FleetLiner 1947…
Sans doute n’aurais-je jamais dû me trouver sur ce parking. Rien ne m’avait poussé à y arriver à tombeau ouvert pour déjeuner au restaurant y attenant, si ce n’est la curiosité à l’appui d’un repas gratuit ! Il me vint à l’esprit que si j’avais accepté l’offre des extraterrestres de venir me sustenter à leurs frais avant de me montrer leur véhicule exceptionnel, je ne me serais peut-être pas retrouvé à rouler dans le vide abyssal de la connerie humaine. Je serai resté immortel dans mon univers ! La vie est une route cahoteuse et difficile, j’avais pressenti dès mes vingt ans qu’aucune place, ni ne m’attendait, ni n’existait, dans l’éden chimérique des croyances inculquées (de force) aux jeunes dans les années cinquante, une suspicion devenant peu à peu certitude, que les années suivantes ont contribué à fortifier jusqu’à n’avoir ni dieux ni maîtres.
Le repas, même gratuit me concernant, avait été quelconque. En cette période de post confinement imbécile, à tout bien peser, et le mot est bien choisi, j’ai bien essayé de m’astreindre à de grandes réflexions intellectuelles sur la vie, la mort, la religion, l’amour, la famille, ma place dans la société, l’épanouissement dans le travail, la nature, le réchauffement climatique, les nouvelles miches de Nabila et le rôle de Macron 1er dans la création du Covid19 et des prétendus vaccins (manifestement des créations de laboratoires destinées à tuer et pas à améliorer la santé et la vie), bref, de petits morceaux de métaphysique au quotidien, mais, fi de toutes ces “magouilleries”, la seule chose qui m’intéresse encore vraiment, c’est de pouvoir savourer sans “Pass-Sanitaire”, un agneau noir du Velay cuit dans sa croûte de foin avec une réduction d’œufs brouillés aux truffes et de l’ail en chemise… Ou, une énorme côte de bœuf black Angus maturée avec une béarnaise maison et des frites croustillantes à souhait et salées comme la mer morte…
On ne philosophe bien que le ventre plein, mais les artistes ou pseudos artistes d’aujourd’hui cachent trop souvent leur manque d’inspiration, leur misère sous un fumeux étendard : le concept ! S’il était heureux, parfaitement heureux, l’homme serait autarcique, autosuffisant, sans amis, sans vin, comblé de ce qu’il est, sans dépendre des autres, de ce qu’ils sont, de ce qu’ils ont. Rien de tel qu’un rapport avec soi-même, aspirant à n’être que soi-même, constamment, absolument et donc à être heureux, asocial, indépendant et contemplant éternellement le monde, comme un dieu, comme un con, le plus loin possible !
C’est même ma définition de l’homme heureux. Mais alors, puisque je suis pratique et que je me place en avant, j’ajouterai que j’ai besoin de certains autres, tels de lecteurs et lectrices pour mes magazines et mon web-Site (qui payent les montants définis), d’une masseuse pour me gratouiller les coucougnettes et le dos, d’un plombier pour stopper les fuites éventuelles, d’un opticien-ébéniste pour fabriquer des lunettes de WC personnalisées sur-mesure en bois d’arbre, d’un vigneron pour mes vins et d’une toiletteuse pour mon Cocker Blacky ! Mais on n’est pas obligé d’être ami(e)s. L’ami(e) est celle/celui qu’on aime parce qu’à la différence des autres, aucun lien d’utilité ou de nécessité ne nous rattache à lui. C’est même là la seule authentique et pure définition de l’ami(e), de l’ami(e) pur(e) et authentique, l’ami(e) est inutile. Et s’averant inutile, pourquoi en aurait-on besoin ? D’ailleurs je n’ai pas d’Ami Citroën !
