Fisker, un très mauvais Karma ?
En 2008, vous aviez sans doute lu, un pneu partouze (sic !), quantités d’articles laudatifs sur la Fisker Karma, au point que vous aviez pensé en acheter une après avoir (enfin) gagné le gros lot… La Fisker Karma a toutefois tardé à entrer en production et à être commercialisée en petite série dès mars 2012 pour seulement quelques mois, car, en 2013, à la suite de problèmes financiers, le constructeur s’est vu contraint de se placer sous la protection de la loi américaine sur les faillites en attente qu’un repreneur se manifeste… Henrik Fisker va toutefois démissionner de sa propre marque.
En 2014, la société est rachetée par le groupe Chinois Wanxiang qui ne va pas savoir et pouvoir en faire grand-chose si ce n’est annoncer qu’en 2015 la Fisker Karma serait de nouveau produite ! Mais la production chinoise n’a jamais débuté, contrairement aux articles dithyrambiques de la presse automobile… et en 2018, les actifs de Fisker Automotive détenus par Wanxiang sont rachetés par une nouvelle société créée par Henrik Fisker qui a habilement manœuvré avec succès pour obtenir un partenariat d’assistance de divers financiers ! Vive Karma Automotive, Henrik Fisker est ressuscité, la Karma Revero succède à la Fisker Karma et la voiture est désormais produite en Californie dans la vallée de Moreno.
Sans entrer dans tous les sujets qui fâchent… sachez que l’automobile est le vecteur responsable de la domination d’un monde sur l’autre grâce au pétrole qui est à l’origine de 95% des guerres depuis le début des années 1900… et comme certains cherchent à “sauver l’automobile” (sic !) sous prétexte de la liberté de mobilité sans dépendance au pétrole… alors que le souvenir du mauvais choix d’orientation du début du siècle passé ravive les bienfaits de l’automobile électrique… c’est devenu l’affaire du nouveau siècle… En réalité, le marché consumériste (lui aussi) de la voiture électrique, se divise en trois catégories…
1° – Les opportunistes fauchés qui comprennent qu’une voiture électrique est 1.000 fois plus simple à fabriquer qu’une automobile essence où diesel… un moteur électrique est en effet semblable à un démarreur où à un alternateur (en un peu plus volumineux), sans aucun besoin des milliers de pièces d’un moteur à explosion, sans aucun besoin d’un circuit de refroidissement complexe, sans aucun besoin d’une boîte de vitesse, sans même aucun besoin de freins complexes (pour freiner on inverse la polarité) … etc. etc… Ils bricolent leur vieille voiture avec un gros moteur électrique de récupération (machine à laver) et 50 batteries qu’ils chargent toutes les nuits… et ça marche… mais tout le monde s’en f… et s’en tamponne le coquillard (où les coucougnettes) …
2° – Les opportunistes milliardaires qui, après quelques études de marché qui confirment leur flair, achètent les droits sur une carrosserie existante (par exemple une Lotus Elise) et y positionnent un moteur électrique alimenté par des batteries en devenir, plus ou moins sophistiquées… l’ensemble ne leur coûte que 35% d’une même voiture “essence”, parce qu’il n’y a plus aucun besoin de fabriquer des moteurs avec bielles et pistons hyper complexes… le “truc” est ensuite de prétendre être habité par le génie de Tesla (qui est décédé sans héritiers et ne peut ni contredire ni demander des royalties)… et de dire que la création d’une voiture électrique aussi sophistiquée (sic !) a nécessité des moyens humains et financiers considérables… tout cela pour justifier un prix démentiel, deux, trois ou quatre fois plus important que la même voiture fabriquée depuis plus de dix ans avec un moteur essence…
3° – Les industriels faux-culs qui, comme les opportunistes milliardaires proposent des “solutions de mobilité d’avenir”, sauf qu’ils ont monnayé “leurs frais de recherche” auprès des gouvernements… et qu’ils reçoivent des dessous-de-table quasi identiques des pétroliers pour n’aboutir à rien… donc, alors qu’ils produisent à tout-va les habituelles voitures “essence” et “diesel”… ils proposent en sus, “pour faire écolo”, des automobiles lourdes, complexes (car souvent hybrides), extraordinairement chères et absolument pas en phase avec les réels besoins de la population… ils se disent que les idiots fortunés vont en acheter un certain nombre et que les autres seront rââââvis d’acquérir en comparaison, une bonne vieille “essence” ou “diesel”… vendue à prix plancher des vaches… une redite de ce qu’avait fait Henry Ford grâce à l’argent des pétroliers Rothschild & co : Vendre la Modèle T, 50% moins chère que les voitures électriques d’alors…
La tesla et la Fisker sont les résultantes de toutes ces tendances mélangées… et si la Tesla est passée au travers des problèmes parce que personne n’en a parlé ou n’en a écrit trop de mal… concernant la Fisker, c’est un peu plus compliqué… Si des journaleux en ont dit du bien, c’est parce qu’ils ne l’avaient jamais essayée pour “de vrai”… et si ces mêmes en ont dit du bien par après, c’est qu’ils suivaient la ligne du politiquement correct imposée par les bailleurs de fond et actionnaires des grands groupes automobiles… tout “le bien” sirupeux qu’ils ont déversé à la gloire de la Fisker n’étant en réalité qu’une manœuvre perverse destinée à ce qu’une frange de leurs lecteurs passe commande, pour avoir ensuite tous les ennuis imaginables, tests à l’appui… ce qui renforcerait la sécurité des bonnes vieilles “essence” et “diesel”… (Et hop, une théorie du complot de plus à la longue liste) !
