2023 RollsRoyce Cullinan Mansory /555.000$
Cette Cullinan Mansory n’est pas la première Rolls-Royce utilitaire sportive tout-terrain que Rolls-Royce a créé, en effet, de nombreuses Rolls-Royce utilitaires/militaires ont parcouru les champs de bataille alors que d’autres arpentaient les champs de course. Se faire mitrailler par une Rolls-Royce devait avoir un parfum singulier d’arrière saison de chasse, voire de conquête colonialiste… Les Maharajas amateurs de chasses aux tigres adoraient la RR New Phantom 1925 telle celle commandée par le Maharaja de Kota : Umed Singh II, de son vrai nom Sahib Bahadur, au constructeur automobile britannique.
Avec son moteur 6 cylindres de 8.000cc la Phantom pénétrait en force la jungle du Rajasth. Elle possédait tous les équipements de luxe attendus sur une Rolls-Royce, mais aussi un coffre-fort secret, un klaxon émettant un sifflement de serpent et tout un arsenal d’armes pour la chasse. Le siège passager était pourvu d’un support à fusil et à l’arrière avait été installé une mitrailleuse. Le véhicule était également équipé de puissants projecteurs qui permettaient au Maharaja de continuer à chasser la nuit. Les automitrailleuses Rolls-Royce blindées n’avaient pas attendu le bon-vouloir et les caprices de ce Maharaja.
Elles étaient apparues en 1914 et utilisées au cours de la première guerre mondiale, de la guerre civile irlandaise et, dans l’entre-deux guerres, en Transjordanie, Israël et en Mésopotamie en application de la doctrine de “l’Imperial Air Control”. Dans les premiers temps de la Seconde Guerre mondiale, on les découvrait ou retrouvait encore au Moyen-Orient et en Afrique du nord. Initialement les Rolls Royce du Royal Naval Air Service, étaient des Silver Ghost qui avaient pour mission la reconnaissance, l’assistance au combat, la surveillance des côtes du Royaume-Uni et l’attaque des secteurs sous contrôle ennemi.
Le RNAS ayant envoyé des éléments sur les côtes belges dès le début de la guerre de 1914, le commandant local, Charles Samson, a ainsi engagé l’ennemi allemand au volant d’une Silver Ghost le 4 septembre 1914, près de Cassel. Le succès fut tel que Charles Samson a décidé de faire blinder “ses” Rolls Royce afin de sécuriser ses moyens de communication. Cela facilitait également la récupération des pilotes tombés dans les lignes adverses. Ce blindage surajouté fut réalisé dans les installations d’un chantier naval de Dunkerque, celui-ci mettant en place des plaques de tôle prévues pour des chaudières de bateaux.
Début octobre 1914, ces véhicules blindés furent les seuls disponibles pour protéger le retrait des troupes belges et britanniques entre Anvers et l’Yser. A la suite de cette expérimentation, l’Armée Française va copier cette utilisation en utilisant les Taxis Parisiens pour transporter les troupes et stopper l’avancée des troupes allemandes… Le RNAS, tout auréolé de gloire, a décidé, fin septembre 1914, que la totalité des châssis Rolls Royce Silver Ghost devaient être réquisitionnés pour construire les véhicules blindés désirés dont les plans seront établis le mois suivant par un comité du département de l’Amirauté.
En est sorti une automitrailleuse Rolls Royce Silver Ghost disposant d’une carrosserie entièrement blindée, surmontée d’une tourelle rotative à 360° armée d’une mitrailleuse Vickers à refroidissement par eau… 60 automitrailleuse Rolls Royce seront construites. Le blindage était composé de plaques d’acier au nickel-chrome de 4mm d’épaisseur. Les véhicules blindés furent répartis en 4 escadrons. Des roues, fournies par Michelin, vont peu à peu remplacer les roues à rayons des premiers modèles.
Après guerre, l’automitrailleuse Rolls-Royce sera légèrement modifiée et en 1924 le War Office préoccupé par les révoltes en Inde, va faire construire des “Automitrailleuses type Armée des Indes” constituant le “First Armoured Motor Unit”, et vont servir sur la frontière Nord-ouest de l’Inde à Peshawar. Six escadrons RNAS Rolls-Royce de 12 véhicules chacun furent formés et envoyés en France, puis transférés en Égypte et en Afrique-noire. Divers modèles seront ensuite envoyés au Moyen-Orient, destinés à la “Mésopotamie” (l’Irak actuel).