Le ciel avait viré au bleu profond, lumineux. Et le soleil ? Il n’avait pas encore basculé de l’autre côté ? Oui, mais tout juste. Les arbres étaient lourds d’ombres. Ma gorge était à vif à force de hurler, encore que je n’ai aucun souvenir d’avoir beuglé la chanson des singes volants du Magicien d’Oz. La situation était franchement désopilante. Et chanter parachevait l’effet comique. Le problème, c’est que mon répertoire n’a jamais été très étendu. Alors, mon sentiment d’euphorie m’a abandonné et simultanément je vis une chose étrange bizarre et absurde qui projetait une légère clarté qui revêtait un aspect effrayant.
Je ne pouvais pas dire que je haïssais par avance le vaisseau spatial des extraterrestres, (pour quelle raison l’aurais-je dû ?), mais je m’en défiais. La plupart des gens auraient vu en ce vaisseau spatial un instrument de fin du monde, ou du moins de guerre interplanétaire. Pas moi. Par expérience, je savais que la tournure des événements correspondait rarement à ce qu’on attend. “Quoi que ce vaisseau me réserve”, me suis-de dis, “ça ne sera certainement pas le scénario-catastrophe que tout le monde redouterait vivre en pareil cas. Ce sera quelque chose de sûrement pas mieux, mais en tout cas différent, nouveau, inattendu”.
Personne n’aurait imaginé cette visitation, cette promesse de vie éternelle. L’idée de mêler mon âme à celles des autres me donnait des boutons. J’étais seul par choix et par nature, et souhaitait le rester. Mais je voulais continuer à vivre, aussi, désespérément, furieusement. Mais à mes propres conditions. Et c’était bien cet instinct de conservation acharné qui m’avait conduit jusque-là, devant un vaisseau spatial, tout en me demandant j’allais supporter l’étape suivante ! 10 mojito’s distillés dans le corps et la tête, j’ai crié en voyant le bestiau : “Merde une “Coxtumisée” !
Je suis resté conscient même quand le paysage a pirouetté dangereusement autour de l’axe de ma colonne vertébrale, mon genou cognant mollement contre la portière de l’engin. J’ai fouillé mon cerveau à la recherche de ce que pouvait-être cette bêtise, angoissé de me retrouver si loin de la civilisation Tropézienne. Qui serait assez bête pour venir jusqu’ici voir cette chose ? Alors j’ai pris une longue inspiration, me suis écarté de la portière et l’ai entrouverte. Comment étais-je censé m’installer au volant ? Et puis même une fois au volant, comment allais-je procéder pour aller vers Klingon et l’Etoile-noire ?
J’arrivais ainsi à la partie ardue de tout essai. Jusqu’ici, c’était du billard. Maintenant, je devais m’attaquer au plus dur. Il m’aurait été encore plus facile de me coucher et de dormir. Ou de mourir avant l’aube. Des deux, la seconde proposition était la plus séduisante. Mourir serait bien plus facile que tout. Peut-être que je pourrais même me traîner jusqu’à mon chez moi pour y mourir sur le canapé, ce qui conférerait au moins une certaine dignité à l’événement. Au bout d’un temps incertain, des gens finiraient par s’inquiéter de ne plus lire mes articles et avertiraient les autorités. On découvrirait peut-être mes empreintes.
“Nom de Merde !” diraient-ils. “Regardez ce que ce type a accompli. Cet homme dont la dépouille mortelle repose sur le canapé était réellement admirable !”. J’ai eu beaucoup de mal à me tasser dedans, je me suis emberlificoté avec mes longues jambes comme un adepte débutant du hatha yoga. Pire que si je devais entrer dans une boîte aux lettres ou dans une Lamborghini Countach. Mes genoux cognaient le volant jusqu’à ce que je découvre le moyen de reculer le siège. Tout était con. Le tableau de bord ressemblait à celui d’un avion à réaction. Mais de quoi me plaignais-je, finalement ? C’était une voiture, non ? Au moins je pouvais me déplacer.
