Koenigsegg Jesko & co…
Je l’ai écrit plusieurs fois, en Occident, excepté Morgan et Ford, strictement aucun constructeur d’automobiles hors normes n’a survécu de son propre argent (si on feint de considérer que le propre argent n’est pas sale) sinon en se faisant racheter par divers hyper-fortunés pour éviter la ruine… Les affairistes richissimes en solo ou en bandes de prédateurs organisés voire divers groupes industriels en quête d’une image de Top-niveau, en achetant des constructeurs endettés voire en limite de dépôt de bilan, s’évitent de trainasser des années en se ruinant pour créer une image. Cette image en ce qui concerne Koenigsegg, est d’une beauté enfantine trop puérile et retouchée pour être honnête.
Ce serait en voyant le film d’animation norvégien d’Ivo Caprino Flåklypa Grand Prix, à l’âge de 5 ans, que Christian Erland Harald von Koenigsegg, né le 2 juillet 1972 à Stockholm, se serait juré de fabriquer un jour une supercar… Ça sonne aussi faux que des boutons de chemises dans un cochon-tirelire remplaçant les piécettes de monnaie économisées. Le beau rêve s’il brise le cochonnet-tirelire en quête d’argent pour le réaliser ne disposera pas de quoi le mettre en œuvre. Toujours est-il que Koenigsegg à créé Koenigsegg-constructeur-créateur suédois d’automobiles de Top-niveau qui s’est auto-sacré spécialisé dans les Supercars de grand standing. La recette est simple il suffit d’annoncer un prix superlatif bien au-delà du million d’euros.
La marque est créée le 12 août 1994 par Christian von Koenigsegg, alors âgé de 22 ans. Pour la Koenigsegg One:1, le designer choisi est David Craaford, dont le même rêve est également de fabriquer la parfaite supercar. En 2000, après six ans durant lesquels l’un a créé châssis et carrosserie, l’autre affiné sa parfaite maîtrise des relations publiques, la production de la Koenigsegg CC8S commence ! Le moteur V8 est “donné” en pâture à la presse comme atteignant 655 chevaux. Quatre ans passent encore et en 2004, Koenigsegg sort la CCR. L’année suivante, en 2005, elle établit un record mondial de vitesse pour une voiture produite en série avec 388km/h. Le moment de devenir très riche et très célèbre, attendu depuis 11 ans, serait-il enfin arrivé ?
La phase business/rentrées d’argent débute… Koenigsegg propose des modèles Limited (en très petite série) quatorze exemplaires dérivés de la CCR nommés CCX équipés d’un V8 de 4L8 annoncé à 888chevaux plus six exemplaires nommés CCXR développant 1.018 chevaux. Le génie n’a pas de limite pour alimenter la presse, Christian Erland Harald von Koenigsegg diffuse que son groupe rachète Saab à GM. En effet, Saab ayant été déclaré en faillite, a été mis en vente en février 2009. Koenigsegg prétend finaliser à la fin du troisième trimestre 2009 grâce à un prêt sur notoriété (sic !) de 600 millions de dollars garanti par le gouvernement Suédois ce qui est autorisé par la Banque européenne d’investissement (BEI).
Signant un accord d’acquisition sous réserve en juin, le groupe qui emploie alors seulement 45 personnes, se rétracte à la limite légale le 24 novembre 2009 prétendant que les bilans de Saab sont sujets à questions… Qu’importe, Koenigsegg a donné l’impression d’être plus grand que Saab… Ce n’est pas une arnaque ni une tromperie, c’est la partie illusionnement du business. L’artisan néerlandais Spyker Cars (alors concurrent de Koenigsegg) déboule le 26 janvier 2010, soit 2 mois plus tard, dans l’arène de ce cirque. Victor Muller (Spyker Cars) et GM annonçant séparément la signature d’un accord de vente : Saab Automobile est cédé au Néerlandais pour 400 millions de dollars, dont 74 millions en liquidités et 326 millions en actions préférentielles !
