Ferrarimania et collectionite…
Presque 99% des collectionneurs d’art, en ce inclus des automobiles dites “de collection”, ne connaissent strictement rien à l’art et encore moins aux automobiles que des imbéciles persévèrent à considérer comme des œuvres d’art !
Il faut en effet être gravement atteint pour considérer une automobile qui a été fabriquée à la chaine, même en nombre réduit, comme une “œuvre d’art” et lui attribuer une valeur financière mirobolante dépassant de plusieurs dizaines de fois, voire de centaine de fois… ce que cet objet roulant couterait à être construit actuellement.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle tant de faux sont fabriqués…
Le microcosme “artistique”, ce biotope d’experts autoproclamés, suffisants et poseurs, ne sont que des opportunistes du pourcentage et des ré-assureurs psychologiques, également les artisans conscients (parfois non, mais personne n’est parfait) aux plus extraordinaires arnaques aux assurances…, les plus grands arnaqueurs étant les compagnies d’assurance et leurs dérivés : les banques, qui sous couvert de l’art et du mécénat, profitent d’un système d’évasion fiscale et de blanchiment…
En automobile, les montants atteints restent dérisoires en comparaison des sommes indécentes payées pour des peintures…, même si une “simple” Lamborghini Miura SV 1971 a été vendue 1.705.000 US$ (Lot 34, Gooding auction, Amelia Island, Florida-USA 11 mars 2011)… et une “très basique” Ferrari 121 LM 1955 avait été vendue 3.544.796 US$ (Lot 205, Bonhams, Gstaad, Switzerland 20 décembre 2008)…
En mai 2011, la vente de huit œuvres d’Andy Warhol s’est élevée à 64 millions d’euros…
Comparaison : les œuvres d’Andy Warhol représentaient 17% des ventes aux enchères d’art contemporain en 2010 et les “vieilles” Ferrari représentaient 18% des ventes aux enchères d’automobiles dites “de collection” la même année…
Pourquoi les Ferrari ont-elles une cote si élevée ?
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas la qualité et l’intelligence ni même la rareté d’une automobile qui fait sa cote, l’automobile dite de collection la plus chère est la Bugatti Royale et c’était certes un monument, mais elle était techniquement dépassée, voire grotesque, pas vraiment belle et n’a eu aucun succès commercial lorsqu’elle était fabriquée neuve…
Ensuite il y a Ferrari… et Enzo était d’avantage un opportuniste qu’un génial créateur !
Il n’a d’ailleurs jamais rien véritablement créé de ses mains, il ordonnait, déléguait, profitait…
Ce sont quelques carrossiers qui ont créé des formes, c’est le hasard et les opportunités de quelques courses automobiles qui ont fabriqué une illusion… et ce sont divers journalistes qui ont inventé un mythe…
La présence des Ferrari aux quatre coins du monde, leur présence dans différents musées, le fait qu’il y ait des Ferrari à la vente régulièrement: ce sont autant d’éléments qui suscitent la jalousie, la rivalité, et permettent d’augmenter la cote d’une automobile dite de collection…
Enzo Ferrari s’il n’était pas un artiste était un industriel opportuniste très fécond.
Il est aussi arrivé à deux bons moments, celui de la reprise de l’économie italienne puis mondiale au sortir de la guerre 39/45 et la “financiarisation” de l’économie à partir des années ’70 !
L’explosion des prix des automobiles dites “de collection”, principalement des Ferrari est assez récente, elle date d’une vingtaine d’années.
La “financiarisation” de l’économie a dégagé beaucoup d’argent, qu’il fallait bien employer, investir.
Le marché de l’automobile permettait de le faire avec de grands avantages fiscaux.
Et plus il y avait d’argent, plus, de manière artificielle et arithmétique il fallait que le prix des automobiles dites “de collection” augmente.
Enzo Ferrari est mort (ce qui est toujours une bonne chose pour la spéculation des objets fabriqués sous le nom d’un “artiste”, même si Enzo n’en était pas un), quand l’argent coulait à flot.
Avec cette “financiarisation” de l’économie, de nouveaux collectionneurs sont arrivés, qui ne s’intéressaient ni à l’art en tant que tel ni aux automobiles, mais à l’investissement que tout cela représentait.
Les businessmen de l’art de l’opportunisme font des choix assez simplistes.
L’art perd sa valeur universelle, en cette cause, la marque Ferrari a produit beaucoup et n’importe quoi, mais a rencontré l’émergence des mass-médias.
En déplaçant le discours de l’art vers l’automobile, Ferrari a acquis une aura incomparable qui est sensée accompagner une œuvre générale, en cette suite il y a toute une mythologie autour qui fait fantasmer les gens.
Andy Warhol en comparaison d’Enzo Ferrari, en choisissant des icônes pour ses œuvres, étant lui-même une icône, il doublait la matière, additionnait en quelque sorte la célébrité.
Avec Marilyn, Andy Warhol fait une icône avec une icône.
Cumulant le talent, la temporalité, la nationalité, Andy Warhol a aussi l’avantage d’être un artiste accessible.
Si les véritables amateurs d’art se targuent de collectionner des œuvres qui ne sont pas aimées de tous, ce n’est pas le cas des businessmen de l’art, qui ont peu de goût et s’ils en ont, ils n’ont pas confiance en eux-mêmes, ils achètent une signature plus qu’une œuvre, même si l’œuvre ne leur plaît pas.
Mais si en plus ils peuvent la comprendre, comme le permet Warhol, c’est ce qui peut faire la différence dans les millions dépensés…
Et bien c’est exactement le même processus pour Ferrari…
Les businessmen achètent une Ferrari parce que c’est une Ferrari, même si elle est laide, même si elle est camionesque à conduire, même si c’est un bricolage technique, même si c’est une absurdité…
Et même si elle est fausse, même si elle est reconstruite à 95% avec des pièces neuves, même si elle n’a jamais existé que sur papier, les businessman opportunistes se reconnaissent en Enzo Ferrari, c’était l’un d’eux, leur maître de l’art de l’enroule… qu’ils perpétuent jusquà l’absurde.
Prenez Ralph Laureen, il est presque devenu une icône, alors que c’est tout simplement un businessman opportuniste, il n’est en rien artiste…, mais parce qu’il dépense une faible part de ses revenus de milliardaire (il vend des loques à des prix faramineux et en quantités industrielle) dans l’achat d’automobiles mythiques…, par transfert il est devenu mythique lui-même…
C’est terriblement pathétique dans l’art de la naïveté, mais ça lui permet d’exister à la fois par procuration et aussi par mystification planétaire… ce qui lui donne un aura avec des retombées médiatiques…
C’est ce que visent d’autres gredins du même genre de par le monde qui finissent par s’auto-congratuler dans l’apothéose de Pebble-Beach…