Qu’est-ce que je sentais, sous mes doigts ? Le cuir de mon canapé ? Non, j’étais affalé de tout mon long en arrière sur le siège gauche de la “Coxtumisée”. C’était réellement troublant, j’avais en outre l’impression d’entendre l’écho de mes propres cris rebondir sur le tableau de bord ! Je me suis redressé, je pouvais voir par-dessus, d’accord, mais quant à mettre mes pieds sur les pédales, c’était une autre affaire. J’ai cherché autour de moi le moyen de les manœuvrer. À portée de main, il avait un gobelet vide, une bouteille de Vodka et un exemplaire du numéro 6 de Chromes & Flammes, un collector ! Je n’irais pas loin, avec tout ça. Ah ! Il y avait encore autre chose. Un exemplaire du dernier GatsbyMagazine N°4… Mieux !
J’ai inséré la clé de contact, appuyé deux fois sur l’accélérateur et tourné la clé dans le barillet. Le moteur a toussé mais sans démarrer. Normal, j’étais habitué aux hoquets capricieux des vieilles guimbardes. Elle allait s’emballer puis caler. Ou presque, elle regimberait, cracherait, et s’étoufferait un temps avant de trouver son souffle régulier. “Allez, espèce de tas de ferraille”, que j’ai murmuré ! Toute la carcasse de la “Coxtumisée” fut alors secouée de soubresauts. J’ai hurlé, je venais de comprendre que le moteur n’était pas un Flat-Four placé à l’arrière mais un truc-machin inconnu positionné à l’avant, ni V8, ni V12, ni 4 cylindres, j’ai reconnu le ballotement d’un vieux 6 en ligne… Quelle connerie, quel piège à cons !
J’ai essayé de chanter “Le Magicien d’Oz”, tandis que j’actionnais le sélecteur et appuyais sur l’accélérateur, avec pour conséquence un affreux bruit de ferraille et j’ai quitté le parking pour tenter de rejoindre la route. J’ai allumé les phares. Les ombres des pins-parassols tassés sur les bas-côtés s’entremêlaient pour tisser de lugubres guipures. J’étais assis de travers et un peu bas. Peu habitué à piloter une telle connerie, j’avais le réflexe lent, je parvins malgré tout à maintenir le bestiau au milieu de ces colonnes fantomatiques. “Dieu garde l’imprudent qui viendrait en sens inverse” que j’ai gueulé. Mais qui serait assez fou pour cela ?
La route descendait presque régulièrement, et je n’eus pratiquement pas besoin d’actionner l’accélérateur. Une chance, j’avais déjà assez de mal à freiner pour empêcher le bestiau de prendre de la vitesse. Il me vint à l’esprit que je risquais d’avoir de sérieux problèmes. Mieux valait rester relax. Je me suis passé devant, droit devant, sur des ronds-points sans croiser les loups solitaires que sont les gendarmes et sans m’arrêter quoique je n’étais pas certain de retrouver la civilisation, ce qui n’avait rien de réjouissant. Autant rouler aussi loin que possible vers le néant, ou du moins jusqu’aux premières rues éclairées. C’est alors que l’effroi s’abattit soudain sur moi, inattendu.
La semaine dernière, j’avais lu dans VAR-Matin que les monstres avaient envahi la ville. J’ai pensé que de bizarres éponges ambulantes avaient contaminé le sang de tout le monde et que des zombies exigeaient la vaccination obligatoire. Était-ce vraiment ce qui était arrivé ou bien est ce que je nageais en plein délire traumatique ? Non, j’étais pratiquement certain de ne rien inventer. Mais tout de même… Des monstres ? Et si c’était vrai… Des images surgirent sans que je les y aie conviées, des monstres sortant tout droit de bandes dessinées, des créatures pleines de tentacules rampant hors de leurs soucoupes volantes, ou bien des eunuques aux yeux de zombies, esclaves des maîtres du monde et affamés de chair humaine. Ils avaient sûrement une place prête pour moi sur leur barbecue collectif.