Maintenant que la pandémie du Coronavirus a plombé plus que l’essence, c’est-à-dire les sens et l’économie mondiale… que les magazines “papier” se vendent de moins en moins… et qu’en conséquence le public n’est plus aussi confronté aux manœuvres dictées par les grands groupes pétroliers, l’opinion publique commence à comprendre que les groupes d’édition papier aux titres soi-disant pourfendeurs de tout et n’importe-quoi, ne sont pas de leur monde… mais s’avèrent les principaux responsables de l’impasse économique des automobiles “pétrole” ainsi que de la déforestation mondiale… Le public, donc, cherche d’autres moyens d’information… et les vieux médias se lancent avec fracas dans le web, toujours avec les mêmes articles, les mêmes sujets, les mêmes orientations, afin de surseoir à l’incertain, pourtant inéluctable…
Confronté aux invraisemblables campagnes publicitaires de Fisker, Consumer Reports, le magazine de l’Union des consommateurs américains, avait estimé en 2013, que la Fisker Karma était un “désastre ergonomique” : habitacle exigu, visibilité limitée et mauvais contrôle des instruments par écran tactile… ajoutant que c’était également un “désastre technologique”, cette voiture haut de gamme étant “truffée de défauts”… Consumer Reports ajoutant “La Fisker Karma ne soutient pas la comparaison avec aucune autre voiture de luxe”… Autant de reproches adressés à cette voiture hybride mue par un moteur électrique alimenté à la fois par des batteries et par une génératrice harnachée à un moteur à essence, avaient de quoi faire peur… J’avais pronostiqué l’affaire dès son départ : La Fisker Karma n’en a pas… (de Karma) !
Elon Musk, patron de la marque Tesla, a cru jouer au plus malin en ajoutant une tonne de sel sur le steak trop cuit, n’ayant pas de mots tendres envers l’autre alternative de son segment : la Fisker Karma… l’homme qui cherchait avant tout à cacher les mêmes problèmes que subissaient les malheureux propriétaires de Tesla, s’était soi-disant confié et avait affirmé : “La Fisker Karma est un produit médiocre qui tente de se vendre à un prix extrêmement élevé. L’auto paraît énorme, mais n’a pourtant pas d’espace dans le coffre et dispose d’un habitacle très étriqué, particulièrement à l’arrière”… Cette affirmation n’était pas venue sans raison : Henri Fisker était encore sous contrat avec Tesla à l’époque où il travaillait déjà sur la Karma !
Une seconde évaluation de la Karma par Consumer Reports (le magazine des consommateurs américains), était attendue avec curiosité dans l’industrie automobile… en effet, la voiture avait fait une première impression catastrophique dès sa présentation en mars 2012 : le magazine mensuel avait d’ailleurs immédiatement publié un article expliquant que la Fisker Karma testée était tombée raide morte, en panne totale, après seulement quelques kilomètres… en fin de compte, le fabricant de batteries A123, de Livonia, au Michigan, USA, avait assumé toute la responsabilité de cette panne, avant de rappeler une bonne partie des batteries au lithium livrées à ses clients fabricants de voitures électriques, dont Fisker.
Aucune société n’avait autant incarné l’espoir de Washington envers une entreprise américaine de construction de batteries pour voitures électriques que A123 Systems… la société basée dans le Massachusetts était censée devenir le premier fournisseur de batteries lithium-ion aux États-Unis et dans le monde, alimentée en partie par une subvention de 249 millions de dollars de l’administration Obama… mais quelques temps plus tard A123 Systems a déposé son bilan, après avoir perdu 857 millions de dollars.
Cette photo a été prise en avril 2010 lors d’un discours dans la roseraie de la Maison Blanche, où le président Barack Obama avait salué A123 et son chef exécutif David Vieux (à sa droite sur la photo), pour ses plans visant à créer 2.000 emplois en 2012. A123 avait également emporté ce jour-là 125 millions de dollars en subventions pour la construction d’une usine dans l’Etat du Michigan… une usine qui ne sera jamais construite !
L’Union des consommateurs américains Consumer Reports, qui a les poches profondes et possède sa propre piste d’essais dans une région rurale du Connecticut… n’utilise pas les sévices de quelconques journaleux, ne dépend pas de la publicité des constructeurs pour survivre… et n’attend pas que ses sbires et laquais soient invités tous frais payés, putes en sus, pour essayer des voitures insipides, essais le plus souvent réalisés au moyen des DVD de presse dont il suffit de copier-coller les contenus avec quelques modifications sans importance…
Non, Consumer Reports achète incognito, chez des concessionnaires, tous les véhicules que Consumer Reports évalue… et l’influent organisme a réalisé un second essai de la Fisker Karma. Dépité, le magazine a affirmé : “À 107.500 $ US, la Karma est le véhicule le plus cher et le plus mauvais jamais acheté dans le cadre de nos essais”… La seconde critique défavorable publiée dans la dernière édition du magazine faisait suite à un banc d’essai comparant la Fisker Karma et la Porsche Panamera, deux voitures semi-sport haut de gamme à quatre portes… l’article se terminait ainsi : “La Panamera si elle est également une pitrerie pour snobs friqués, s’en tire mieux que la Fisker Karma hybride, mais Consumer Reports ne recommande ni l’une ni l’autre”… Cela change des articles sirupeux des journaleux publiés dans les magazines français !
Même après le remplacement des batteries par Fisker, la Karma testée par Consumer Reports a causé des problèmes aux essayeurs : “La Fisker Karma est sans cesse en panne en cause de défaillances intermittentes des instruments et des lampes-témoins du tableau de bord, ainsi que des vitres électriques et de la radio, du moteur, des freins… toutes choses qui ne font qu’amplifier ses grands défauts : elle est inconfortable, pas spacieuse intérieurement malgré des dimensions extérieures imposantes, fatigante, génératrice de crampes, d’angoisses et de sueurs froides”…
Malgré tout, Consumer Reports a fait quelques compliments à la Karma : “Sa tenue de route passable, sa capacité de freinage à faible vitesse, sa sonorité très sportive (c’est un double sens assez pervers pour une électrique) et la qualité de son intérieur en cuir de première classe séduiront les plus stupides stars du show-bizz”…
Peu après, nouvelle épreuve pour Fisker… en effet, le constructeur n’avait pas été épargné par l’ouragan Sandy qui s’était abattu sur la côte Est des États-Unis, causant de nombreux dégâts sur son passage… à Port Newark, dans le New Jersey, plusieurs voitures de la marque (338 Fisker Karma), avaient été inondées suite à la montée des eaux. L’histoire aurait pu s’arrêter là… mais voilà, parmi ces 338 véhicules, 82 ont pris feu… dont 16 ont explosé… ce qui a relancé une nouvelle fois la polémique concernant la sécurité des voitures électriques et hybrides… Selon l’agence Reuters, Fisker se serait vu refuser pas moins de 33 millions de dollars de remboursement par sa compagnie d’assurance XL Group PLC, pour motif que les Fisker karma ne présentaient aucune sécurité dans leur conception… (les 338 Fisker Karma font partie de pas moins de 10.000automobiles d’autres marques détruites à l’occasion du sinistre, déclaré catastrophe naturelle, rien que dans le New Jersey).
