1991 LOTEC C1000 #
Les méga-multi-milliardaires sont rarement connus pour leur travail acharné jours et nuits et leur générosité sans limite, mais parce qu’ils possèdent des tonnes de lingots d’or, des propriétés de rêves en bord de mer, des yachts, des jets, des bagnoles et des motos, ainsi que des œuvres d’art et des nananas vénéneuses hyper bandatoires, qui semblent onduler en perpétuelle apesanteur. Ces prédateurs ne survivent que dans l’ultime ultra-luxe décontracté et font le bonheur des designers, marchands d’art et d’automobiles hors de toutes limites financières. Le petit village de pôvres pécheurs qu’est Saint-Tropez en voit débouler de plus en plus en brochettes depuis que le film de Roger Vadim “Et Dieu créa la femme” avec Brigitte Bardot y a été tourné en 1956.
Depuis, ils augmentent en volume chaque année lorsque débute la saison des vacances et “congés-payés”, ces nanabs frayant avec les artistes et l’agglomérat de personnalités et ploucs de toutes sortes confondus (écrivains/vaines, peinturlureurs/reuses, escrocs/croqueuses ainsi que la faune touristique léchant perpétuellement des glaces, incluant putes et bonimenteurs/teuses). C’est alors que les supers célébrités commencent à faire défiler leurs yachts porte-hélicoptères ultra-glam’s extravagants, comportant 55 membres d’équipage et leurs automobiles pour qui possède la plus chère… Actuellement, Saint-Trop’ devrait être renommé “LVMH City”, Arnaud étant l’homme le plus riche de l’univers connu, avec château, boutiques, palaces et son yacht à ancrage privatif.
Avec souvent au poignet, au minimum une Patek Phillipe Nautilus bleue Tiffany de 6,5 millions de dollars, les automobiles des gens fortunés ne peut paraitre quelconque. Pour correspondre à ces “obligations”, la Lotec C1000 fut il y a quelques années la “sportive” ultime et absolue, la supercar unique en son genre dont peu de gens ont entendu parler, sans doute parce que jamais parquée devant la terrasse Sénéquier… Commandée à l’origine par un membre de la famille régnante Al Maktoum de Dubaï dans le but de posséder la voiture la plus rapide de la planète, elle a coûté seulement la plus chère moitié de la Patek Nautilus ce qui peut paraître “cheap”, soit 3,6 millions de dollars de 1991 (il y a 32 ans), ce qui équivaut toutefois à plus de 7,72 millions de dollars d’aujourd’hui…
Son châssis et sa carrosserie sont entièrement en fibre de carbone, s’inspirant de l’ingénierie innovante des courses du Groupe C de l’époque. Au centre arrière, un moteur V8 Mercedes-Benz à double turbocompresseur développant entre 800 et 1.000 chevaux, permettant au Royal Méga multi-milliardaire d’atteindre une vitesse maximale de 400km/h avec l’aide d’une transmission manuelle Hewland à 5 rapports. Certaines voitures existent dans les mythes et les légendes, elles peuvent être si rares que même un passionné d’automobiles pourrait ne les voir que par les bonnes grâces d’un autre, voire d’un magazine hors du commun et d’un web-site exceptionnel, satirique, sulfureux, déjanté, caustique, classe, snob et politiquement incorrect, tel GatsbyOnline…
Il est réservé à des gens induplicables, intelligents, déjantés, caustiques, amers, désabusés, humoristes, épicuriens, baroudeurs, satyres et satiriques, aimant la vie, les bateaux, les avions et les automobiles extraordinaires telles que cette Lotec fabriquée en 1994 pour un magnat du pétrole. Un must et quoique moins sophistiquée que l’Aston-Martin Valkyrie, elle est restée un jalon notoire illustrant l’excessif de l’inhumanité sous forme d’un exploit mythologique automobile. Cette voiture est surnommée être “une licorne”, par les licornes elles-mêmes chevauchées par les succubes et démons. Mais, dans son existence réelle, la voiture de mes rêves d’il y a 32 ans, est devenue mon cauchemar… Pourquoi ? Ben… Comment vous expliquer l’inexplicable ? Lisez la suite…
