Exposition Porsche à Autoworld :
Un grand moment d’histoire automobile…
Par Marcel PIROTTE
Que l’on soit passionné, simple curieux ou tout à fait ignorant de la “chose automobile”, le nom de Porsche ne laisse personne indifférent, car depuis plus d’un siècle, ce nom appartient à l’une des plus grandes dynasties automobiles du gotha mondial.
C’est dans cet esprit que le musée Autoworld de Bruxelles lui consacre une remarquable exposition (elle a lieu jusqu’au 19 janvier 2014) mettant en scène une bonne quarantaine de voitures mythiques, tout en retraçant le parcours de quatre membres de cette incroyable famille, les quatre “Ferdinand” comme on les appelle communément…
A commencer par le patriarche : Ferdinand Porsche qui durant un demi-siècle, jusqu’en 1951 va se révéler comme un ingénieur éclectique, mettant tout son immense talent au service des meilleurs constructeurs de la planète, de Austro Daimler à Mercedes en passant par Steyr avant de fonder en 1931 son propre bureau d’études auquel on doit notamment l’incroyable Auto Union de Grand Prix mais également la VW Coccinelle.
Son fils Ferry, décédé en 1998, va, de son coté, contribuer à faire connaître au monde entier le nom de Porsche en produisant notamment les 356 et 911 mais également d’autres modèles tout aussi mythiques.
L’année dernière, la famille Porsche a perdu Ferdinand Butzi, le plus âgé des quatre fils de Ferry, celui qui était à la base du design de certaines Porsche ô combien importantes dans la vie de l’entreprise : la Carrera GTS mais surtout la 911 sans oublier le modèle Targa avec son arceau de sécurité tout à fait typique.
Mais que dire alors du quatrième : Ferdinand Piëch, le second fils de Louise Porsche, fille du grand professeur, lui aussi un ingénieur exceptionnel (c’est décidément dans la famille…) qui dès 1963 met tout son immense talent au service du département technique de Porsche.
Excellent pilote et fin metteur au point, notre homme est promis à une très grande destinée, il va le prouver en compétition avec notamment les 906 et Carrera 6 qui vont briller sur tous les circuits avant de permettre à Porsche de remporter dès 1970 les 24 Heures du Mans avec la 917, la première victoire d’une très longue série.
Homme de défis, Piëch (qui se sent un peu à l’étroit chez Porsche) rejoint par la suite Audi pour en faire une marque “premium”…, on lui doit les célèbres Quattro mais notre homme voit encore plus loin, son ascension est loin d’être terminée, il va créer le groupe VW, l’un des plus grands groupes automobiles au monde, regroupant une bonne douzaine de marques tout aussi différentes : VW, Seat, Skoda, Audi (2012 Audi e-tron…), que prestigieuses : Bentley, Lamborghini (Collectionner une Lamborghini Murciélago… Comment s’en sortir ? ) et (2012 Lamborghini Aventador J… ), faisant aussi renaître Bugatti (2013 Bugatti Veyron Grand Sport Jean-Pierre Wimille…) et (Pulsions… Bugatti Veyron !) et (2012 Bugatti Veyron Vitesse…, le trou du diable ! ) et (2011 Bugatti Veyron Grand-Sport “L’Or-Blanc”… ) avant d’y inclure celle qui lui tenait vraiment à cœur : Porsche (Authentiques Porscheries… ) et (Ma pathétique traversée du sahara en Porsche Cayman…) et (Caruna 914, la Borghini Babantadore d’Alfredo et Louisa… ) et (2012 Barnard V8 biturbo Porsche… Article expérimental lumino cinétique d’une automobile absurde, dérisoire et utopique ! ) et (2008 Porsche 9ff-GT9… ) et (Vivre une année en Porsche 356 ! Comme dans les années ’50 ? ) !
En 2018, une treizième marque devrait venir s’ajouter à ce panel qui regroupe également des constructeurs de camions et de motos, VW utilitaires, MAN, Ducati…, cette treizième marque serait automobile, Piëch n’a jamais caché qu’Alfa devrait connaître une destinée nettement plus prestigieuse à moins qu’un constructeur chinois lui convienne davantage !
A suivre…
Pour en revenir à notre exposition qui vient d’ailleurs de démarrer sur les chapeaux de roues, (c’est le cas de le dire), tout le mérite en revient bien évidemment à Autoworld mais surtout à Roland D’Ieteren, le Président de ce groupe automobile éponyme qui n’hésite pas à se définir comme un véritable “bagnolard”…, une appellation qui lui convient à merveille, celui de “gentleman driver”, également tout en étant un fin connaisseur de l’automobile et surtout de “bagnoles anciennes”.
En plus de véhicules provenant de la D’Ieteren Gallery, d’autres nous arrivent des musées Mercedes et Porsche de Stuttgart sans oublier le musée Audi d’Ingolstadt, certaines voitures ayant aussi été prêtées par des collectionneurs privés…, de quoi rassembler une bonne quarantaine de voitures qu’on n’a pas l’habitude croiser tous les jours dans la rue, même si les rencontres et autres rallyes d’ancêtres se multiplient à l’envi…, de quoi aussi permettre à cette expo de s’articuler autour de quatre axes et de raconter par le menu plus de cent ans de progrès automobile.
En arrivant, le visiteur est tout d’abord accueilli par une rétrospective des différentes 911 produites depuis 1963, c’est plutôt impressionnant alors qu’il ne s’agit que de modèles de route et non de compétition (Porsche Panamera, la relève dans la continuité à reculons… )…, le temps de grimper quelques marches et c’est une déjà une rencontre assez inhabituelle, celle de deux Porsche hybrides, la Porsche Lohner de 1901 et ses deux moteurs électriques situés dans les roues avant, rechargés par un bloc thermique actionnant en permanence une génératrice.