Après les problèmes de batterie et les incendies, nécessitant le rappel de toute la gamme, le constructeur américain peinait à sortir de la tourmente… dans un communiqué, la société a toutefois été contrainte d’indiquer que l’incendie avait été causé par un court-circuit. L’enquête menée sur les carcasses par les autorités administratives et divers ingénieurs gouvernementaux, a permis de déceler la cause exacte du court-circuit : le sel contenu dans l’eau de mer avait immédiatement corrodé l’unité de contrôle du véhicule, créant un court-circuit au niveau du réseau basse tension (12V)… (je précise que l’unité de contrôle est un composant standard, utilisé pour tout type de voiture électrique) !
La malédiction va continuer…, le fournisseur A123 Systems qui connaissait d’importants soucis financiers, va se retrouver au bord de la faillite. En tête de liste des acheteurs potentiels, le groupe Johnson Controls, spécialisé dans l’automobile, devait reprendre les rênes de A123 Systems… mais il se pouvait que le groupe chinois Wanxiang soit aussi de la partie pour remporter les enchères. Dans un cas comme dans l’autre, même si Fisker avait eu les moyens financiers d’attendre que A123 Systems trouve un repreneur, le mal était fait… donc, nouveau communiqué : “En raison de plusieurs désaccords majeurs avec la direction du groupe concernant la stratégie à adopter, le fondateur et patron de Fisker Automotive, Henrik Fisker, vient de remettre sa démission”.
Joint par téléphone, Henrik Fisker s’était contenté de me confirmer l’information, sans toutefois donner davantage de détails sur ses motivations. Voici l’interview de l’affaire !
Patrice De Bruyne – Je sais que Fisker Automotive cherchait désespérément des fonds pour produire son 2e modèle, une berline nommée Atlantic, qui aurait été construite dans une usine GM de Wilmington. Des pourparlers entre Fisker et des investisseurs chinois étaient en cours, vous pouvez me le confirmer à l’attention des 4.000 internautes qui viennent chaque jour sur www.GatsbyOnline.com ?…
Henrik Fisker – Je ne vais pas vous répondre grand-chose, mais je vous confirme qu’en grandes difficultés financières, pris en tenaille entre des finances difficiles et un fournisseur de batteries battant de l’aile, ma société Fisker espérait recevoir plusieurs offres de reprises, dont plusieurs de constructeurs chinois… Entre les besoins financiers pour assurer le développement de la gamme et les problèmes liés aux batteries et au fournisseur A123, Fisker était dans une situation instable… et finalement Fisker s’est trouvé à cours d’argent.
Patrice De Bruyne – Le porte-parole de Fisker, Roger Ormisher, a confirmé que la marque et ses conseillers étudiaient plusieurs offres en provenance de Chine, de la part de Dongfeng et Geely, avec des montants supérieurs à 250 millions d’euros…, qu’en dites-vous ?
Henrik Fisker – Rien…
Patrice De Bruyne – Peu après cette annonce tonitruante, on a assisté au retrait du groupe chinois Geely des négociations… et une semaine plus tard, c’était au tour de Dongfeng de renoncer à son projet de rachat. Pourquoi ?
Henrik Fisker– La raison de cette décision est en cause des garanties exigées par le Département américain de l’énergie, qui a accordé un prêt à Fisker et qui avait donc le droit de poser ses conditions. Comme Geely, Dongfeng a été effrayé par l’obligation de maintien des emplois et de la production aux Etats-Unis, c’est tombé à l’eau.
Patrice De Bruyne – Le prêt accordé par le gouvernement américain à Fisker avait pour objectif de voir la nouvelle berline Atlantic produite dans l’état du Delaware…
Henrik Fisker – Avec ces retraits, l’avenir de Fisker s’est assombri à nouveau…
Patrice De Bruyne – Tandis que divers journaleux persistaient à publier des articles élogieux co-payés par vos concessionnaires Fisker fraîchement nommés en Europe… qui ne pourront assumer aucun suivi ! On a déjà connu trois affaires du même genre : Tucker, Bricklin, Deloréan… toujours le même mauvais fond, toujours les mêmes beaufs, toujours les mêmes idiots qui finissent par créer un club à leurs gloires… l’histoire débitée en tranches de jambon est toujours laudative, extraordinaire, capable de soulever les passions…
Henrik Fisker – Je n’ai rien à vous dire là-dessus !
Patrice De Bruyne – En voici le résumé : Fisker a vu le jour lorsque ses fondateurs, vous Henrik Fisker et votre associé Bernhard Koehler, ont analysé le paysage automobile et constaté qu’il était restreint par un passé construit sur de nombreuses limites… Des baratins type d’hommes politiques, creux et redondant… Grâce à une expérience cumulée de plus de 51 ans, vous avez décidé de refondre une perspective nouvelle et radicalement différente sur le potentiel du monde automobile.
