DeTomaschina P900
600km/h – V12 – 12.300 tr/min – 18 exemplaires – 3.000.000 US$ – ‘Y-a-t-il anguille sous roche ?’… L’expression fait référence à l’anguille, qui a pour particularité de ne pas aimer la lumière et de rester cachée sous les rochers. Cet animal visqueux n’étant pas facile à attraper, est devenu le symbole de la sournoiserie et de la tromperie. Synonymes : “Il y a anguille sous goémon”. “Il y a baleine sous graviers”. “On ne voit pas la partie immergée d’un iceberg”...
Après avoir récupéré sans grands frais le nom DeTomaso en faillite organisée, puis présenté l’interprétation Chinoise de la DeTomaso sous forme d’un project-car nommé P72 au “Festival Of Speed de Goodwood” (que GatsbyOnline a présenté en pages 80 à 89 du GatsbyMagazine N°5), De Tomaso, s’est rendu compte que persévérer dans l’amour de l’automobile exclusive sportive n’apportait que tracas, déboires, désillusions, banqueroutes, faux, usages de faux, escroqueries, tromperies et emmerdes divers… Du coup (et à cause des coûts prévisionnels), les gens derrière cette “affaire” ont comme qui dirait “amélioré le concept” et l’ont adapté aux méthodes (quasi maffieuses) Italiennes et Chinoises, ainsi qu’à “La bascule vers des nouvelles valeurs réalistes” incluant l’abandon par le Groupe VW de Bugatti à Rimac et autres évolutions d’un marché en déconfiture, dédié au paraitre des plus grandes crapules de l’univers…
La P900 est donc non seulement issue d’une meilleure étude d’un marché de dupes réservé aux milliardaires quelle que soit les manières dont ils le sont devenus, tout en tenant compte qu’il fallait d’abord prévoir un “Sévice après-vente” (cash) fiscal, avant un “Sévice après-vente mécanique” (a-minima, bien sûr). La solution est une première planétaire aussi ultra-radicale qu’ultra-inutile en terme d’automobile, mais qui prend tout son bon-sens en tant qu’œuvre-d’art roulable ! Il s’agit en quelque sorte d’une “Automobile objet d’art” du même style que l’extraordinaire “Machine-à-Caca” nommée “Cloaca” de l’artiste Wim Delvoye (créée en 2000), qui représente un tube digestif humain géant et fonctionnel… Wim Delvoye a commencé à dessiner sa machine en 1992. Elle a été présentée pour la première fois en 2000, au “Museum van Hedendaagse Kunst Antwerpen” (M HKA). Depuis, “Cloaca” a fait le tour du monde : Zurich (2001), Vienne (2001), Düsseldorf (2002), New York (2002), Lyon (2003), Toronto (2004), Prato (2004), La Panacée (Montpellier, 2017), etc… La première version de “Cloaca” (il en existe dix) est une machine de 12 mètres de long, 2,8 mètres de large et 2 mètres de haut, composée de six cloches en verre, contenant différents sucs pancréatiques, bactéries et enzymes, acides, etc.. le tout dans un milieu très humide.
Les cloches sont reliées entre elles par une série de tubes, tuyaux et pompes. Contrôlée par un ordinateur, l’installation est maintenue à la température du corps humain (37,2 °C) et fait circuler les aliments, ingérés 2 fois par jour, pendant 27 heures, pour y produire finalement des excréments de ces œuvres d’art contemporaines (sic !)… Une version “Cloaca Turbo” a été créée en 2007 et 7 de ces machines ‘Turbo” ont été vendues à des collectionneurs fortunés en tant qu’œuvres d’art… Chacune des 17 fabriquées (10 non turbo +7 turbo) a été vendue entre 1 million de US$ pour les non-turbo et 3 millions de US$ pour les Turbo’s ! Le génial Wim Delvoye a ensuite créé un “Wim Shop” où il propose des “produits artistiques dérivés” : papier toilette imprimé du logo “Cloaca”, T-Shirt, livres. Doté de l’apparent sérieux d’un laboratoire scientifique (Wim Delvoye s’est soi-disant entouré de plusieurs scientifiques et ingénieurs pour concevoir sa machine), exposé dans des conditions ubuesques, elles aussi solennelles finalement que la DeTomaschina P900, les 17 “Cloaca’s” ingèrent les aliments fournis par plusieurs grands chefs qui ont accepté de composer des menus à son intention et produisent ainsi des excréments de luxe qui sont emballés sous vide et marqués d’un logo pastichant ceux de Ford et de Coca-Cola… Chaque paquet de merde est ensuite vendu aux environs de 1.000US$.
