi que ce coupé fait appel à un moteur boxer quatre cylindres d’origine Subaru dont la construction permet d’abaisser au maximum le centre de gravité et la garde au sol.
Ajoutez à cela une transmission confiée uniquement aux roues arrière via une boîte 6 vitesses, mécanique ou automatique… et vous comprendrez que nos deux compères nippons ont vu juste, d’autant que cette disposition permet une bien meilleure répartition des masses presqu’idéale, 53 % sur l’avant, 47 % sur l’arrière avec en prime un poids contenu en ordre de marche d’un peu plus de 1300 kg !
Bref, les amateurs de belles fiches techniques se régalent déjà, d’autant que ce moteur Subaru, deux litres atmosphérique (non, il n’y a pas de turbo), un bloc super carré de 86 x 86 mm (ce qui a sans doute inspiré sa dénomination de GT 86), livre quelque 200 chevaux à 7.000 tr/min, alors que ce moteur doit atteindre 6.400 tr/min pour libérer son couple maxi de seulement 205 Nm.
Sur ce boxer, Toyota a cependant installé un double système d’alimentation par injection directe et indirecte afin de le rendre très utilisable au quotidien comme sur un circuit.
Et ça marche…
Côté freinage, quatre gros disques ventilés suffisent alors que la direction très directe (seulement 2,5 tours de volant d’une butée à l’autre), assistée de manière électrique permet de soigner au mieux les trajectoires. Et pour les pneus, pas question de se compliquer la vie, ce sont des enveloppes tout à fait “normales” que l’on retrouve sur la familiale Toyota Prius : des Michelin Primacy HP de 215/45 montés sur de belles jantes en alliage de 17 pouces.
Mais pour renforcer le côté joueur et sportif de ce coupé, Toyota n’a pas hésité à installer de série un autobloquant Torsen accolé au pont arrière…, ce qui nous permet de constater une nouvelle fois que le tandem Toyota/Subaru est allé à l’essentiel sans pour autant négliger un équipement de série particulièrement complet et surtout bien agencé.
Comme 7 airbags, des phares au Xénon à allumage automatique, le régulateur de vitesses, le système audio avec Bluetooth, des rétros extérieurs rabattables électriquement et la climatisation bizone.
Tout cela de série, je le répète, des équipements que la concurrence, surtout allemande, fait payer très cher..
Très peu d’options, un choix de peintures métallisées, le pack aéro (qui à mon avis alourdit le dessin surtout à l’arrière), les sièges en cuir et le GPS (à recommander, vu son prix pas trop élevé de 900 € et surtout sa grande facilité d’utilisation).
Bref, les Japonais ont tout compris, d’autres constructeurs de voitures de sport feraient bien d’en prendre de la graine…
Des plaisirs simples…
Avec seulement 1,42 m de haut, il est facile de comprendre qu’avec cette GT 86, on ne monte pas mais on descend en voiture !
Facile d’accès, du moins à l’avant (une nouvelle fois, oubliez les places arrière, leur dossier pouvant se rabattre, elles forment un beau complément d’espace pour le coffre assez vaste, 243 litres de capacité minimale), les deux sièges avant bien dessinés accueillent comme il se doit les occupants et ce quel que soit leur morphologie.
L’ergonomie est de mise, l’insert faux carbone est du plus bel effet tout comme d’ailleurs les pédales en alu.
Le bruit typique du Boxer rappelle que Subaru a plus de cinquante ans d’expérience en la matière.
Dès les premiers tours de roues, on comprend en fait que ce moteur a deux personnalités.
Pas tellement coupleux à bas régime, il fait cependant preuve d’une bonne volonté à reprendre en quatrième à 1.500 tr/min, tout en se montrant très souple, un simple filet de gaz et il se faufile admirablement dans le trafic.
Mais dès que l’on titille l’accélérateur et que l’on manie (avec délectation) la boîte mécanique fort précise aux rapports rapprochés, c’est une toute autre approche.