Avec le soutien d’un prêt de 400 millions d’euros de la Banque Européenne d’Investissement garanti par l’État suédois, la nouvelle entité Saab-Spyker devrait pouvoir sévir… Patatras, le 7 septembre 2011 le tribunal de Vänersborg place Saab Automobile sous protection de la loi suédoise sur les faillites. Spyker est quasi ruiné… Un mémorandum d’acquisition avec les deux groupes chinois, Youngman et Pang Da4 pour la vente est réalisé contre paiement de 100 millions d’euros. Mais GM s’oppose à tout processus d’acquisition par des acteurs chinois, craignant une mise en concurrence avec ses propres accords de développement sur le marché chinois, notamment avec SAIC et la fuite des brevets Saab qu’il détient. En août 2015 est donc annoncé la fin de Saab…
Christian Erland Harald von Koenigsegg a perdu Koenigsegg détenu à 49% par Eker Group. Les autres actionnaires sont l’entrepreneur américain Augie-Fabela et le constructeur automobile chinois Beijing Automotive (BAIC). Comme vous le constatez, aucun constructeur sauf Morgan et Ford n’ont survécu de leur propre argent… Christian Erland Harald von Koenigsegg et David Craaford sont des directeurs employés depuis 2015… Triste ! Quoique dans ce milieu de malfaisants, comme tout un chacun agit en pirate, on attend en souriant d’avance, comment il va retomber sur ses pieds ! Koenigsegg emploie aujourd’hui 80 personnes et augmente sa production de quinze à trente voitures par an grâce à l’argent régulièrement investi à perte… C’est en bonne voie !
Les deux soeurs de la Jesko sont : 1° La Regera est la première voiture hybride de Koenigsegg. En plus d’un moteur V8 biturbo de 5 litres de cylindrée développant 1.100 chevaux, elle dispose de trois moteurs électriques développant un peu plus de 700cv. L’autre particularité de la voiture est qu’elle ne possède pas de boîte de vitesses, remplacée par le KDD (Koenigsegg Direct Drive). Selon le constructeur, cette technologie économise le poids de la boite de vitesses. 2° L’Agera RS, Christian Erland Harald von Koenigsegg la décrit comme très inspirée de la One1, tout en étant pratique et utilisable au quotidien. Son V8 est donné à 1.160cv. Elle devait être produite à 25ex mais on attend la suite. Tout l’art est de faire croire, personne n’a accès à la comptabilité.
La Koenigsegg Jesko a été dévoilée lors du salon de Genève 2019 (Une version dédiée exclusivement à la vitesse sur une piste d’aviation privée étant présentée lors de l’édition suivante du même salon, réservée à moins de 5 multimilliardaires. Avec les sanctions occidentales contre la Russie qui percutent en fait tout le monde sauf nos pontifes qui peuvent profiter des retours de commission sur les dons charitables par milliards, le marché visé par la Jesko est tombé à rien ! Elle a beau développer 1600cv grâce à un V8 biturbo de 5 litres et inaugurer une nouvelle boîte de vitesses appelée “LST”, permettant instantanément de passer librement entre tous les rapports (tout en ne pesant que 90 kg), tout le monde s’en tape les couilles. Sauf la presse à scoop !
Elle dispose également de roues arrière directrices et produit 1000 kg d’appui aérodynamique à 275 km/h. La course à la voiture la plus rapide homologuée pour la route ne concerne plus les clients mais la poignée de constructeurs de Supercars qui survivent, dont Koenigsegg fait partie. Le dernier record date du 28 février 2005 (ce qui semble plus loin que la Révolution de mai 1968), la CCR, en atteignant la vitesse de 388,87 km/h, a battu le record de vitesse précédemment obtenu par la McLaren F1 sur le circuit d’endurance de Nardò en Italie. Ce nouveau record sera lui-même battu huit mois plus tard par la Bugatti Veyron 16.4 avec 407,5 km/h, avant de revenir à la CCXR en 2007 (record non homologué), avec 418,11 km/h.