Henrik Fisker – Les 51 ans cumulés, c’était innovant et drôle et la refonte d’une perspective nouvelle, un gag ! On a vite conclu qu’il faudrait innover et non réinventer, et nous sommes parti d’une page blanche pour fonder Fisker Automotive en 2007. Avec la Fisker Karma, nous sommes devenus les tout premiers fabricants automobiles à offrir la première berline hybride de luxe au monde. J’étais un ancien employé de Tesla… Fisker était une société américaine, dont le logo orange et bleu représentait les couleurs d’un coucher de soleil californien sur l’océan Pacifique, tandis que les barres verticales illustraient la plume du concepteur, c’est à dire moi.. et les outils du créateur Bernhard Koehler… Le siège mondial de Fisker Automotive a été situé à Anaheim, en Californie. En plein cœur de la Californie du Sud. Les installations y reflétaient la philosophie de durabilité de la société. Les sols en matériaux recyclés, le mobilier non testé sur les animaux, les panneaux solaires, l’utilisation d’ampoules fluorescentes compactes, et les efforts de recyclage permanent, assuraient que chaque membre de l’équipe et chaque collaborateur étaient pleinement impliqués dans la mission essentielle de notre société…
Patrice De Bruyne – Fallait-il en rire de tristesse ou en pleurer de bonheur ?
Henrik Fisker – Les centres de vente de Fisker reflétaient également cette même philosophie de réduction de l’impact environnemental de l’ensemble des opérations de Fisker à l’échelle mondiale. Les installations étaient situées au Delaware, à Munich, à Pékin et en Finlande…
Patrice De Bruyne – Votre nouvelle philosophie était double, 1° le coté écolo a disparu avec la cession de la Karma à Bob Lutz qui sous le nom de VL Destino voulait commercialiser une Fisker Karma motorisée par un V8 Corvette ! Ce devait être la Corvette 4 portes et 4 places que les fanas de Corvette espéraient voir commercialisée un jour… 2° Vous, Henrik Fisker, avez démissionné et votre entreprise était en ruine !…
Patrice De Bruyne – Peu après, la VL Destino a été dévoilée au grand public à l’occasion du Salon de Détroit : il s’agissait en fait d’une carrosserie de Fisker Karma renfermant non plus une motorisation hybride mais un bon gros V8 Chevrolet Corvette ! Quelques mots d’explication de votre part s’imposent pour comprendre la manœuvre.
Henrik Fisker – Depuis quelques temps, Fisker connaissait des problèmes au niveau de ses batteries, à tel point que cela avait durablement affecté la production de la Karma, en fait la ligne de production de la Karma a été stoppée définitivement, j’ai donné ma démission et tout le personnel a été renvoyé… cela dit, la voiture plaisait encore et séduisait… elle possédait de nombreux fanatiques dont Léonardo di caprio… ce qui avait motivé certains à élargir l’offre grâce à des solutions classiques et immédiatement disponibles… Derrière cette VL Destino on retrouvait Bob Lutz, ex-topman de GM et l’industriel Gilbert Villereal… ensemble ils matérialisaient la bonne idée d’implanter un V8 Corvette dans la carrosserie de la Fisker Karma… une belle opportunité pour les liquidateurs de faire rentrer de l’argent frais sans trop de difficulté. Simplement, on avait imposé l’interdiction d’utiliser le nom Fisker ! La voiture a donc été appelée VL Destino, elle accueillait le 6,2L à compresseur de la Corvette C6 ZR1, bon pour 650 chevaux. Après les derniers réglages toujours en cours de mise au point, ce tandem a affirmé via quelques communiqués de presse que la voiture entrerait en production pour l’été 2013 ! Lutz et Villereal espéraient en écouler de 250 à 500 exemplaires par an et ainsi concurrencer les Aston Rapide et Porsche Panamera… le prix de vente devait se situer aux alentours des 200.000 Dollars…
Patrice De Bruyne – Arghhhhhhhhhhhhhh ! Rien de l’extrapolation de la Fisker n’est sorti, pas même quelques étrons, les dindons qui avaient investi des centaines de milliers de dollars, ont cru tout perdre, Bob Lutz venait-il de rejouer le même coup que John Zaccharie DeLoréan en plus bref, sans usine, sans personne, sans rien…
Henrik Fisker – Non, miracle, la VL Destino a finalement été présentée en 2015 sous forme d’une toute autre voiture équipée d’un bon gros V8 américain Corvette… un coupé-sport de 300.000 Dollars…
Patrice De Bruyne – La belle affaire… et la petite firme VLF s’est adjoint un troisième larron, Gilbert Villareal, qui a eu l’idée d’en faire un coupé et un cabriolet V10 sur base de la Dodge Viper qui pourrait rivaliser avec les Ferrari et autres Aston-Martin, la patte américaine en plus, présentée début 2016… sauf que la Dodge Viper a tiré sa révérence en 2017, elle n’est d’ailleurs plus fabriquée…
Henrik Fisker – Oui ! Malédiction ultime…
J’ai songé quelque peu à la meilleure façon de débuter mon essai avec la Fisker Karma. Généralement, une phrase introductive me vient rapidement en tête lorsque je commence à rédiger mes impressions sur un modèle particulier, mais dans ce cas-ci, je me suis retrouvé plusieurs longues minutes devant un curseur clignotant impatiemment. Finalement, j’ai conclu qu’en aucun cas je ne réussirais à introduire ce modèle de façon adéquate… J’écris donc simplement que la Fisker Karma n’est nullement une véritable révolution dans le domaine de l’automobile, elle est très belle, mais abominablement classique et classieuse, totalement pompée sur le design des berlines Tataguar (Jaguar)…
C’est une voiture créée par un ex-dessinateur non visionnaire, qui, certes, fait tourner les têtes partout où elle passe, mais n’est en rien esthétiquement innovante et aussi d’avant-garde que sa motorisation partiellement électrique… elle comporte un lot quasi incalculable de défauts, elle fait partie de la liste des voitures dont je me souviendrais tout le reste de ma vie, jusqu’à mon lit de mort… d’avoir conduit. Lorsque j’ai pris place dans la Fisker Karma, j’ai été initialement intimidé par la largeur et les courbes du capot avant qui, contrairement à la majorité des voitures ayant un capot plongeant, sont omniprésentes, très bien visibles, le regard restant perpétuellement figé sur la largeur importante du bestiau… alors qu’il s’agit d’une voiture électrique qui, dessinée par un artiste visionnaire et compétent, n’aurait pas copié les lignes désuètes de la dernière Tataguar-berline, mais créé une forme nouvelle.