Quand il s’agit de supercars épiques, il n’y a jamais eu une décennie aussi excitante que les années 1990. Au cours de cette période, nous avons assisté à la naissance d’icônes à quatre roues comme l’intemporelle McLaren F1, qui est toujours considérée par de nombreux passionnés comme la meilleure supercar polyvalente jamais créée. Mais la Mclaren F1 mise à part, la liste des supercars légendaires qui ont arpenté les rues pavées d’or au cours de cette décennie est énorme (tout s’est déglingué voire s’est terminé en 2001 avec le mensonge des tours du 11/9). Il comprend des modèles bien connus comme la Lamborghini Diablo, la Dodge Viper, la Bugatti EB110, la Ferrari F50, ou des voitures de course homologuées pour la route…
Je cite en exemple la Mercedes-Benz CLK GTR et la Porsche 911 GT1. Outre ces deux célébrités qui via des posters qui ornaient les murs des chambres de mes lecteurs qui achetaient et lisaient ChromesFlammes, AutoChromes, TopWheels et Calandres, les années 1980 et 1990 ont également vu l’introduction de nombreux autres véhicules fantastiques qui n’ont jamais atteint la célébrité et ont été oubliés depuis longtemps. Le meilleur exemple étant sans doute cette Lotec C1000, un modèle unique dont peu de gens se souviennent encore, malgré sa fiche technique époustouflante pour l’époque. L’histoire de la Lotec C1000 a donc commenée en 1991 avec un membre de la Maison Maktoum, alors la famille royale régnante de Dubaï.
Il rêvait de posséder la voiture la plus rapide du monde et, insatisfait de ce que le marché avait à offrir, il s’est rendu en Allemagne pour transformer son rêve en réalité. Certaines sources affirment qu’il a chargé Mercedes-Benz de développer le véhicule, mais que le constructeur basé à Stuttgart a transmis le projet au constructeur de voitures de course Lotec. Comprenez qu’avec un pré-paiement via un chèque en blanc, que son rêve pouvait devenir réalité… Étant donné que les informations sur les débuts du projet C1000 sont rares, personne ne sait exactement sur quelle planche à dessin de l’entreprise il a commencé, mais ce que je sais avec certitude, c’est que la famille royale voulait une Supercar sur mesure qui était sensiblement plus rapide que toute autre voiture.
Mais pour autant qu’elle fusse légale sur la route dans le monde. Fondée en 1962 par l’ancien pilote de course et designer Kurt Lotterschmid, Lotec avait de suite commencé à construire des voitures de course et, dans les années 1980, Lotec s’est occupé du réglage des performances des Porsche, Ferrari, Mercedes et BMW. Bien que la société n’a jamais eu autant de succès en matière de course ou de réglage que Koening, Alpina et AMG, l’équipe Lotec en charge du projet s’est montrée à la hauteur de l’occasion offerte et a livré un prototype de course d’endurance complet pouvant être conduit sur les routes publiques, contrairement aux Supercars similaires de l’époque comme la Dauer 962 LM, la Koenig C62, la Mercedes CLK GTR ou la Porsche 911 GT1.
En effet elles étaient essentiellement des voitures de course converties pour la route, alors que la C1000 a été développée à partir de zéro par Lotec qui s’est inspiré du monde de l’endurance pour la rendre plus efficace sur le plan aérodynamique et donc plus rapide que tout ce qui pouvait être apporté par des constructeurs “normatifs”. Le projet a débuté en 1991 et l’équipe Lotec a mis quatre années complètes, conception, prototypage, fabrication, essais, livraison, un travail facturé 3,4 millions de dollars, ce qui, en comptant l’inflation, équivaut à 6,7 millions de dollars d’aujourd’hui. La Lotec était basée sur une structure/châssis monocoque en fibre de carbone avec un arceau de sécurité intégré, une suspension réglable en hauteur et un système de freinage IMSA.