Tout comme pour la “DeTomaso P900”, l’absurdité et l’inutilité réelle du produit est renforcée par le sérieux de sa réalisation, car ces machines fonctionnent vraiment et leurs qualités mécanico-scientifiques sont loin d’être négligeables. Concernant ses inspirations, Wim Delvoye a déclaré dans une entrevue pour le quotidien “Le Monde” d’août 2005, que c’est la machine à manger dans “Les Temps modernes” de Charlie Chaplin qui lui avait donné l’idée de concevoir sa fumeuse “Cloaca” dans l’esprit des œuvres d’art de Piero Manzoni (Merda d’Artista), de Marcel Duchamp (La mariée mise à nu par ses célibataires) et (Le Grand Verre), ainsi que de Jacques Lizène (La Broyeuse de chocolat et Peintures à la matière fécale) qui sont les mêmes sources de légitimation du travail de Win Delvoye et des artistes ayant créé la DeTomaschina P900… S’il existe déjà des précédents aux 18 “DeTomaschina’s” et aux 17 “Cloaca’s” ( tel “Le canard digérateur automate” de Jacques de Vaucanson, qui digérait la nourriture et la transformait en fiente), les “Cloaca’s” et les “DeTomaschina P900″, ont été conçues pour être inutiles, nuisibles au besoin, coûter très cher et rapporter beaucoup : “J’ai d’abord eu l’idée de faire une machine nulle, avant de concevoir une machine à faire du caca et j’ai cherché un truc compliqué, difficile à faire, et cher, et qui ne mène à rien si ce n’est de rapporter beaucoup d’argent. C’est comme la cocaïne, ça vaut beaucoup et moi, je veux que l’art soit comme la cocaïne. S’il l’art des merdes vaut beaucoup dans les musées, l’art des merdes doit aussi valoir beaucoup dans la rue”…
La DeTomaschina P900 n’est donc pas une automobile c’est une œuvre d’art motorisée qui peut s’auto-déplacer à grande vitesse ! Cette “Merde roulable” qui n’est qu’une “Machine à faire du fric-caca” et un moyen pour les acquéreurs d’en faire “des justificatifs d’investissements artistiques”… est équipée d’un V12 6,2 litres qui produirait 900 invérifiables chevaux et serait également capable de faire chanter ses cylindres jusqu’à un impressionnant et incroyable 12.300 tr/min spermettant d’éjaculer 900km/h (limités à 600km/h pas souci de sécurité) !!!! Ce moteur de l’Au-delà est associé à une boîte de vitesses séquentielle signée Xtrac et peut être nourri au carburant synthétique !… Ses performances sont au super Top avec 900km/h, 900 chevaux, 900 kg… Seules 18 merdes (une de plus que les Cloaca’s) seront créées pour la modique somme de 3 millions de dollars pièce, toutes volontairement (sic !) auto-limitées à 600km/h !!! Concernant les taxes, soit on opte pour une œuvre d’art physique vendue et livrée en “Off-Shore” dans un entrepôt hors douane Chinois, ou en Metaverse visible du seul acquéreur sur le web, “Une œuvre d’art existante dans l’inexistant” qui ne sera donc jamais taxable car non-physique… Mais c’est du pareil au même pour une œuvre d’art “physique” vendue en “Off-Shore” hors-douane…
Le terme anglais “offshore” signifie “au large des côtes”, autrement dit “extraterritorial”. Littéralement, une société offshore est donc une société enregistrée à l’étranger, dans un pays où le propriétaire n’est pas résident. Mais à la différence des filiales internationales d’entreprises, ces sociétés n’exercent aucune activité économique dans le pays où elles sont domiciliées. “Pour créer une société offshore, cela va du très simple au très compliqué”, m’a expliqué Eric Vernier, chercheur à l’Institut de relations internationales (IRIS) et auteur de “Fraude fiscale et paradis fiscaux”... “Cela peut se faire via des cabinets spécialisés, certains étant de renommée internationale, mais aussi par Internet, moyennant quelques clics