A côté, le futur de Porsche, un spyder 918, dont le V8 thermique de 608 chevaux entraîne les roues postérieures alors que deux blocs électriques (rechargeables) transmettent 273 chevaux aux roues avant, soit un total de 887 chevaux, de 0 à 100 km/h en 2,8 secondes pour une consommation moyenne de 3,3 l/100 km et des rejets de 79 g/km de CO2…, une hyper sportive qui a avalé le fameux Nordschleife du Nürburgring en moins de 7 minutes…, c’est vite, diablement vite (2013 Porsche 918 Spyder…) et (2014 Porsche 918 Spyder… Une aberration électrique à un million d’euros !)…
Une importante partie est aussi consacrée à l’oeuvre du professeur, le premier Ferdinand, celui qui a donné l’impulsion mais aussi son nom, avec des Austro Daimler de compétition mises au point mais également pilotées par ses soins sans oublier la Mercedes Monza de 1924 et la terrible SSK 720 de 1928, six cylindres suralimentés, double allumage, 300 chevaux dans le meilleur des cas (1929 Mercedes SSKL…) et (1937 Mercedes 540K Roadster…) et (1935 Mercedes-Benz 150 Sport Roadster… ).
Que dire alors de l’Auto Union A 16 V16 de 4358 cm3 en position centrale, 295 chevaux, 280 km/h, châssis tubulaire et 4 roues indépendantes…, il fallait s’accrocher…, tout comme le pilote de la voiture des records, l’Auto union V16 Stromlinienwagen de 1937, plus de 400 km/h kilomètre lancé sur la nouvelle autoroute reliant Francfort à Darmstadt…, Bernd Rosemeyer perdit la vie lors d’une de ces tentatives, une rafale de vent déséquilibra la voiture lancée à pleine vitesse.
Et puis vient la Coccinelle, la Beetle, le grand projet d’Hitler afin que chaque famille allemande puisse posséder une voiture pas trop chère et fiable…, avec le prototype V30 4 cyl Boxer refroidi par air de 1131 cm3 et ses 25 chevaux, de quoi atteindre 60 km/h en pointe…, 30 voitures vont ainsi parcourir plus de deux millions de kilomètres de tests (La VW Cox, toute une histoire !) et (2013 Volkswagen Beetle Cabriolet, sex-toy pour onanistes rétromobiles ! ) et (La VW Käfer KDF, l’immortalité d’Adolphe…).
Le prototype 64, deux places, un coupé ultra léger vaut aussi la peine d’être découvert (1938 Porsche T64 – VW Type 60K10…) tout comme d’ailleurs la type 166 Schimmwagen (voiture amphibie) de la seconde guerre mondiale…, d’autres prototypes de la VW Käfer sont aussi visibles tout comme les premières Coccinelles de série, berline et même un cabriolet “dans son jus”…
Et de passer ainsi aux premières réalisations signées Porsche : les premières 356 et toutes les séries qui vont suivre, A, B, C, Speedster, toutes avec des mécaniques VW mais comme la carrosserie du style coupé, cabrio ou roadster était particulièrement légère, ces voitures étaient déjà des sportives avant l’heure (1955 Porsche 356-A “Silver Bullet” Custom Hot Rod… LA GRANDE SUPORSCHERIE !) et (Vivre une année en Porsche 356 ! Comme dans les années ’50 ? ) et (Une nouvelle VW-Porsche en 2013 ? Pourquoi pas ? Par Marcel PIROTTE )…
Coup d’œil également à ce beau tracteur rouge pour nous rappeler que Porsche en a fabriqué plus de 25.000 durant les années cinquante…, en revanche, j’ai était un peu déçu de ne pouvoir admirer la première Jeep Porsche, la 957 qui aurait dû équiper la nouvelle armée allemande dès le milieu des années cinquante, c’est la DKW Munga qui fut retenue !
Et puis vint la 911, c’était en 1963, une véritable icône parmi les voitures de sport, déclinée en de multiples versons, coupé, cabrio, Targa, GT, 4 cylindres pour la 912, six cylindres Boxer pour la grande sœur 911, un bloc mis à toute les sauces, fiable, robuste, indestructible, il a triomphé des milliers de fois en compétition et ce n’est pas fini…, de quoi nous faire découvrir une autre facette de l’entreprise Porsche, les voitures de course.
A Zuffenhausen, on a touché à toutes les disciplines : Rallyes, courses de côte, endurance, 24 Heures du Mans et même en formule un…, d’où un palmarès impressionnant avec des machines qui ne le sont pas moins, comme cette monoplace de formule 2, la 718 et son Spyder RS de 1960 sans oublier les coupés Carrera dont la GTS de 1964 et la Carrera 6 de 1966, de quoi mener à la mythique 917 de 1970 qui à deux reprises va s’imposer au Mans, sa version 917/30 Spyder Can Am développait la bagatelle de 1200 chevaux, la 935 Baby se contentait de 590 chevaux, mais pour 340 km/h en pointe (Duel Porsche 917K et Ferrari 512S, comme en 1970 à Spa-Francorchamps…) et (Steve McQueen LE MANS (le film HD en entier + les dessous du tournage)…).
Et d’arriver aux 911 quatre roues motrices du Paris Dakar et la 959 encore plus sophistiquée, bref, de quoi passer un bon moment mais également parcourir un beau livre de l’histoire automobile, une expo à ne pas manquer, elle est ouverte tous les jours jusqu’au 19 janvier prochain à Autoworld…
Marcel Pirotte, pour www.GatsbyOnline.com