La carrosserie a également été entièrement fabriquée en fibre de carbone pour maintenir le poids à vide de la voiture à 1.080 kg et a été largement testée en soufflerie pour augmenter l’efficacité aérodynamique. La Lotec ressemblait ainsi à un prototype de course d’endurance, bien qu’elle ait reçu de nombreux éléments futuristes qui la distinguaient des voitures du Groupe C ou GT1 de l’époque. La similitude avec une voiture de course était plus évidente à l’intérieur. Le volant, le levier de vitesses et les pédales réglables étaient montés sur le côté droit comme un prototype type “Le Mans”. C’était spartiate en termes de design, mais tapissé de cuir rouge et comportait un confort comme la climatisation et un système stéréo de haute technologie.
Outre une carrosserie légère et aérodynamique, la Lotec avait besoin d’un moteur puissant pour garantir que la C1000 était “LA” voiture homologuée pour la route la plus rapide au monde…. Mais, comme la société n’était pas dans la construction de moteurs, ils en ont acheté un auprès de Mercedes-Benz. Monté au milieu arrière du châssis, le cœur de la C1000 est donc leur vénérable V8. Cependant, ce n’était pas la même unité trouvée sous le capot des modèles de production du constructeur automobile, mais un groupe motopropulseur de course étroitement lié au 5,0 litres utilisé dans le prototype Sauber C1985 Groupe C, il déplaçait 5,6 litres et était renforcé d’une foule de composants de course, y compris un système d’admission Garrett biturbo.
Ce moteur enragé a pu d’abord cracher 800cv et rapidement la puissance a été portée à 1.000cv et 723 lb-pi (980 Nm) de couple. Accouplé à une boîte manuelle Hewland à cinq vitesses, il propulsait la C1000 de 0 à 100 km/h en 3,2 secondes et la Lotec pouvait atteindre 431 km/h… Elle était la voiture la plus rapide du monde en 1995 et ce d’une très large marge. Elle est toujours actuellement l’une des voitures les plus rapides jamais construites. Trois décennies plus tard c’est époustouflant… Peu de temps après l’achèvement de la voiture, elle a été présentée à divers salons de l’automobile avant d’être livrée à son propriétaire. Mais, comme la plupart des gens obscènement riches du Moyen-Orient, le propriétaire de la Lotec C1000 s’est lassé rapidement de son jouet.
Il s’avérait en effet inutilisable et inconfortable… Il avait été dicté par une pulsion, la réalité étant autre que les rêves, même pour un multi-méga Hyper milliardaire, tout lasse et tout passe… Après cela, l’incroyable one-off a changé de propriétaire à plusieurs reprises et est arrivé aux États-Unis au cours des années 2010. Pourtant, la bête n’a pas trouvé de riche propriétaire “à la hauteur” pour toujours sur le sol américain… et la Lotec est devenue une voiture d’occasion, exceptionelle, certes, mais toujours aussi inadaptée aux réalités. Elle a ensuite été vendue aux enchères à plus d’une occasion. La Lotec s’est retrouvée à Miami, en Floride, chez Exclusive Impex avec seulement 2.576 miles (4.145 km) au compteur.
