Ford RS200
Ca me fait tout drôle de la revoir, c’est une de mes anciennes. Elle m’a fait jouir, la garce ! A l’époque ou on s’aimait (ou on se baisait l’un/l’une/l’autre) elle ne valait financièrement plus grand-chose, je l’avais d’ailleurs eue dans un deal entres affreux qui vivent d’acheter ce qui en jette et fait bander pour le moins cher possible, afin de tenter de revendre le plus cher possible à des branleurs. Une voiture “Casino”, un monde ou les Ferrailleries et Porscheries sont les Starlettes polies-lustrées… D’ailleurs une pute “humaine” est souvent maquillée comme une bagnole volée, c’est le même style et les mêmes clients… Une phrase résume le marché des bagnoles “hors-normes” d’occazzzz : “Les marchands de bagnoles sont des macs et les bagnoles qu’ils vendent, des putes”…
S‘il est probable que le maquillage bariolait déjà les corps et les visages des décorateurs pariétaux de ce qui n’était pas encore la Dordogne en ces temps d’avant le calendrier ab Urbe condita, s’il est certain qu’onguents, huiles parfumées, khôl et rouges à lèvres rendaient les reines de Saba ou d’Égypte encore plus désirables aux yeux du premier pharaon venu ou de n’importe quel roitelet, s’il est évident que le vol, la tromperie, l’arnaque sont aussi vieux que la première querelle de voisinage pour une histoire de mammouth domestiqué, il aura néanmoins fallu attendre 1896 et la fabrication des Panhard & Levassor et autres Peugeot pour voir émerger l’expression “Être maquillée comme une voiture volée”. L’histoire attribue en effet au Baron Zulien la paternité de l’expression, l’aristocrate ayant été le premier à se faire dérober sa voiture par des malfrats qui la maquilleront si bien qu’elle ne sera jamais retrouvée. Être maquillé(e) comme une voiture volée est donc bien logiquement originaire de France, pays des bagnoles et des femmes élégantes.
Le sombre monde des méfaits et larcins ne bénéficiera par longtemps de la locution, celle-ci venant à s’appliquer dès le début du XXᵉ siècle aux grandes horizontales pomponnées excessivement afin d’éblouir les michetons fortunés (tel le Baron Zulien). Cocottant puisque parfumées à outrance, les belles seront aussi maquillées comme une voiture volée à la manière d’une Renault Fuego avec flammes sur les portières ou d’une Golf GT-couilles à spoiler, casquette de toit avec feux de gabarits paradant sur un parking de supermarché au milieu des caddies un dimanche de concours régional de tuning, afin d’arriver à leurs fins. Être maquillé(e) comme une voiture volée connaîtra ainsi de bien belles années, une heureuse conjonction d’intérêts entre l’industrie automobile et la cosmétique faciale poussant à son usage quotidien. Longtemps règneront pare-soleil Dédé la frime, Jacky’Touch-Nitromaniaque, fard à paupières vert et jaune façon Boy George, volant gainé de peau de mouton, moquettes persanes et smoky eyes de Pandi-Panda !
Les cartels du rouge à lèvres à effet velours et du recourbe-cils pour un regard de braise qui dure vraiment longtemps décideront de bannir l’expression vers le milieu des années ’80, quand l’automobile française perdra ce qui lui restait de dignité avec la production de la Bx sport et son aileron ridicule, qui sortait d’usine maquillée comme une voiture volée… et que simultanément la folie de la Kustomization délirait avec des 203 décorées comme des arbres de Noël…
La Ford RS200 vient de cette préhistoire automobile, mais qu’importe, de toutes façons, je m’en tape, depuis quelques années, je suis rangé des voitures… Dépassée, cette locution qui se gaussait des excès cosmétiques s’enfonce en surannéité. Elle y rejoint les demi-mondaines trop fardées et les berlines bien carrossées. Si d’aucuns n’en étaient pas encore convaincus, ils vont mesurer dans cette définition toute l’importance d’un participe passé confronté à son infinitif, bref toute la valeur d’un simple accent aigu. La construction même de l’expression bouleverse quiconque s’y confronte une première fois.