Dans un premier temps, c’est le silence régnant dans l’habitacle lors de la mise en marche du moteur qui surprend en premier. Que dis-je ? Qu’écris-je là de si bête ? Il n’y a aucune mise en marche, simplement une mise sous tension… la Fisker étant équipée d’un démarreur sans clé, on appuie sur le bouton pressoir localisé à gauche de la colonne de direction et… rien… Aucun bruit mécanique ne parvient aux oreilles… et les seuls indices laissant croire que la voiture est prête au grand départ vers l’inconnu, sont l’écran de la console centrale qui s’active en affichant divers avertissements, tandis que d’autres cadrans s’illuminent.
J’ai appuyé sur le bouton “D” du sélecteur de vitesse à l’apparence futuriste, j’ai relâché la pédale de frein et la voiture s’est mise à avancer, miracle… dans le silence le plus complet. La pédale d’accélération s’est avérée facile à moduler, mais elle tremblait sans cesse, ce qui à la longue s’est avéré insupportable… la direction par contre s’est immédiatement montrée sous un mauvais ressenti, moyennement précise car assistée“à l’américaine”. Il ne m’a pas été facile de me sentir à l’aise dans cette voiture qui a les dimensions extérieures d’une Tataguar XXL Berline, mais dispose d’un espace intérieur semblable à celui d’une Mini… ce qui m’a donné envie de quitter le plus rapidement possible les bouchons de la ville pour rejoindre les routes sinueuses et libres de la campagne !
Conduire cette voiture hybride m’a apporté un petit lot de particularités et de désagréments ainsi que des sensations de conduite subtilement différentes d’une voiture à moteur essence conventionnel… par exemple, la vibration dans la pédale d’accélération qui émanait des deux moteurs électriques de 201 chevaux, pourtant disposés au-dessus du différentiel arrière… rien de dangereux, quoique… mais agaçant, surtout dans le trafic. Il y avait aussi cette montée de décibels lors d’accélérations vives qui était difficilement descriptible, mais qui sonnait très “électrique”…, cela étant écrit, ces particularités dans une voiture de plus de 100.000$ sont inacceptables…
La Fisker n’a aucun Karma, c’est loin d’être une Rolls Royce Ghost d’occasion (même valeur), la voiture a tout à envier à ses compétiteurs en termes de confort de roulement et les acheteurs potentiels ne pourront que s’inquiéter de trouver la voiture très brusque pour en faire une utilisation quotidienne. Le silence quasi-total de l’habitacle était une vue de mon esprit bienveillant avant l’essai… la sérénité n’a jamais été présente, d’abord perturbée en situation de forte accélération et de décélération… car, bien que les énormes jantes 22 pouces “Circuit Blade” de la voiture combinée aux pneus Goodyear Eagle F1 de taille 255/35/WR22 à l’avant et 285/35/WR22 à l’arrière… s’avérant un choix tout indiqué pour ruiner toute balade ! Il n’en demeurait pas moins que la voiture n’absorbait pas bien les irrégularités de la chaussée et que j’étais bousculé dans l’habitacle.
La visibilité ¾ arrière de la Fisker quoique pas aussi mauvaise que j’avais pu le croire en regardant la taille du pilier C et la ligne découpée du toit, m’a posé divers problèmes dans certaines situations de circulation. Bon, il est vrai que la vérification des angles morts en situation de stationnement ou de dépassement n’était pas facile, mais les rétroviseurs latéraux étant assez gros, ils éliminaient les angles morts lorsque j’ai enfin réussi à correctement les positionner. Par contre, la visibilité arrière était abominablement restreinte pour ne pas dire risible… sans la caméra de recul, les manœuvres en marche arrière pour stationner seraient complexes, vu sa largeur hors-normes… d’ailleurs, lors d’un essai traditionnel de stationnement en parallèle, je me suis retrouvé à 50 cm du trottoir et ce, tout en pensant avoir garé la voiture sans défaut.
La Fisker Karma dispose de deux modes distincts de conduite, le mode stealth et le mode sport… la transition entre les modes s’effectuant à l’aide d’une palette à gauche du volant, comme si l’on changeait de vitesse. Au départ, la voiture est en mode Stealth qui permet, selon les données du fabricant, de parcourir jusqu’à 80 kilomètres en n’utilisant que le groupe de batteries lithium-ion de 20 kWh se trouvant sous le véhicule, lorsqu’elles sont chargées à pleine capacité…, cette distance m’a de suite semblée un peu (beaucoup) optimiste !