et quelques dizaines d’euros. “Il n’est pas forcément interdit d’avoir une société offshore ou un compte à l’étranger. L’important c’est de savoir quelle est l’activité réelle qu’il y a derrière ces comptes, quelle est l’origine des flux financiers”, m’a dit le secrétaire d’Etat français au Budget Christian Eckert. C’est ce que font valoir de nombreuses personnes citées dans les “Panama Papers”, à l’image de Patrick Drahi, patron du groupe de médias et télécoms Altice (Mais Volodymyr Zeelynsky d’Ukraine) y apparait, sur le principe, tout le monde a en effet le droit de créer une société offshore, du moment que les profits sont déclarés. Il n’y a pas que McKinsey pour blanchir les fonds Présidentiels…
La première idée, qui a mené à la création de ces “œuvres d’art”, c’est de faire de l’optimisation fiscale, à ne pas confondre avec la fraude fiscale. L’objectif est de faire en sorte que les bénéfices à faire par le jeu des ventes en cascade à d’autres entités “Off-Shore” se déclarent dans le territoire où il y a très peu ou pas d’impôt du tout, ce qui permet aux entreprises et où aux particuliers, d’augmenter leur rentabilité. De fait, ces “Off-Shores” sont en général créées dans des Etats où la fiscalité est particulièrement avantageuse, dans ce que l’on appelle les “paradis fiscaux”, tels que les Bahamas, les Iles vierges britanniques, le Panama, mais aussi l’Etat du Delaware aux Etats-Unis. Cela peut être aussi pour faciliter certaines transactions qui ne sont pas forcément illégales “politiquement”, mais qui nécessitent une certaine discrétion, garantie dans ces paradis fiscaux. Par exemple, faire des dons par milliards à l’Ukraine, c’est verser des milliards à un politicien corrompu (qui auparavant était artiste-pianiste avec son pénis érigé) qui ristourne 50% de l’argent versé sur le compte anonyme du donneur (qui en réalité à donné “charitablement” de l’argent public) dans un paradis fiscal… Comme il n’y a aucun miracle, vous comprendrez la soudaine explosion de dons offerts par nos chefs au nom de la charité. Une telle opportunité d’être généreux n’est pas si fréquente… L’occasion fait le larron…
Les entreprises créant des sociétés offshore peuvent le faire pour bénéficier d’une réglementation qui leur permette de faire à l’étranger ce qu’elles ne peuvent pas faire chez elles. Ainsi, dans le secteur des assurances (sans citer AXA qui a créé une fausse assurance dans l’affaire crapuleuse du vol de ma LéaFrancis), compte tenu des règles prudentielles, certains contrats ne sont possibles que dans des pays comme les îles Caïman voire l’Irlande parce que la législation y est plus souple, à titre d’exemple. Idem pour le “leasing” d’avions, qui ne se fait que via des paradis fiscaux. Bien souvent, on ouvre une société offshore dans des juridictions avec des législations particulières pour ouvrir un compte bancaire et ne pas apparaître directement, pour détenir des biens en dissimulant son identité. La plupart du temps, les sociétés offshore sont implantées dans des territoires où l’opacité bancaire est de mise. Par ailleurs, elles ont souvent recours à des prête-noms, ce qui permet de brouiller les pistes sur les véritables propriétaires de ces structures. Par conséquent, elles permettent aisément de faire de la fraude fiscale, avec des montages en parapluie, sur différentes strates. Au final, impossible de savoir à qui appartiennent véritablement ces sociétés ni mêmes les œuvres d’art fussent-elles des créations de l’esprit sous forme automobile. “Et cette opacité est idéale pour faire du blanchiment d’argent, qui se compte en milliers de milliards de dollars par an”, m’a souligné M. Vernier.