Verbe pronominal ou participe passé utilisé comme adjectif, les deux étant d’usage, ils perdent alors les Facebookiens illettrés qui abordent tout juste les rives du passé composé (je suis en CE1). Se ranger ou être rangé se chamaillent et m’en font perdre le sens. “Rangé des voitures” est d’une complexité qui laisse perplexe. Ranger des voitures semble logique, voire facile car ce fut l’une de mes activités favorites. Mes bagnoles “à-la-con” sont en effet alignées selon un savant savoir-faire qui ferait rougir de jalousie n’importe quel revendeur de soucoupes volantes. Mais on corrige avec l’auxiliaire avoir si on utilise son compère être et dis qu’on s’est rangé des voitures. Mais c’est le participe qui taraude. Et puis un jour il ressurgit ! On entend dire d’untel qu’il est désormais rangé des voitures. Il est même question de 400 coups (un autre truc bien étrange) qu’il aurait fait, et je mesure que 400 c’est beaucoup, mais 400 coups c’est plutôt flou. Ils semblent cependant nécessaires au rangement des voitures en question. De plus en plus bizarre.
Il faut dire que rangé des voitures est d’autant plus alambiqué que nul n’est capable d’en expliquer correctement l’origine. Une périphrase passée à la postérité pour changer de conduite ? Pourquoi pas, mais dans ce cas pourquoi “rangé” et pas“ranger” ? Et quid de ce chapeau d’article qu’on sent indéfini ? Une allusion à des embouteillages si condensés qu’il serait bon de se mettre sur le bas-côté pour regagner de la sérénité ? Allons, allons, rangé des voitures a été entendu au XIXᵉ et la Concorde n’était pas bondée à cette époque. Rangé des voitures va filer à la casse et y finir sa carrière aussi rouillé qu’une vulgaire guimbarde. Il a suivi dans cet enfer pour vieilles carcasses, les berlines carrossées pour épater les filles, les cabriolets qui faisaient voler leurs cheveux blonds au vent, et les coupés au plancher bas imaginés pour qu’on puisse voir leurs jambes quand elles en descendaient. L’époque moderne est sage, elle aussi bien rangée des voitures… Circulez vous dit l’agent !
Nanananana, j’en reviens à mon ancienne pute ! Une icône de la performance et de la puissance des années 1980, l’une des rares races de voitures de route homologuées de l’apogée des courses du Groupe B… Comprise comme l’une des 57 modèles RS200 fabriquées en conduite à droite, selon la base de données Ford RS200. Propulsée par le moteur de 1,8 litre turbocompressé conçu par Cosworth, mise à niveau de neuf à fournir 350 chevaux. Pour l’époque c’était le pied intégral ! Je l’avais payée 20.000 euros et “on” me disait fou ! Je l’ai exposée dans quelques foires à bestiaux mécaniques, personne n’en a voulu… Je l’ai même inscrite dans une vente aux enchères avec 7 autres vieilles putes… Rien ! Pas de résultat. Un jour, enfin dans une foire aux beaufs de province, il en est un (il n’en faut qu’un pour finaliser une vente tout comme pour se faire baiser ou baiser) et j’ai jouis de la vendre pour 40.000 euros, ce qu’on nomme “une pirouette”…
Elle vient de réapparaitre affichée 250.000 euros ou £ivres Sterling chez Sotheby’s, c’est un peu, comme si une de vos anciennes petites amies devenait Présidente de la République, voire “Femme de Président gériatrik-gérontophile”... C’est pas ça qui vous aurait téléporté comme Big-Boss de LVMH ou Président de la Cour des comptes, voire chef de vente dans un Brico-center… Ce qui m’amuse c’est qu’il y a quelques années strictement personne n’en voulait et que maintenant tout le monde est effaré, presque à me téléphoner pour me dire : “Ah, M’sieur DeBruyne, j’ai réfléchi, on ne fait plus la salle de bain, alors je peux vous donner les 40.000 que vous demandiez”... Un monde de putes ! Rien que le fichier d’historique montre que plus de 20 000 £ Sterling ont été payés pour la maintenance. Attestation du Club RS200 d’époque. Présence du manuel des pièces de rechange d’octobre 1988 et du manuel du propriétaire avec mon nom en tête ! Le compteur kilométrique indique un peu plus de 1.200 miles au moment du “catalogage” de la vente aux enchères 2022… Les beaufs devraient avoir honte de l’avoir ratée pour 40.000 euros !