Puis le record reviendra à la Bugatti Veyron Super Sport avec une vitesse de 431,072 km/h. Le 4 novembre 2017, la RS a établi le record de vitesse pour une automobile de série, sur une portion de la Route 160 dans l’État du Nevada aux États-Unis, avec 447 km/h de moyenne sur un aller/retour, avec une vitesse de pointe de 457 km/h7. Le 23 septembre 2019, la Regera bat de nouveau le record du monde du 0-400-0 km/h, finissant l’exercice en 31,49 s à l’aérodrome militaire de Råda, près de Lidköping. Le 0-400 est abattu en 22,87 s, et le retour à l’arrêt, en 8,62 s, le tout sur une distance totale de 2.048,46 m. Tout cela ne fait vendre réellement aucune de ces voitures, c’est inutilisable. Seul le coté hors de prix de plusieurs millions appâte les multimilliardaires extraterrestres…
Automobiles Koenigsegg
Koenigsegg CC (1996), prototype, moteur V8 Ford de 4,8 L
Koenigsegg CC8S (2002-2004), moteur V8 Ford de 4,8 L, 655 ch
Koenigsegg CCR (2004-2006), moteur V8 Koenigsegg en aluminium de 4,7 L, 806 ch
Koenigsegg CCX (2006-2010), moteur V8 Koenigsegg en aluminium de 4,7 L, 888 ch
Koenigsegg CCGT (2007), moteur V8 Koenigsegg de 5 L, 600 ch
Koenigsegg CCXR (2007-2010), moteur V8 Koenigsegg en aluminium de 4,7 L, 1 018 ch, bioéthanol
Koenigsegg Agera (2010-2013), moteur V8 Koenigsegg en aluminium de 4,7 L bi-turbo, 960 ch et 1 100 N m, bioéthanol
Koenigsegg Agera R (2011-2014), 1 115 ch et (2013), 1 140 ch
Koenigsegg Agera S (2012-2014), 1 030 ch
Koenigsegg One:1 (2014), 1 360 ch
Koenigsegg Agera RS (2015-2019), 1 160 ch
Koenigsegg Regera (2015-présent), 1 500 ch
Koenigsegg Agera XS (2016), exemplaire unique dérivé de l’Agera RS équipé d’un moteur V8 Koenigsegg en aluminium de 5 L bi-turbo développant 1 160 ch et 1 280 N m pour un poids total de 1 395 kg. Elle est dotée du plus grand aileron arrière jamais utilisé par le constructeur8
Koenigsegg Jesko (2019), 1 600 ch
Koenigsegg Gemera (2020), 1 723 ch
Koenigsegg Jesko Absolut (2020), 1 600 ch
Deux Koenigsegg Jesko peintes en tang Orange Pearl avec des accents argentés et en fibre de carbone, ont été exhibées aux deux ahuris (dont moi) ayant répondu à l’invitation destinée à re-présenter ces voitures pour ne pas sombrer dans l’oubli. Cette fois-ci, c’était un hommage visuel à la palette de couleurs originale Koenigsegg tang Orange Pearl avec des accents argentés. C’était pathétique… En totale contre publicité voir Christian Erland Harald von Koenigsegg, né le 2 juillet 1972 à Stockholm, engoncé tout serré dans le cockpit (il est trop gros et imposant de plus la voiture trop petite pour les gros gabarits) et tentant de controler la Jesko qui partait dans tous les sens, fut un grand moment d’hilarité qui s’il y avait eu des client aurait été très négatif !
“Nous sommes très heureux de présenter cette Jesko de présérie en conjonction avec le début de la production des 125 voitures clients Jesko et Jesko Absolut. Dans le cadre de notre expansion progressive, le pré-assemblage de la Jesko commence dans une installation agrandie de 10 000 mètres carrés”… m’a dit Christian von Koenigsegg, ajoutant :”Tout au long de sa phase de prototypage, la Jesko a prouvé qu’elle offrait une réactivité et une sensation de conduite ultimes. Les récents shakedowns et essais démontrent sa maniabilité inégalée attribuée à un amortisseur triplex actif ajouté à la suspension avant, à l’aérodynamique active, aux pneus Michelin intégrés au développement et au système de stabilité électronique Koenigsegg”….