Me basant sur ce que j’avais déjà observé lors d’essais avec d’autres voitures électriques hybrides, j’ai acquis l’expérience que la distance d’utilisation des batteries est grandement affectée par le style de conduite et l’utilisation des divers systèmes de la voiture : phares, éclairage interne, intensité des compteurs, essuie-glaces, désembuage, chauffage, air-conditionné, assistance électrique de la direction assistée, des freins, du nombre de freinage et des temps d’arrêt, de la charge, du nombre de personnes embarquées, de la vitesse, des dénivellations… et j’en oublie ! Avec tout ce toutim, j’ai réussi l’exploit de parcourir 38 kilomètres et 349 mètres avant qu’une transition s’effectue avec le moteur 2.0 litres turbocompressé Ecotec provenant de General Motors, non pas pour propulser la voiture directement, mais pour fournir de l’énergie à la génératrice qui théoriquement permet aux moteurs électriques de fonctionner…
Je l’écris d’emblée, c’est une escroquerie… les batteries déchargées ne se rechargent pas en un éclair (c’est un mot d’humour en rapport avec les incendies et les explosions déjà citées) et l’ensemble peine, les lampes vacillent, tout devient intermittent, obligeant à couper tout ce qui n’est pas nécessaire à la survie… Puis vient l’angoisse d’arriver à bon port… OU de parvenir à rentrer… Faut-il encore qu’en ces points de chute de survie, il y ait des prises de courant adéquates et que vous ayez le temps de recharger… Comme cela n’est pas rapide, il vaut mieux qu’on puisse y dormir sans devoir aller nulle part d’autre… c’est donc un vrai cauchemar… les débutants doivent en effet garder en tête qu’à peu près tout ce qui est indiqué dans le manuel d’utilisation est faux, ou presque, à peine…
En estimant une réalité d’autonomie de 38 kilomètres, cela signifie qu’après 19 kilomètres d’angoisses, il faut TOUT couper et rentrer sans plus tarder… le moteur 2.0 litres turbocompressé Ecotec consommant autant qu’une camionnette de plombier chargée à bloc de WC’s, baignoires et lavabos, ce qui ne représente qu’une économie illusoire en contrepartie d’une puissance misérable… Après avoir vécu tout ce que je viens de vous écrire, c’était le lendemain de ma description du meurtre euhhhhhh, des faits… j’ai résolu à mes risques et périls d’essayer le mode sport, ou la configuration du moteur serait modifiée afin de libérer plus de puissance et permettre un nombre de révolutions par minutes plus élevées tandis que la génératrice distribue un plus grand pourcentage d’énergie aux moteurs électriques, ce qui améliore les accélérations et augmente la vitesse de pointe…
Cela étant écrit… la Fisker Karma n’a pas bronché, je n’ai rien senti, rien ressenti… malgré tout ce baratin et la magie cosmique, la Fisker est restée comme figée, pas aussi rapide que sa ligne élancée peut laisser croire. Je me suis rendu compte une seconde fois que cette bêtise était loin d’être une supervoiture pouvant rivaliser avec Porsche et Ferrari comme les beaufs ahuris sont prêts à y croire lorsqu’ils voient la Fisker Karma pour la première fois. Les accélérations sont très linéaires et fluides sans plus… Le traditionnel sprint de 0 à 100 km/h s’est effectué en 7 secondes avec le mode sport, et en 9 secondes en mode stealth… aucune marque de puissance ne s’est fait sentir, et les dépassements se sont effectués pépère…
En ce qui concerne le freinage, compte tenu des médiocres performances, la pédale est facile à doser et la réponse est immédiate… évidemment, la Fisker utilise la technologie du freinage régénérateur, qui convertit l’énergie produite lors d’une décélération afin de recharger les batteries (un vrai gag, quoique dans la descente du Tourmalet, doit-il générer de quoi faire 1 kilomètres de plus sur le plat)… Lorsque la situation m’a obligé à un freinage d’urgence ou du moins plus brusque (sic !), alors, j’avoue que les larges freins Brembo se sont acquittés très bien de leur tâche. Voulant maximiser les capacités dégénératives des freins, voyant que la Fisker Karma offrait un mode Hill… j’ai bien évidement actionné la palette ad-hoc située à droite du volant… en réalité, je me suis rendu compte qu’il y avait deux modes Hill, catégorisés 1 et 2, permettant d’augmenter la régénération d’énergie (sic-bis !) sans nécessairement utiliser les freins. Suivant le guide, j’ai sélectionné le mode 1 sur une autoroute parfaitement plane et remarqué sur le tableau de bord qu’un témoin indiquait que l’énergie transmise aux batteries augmentait, même sans que je touche la pédale des freins. En mode 2, je n’ai rien compris, parce que c’était pareil, sauf qu’il est indiqué (dans le guide) que c’est la position idéale lorsque la voiture se retrouve en pente (gag !), le rythme de la descente étant contrôlé et la régénération amplifiée…
Où la Fisker se démarque le plus en ce qui concerne les performances… est assurément par rapport à la tenue de route et la direction : à vitesse réduite, la voiture demeure stable et le volant communique bien au conducteur la direction des roues. J’ai essayé sur une route de campagne entrelacée, et la voiture n’a jamais bronché non plus… et j’ai atteint mes limites personnelles (c’est dingue ce qu’on panique dans cette voiture), sans même m’approcher de celles de la voiture. Évidemment, si la configuration de la suspension indépendante aux quatre roues explique en bonne partie cette tenue de route phénoménale, à moins de 100 km/h il est difficile de faire un tête-à-queue sur une route plane…
J’ajoute que juste à regarder la voiture, avec sa carrosserie au ras du sol, sa largeur de plus de deux mètres, et ses pneumatiques hors norme, on sait que sa dynamique sera impressionnante ! Il y a peu à dire sur la transmission puisque la Fisker Karma n’en a tout simplement pas. Pourtant, quatre choix s’offraient à moi, à croire que les gens de Fisker considèrent leurs clients comme des imbéciles : P, D, N, et R, alors qu’un seul rapport est requis pour rejoindre la vitesse de pointe. Lorsqu’on désire faire marche arrière, on appuie sur R et les moteurs électriques tournent inversement, et c’est tout !
Ah oui, et qu’en est-il de l’hiver ? En bien, disons que je me vois très mal en train de déglacer le panneau solaire du toit de cette propulsion pour y enlever une épaisse couche de glace, et de remiser les belles roues de 22 pouces afin de poser une pneumatique hivernale raisonnable sur des jantes génériques… (sur Internet, il y a une vidéo d’un fou qui conduit sa Fisker en pleine tempête, preuve que tout est possible). L’habitacle de la Fisker Karma m’a semblé tout droit sorti d’une voiture concept avec son grand écran central qui contrôle toutes les fonctions de la voiture, des boutons pressoirs qui se chargent de l’ouverture des portes… et une curieuse petite pyramide regroupant les commutateurs de la transmission. Les sièges étaient moyennement confortables, quoiqu’étriqués… la finition était bonne à l’intérieur, contrairement à l’extérieur, clairement calqué sur celle des kit-cars, notamment au niveau de la largeur des séparations totalement aléatoire entre les diverses pièces de la carrosserie.