À l’époque halcyon du sport automobile du Groupe B, Audi, Lancia et Peugeot s’affrontaient sur un terrain de jeu scandaleux. Dans l’équivalent automobile d’une course aux armements, les concepteurs de voitures étaient déterminés à devenir plus grands et plus audacieux à mesure que la classe de rallye se développait de 1982 à son arrêt soudain en 1986 ; Les fabricants ont développé des moteurs extrêmement puissants utilisant des systèmes à quatre roues motrices pour utiliser chaque parcelle d’adhérence, tandis que les conducteurs chargeaient à travers des foules de séparation à des vitesses presque impossibles. Alors que la Ford Escort avait couru les saisons précédentes, les dirigeants de Ford visaient à imiter le succès du groupe B de leurs grands rivaux de marque avec une équipe d’usine renouvelée. Les efforts pour construire une équipe soutenue par Ford autour de l’Escort de troisième génération, lancée en 1980, ont finalement échoué alors est sortie la RS200 en 1986, construite pour affronter la Quattro Sport, la Delta S4 et la 205 T16.
Si la Ford RS200 a attiré Patrice De Bruyne (donc moi-même) à en acheter une, Ford a attiré Stig Blomqvist d’Audi Sport, qui a couru aux côtés de son compatriote suédois Kalle Grundel lors de la première sortie du groupe B de l’équipe, devant la RS200. La RS200 à quatre roues motrices surbaissée était équipée d’un moteur de 1,8 litre turbocompressé monté au milieu et sa disposition de véhicule sur mesure a permis de monter la transmission vers l’avant de la voiture. La conception globale du châssis a été dirigée par le célèbre concepteur de Formule 1 et du Groupe C, Tony Southgate, aux côtés de l’ingénieur de course John Wheeler, et le poids du véhicule a été réduit au minimum grâce à la carrosserie en fibre de verre conçue par Ghia et fabriquée par Tickford. Une configuration de suspension à double triangulation a donné au modèle un équilibre et une maniabilité acclamés.
Alors que la RS200 était relativement puissante en compétition, le retard de Ford envers le groupe B s’est avéré coûteux. La catégorie a été supprimée en 1986, en raison des craintes croissantes concernant la sécurité des conducteurs et des spectateurs après un certain nombre de décès, et l’incursion compétitive de la RS200 était presque terminée avant qu’elle ne commence. Selon la rumeur, Ford aurait investi environ 10 millions de livres sterling dans le projet, Ford visait à récupérer une partie de ces coûts en récupérant de l’argent dans les ventes de voitures de route. En raison des règles d’homologation du groupe B appliquées par la FIA, le constructeur avait été tenu de fabriquer au moins 200 unités, mais la prise a été retirée sur la classe de course pendant la production de la voiture de route, ce qui signifie que le nombre total de modèles fabriqués était plus proche de 147, avec seulement 57 fabriqués en conduite à droite.
