Fiat lux et lux fuit…
Fiat Lux est une locution latine présente au début de la Genèse.., il s’agit de la première parole de Dieu, ordre donné lorsqu’il a créé la lumière lors de la création du monde, traduisible en français par : Que la lumière soit…, la phrase complète étant : Fiat lux et lux fuit… (Que la lumière soit, et la lumière fut)…
Il est des moments qui sont plus que de simples instants (c’est gag, là, non ?)…, ce sont de véritables chemins initiatiques, des voyages qui vous emmènent du doux confort de la normalité jusqu’aux pics les plus élevés de la folie furieuse… et si en plus on est plusieurs pour l’apprécier, c’est forcément encore meilleur.
J’écris tout ceci un quinze août et je déteste les quinze août…, c’est un jour désespérant, évoquant pour moi un mourant en soins palliatifs, c’est la date de péremption des vacances, au delà de laquelle elles n’auront plus le même goût…, un calme neurasthénique plane sur les villes d’intérieurs…, les volets des vitrines sont baissés…, les rues sont vides…, on se croirait au lendemain d’une guerre qui aurait contraint l’évacuation de cette partie du monde…, un drame semble se préparer en coulisse : et quel drame !
Outre que le quinze août c’est la première étape de la fin des vacances…, la porte de la rentrée des classes…, le début dela descente vers l’automne…, son obscurité…, sa pluie…, son brouillard gris…, son haleine cacochyme…, ses interminables files de voitures, cauchemar éternel des avenues aussi congestionnées que les artères d’un alcoolique…, l’outrage de ces chantiers absurdes placés n’importe ou et n’importe comment, capables de donner aux plus paisibles, l’envie d’acheter une tête nucléaire pour en finir une fois pour toute…, outre tout cela, donc…, alors que j’étais au bord la la piscine, batifolant avec une tendre amie qui voulait fêter son nouvel achat : une Fiat 500…, j’ai été confronté à cette horreur !.
Voilà, c’est le quinze août, le temps n’est ni chèvre ni choux pour un jour qui n’est plus tout à fait les vacances, mais pas encore la rentrée, un temps couvert mais ensoleillé, un temps avec déjà un peu de pluie comme issue d’un lange qui perce… et une chaleur moite comme une fièvre qui monte…
Comment peut-on vivre un quinze août sans songer à toutes les histoires qui nous servent à arranger le monde ?
Sans histoires, notre univers n’est que cailloux, nuages, lave et obscurité…, un village dévasté par des eaux tièdes qui ne laissent aucune trace de ce qui s’est passé avant…
Voilà pourquoi on écrit des histoires, car c’est la vie, c’est le passé, le présent et l’avenir…, écrire c’est nous…, nous qui voulons savoir, connaître, prédire, prévoir, nous souvenir, frissonner, nous amuser, nous identifier, nous émouvoir, nous passionner, trembler, pleurer, rire… et parfois plonger dans les gouffres de l’angoisse, sonder l’abime sans fond de la bétise humaine, patauger dans les bas-fonds, tenter de comprendre le monde dans lequel on a vécu, on vit, on vivra…, rester perplexe devant les non-sens, les autres sens, les double-sens, les sens interdits… et s’interroger sur l’espèce humaine, l’existence des dieux ou d’un Dieu, sur la finalité du cosmos, sur l’absurdité de la vie et de la mort : Le tigre chasse, l’oiseau vole, l’homme s’assied et se demande pourquoi, pourquoi, pourquoi ?
Oui, mais, un pneu plus tard, de ma philosophie, j’ai été confronté à une autre horreur !
Au secours, ou sont les voitures effilées, élégantes, raçées comme la Ferrari Daytona et la Lamborghini Miura ? Pourquoi Ferrari et Lamborghini se laissent-ils aller dans le style Goldorack…, ou singent-ils les navets filmographiques que sont les trois Hollywooderies : “transformeurs”… et leurs voitures pour débiles mentaux ?
Ceusses qui ne savent pas ou plus écrire que des messages SMS…, qui font une faute par mot, tellement crétins qu’ils ne peuvent même pas trouver une définition dans un dictionnaire, étant incapable d’écrire correctement le mot recherché…, qui ne savent plus que déchiffrer des légendes de photos, des illustrations réductrices, des résumés de résumés adaptés aux analphabètes…, forcément incapables d’être arrivés à lire jusqu’ici…, ils tuent le monde, assassinent de design, la littérature, les jeux des mots, l’envie de s’exprimer et de comprendre, le besoin de partager l’intelligence…
Pour moi, cette Enzo Ferrari et cette Lamborgini Veneno sont des “Transformeurs de l’Espace”..., preuve irréfutable qu’il ne faut jamais abandonner la quête de l’horreur automobile destinée aux plus débiles des imbéciles friqués…., car voyez-vous, elles ne s’offrent pas aux premiers venus telles des catins vulgaires aux cuisses grossièrement écartées, non : elles se réservent à ceux qui méritent d’être montrés du doigt comme étant les plus crétins des débiles et imbéciles friqués.
Certes, le chemin est long et semé d’embûches… et il arrive que le doute sur l’ingéniosité humaine s’installe, lorsque, à force d’indigestion de ces médiocres automobiles, on en arrive à souffrir dans sa chair : l’estomac distendu comme une vieille bouilloire, un persistant goût de vomi en fond de bouche, l’œil vitreux frappé de fixité devant le cul de ces putes mécaniques auto-éclairant de lueurs blafardes leurs laideurs interchangeables…, accablé par le sentiment d’être devenu une sorte de boulimique de la connerie humaine, tout honteux de voir ces massives et écœurantes ingestions de provenance douteuse.
