Après la guerre, l’Italie est belle mais pauvre (“Poveri ma belli“)… il fallait à tout prix donner aux gens l’espoir d’un avenir meilleur, la Nuova 500, baptisée ainsi puisque elle remplaçait la Fiat 500 Topolino, construite en 1936, y participera avec succès.
Le lancement officiel, le 4 juillet 1957, se déroula en grande pompe…, pensez donc, lors de ce soir torride du mois de juillet’57, une équipe de la télévision installa ses équipements dans l’atelier de Mirafiori et interviewa Dante Giacosa en direct, le long de la ligne d’assemblage, il ne s’imaginait pas que cette Nuova 500 aurait une telle carrière.
Le 4 août 1975, la dernière Nouvelle Fiat 500 de la série 1957-1975 sortait des lignes d’assemblage de SicilFiat – Termini Imerese (près de Palerme), 3.893.294 unités de cette petite voiture icône de la Dolce Vita avaient été construites.
Le début de cette épopée avait pour toile de fond les bombardements et l’oppression allemande. Valletta, administrateur délégué de Fiat durant la Seconde Guerre Mondiale, puis président de la société en 1946 à la disparition du Sénateur Agnelli, avait mis en place une stratégie de développement et de renouvellement de la gamme alors que Turin était dévastée par les bombardements des Alliés et que les occupants allemands visitaient régulièrement les bureaux de Mirafiori.
Il a bien sûr fallu attendre la reconstruction du pays et le début des années 50 pour que les usines soient entièrement opérationnelles, alors, seulement, les nouvelles voitures ont pu être sérieusement conçues, développées et construites.
Et en 1954 la décision est prise : “Le moteur doit être à quatre temps et deux cylindres en ligne refroidi par air, le plus simple et le plus économique. Il peut être disposé en position transversale, présenter une architecture peu complexe et assurer un rendement mécanique élevé“…
La Fiat Nouvelle 500 fait ses débuts en 1957 avec un aménagement excessivement spartiate, deux sièges et une banquette arrière… elle peut accueillir deux personnes et transporter 70 kg de bagages (un poids considérable pour l’époque).
Elle mesure 2,97 m de longueur, 1,32 m de largeur et 1,325 m de hauteur, avec un empattement de 1,84 m… pèse 470 kg à vide et 680 kg à pleine charge… et elle est mue par un nouveau moteur essence à deux cylindres en ligne, refroidi par air (le premier de ce type chez Fiat) de 479 cm³ et 13 ch, tandis que la boîte de vitesses est à 4 rapports, avec des enclenchements rapides (sic !) pour les 2e, 3e et 4e vitesses… les freins sont hydrauliques sur les quatre roues… et la transmission comporte des arbres de roue oscillants, avec propulsion arrière.
Pour la deuxième fois dans l’histoire de Fiat, le moteur est placé à l’arrière… sa vitesse de pointe est de 85 km/h et sa consommation moyenne de 4,5 litres/100 km… à défaut d’espace, le réservoir à essence, en forme de petit tonneau et d’une capacité de 20 litres, est logé dans le coffre à bagages avant, ce qui le rendra fragile lors des collisions frontales.
La Nuova 500 n’est pas très brillante aux crashs (les crash-tests n’existaient pas encore à l’époque)… les équipements sont réduits au minimum : pas de retour automatique pour l’essuie-glace et les quelques outils disponibles, avec le cric, sont rangés dans un simple sac de jute, placé dans le coffre à bagages.
Pour démarrer une Nuova 500 il fallait d’abord introduire la clé dans le contacteur d’allumage, situé au centre du tableau de bord, puis la tourner à droite…, ensuite, il fallait actionner le levier d’admission d’air et du carburateur, placé à gauche, derrière la boîte de vitesses, entre les deux sièges, en le modulant aussi en fonction des conditions climatiques extérieures… presque un art du pré-démarrage que l’on apprenait au fil du temps et qui permettait d’éviter de noyer le carburateur avant qu’il ne fonctionne… et les dysfonctionnements y conséquents…
Mais ce n’était pas terminé… il fallait, enfin, tirer le levier du démarreur électrique vers le haut… un coup, deux coups, parfois un petit bruit sourd : la 500 vibrait et le moteur démarrait avec son ronronnement caractéristique… au fur et à mesure que la température montait, il fallait abaisser le levier à gauche… une fois la température de fonctionnement atteinte, il n’y avait plus qu’abaisser complètement le levier.