Cette voiture d’homologation de 1986 est sûrement l’une des rares à survivre dans un état aussi époustouflant. Finie en blanc avec les projecteurs reconnaissables à quatre lampes et les projecteurs Hella Rallye 1000, cette RS200 ravive instantanément les souvenirs de la glorieuse action du Rallye Groupe B. Alors que la RS200 de route standard était équipée d’un moteur développé par Cosworth qui délivrait environ 250 chevaux, cette voiture a été mise à niveau une fois terminée, évaluée à 350 chevaux lorsqu’elle était neuve. Cette Ford RS200 est basée sur un châssis désigné par le rallye et présente diverses caractéristiques qui signifient le modèle; y compris un boost réglable depuis le cockpit, des sièges noirs de rallye avec des ceintures de harnais à cinq points, un capot moteur rarement vu, des pods de lampe, des jantes en alliage Monobloc Speedline et un levier de vitesses variable fixé à la boîte de vitesses.
Après une propriété précoce (coucou, j’suis là !), après avoir été rachetée une croute de pain (40.000 euros) à l’éditeur de Chromes&Flammes, cette voiture est entrée dans une période prolongée d’exposition dans un musée, ce qui explique le faible mais réel kilométrique de seulement 1.218 miles au moment du “catalogage”. Proposée à la vente avec un rapport d’inspection réalisé en 2016 par Geoff Page Racing, l’expert en sport automobile Ford basé dans l’Essex, l’évaluation indique : “C’est l’une des meilleures RS200 au monde que j’ai vues depuis plusieurs années… elle fera une voiture parfaite pour tout collectionneur et peut-être même une pièce de musée… La voiture a été méticuleusement entretenue par ses anciens propriétaires. Les factures d’atelier enregistrées dépassent 10.000 £, avec un entretien clé comprenant le retrait et la reconstruction de la boîte de vitesses, l’installation d’un nouvel embrayage et un entretien de routine”…
En avril 2022, plus de 10.000 £ ont de nouveau été dépensés avec Julian Godfrey Engineering pour des travaux comprenant la révision du système d’alimentation en carburant et la rectification d’autres petits points autour de la voiture pour la remettre en état de fonctionnement optimal. Le dossier d’historique comprend un rapport d’une inspection à distance par l’expert RS200 et auteur de Ford RS200 : “The Story So Far, Justin Smith”, en 2011. Cette RS200 est proposée à la vente avec plusieurs exemplaires des bulletins d’information du Club RS200 d’époque, un manuel des pièces de rechange d’octobre 1988 et le manuel du propriétaire ainsi que divers de mes anciens magazines “AutoChromes” où je l’avais positionnée en vedette…
Pour tout passionné de la gamme de voitures de performance de Ford, des courses du groupe B ou de ceux qui recherchent simplement une voiture de route convaincante, amusante et engageante à conduire, ne cherchez pas plus loin que cette RS200. Des opportunités comme celle-ci pour acquérir un exemple aussi correct et à faible kilométrage sont rarement aussi attrayantes ou à venir compte tenu de la rareté du modèle.
2 commentaires
Mon cher Gatsby,
Je vous adresse toutes mes félicitations pour avoir œuvré à la sauvegarde du patrimoine automobile, n’ayons pas peur des mots ! Il serait néanmoins logique que la maison de ventes aux enchères vous attribue une forme de commission puisque sans votre nom, l’auto vaudrait bien moins cher, vous en êtes la meilleurs publicité !
Le kilométrage de l’auto doit-il être expliqué par son caractère rare et “collector”, dans le sens où des types se sont dit que moins elle roulerait, plus ils s’enrichiraient, ou bien doit-on l’attribuer à la fiabilité qui permet de remplacer la boîte de vitesses précocement et des qualités d’usage… particulières ?
A vous lire, bien amicalement,
Votre lectorat.
Inconfortable et bruyante c’est de plus un engin totalement inutile et inutilisable en dehors des rallyes… Mais à quoi servent les rallyes sauf à y faire concourir des inutilités dans des inutilités… Je savais en la négiciant pour une misère que j’allais doubler la mise !
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