Il est à noter que l’intérieur de ma Fisker était entièrement composé de matériaux recyclés, fournis par des entreprises aux valeurs et procédés écoresponsables… par exemple, les appliques de bois décoratifs récupérés à partir des débris de feu de forêt, d’arbres tombés, ou de pièces de bois retrouvés au fond des lacs et rivières. C’est dingue, non ? Je reviens à cet écran tactile au centre du tableau de bord qui, comme mentionné précédemment, gère presque tous les systèmes de la voiture incluant la radio, la climatisation et le système de navigation. N’ayant pas grandi dans la génération des jeux vidéo et d’internet et n’étant pas propriétaire de gadgets plus ou moins nécessaire à la vie comblée des beaufs, comportant des écrans tactiles…, je n’étais pas en bonne position pour comprendre le fonctionnement de cette interface et il m’a fallu une semaine totalisant une centaine de kilomètres avant d’être à l’aise avec l’ensemble des fonctions.
Au fil du temps de mon essai, j’en suis également venu à la conclusion que pour gérer plusieurs systèmes et commandes, un écran tactile de la sorte est un vrai cauchemar à manipuler en conduite, sûrement aussi pire que le contrôle central commandé par molette qu’on retrouve sur plusieurs voitures allemandes. Je me suis aussi questionné sur la complexité qu’auront des personnes encore moins technos que moi, pour apprendre à utiliser ce maudit écran central, quoique dans cette catégorie de voiture, on ne peut pas dire qu’un modèle se démarque au niveau de la simplicité d’utilisation. Il est de plus impossible de lire l’écran lorsque le soleil l’éblouit…
Ce qui m’a marqué le plus de mon essai est le total manque d’espace de rangement dans l’habitacle… j’ai dû me contenter de déposer mon GSM, mes clés et quelques autres contenus personnels de mes poches, sur le siège passager… pour les lunettes de soleil, j’ai dû improviser un rangement devant le sélecteur de la transmission. Le plus frustrant étant qu’à mon avis, il serait facile d’augmenter les espaces de rangement à l’avant et à l’arrière de la voiture, le problème étant que Fisker a choisi de recouvrir les espaces libres d’une plaque transparente très jolie oui, mais inutile d’un point de vue fonctionnel.
Le coffre n’est pas énorme, mais son volume l’est encore moins, ce qui signifie qu’au total c’est riquiqui, ne permettant qu’emporter deux petites valises et un sac souple. Où la Fisker se démarque vraiment est au niveau des places arrière, qui sont encore moins spacieuses qu’on pourrait croire… et puisque la Fisker compte 4 portes, difficiles d’accès… aucun passager ne voudra effectuer plus de 10 km assis à l’arrière… mais pour des enfants en bas-âge, des petits animaux de compagnie ou des petits paquets, ces sièges peuvent être bien pratiques.
En conclusion : l’habitacle futuriste de la Fisker ne laissera personne indifférent… somme toute, je trouve l’arnaque réussie. Une fois habitué au flagrant manque de rangement et à l’interface tactile de l’écran central…, au manque de place à l’intérieur, à l’inconfort général, au manque d’autonomie, à l’indigence mécanique, à la taille exagérée de la carrosserie (mal conçue et mal fabriquée)… le propriétaire de la Fisker Karma aura en sa possession une voiture qui se prête bien à une utilisation minimaliste. Au cours de mon essai, au-delà des 38 kilomètres d’autonomie électrique… j’ai enregistré une moyenne de 10 litres et quelques par 100 kilomètres avec le molasson 2 litres turbo Eco-machin avec une conduite sympa et environ 50% du parcours effectué sur autoroute. Cela est totalement décevant de prime abord, mais il faut noter qu’un essai routier n’est pas toujours représentatif d’une conduite de tous les jours pour les beaufs, ce qui ne peut alors qu’être pire… d’ailleurs, je n’ai aucun doute que la consommation se retrouverait facilement au-dessus des 15 litres par 100 kilomètres en adoptant un style de conduite plus vigoureux.
Depuis l’arrivée de la Fisker Karma sur le marché, il y a eu des centaines et centaines de rapports d’incidents concernant la fiabilité de la voiture… certaines informations étaient plus que fondées… et d’autres, comme cette nouvelle concernant 16 Fisker Karma qui ont pris feu, se sont révélées être simplement diverses malchances (gag !). Lorsque je lis certains articles au sujet de la Karma et que je compare la voiture à d’autres, je ne peux m’empêcher de rouler les yeux. En ce qui me concerne, la Karma est une voiture unique qui doit le rester (il faut se dépêcher d’en exposer quelques-unes dans des musées avant qu’elles ne brûlent ou n’explosent toutes)… elle est en effet la représentation fantasmagorique présente d’un avenir incertain, pas si lointain, où ce type de motorisation devrait être la norme… et où les critères de performances des voitures “essence” et “diesel” paraitront désuets en comparaison des “électriques”… N’oubliez pas qu’il y a eu Fukushima et que l’électricité nucléaire a commencé à faire peur !
Si je devais résumer ma semaine en Fisker Karma, je dirais que c’était comme un premier rendez-vous raté avec une transsexuelle non opérée. La journée s’est très mal déroulée, la belle m’avait fait sourire et captivé avec sa personnalité attachante… mais ses manières étranges sous son physique à faire craquer, m’ont trompé. Faites attention à ne pas vous faire sodomiser bien profond, faites comme moi, conchiez cette chose et tirez la chasse… Toutefois…. Oui, toutefois… Evolution, réappropriation, renouveau et adaptation… La Fisker s’appelle maintenant Karma Revero GS-6 et profite d’un prix raboté de près de 50.000 dollars ! Karma, née sur les cendres de Fisker, construit la Revero GS-6, toujours électrique mais avec un prolongateur d’autonomie. Sur le mode électrique, elle peut parcourir 129 kilomètres ! Une (maigre, très maigre) autonomie rallongée de 450 kilomètres lorsque le moteur essence fonctionne. Le (très) bruyant quatre cylindres 1,4 l (d’origine GM) qui fonctionnait comme générateur pour la fausse nouvelle Fisker renommée Karma, a été remplacé par un 3 cylindres 1,5 l de BMW et la puissance de l’ensemble a ainsi été considérablement augmentée (sic !) : les roues arrière encaissent désormais 544 chevaux ! En outre, le prix du modèle a fortement baissé : alors que la Karma Revero qui était le renouveau de la Fisker Karma était annoncée à un minimum de 130.000 dollars, la GS-6 ne coûte plus “que” 83.900 dollars. Un miracle ? Une version entièrement électrique sera également introduite cette année : la GSe-6, avec une autonomie de 480 kilomètres. Ce modèle profitera d’un prix encore plus bas : 79.900 dollars ! A n’y rien comprendre !