J’ai secoué la tête, incapable de choisir entre le rire ou l’épouvante. Après tout, je devrais opérer un demi-tour et revenir au parking du restaurant et à y mourir dans la pénombre de l’anonymat. J’ai appuyé sérieusement sur la pédale de frein parce que l’engin s’était peu à peu emballé sans que je le remarque. “Non !”, me suis-je dis. “Mort interdite. Va chercher de l’aide. Et jette-toi dans la gueule des monstres s’il le faut !”. J’ai continué ma course brinquebalante.
Arrivant tout juste en lisière de la ville, venant in extremis de franchir le panneau indicateur de celle-ci, quand la fatigue a atteint son apogée, l’engin spatial-terrestre a buté contre un talus et s’est immobilisé, les phares pointés vers Orion.
L’impact m’a projeté contre le volant, le klaxon s’est mis à couiner et je me suis laissé ensuite retomber contre le siège, à moitié dans les pommes, le moteur continuant de tourner. Le coup de klaxon et le moteur asthmatique réveillèrent un habitant des lieux qui, bien qu’immortel depuis peu, prenait encore plaisir à profiter d’une bonne nuit de sommeil. Il se mit à la fenêtre de son chez-lui et considéra avec un étonnement ensommeillé l’engin spatial-terrestre à moitié vertical, le nez planté dans un talus. Il composa alors le N° des secours avant de prendre une couverture et de se précipiter sur le lieu de l’accident où il se rendit très vite compte qu’il ne pouvait rien faire pour aider le blessé (moi), un pauvre mortel mal en point qui hurlait “A boire, un Mojito ou je meurs” !
Les monstres me lorgnaient d’un œil mauvais. Après un laps de temps ténébreux, j’ai promené mon regard sur les murs blancs d’un couloir d’hôpital et compris, en un éclair de lucidité, que j’étais allongé sur un chariot et pris en charge par des infirmières affairées autour de moi. Les extraterrestres n’ont pas retrouvé leur Kustom-car, connu sous le nom de “The Fleetliner”, cette Chevrolet personnalisée de 1947 n’était pas une “Coxtomisée” mais le Hot-Rod personnel de Ken Posie de “Posies Rod and Customs à Hummelstown”, en Pennsylvanie” qui avait été la vedette 2007 de Street Rodder Magazine et du salon SEMA 2007. Sans doute l’avait-on traînée jusqu’à un garage ou tout bonnement mise à la casse !
Il est possible que l’un des éléments parmi les plus uniques de l’histoire de ce “The Fleetliner” soit que, malgré la quantité de travail et de produits utilisé pour le créer, Posies l’a fait pour être apprécié et publié dans les magazines de Kustom et Hot-Rods qui en 2007 existaient encore aux USA. 10 ans plus tard, ils ont quasi tous disparu ! À l’origine ce n’était pas du tout une Cox mais une Chevrolet Fleetline ! Posies a tout remodelé, créé un châssis en tubes personnalisé, élargi la calandre en métal, enlevé les ailes et le capot et continué à créer une carrosserie unique, ressemblant à une grande Cox custom peinte en PPG Postal Blue semi-brillant.
Sous le capot, où la plupart des gens ahuris s’attendent à voir un moteur V-8, Posies a utilisé un 6 cylindres en ligne Roush Performance 308 CI avec un compresseur “Powerdyne”, un collecteur “Posies/Holley”, des pièces “Roush”, un allumage “MSD”, un alternateur “Powermaster-PowerGEN” fabuleusement cool et un collecteur “Posies” personnalisé avec échappement de 1,75 pouce et un silencieux “Flowmaster”. Une boite C4 automatique avec convertisseur “Deltrans” et overdrive “Gear Vendors” prenant la puissance à l’extrémité arrière d’un pont “Winters” 3.76 via un arbre de transmission personnalisé, tandis qu’un radiateur “Walker” garde tout au frais !