Ces bagnoles de Rappeurs devenus totalement dingues, ces autos “Transformeurs de l’Espace”…, c’est ce rien qui pourrait être de trop, mais qui finalement va se révéler être une source de joie pour le spectateur au visage marqué par des heures d’exposition à de profondes et répétitives débilités qu’il savoure pour bien jouir de son plein potentiel… et bénéficier d’un véritable coup de fouet…, après ça, il sera de nouveau d’attaque pour se fader même la pire daube roulable… et tout heureux de voir une Fiat 500 qui, en comparaison, est un chef-d’oeuvre de design et bon goût aux lignes épurées et indémodables !
J’aime assez écrire sur la brutalité sociale, démontrer les mécanismes de notre société obsédée par la performance, la réussite… et pour traduire cette violence et les non-sens, je ne dédaigne pas les phrases longues, avec une ponctuation particulière, l’emploi de trois petits points en fin de phrase, voire en cours de phrase, pour démontrer que la pensée, l’action, ne cessent pas avec un faux point final…, cela donne un souffle, un élan, du rythme, des non-fins…
La société nous écrase de ses exigences idiotes… et nous laissons faire…, je tente dès-lors que vous, qui me lisez, ressentiez physiquement cette sensation de bétise généralisée, d’étouffement, cette pression absurde qui vous pousse à agir selon un processus dominé par la volonté de quelques-uns (et unes) qui en tirent gloires et profits immérités…
Mon souhait : que mes textes vous résistent, vous mettent un peu mal à l’aise, qu’ils vous destabilisent dans un rapport de force, amenant déséquilibre, inconfort, mais aussi rire et jouissance… qu’ils vous emportent littéralement par le flux de mes mots, transportés par mes histoires…
Je me délecte d’écrire sur les compromissions, les trahisons que chacun/chacune est prêt(e) à faire pour trouver une place sociale… ou pour vendre n’importe quoi le plus cher possible…, sur les mensonges et les impostures, sur les duplicités identitaires…
Décortiquer les anti-héros, dévoiler leurs failles, leur construction intime, leur mécanique intellectuelle, leurs blessures secrètes…, les gens lisses et les politiquement-correct n’existent pas, c’est un mythe, tout le monde porte une fêlure, une faille, une tâche…, tout le monde rêve d’une histoire qui peut aller très loin, mais personne n’imagine qu’on n’en revient parfois jamais…
Les honneurs ne comblent rien, ne résolvent rien, ne réparent pas les failles narcissiques, n’atténuent pas les doutes liés à la création, à la fragilité que suscite l’acte d’écrire, que c’est une entreprise tragique de laquelle je sors, parfois, dans un état de stupeur, de fragilité mélée d’une force extraordinaire.
J’écris souvent contre tout ce qui me déplait, me révolte dans la société, je suis alors plein de rage et de colère, parfois j’en sors vidé, comme après un long combat à l’issue incertaine que je ne suis jamais sûr de gagner !
C’est que j’ai la crainte d’une société dominée par la classe moyenne et les grandes entreprises de consommation…, l’empire des marques qui dicte ses vues aux politiques qui, aux ordres en contrepartie de substantiels cadeaux, édictent des lois liberticides…
C’est l’empire des autos-bêtes destinées aux imbéciles, l’empire des hyper-marchés devenu le seul centre du monde, le seul sujet de conversation, l’attraction des masses pour passer le temps le samedi, qui devient la seule préoccupation de chacun/chacune… et l’objet de tous les soins des giga-entreprises : – Comment faire acheter plus de pain aux beaufs ? – En aspergeant le rayon boulangerie d’acétylpyridine en aérosol, parfum de synthèse qui imite celui du pain chaud !
Je n’ai nul besoin d’avoir l’art d’imaginer des situations inhumaines parmi les plus déjantées et cocasses, les réalités du monde suffisent…, le monde est trash, il faut l’écrire, le dire… et faire avec…, en regardant le temps couler sur le monde, pareil à un pus blème à la surface d’une blessure qui ne cicatrise pas…, ce monde est gris de plomb, comme le visage d’un agonisant…, reste le sexe, peut-être…, mais on le sait, l’amour physique est sans issue !
Quel bonheur dès-lors, de revoir quelques photos d’un passé simple, peuplé de petites voitures tellement ordinaires qu’elles en sont extraordinaires, photographiées à une époque ou quoiqu’on en dise, il faisait bon vivre…
Avec le temps, les beaufs ahuris comprennent de moins en moins le mode d’emploi d’un monde ou la plus grande partie de la vie qu’on y passe, est utilisée à essayer de ne pas tomber dans la misère en louant son esprit et/ou son corps !
Le travail, le droit au travail, l’esclavage du travail, les choses à apprendre pour trouver un travail, le temps passé à trouver un travail, le temps passé à ne pas le perdre, gagner de l’argent pour rêver de le dépenser en inutilités et faire la file aux caisse pour payer, payer pour tout et n’importe quoi, pour pas grand chose, pour des objets à entretenir, à réparer, à jeter, fies, caisses, files, caisses…, manger pour le chier, étudier pour le conchier, faire les files en vacances, aller, retour, travailler pour recommencer, rêver d’absurdités et s’endetter pour rembourser…
Au nom de la liberté, les gens sont esclaves, s’endettent pour acheter des cages pour s’y reposer du travail qu’ils doivent effectuer pour les payer… et moi je sonne l’alarme pour réveiller les beaufs pour qu’ils sortent de ce cauchemar…
L’esprit humain est décidément capable de s’habituer aux pires horreurs, qu’il s’agisse de la guerre ou de l’automobile, au bout d’un moment les spectacles les plus atroces ne provoquent plus la moindre réaction dans l’œil des beaufs, blasés…, à force…, je finis par m’endormir et je cauchemarde à mon tour…, folie !