En mars 1927, certaines automitrailleuses de la 5e compagnie (5th Armoured Car Company) sont envoyées en Chine pour faire partie de la “Shanghai Defence Force”. D’autres sont envoyées au Moyen-Orient, ou la RAF était chargée du maintien de l’ordre dans la région, selon la doctrine de l’Air Control prônée par Hugh Trenchard et TE Lawrence qui estimaient que des automitrailleuses Rolls Royce étaient un élément utile pour leurs missions. Lawrence reçut 11 véhicules parmi ceux déjà sur place et il en fit construire 13 de plus.
Plus tard, à la suite du traité de Londres, les britanniques vont fournir à L’État libre d’Irlande 13 automitrailleuses Rolls-Royce pour lutter contre l’IRA. Ces véhicules donnèrent aux autorités un avantage majeur dans les combats de rue et dans la protections des convois routiers. Ils prirent aussi une part importante dans la reconquête de Cork et Waterford. En dépit de problèmes de maintenance et d’adaptation aux conditions météorologiques irlandaises, ils restèrent en service jusqu’en 1944, quand il s’avéra vraiment impossible d’obtenir les pneumatiques requis.
Au déclenchement du conflit avec les Nazis en 1939, 76 automitrailleuses Rolls-Royce étaient en service au Moyen-Orient et sont mises en œuvre par le 11e Hussard, les autres partent en Syrie et en Irak. Les véhicules sont alors ré-équipés d’une tourelle découverte dont l’armement comprend un Bren gun, un fusil anti-char Boys et un lance-grenades. Ils sont positionnés sur la frontière libyenne et ont pour mission de harceler les forts italiens proche de cette frontière. L’armée du Général Erwin Rommel va décimer la totalité des automitrailleuses Rolls Royce Silver Ghost dans un bain de sang et un massacre…
Ce fut la fin tragique de l’épopée des automitrailleuses Rolls-Royce Silver-Ghost… Qu’une firme ouvertement pro nazie tout comme la totalité des industries allemandes d’après 1945, s’amuse à améliorer la Rolls Royce Cullinan qui appartient à BMW (Bentley appartient à Volkswagen-Porsche AG) est comme l’utilisation d’un trophée puisque les moteurs Rolls-Royce motorisaient les Spitfire’s et les moteurs BMW motorisaient les Focke-Wulf , qui se sont affrontés d’abord lors de la bataille aérienne d’Angleterre et ensuite tout au long de la guerre jusqu’en 1945…
Cette Rolls Royce Cullinam améliorée par Platinum Motorsport de Los Angeles ET Mansory, spécialiste des modifications ultra-luxentielles allemandes, affiche seulement un peu moins de 300 miles/compteur. Les jantes sont des Mansory de 18 po et l’habitacle est en cuir mandarin orange… Nommé comme le Cullinan Diamond de 3.106 carats, le plus grand diamant brut jamais trouvé sur Terre, la Rolls-Royce Cullinan a représenté un changement de paradigme pour le constructeur automobile britannico-allemand de luxe, en tant que premier véhicule utilitaire sport de la marque emblématique Rolls-Royce.
Ayant longtemps résisté à la pression pour entrer sur le marché du tout-terrain de luxe, la main de l’entreprise a été forcée de suivre les célèbres débuts de modèles concurrents tels que la Bentley Bentayga et la Lamborghini Urus. Bien que la Culinan a été conçue pour être un vrai 4X4 de super-luxe, Rolls-Royce s’est assuré que le modèle conservait les qualités de conduite emblématique de la marque RR en utilisant le châssis Space-Frame en aluminium de l’emblématique Phantom VIII.
La structure est dotée d’une suspension pneumatique à double ossature, auto-alternante, équipée d’amortisseurs à commandes électroniques et d’un système de gestion du châssis révolutionnaire appelé “The Flagbearer”. Le système utilise une caméra intégrée dans le pare-brise avant qui surveille la route et ajuste de manière proactive la suspension à l’entretoise à l’approche d’irrégularités. Une fois la conception terminée, le Cullinan a été testé dans le cadre d’un partenariat unique avec National Geographic pour circuler sur tous les terrains imaginables à travers le monde.
Le moteur V-12 de 6.750cc BMW est alimenté par deux turbocompresseurs pour produire près de 600 chevaux et plus de 600 livres-pieds de couple. La transmission s’opère avec une boîte à huit vitesses conçue spécialement. La Cullinan réalise le 0 à 100 en moins de cinq secondes ce qui est remarquable compte tenu du poids de 3 tonnes. Mansory est niché dans les monts Fichtel, au nord-est de la Bavière. Depuis les 40 dernières années, Mansory crée des Rolls-Royce’s, en fonction des caprices de clients exigeants situés dans le monde entier. Le siège de la société Mansory se trouve à Brand, en Allemagne.