Ce Boxer accepte sans sourciller de grimper à plus de 7.000 tr/min (le rupteur intervient en douceur vers 7.400 tr/min), accompagné d’une sonorité onctueuse particulièrement agréable pour les mélomanes de belles mécaniques… et qui se transmet dans tout l’habitacle via un générateur de son (sic !), alors que l’échappement (peu démonstratif) s’en tient rigoureusement à respecter les normes en matière de décibels. En jouant, ça peut aller très vite (plus de 225 km/h sur circuit, de 0 à 100 km/h en 7,5 secondes), avec des reprises à la volée… et le plus étonnant, sans doute pour un moteur Boxer et de surcroît un Subaru, c’est sa consommation peu élevée, un peu plus de 9l/100 km durant tout l’essai.
Et pourtant, cette GT n’a jamais chômé.
Comme quoi, on peut aujourd’hui faire des miracles avec un bloc atmosphérique bien alimenté avec cependant une puissance spécifique de 100 chevaux/litre.
En plus de la mécanique brillante, cette GT m’a également bluffé par son comportement dynamique mais également par l’équilibre de son châssis et de ses quatre roues indépendantes remarquablement guidées. Impossible de s’ennuyer une seule fraction de seconde, c’est du plaisir à chaque kilomètre et cela ne s’arrête jamais !
Agile, maniable, cette GT vire superbement à plat, jamais de roulis, aussi bien à l’aise dans les grandes courbes que dans les enchaînements de virages serrés, on en redemande tout le temps elle ne faiblit jamais.
Et pour les amateurs de conduite sur circuit, le Torsen fait merveille de même que les différentes possibilités de réglage ou de déconnection du contrôle de stabilité (VSC dans le jargon de la maison). Ajoutez un bon feeling de la part de la direction, des freins qui font correctement leur boulot mais également des suspensions pas du tout du genre tape cul, vous comprenndrez que le confort n’a pas du tout été sacrifié au profit du comportement routier.
Le mot de la fin…
Il y avait déjà bien longtemps que je ne m’étais plus aussi bien amusé !
Avec comme devise “l’union fait la force” (ça me rappelle quelque chose)…, Toyota et Subaru prouvent aux autres constructeurs de GT (surtout allemands et italiens) qu’il ne faut pas nécessairement dépenser des fortunes “pour se faire plaisir”.
D’autant que bien souvent ces voitures de sport exotiques qui coûtent la peu des fesses, tant à l’achat et surtout à l’entretien, sont tout simplement inconduisiles dans la circulation de tous les jours !
En ajoutant l’efficacité à l’humilité, nos deux constructeurs nippons ont vraiment tapé dans le mille.
En fait, ils ont réinventé les plaisirs simples de la conduite sportive comme l’avait fait Mazda avec le roadster Miata en 1989 !
Une nouvelle fois, ce sont les fabricants asiatiques qui nous indiquent la voie à suivre !
Et de se poser la question : A quand la première GT sportive européenne proposée à un prix démocratique ?
Mini Fiche technique Toyota GT 86
Dimensions en m : Lxlxh : 4,24 x 1,78 x 1,47 – empattement : 2,57 m – Poids: 1.314 kg
Moteur : essence atmosphérique Boxer quatre cylindres – 1998 cm3 – 200 chevaux à 7.000 tr/min – 205 Nm à 6.400 tr/min
Transmission aux roues arrière – différentiel Torsen autobloquant – boîte 6 rapports, mécanique ou automatique
Vitesse maxi : (boîte manuelle) 225 km/h – 0 à 100 km/h en 7,5 secondes
Consommation moyenne mesurée : 9,2 l/100 km
CO2 : 181 gr/km
Prix de base TVAC : 31.690 € – Boîte automatique : supplément : 1.500 €
Marcel Pirotte, pour www.GatsbyOnline.com