Siata Spring 1968

Surnommée “La voiture de l’Amour” suite à sa présence dans le film du même nom, cette petite bêtise faisait tourner les jeunes têtes, même durant le mois de mai de la révolution Parisienne calculée par “le suppôt de satan” qu’était Cohn Bendit, grassement payé par les USA dans le but de forcer le Général de Gaule à renoncer au pouvoir… Tout a très bien marché, la jeunesse s’est fait avoir bien profond, de Gaule a payé cher le fait d’avoir bouté l’OTAN hors de France et, en contre partie de la Révolution étudiante, il y a eu une restriction des libertés, en même temps que la France entrait dans le consumérisme…

En plus d’être la voiture de l’Amour, c’était la voiture de Babar qui passa son permis à son volant… Elle était alors “Tendance Oui Oui”... Rares sont les voitures qui faisaient autant envie que pitié, car il était difficile de la prendre au sérieux. Pourtant, son constructeur, Siata (Societa Italiana Auto Trasformazioni) produisait déjà des voitures avant-guerre et proposait à une clientèle très italienne, toute une panoplie de voitures bien dessinées sur base Fiat durant les années ’50 et début des années ’60 (notamment le Coach TS, qui sera aussi fabriqué par Neckar en Allemagne).

Toutefois la petite Spring apparue en 1967/1968 ressemblait plus à une plaisanterie. Pourtant, c’est de manière très sérieuse que Siata réalisa le lancement de cette drôle de voiture. Jusqu’alors, l’officine italienne, malgré la qualité de sa production, restait relativement confidentielle. Renato Ambrosini, le fils du fondateur qui avait relancé la marque après-guerre, cherchait à donner une nouvelle dimension à son entreprise en produisant une voiture susceptible d’être produite en de plus forts volumes. Au milieu des années ’60, l’heure était à la dolce vita, et il l fallait donc cibler une clientèle jeune et frivole.

Pour la séduire, on va s’inspirer de l’arrivée des répliques telles les Excalibur’s en version Bugatti et Mercedes au look d’avant guerre, en proposant un petit roadster fun et sympa. Renato Ambrosini sera même poussé dans cette voie par André Chardonnet, toujours désireux de proposer à sa clientèle française des modèles spécifiques et fun comme l’Autobianchi Eden Roc. C’est la Fiat 850 qui va servir de base à la Spring, ce qui donne la première incongruité de la voiture : sa calandre un peu grotesque qui ne sert à rien puisque le moteur est à l’arrière.

En fait, toute la voiture est une caricature de roadster d’avant guerre teintée de relents british : calandre, passages de roues, petits phares extérieurs, marchepieds, tout y est pour donner un style à cette micro voiture sans vraiment y arriver ! N’est pas Morgan ni Excalibur qui veut, malgré les évidentes inspirations. Siata avait déjà commis la Rallye entre 1951 et 1958, de façon beaucoup plus heureuse, elle-même réplique des MG TD de l’époque et Alfa Roméo également avec une réplique de l’Alfa Zagatto 1750 !

La réussite de l’opération le fut en cause des volumes de production jusqu’alors jamais atteints par Siata, qui devait absolument rentabiliser ses investissements. Il fallait donc vendre la Sping… La peur des distributeurs de se retrouver avec des stocks invendables les conduira à vendre la Spring à coup de remises et de tarifs imbattables, alors que l’usine, qui n’avait jamais connu une telle production, avait bien du mal à suivre. L’équation était compliquée ! D’autant que des grèves chez les ouvriers de Siata vont paralyser l’usine quelques semaines.

Comme vous vous l’imaginez, la Spring sera fatale à Siata. Malgré une production de près de 3.500 exemplaires entre 1967 et 1970 (les plus grosses ventes jamais réalisées par Siata), ce n’était pas suffisant pour survivre. Chaque voiture vendue creusait un petit peu plus les pertes de l’entreprise, qui stoppa la production et l’hémmoragie en 1970. On reverra pourtant la petite Spring en 1971 dans le film Trafic de Jacques Tati, on venait de la voir dans le film “l’Amour”… Un navet de même niveau…. L’histoire de la Spring ne s’arrête pas là.

Si Siata a rendu les armes, la famille Rivolta elle-aussi a du lâcher les rênes de son entreprise Iso-Rivolta, sans pour autant abandonner la construction automobile. Elle va créer la société Orsa et racheter les droits et l’outillage de la Spring à Siata, avec la ferme intention d’amorcer la création d’une gamme néo-rétro. Petite différence cependant : la Spring d’Orsa roule désormais… espagnol, avec un moteur de Seat 850, devenant ainsi la Seat-Orsa 850 ER Spring Special qui ne sera produite qu’à quelques unités seulement et vaut son pesant de Paella et Tapas…

Il reste aujourd’hui quelques Siata Spring que les passionnés de Fiat 850 collectionnent amoureusement, ainsi que quelques fous passionnés de décalages automobiles. Honnêtement, cette voiture oscille entre nostalgie et ridicule, ce qui la rend particulièrement attachante. Bon ok, il faudra assumer rouler dans un tel engin, surtout en jaune vif. Mais c’est aussi une certaine époque automobile que vous revivrez, celle où le marketing balbutiant ne pondait pas des bagnoles toutes identiques, celle où rouler les cheveux au vent était un art de vivre, et celle où des petits pouvaient se rêver gros !

utre époque, autres mœurs ! Le bijou présenté est référence Châssis n° 831021 pour seulement 3500 exemplaires fabriqués. Immatriculée le 4 juillet 1968, cette “charmante” Siata Spring fait partie des quelque 3500 exemplaires produits. Son actuel propriétaire en a fait l’acquisition en juillet 2017 auprès du Président du FIAT Fan Club France, alors que le véhicule était complet, à restaurer et immatriculé en Loire Atlantique depuis 1980. C’est alors que fut entreprise une restauration complète de qualité avec démontage et remise en état de chaque élément dont témoigne un dossier de photo.

La carrosserie a été entièrement décapée, restaurée et repeinte dans sa teinte jaune d’origine. Les trains roulants et la mécanique ont fait l’objet des mêmes soins, tandis que le système électrique et la sellerie étaient remis à neuf. Les jolies jantes à rayons Borrani furent repeintes et chaussées de pneus Michelin. Complète de ses monogrammes, chromes, baguettes et éléments spécifiques, cette SIATA a été expertisée le 7 mars 2023, le rapport concluait à l’excellent état général de l’ensemble. Elle est accompagnée d’une copie du catalogue des pièces détachées et de diverses pièces détachées.

Avec sa capote, son pare-brise rabattable et ses side-screens, l’habitacle permet d’être à l’abris des intempéries, ou bien au plus proche de l’environnement extérieur, ce qui en fait une voiture de plage idéale, dont l’allure néo-rétro a eu un grand succès parmi les stars sur la Côte d’Azur à l’époque, telle Brigitte Bardot qui dit-on en possédait une… Je doute très fortement, mais cela ne revêt strictement aucune importance… J’en termine donc ici avec la publication de quelques pages d’époque qui vous démontreront si besoin en était encore, que tout a fortement changé…