Son expertise dans la création de composants en fibre de carbone est si appréciée que les constructeurs automobiles les plus renommés du monde ont sous-traité avec Mansory pour développer des équipements originaux pour leurs modèles de production. Aujourd’hui comme hier, du haut de son acropole flanquée du double R, la voluptueuse dame ailée survole les bassesses de nos pensées trop cartésiennes. Les charmes vaporeux qu’elle déploie, indifférente à l’agitation de ce bas-monde, ont déjà fait perdre la tête et leur conscience professionnelle à bien des journalistes venus l’évaluer.
A l’image de ces femmes un rien trop mures mais sûres de leurs charmes, une Rolls-Royce qui se respecte possède le don rare de vous mettre dans sa poche en vous ôtant de l’esprit toute idée de critique ou de comparaison désobligeante. Pourquoi diable s’abaisser à effectuer quelques dérisoires mesures chiffrées quand l’essayeur a la chance de s’alanguir dans l’atmosphère so British de la “meilleure voiture du monde” ? Pour remplir son papier, il n’aura qu’à s’en remettre aux paroles d’évangile d’Henry Royce et puiser son inspiration dans la mythologie maison.
Ainsi, la légende veut qu’un penny posé verticalement sur le couvre-culasse, moteur tournant au ralenti, ne doit en aucun cas tomber. Je ne l’ai jamais vérifié et il faudrait être désobligeant pour en douter. Paris restera toujours Paris, et la Rolls, toujours la Rolls ! Mais les conseilleurs ne sont pas les payeurs ! Les Rolls-Royce, il y a ceux qui demandent combien elles consomment et ceux qui les aiment. On a tous entendu au moins une fois ces remarques goguenardes à leur sujet : “J’espère qu’ils fournissent la station-essence qui va avec ! Avant d’passer à la pompe, joue d’abord au loto !”…
Ces propos de comptoir ont de quoi exaspérer. La valeur d’une automobile iconique ne se mesure pas comme la consommation d’huile d’un Céquinze d’occaze. Demande-t-on à une œuvre d’art sa décote annuelle et à l’être aimé son prix de revient ? Tout comme l’homo sapiens a dépassé ses racines animales pour devenir sujet pensant, la Rolls a dès l’origine délaissé sa condition d’esclave mécanique pour tendre vers l’objet cultu(r)el. Sinon l’objet d’art.
La Rolls ne se chiffre pas. Elle s’éprouve, se ressent. Cela commence par un choc frontal.Dès son entrée dans le champ visuel, la reine des voitures impose au regard son aristocratique stature et l’élégance altière de son radiateur. Sur son passage, le pavé se fait scène et la descente de voiture, spectacle de rue. Autour d’elle, les Mercedes rétrogradent d’une ou deux classes sociales et les BMW rasent les murs. Le numéro de charme se poursuit dans le cocon intimiste de l’habitacle par une fête des sens. Odeur et toucher sensuels du cuir Connolly, épaisseur des moquettes invitant à se déchausser…
L’opulence des boiseries aux veines symétriques et le charme suranné des bouches d’aération, c’est du grand art sans commune mesure avec le faux luxe clinquant d’une Cadillac ! A bord, l’espace à bord se fait rare. Les intérieurs modulables, c’est pour les bétaillères à mioche. Celui qui veut s’offrir cet environnement quotidien, et je ne parle pas là du doux rêveur qui pense pouvoir assumer cette envie est nécessairement à l’abri des aléas de la survie au jour-le-jour. Il est naturellement sensible a d’autres arguments que les données bêtement mesurables….
“Les ailes de la Rolls effleuraient des pylônes… Quand m’étant malgrè moi égaré… Nous arrivâmes ma Rolls et moi dans une zone… Dangereuse, un endroit isolé… Là-bas, sur le capot de cette Silver Ghost… De dix-neuf cent dix s’avance en éclaireur… La Vénus d’argent du radiateur… Dont les voiles légers volent aux avant-postes… Ruelles, culs-de-sac aux stationnements… Interdits par la loi, le coeur indifférent… Elle tient le mors de mes vingt-six chevaux-vapeurs… Prince des ténèbres, archange maudit,.. Amazone modern’ style que le sculpteur… En anglais, surnomma Spirit of Ecstasy”… Serge Gainsbourg