8 commentaires
Avec un peu de retard, je reviens peaufiner la réponse que je n’avais pas bien écrite… Schopenhauer me semble plus vrai qu’Aristote. Son étonnement est d’une qualité sensible, émotionnelle, radicale, étonnement du cœur et des tripes. Etonnement d’un coup de tonnerre déchirant la sérénité des astres. Etonnement de l’enfant qui ne comprend rien au désir de ses parents, qui le veulent marchand de biens, banquier comme papa, ou qui, plus justement encore, ne veulent pas de lui, lui l’enfant du hasard conjugal, l’accident, le mal venu, le superfétatoire. “Enfant de tout, fors de l’amour” écrira-t-il. Etonnement de sa souffrance, étonnement de la souffrance des hommes attachés à leurs chaînes, traités en bestiaux, rivés à leurs machines, suant la sueur et le malheur, la misère sans espoir, entre dépression et alcoolisme chroniques, et ces dignitaires mêmes de l’Etat et des finances, esclaves volontaires de la gloire, du pouvoir, de la rivalité et de l’insatisfaction. Je m’écrie comme Schopenhauser : “Quel est donc ce dieu pervers et sadique, dont on dit qu’il est le créateur du monde, et qui tolère pareille misère des corps et des âmes, les justifie même ?”… Pffff ! Perdrais-je mon temps précieux ? Il y a du Bouddha dans ma révolte, une indignation, un accablement d’un désespéré des autres qui réalise de grands voyages initiatiques à travers son ordinateur, et qui à chaque phrase s’étonne de la misère du monde, de l’effroyable malheur qui étreint le cœur des hommes, jusque dans les frivolités et les festivités, ces divertissements mesquins inventés pour chasser l’ennui. Vous connaissez sa fameuse phrase : “La vie de l’homme oscille comme un balancier de la souffrance à l’ennui, et de l’ennui à la souffrance”. Est-ce un étonnement ? Mais diantre, waouwww ! Quelle densité douloureuse, pathétique, accablante ! Schopenhauer a donné une dimension métaphysique à cette même douleur initiale, invincible : Comment un tel monde est-il possible ? Pourquoi toute vie est-elle douleur ? Pourquoi toute biographie est-elle une pathographie ? Enigme du non-sens, ou de l’Ab-sens ? Entre les deux comment choisir ? Ce monde est-il le pire possible, machinerie absurde, divagation d’un fou ou d’un idiot ? Comment expliquer cette aveugle force d’un “Vouloir-Vivre” inconscient, qui ne veut rien de particulier si ce n’est de se perpétuer à l’infini, sans cause et sans finalité ? De quoi devenir fou moi-même face à la folie du monde… Non ?
En un temps, je voulais que la section ATARAXIE de GatsbyOnline devienne un repaire de filousophes désabusés… Et vous voilà ! Que le diable soit aspergé des sens et qu’on y boute le feu en signe de bienvenue…
Ce propos tombe à pic ! A vous qui m’avez fait relire Schopenhauer, les Aphorismes sur la sagesse dans la vie évoquent immanquablement tous ces rassemblements, la fuite de l’ennui consécutive au vide intérieur, quitte à tomber dans la vulgarité !
“C’est ce vide qui est la véritable source de l’ennui et celui qui en souffre aspire avec avidité à des excitations extérieures, afin de parvenir à mettre en mouvement son esprit et son cœur par n’importe quel moyen. Aussi n’est-il pas difficile dans le choix des moyens; on le voit assez à la piteuse mesquinerie des distractions auxquelles se livrent les hommes, au genre de sociétés et de conversations qu’ils recherchent, non moins qu’au grand nombre de flâneurs et de badauds qui courent le monde. C’est principalement ce vide intérieur qui les pousse à la poursuite de toute espèce de réunions, de divertissements, de plaisirs et de luxe…”
En un temps, je voulais que la section ATARAXIE de GatsbyOnline devienne un repaire de filousophes désabusés… Et vous voilà ! Que le diable soit aspergé des sens et qu’on y boute le feu…
Vous à un Festival Porsche, mon cher Gatsby ? Honorant la mémoire du SS-Oberführer Ferdinand Porsche, conseiller du Führer pour les affaires d’armement, coordinateur de l’effort industriel du Troisième Reich, prix national allemand, ordre de la croix de guerre ?
Je suis allé voir le “Paradis Porsche de Saint-Tropez” il y a qqs années, j’en ai réalisé l’article au bout de ce lien : https://www.gatsbyonline.com/automobile/le-paradis-ou-lenfer-porsche-2018-398877/
Je ne suis pas allé voir ce cirque les années suivantes. Je précise avoir acheté une Porsche 930 Turbo Vert-Macht il y a qqs années et être tombé “sur le cul” de devoir payer les frais d’entretiens supérieurs à celui d’une Renault Twingo neuve. C’est en partie à cause des complications d’entretiens liées à l’obligation de devoir enlever le moteur pour changer les bougies !!!! Le génie Porsche ! Le coté Nazi de l’affaire est venu ensuite, en sus…
Je prends les paris que d’ici 25 ans il y aura des Fisker à vendre aux enchères, avec “seulement” 2000 km, “rare et collector” avec histoires exceptionnelles brodées par le commissaire-priseur.
Surement… C’est le cas actuellement pour toute une série de mêmes bricoles dont les montants sont ahurissants ! Comme écrit dans une autre réponse, je fuis les ventes aux enchères et les marchands… En fait, trop d’automobiles ont tué en moi l’automobile, ça ne m’intéresse plus du tout. Ce WE il y a un festival Porsche à Saint-Tropez, je ne vais même pas y aller voir, ces gens m’insupportent, surtout lorsqu’ils font leur cortège d’au-revoir en agitant des drapeaux… C’est grotesque !
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