Etant le seul à qui parler, il m’a littéralement collé pour me raconter plein de choses qui ne m’intéressaient absolument pas : “Ce qui caractérise vraiment la Jesko, c’est sa transmission de vitesse légère (LST) brevetée Koenigsegg. Elle représente une échelle d’évolution jamais vue depuis le développement de la technologie moderne à double embrayage au tournant du siècle. La Jesko est très naturelle à conduire. En raison de son changement de vitesse transparent, que ce soit vers le haut ou vers le bas, tout se passe beaucoup plus rapidement. Il n’y a pas de retards, il est très réactif et se comporte exactement comme vous le souhaitez. Pour une voiture de sa taille et de sa puissance, elle est très agile dans sa façon de réagir à la direction et ne tourne pas même avec des mouvements brusques à plein régime. Elle a été conçue pour être la transmission de changement de vitesse la plus rapide au monde. La LST comprend neuf vitesses avant et sept embrayages multidisques humides dans un ensemble compact et ultra-léger capable de changer de vitesse incroyablement rapidement entre les vitesses à une vitesse proche de la lumière, tout en maintenant un couple positif. Ceci grâce à l’ouverture et à la fermeture simultanées des embrayages qui permettent une accélération ou une décélération sans faille. Ce qui fait passer le LST d’impressionnant à évolutif, c’est que ces avantages en termes de temps de changement s’appliquent lors du changement de vitesse entre les vitesses avant. Je vous fais envoyer cela par mail pour publication.”
Avec la déclinaison Jesko Absolut, Koenigsegg espère mettre fin à tous les débats sur sa suprématie, et notamment vis-à-vis de Bugatti qui n’appartient plus au Groupe VW-Porsche (encore un) et dont la survie parait aussi improbable que celle de Koenigsegg… Mais Christian Erland Harald von Koenigsegg reste confiant et m’a dit comme si c’était pour m’en vendre une : “Avec sa structure monocoque en aluminium offrant davantage de rigidité, la Jesko Absolut se pare de nombreuses spécificités afin de réduire le coefficient de traînée et améliorer le dynamisme de la Supercar. L’immense aileron en boomerang de la Jesko laisse place sur l’Absolut à deux ailettes inspirées des avions de chasse, améliorant la stabilité à haute vitesse, c’est la raison d’être de ma voiture”…
Dans l’habitacle, les rois de la tech et les influenceurs (qui ne sont ni acheteurs ni payeurs) découvriront de quoi influencer les internautes fauchés car c’est un cocon douillet. On y trouve la climatisation, une compatibilité Apple CarPlay et encore le chargement du téléphone. Le système Autoskin permet de contrôler à distance les portes et la suspension hydraulique. Petite spécificité de la version Absolut : le panneau de toit peut être logé dans le coffre. Sous le capot en coincé entre celui-ci et le V8 5,0 Litres biturbo délivrant 1600 chevaux pour un couple de 1500 Nm, sous réserve d’utiliser le biocarburant E85. Si vous n’avez pas ce type de carburant sous la main, vous n’aurez droit qu’à 1280 chevaux avec de l’essence SP95.
Koenigsegg reste encore discret sur son auto et ses performances, mais annonce des vitesses démentielles : jusqu’à 483 km/h. Selon Christian Erland Harald von Koenigsegg , il s’agit de la voiture de série la plus rapide jamais produite par Koenigsegg. Moteur : V8 biturbo flexfuel… Puissance : 1600 ch… Couple : 1500 Nm… Poids : 1420 kg… 0-100 km/h : 2,6 sec… Vmax : 500 km/h… Prix de base : à partir de 2,5 millions plus TVA, taxes, frais et divers emmerdements à découvrir… Options illimitées… Livraison indéterminable… Homologation impossible… Service après-vente inexistant… Utilisation aléatoire… Garantie non garantie mais possible… Utilisation interdite sur routes ouvertes et sur circuit sauf pour exhibitions privées…
4 commentaires
Mon cher Gatsby, Vous nous livrez là une synthèse brillante de l’histoire de l’entreprise et de son modèle économique qui ne l’est pas tant que ça, là où nos cerveaux populaires fatigués par un travail d’esclave sont hypnotisés par la teinte orange de l’auto comme un insecte devant un phare de Peugeot 405 un soir d’été à Thionville. Magistral !
Question en deux temps, réponse de même… Je me dois donc d’ajouter un complément ! L’engin est comme le repas que j’ai commenté : c’est un tord-boyau !
Mon cher Gatsby,
Vous nous livrez là une synthèse brillante de l’histoire de l’entreprise et de son modèle économique qui ne l’est pas tant que ç
Je l’ai commentée comme un vrai client-utilisateur, pas comme un journaleux-essayeur-testeur. De ce fait j’ai aussi examiné le personnage réel de l’affaire et pas seulement ses autos. La narration est du vécu !
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