Mais trois mois à peine après son lancement, la première série faisait déjà l’objet de modifications car elle avait été accueillie très tièdement par le public, la jugeant trop spartiate… et puis, ses deux places étaient jugées insuffisantes… Fiat va alors prendre des mesures d’urgence et présenter deux versions modifiées : les 500 “Normale” et 500 “Economica”.
Malgré leur dénomination, qui pouvait faire penser exactement le contraire, elles proposaient davantage d’équipements et pouvaient accueillir quatre personnes, grâce à une “vraie” banquette arrière (homologuée) légèrement rembourrée… la puissance passait de 13 à 15 ch, tandis que la vitesse de pointe atteignait 90 km/h.
En 1958, Fiat propose la version “Sport”… au départ, elle est dotée d’un toit rigide, mais elle passera aussi par la suite au toit en toile… le moteur de 499,5 cm³ développe désormais une puissance de 21,5 ch, ce qui permet d’atteindre une vitesse de pointe de 105 km/h… Fiat revient cependant aux deux places avec une banquette arrière inutilisable.
Par la suite, en mai 1960, Fiat présente la version break de la 500 : la Giardiniera avec banquette arrière rabattable qui peut accueillir 4 personnes + 40 kg de bagages, sa cylindrée passe à 499,5 cm³ avec une puissance de 17,5 ch et une vitesse de pointe de 95 km/h… en fait, cette version hérite du moteur de la Sport, dont la production est abandonnée.
Une série D est homologuée pour accueillir 4 personnes et 40 kg de bagages, son poids est de 500 kg à vide… et c’est en mars 1965 que débute la 500 F… pour la première fois dans l’histoire de ce modèle, les portes ne sont plus “suicides”, elles sont fixées à la partie avant… le moteur, toujours de 499,5 cm³ développe une puissance de 18 ch, mais la consommation de carburant augmente par rapport aux versions précédentes (5,5 l/100 km), tout comme le poids : 520 kg.
En 1968 la 500 Lusso se montre mieux équipée et plus pratique pour satisfaire une clientèle plus exigeante… et à l’automne 1972, lors du Salon de l’Automobile de Turin, la dernière 500 (500 R) est présentée en même temps que son héritière, à savoir la 126… au cours des trois dernières années de sa carrière, la 500 R (Rinnovata) sera équipée du même moteur de 594 cm³ que celui de la 126, mais dont la puissance a été réduite de 23 à 18 ch… la boîte de vitesses étant toujours celle de l’ancienne 500… la vitesse de pointe atteint 100 km/h.
L’histoire de la 500 est aussi enrichie de versions “tunées“, les 500 retravaillées par Abarth, Autobianchi, Giannini et bien d’autres feront de la petite Fiat un objet de tuning très prisé.
Abarth a aussi participé à la notoriété du modèle en lui faisant réaliser des exploits en course automobile… et puis, il y a eu le concept Trepiùno à Genève en 2004… pourtant, Fiat ne semblait pas très enthousiaste à l’idée d’en faire un modèle de production.
Heureusement, la vague nostalgique était passée par là et le “pot de yaourt” renaîssait… le marketing Fiat tourne d’ailleurs toujours à plein régime depuis juillet 2006 pour nous pousser à croire (et à acheter) cette petite voiture “indispensable”… le marketing et la communication autour de la Fiat 500 la rendant… incontournable !
Fiat joue savamment sur la renommée du modèle originel… et le constructeur gâter sa clientèle… au départ, il avait un concept-car en 2004 à Genève : la Trepiùno, une voiture qui suscita un engouement réel, surtout lorsque Fiat doutait de sa faisabilité en grande série.
Lorgnant sans doute sur le succès de la Mini, la maison de Turin se lança quand même dans l’aventure… si bien que la Fiat 500 a été conçue en 18 mois, soit deux fois moins de temps qu’il en faut d’habitude… une telle réactivité a fait la fierté des patrons de la marque, lesquels surfent sur la vague néo-rétro…, pour parvenir à leurs fins, ils ont multiplié les initiatives.
50 ans après l’apparition de la première Nuova 500, le lancement de la Fiat 500 a surtout eu lieu sur le web, dès juillet 2006, le site spécial www.fiat500.com a entretenu le suspense… les concepteurs du site ont aussi proposé de l’interactivité avec le “concept lab“… grâce à lui, le client potentiel pouvait imaginer la version de ses rêves.
Autre effet recherché : la rareté… Fiat a proposé sur son site la réservation des 500 premières modèles produits…. une vente qui s’est terminée en moins de… 500 minutes…. et enfin, la communication du groupe turinois s’est arrangée pour que les rassemblements d’anciennes Fiat 500 aient le retentissement voulu dans la presse.