Ensuite la Lotec s’est retrouvée dans mes mains alors que j’habitais Hallandale/Fort Lauderdale, entre Miami Beach et Boca Raton pas loin de chez chez Donald Trump… Les lignes de la Mercedes C1000 n’avaient rien en commun avec n’importe quelle automobile de l’époque. La conception de toutes les voitures suit généralement un schéma très routinier où une année modèle ressemble un peu à la suivante et ainsi de suite. Cependant, dans le monde rare des voitures uniques, il n’y a pas de limites auxquelles le design est contraint. Il est évident que la Lotec C1000 a été construite erronément pour la vitesse alors qu’elle ne circulerait jamais sur circuits. Grave erreur… Tout comme l’obsession quasi maladive de la vitesse…
400km/h il y a plus de 30 ans, c’était surréaliste sur routes ouvertes à la circulation, même dans les pays pétroliers. Pour cette raison, il est impossible de l’approcher avec un scénario destiné à une autre voiture. J’aime un bon défi quand il s’agit de créer, mais allumer cette voiture sur les routes de Floride était carrément punitif. Pour les séances photos de la Mercedes C1000, toutes les recherches que j’ai pu faire n’ont jamais fourni suffisamment d’informations pour que je puisse planifier un décor adéquat. Ce qui est délicat avec une voiture avec une forme aussi particulière, c’est que le conducteur doit inévitablement s’asseoir dans un compartiment arrondi, ce qui brise la ligne d’épaule diagonale de la voiture.
De surcroit, voire en conséquence, tout est éclairé différemment avec un coin à angle plat. Afin de contrer cela, on aurait besoin de combiner les styles d’éclairage et d’utiliser la lumière de fond pour créer des lignes de croisement qui sont agréables aux yeux des lecteurs (et lectrices), tout en éclairant doucement la voiture pour ne pas détruire les lignes de carrosserie. Trop compliqué car c’est carrément “studio-photo”... La seule chose à y travailler, c’est qu’il n’y avait pas beaucoup de couleurs. C’était un gris plat avec du noir, et même les jantes de la voiture étaient d’un ton neutre. Cela a permis de planifier un schéma d’éclairage. De plus, on pense que la voiture a plus de courbes qu’elle n’en a réellement, mais ce n’est pas le cas….
Pour les amateurs de voitures, la Mercedes C1000 est assez similaire dans ses angles à une Porsche 962. Les portes s’ouvrent vers le haut et les côtés de la voiture sont relativement perpendiculaires au sol. Ce qui est amusant, c’est qu’elle a deux sièges sur une banquette plutôt que comme la Porsche, un siège conducteur monté au centre. La belle passagère est assise à un angle très distinct, pointé vers le conducteur qui a une position plus droite. Il est évident que prévoir une place pour une passagère a été une réflexion après coup dans cette voiture…. Sur ce point Lotec n’a pas été très futé et c’est ce qui a dégouté le premier Royal propriétaire qui dépassait les 100kgs…
Photographier la voiture s’est apparenté plus à chorégraphier une danse. Les assistants soulevaient les lumières du sol et descendaient lentement le côté de la Mercedes pendant que je comptais le temps jusqu’à la fermeture de l’obturateur. La configuration de l’éclairage a dû se faire dans le but de maintenir plus de texture sur le métal de la carrosserie de la voiture. Le fait de pouvoir être plus précis dans l’angle de lumière a également permis d’enlever une partie de la planéité des côtés de la voiture et d’introduire un peu plus de courbe dans sa forme dans les images. Une autre découverte surprenante de cette séance photo était que nous devions tous porter nos vêtements les plus sombres, pantalon noir, polo noir et gants noirs… Pourquoi ?
Parce que tout reflet lumineux de blanc, ou même de bijoux, pouvait conduire à un cauchemar de retouche, car il existerait comme un point culminant spéculaire sur l’ensemble de la voiture. Une fois que nous avons résolu la solution pour la façon dont les angles de la voiture ont réagi à la caméra et à l’éclairage, nous avons pu composer un flux de travail et produire un ensemble d’images assez rapidement. À la fin de la journée, nous avons tous célébré que s’en était terminé. J’ai acheté plus de bière que d’habitude reconnaissant d’avoir pu posséder une voiture dont je rêvais quelques années auparavant… Elle s’est vendue quelques jours plus tard à un Californien…