Toutefois, c’est laid, très laid, même moche, très moche, c’est même con et grotesque ! L’empattement plutôt long déséquilibre le bestiau et lui confère une conduite “ondulante” malgré le châssis construit avec des ressorts “Posies Super Slide” aux quatre coins, des amortisseurs “Bilstein” à l’avant, des ondes de choc “Air Ride” à l’arrière et des roues “Colorado Customs” décalées enveloppées de pneus “Coker Excelsior Racing”. Le freinage étant géré par des tambours de 11 pouces tout autour et d’un maître-cylindre à double réservoir.
Comme tout le reste sur ce “Fleetliner”, l’intérieur combine la simplicité avec des complexités allant d’une console centrale personnalisée. Quatre sièges Pontiac Fiero rembourrés sur mesure avec une coloration centrale en vinyle assortie et des inserts à carreaux donnent à l’ensemble un aspect furieusement démodé. Un volant personnalisé est perché au sommet d’une colonne de direction inclinable “Ididit”, et le tableau de bord est équipé d’instruments “Haneline”, et d’un “Air-Vintage” conditionné qui garde les occupants au frais. L’insonorisation est une gracieuseté de “Dynamat” et le carburant est contenu dans un réservoir en aluminium fabriqué par Posies.
“Quand le monde ancien tombe et que le monde nouveau ne s’est pas encore relevé, s’ouvre le temps des monstres”. Nous sommes entrés dans une période de grande insécurité. Ceux que certains prennent pour une période de paix, surtout dans les pays industrialisés et donc riches, est en réalité, une période en suspens. Nous sommes suspendus à l’annonce du retour des monstres. Les guerres n’ont pas disparu, elles passent sous silence, les terroristes terrorisent toujours, mais loin des télévisions, les migrants migrent toujours et leur migration n’est vue que d’un œil, celui du politique avant celui de l’humanitaire.
La planète s’assèche doucement et dans l’indifférence presque totale. J’ai le sentiment que, toutes et tous, nous attendons les monstres. Nous sommes en cellule, seul(e)s, nous protégeons notre petite cellule sans penser à protéger les autres, ceux qui ne partagent pas nos idées, nos valeurs, mais qui vivent sur la même planète et respirent le même air. Nous ne voyons le monde que d’un seul œil. Nous sommes tous des cyclopes.
Voir le monde d’un seul œil, sans perspectives, sans profondeur, nous rend aveugle, incapable d’en apprécier la beauté. Dans l’Illiade, quand Ulysse et ses compagnons parviennent au pays des Cyclopes, ils ont franchi d’invisibles frontières, sans le savoir, ils sont dans l’âge d’or : “Nous parvînmes au pays des Cyclopes, orgueilleux sans lois qui, confiants dans les dieux immortels, ne plantent pas de leurs mains ni ne labourent. Ils n’ont pas d’assemblée où l’on délibère des lois, ils habitent le sommet de hautes montagnes, dans des grottes profondes et chacun y dicte sa loi à sa femme et à ses enfants sans s’occuper des autres”. Ce monde abrite des géants monstrueux ne possédant qu’un œil, méprisant la civilisation et ses règles. Le cyclope ne craint pas les dieux, il se nourrit de chair humaine et va jusqu’à rejeter les lois sacrées.
Ulysse veut tuer le monstre, mais le géant a refermé la grotte avec un énorme rocher qu’Ulysse et ses compagnons ne peuvent déplacer. Il va donc ruser. Il va faire face au monstre, lui faire boire son meilleur vin, un vin exceptionnel, un nectar divin. Il enivre le cyclope et lui dit qu’il ne s’appelle “Personne”. Saoul, le cyclope s’endort et Ulysse et ses compagnons trouvent le courage de grimper sur le géant, et de lui crever l’œil à l’aide d’un tronc d’olivier. Fou de douleur, Polyphème hurle, ce qui a pour effet immédiat de réveiller les autres cyclopes vivants alentour. Ceux-ci lui demandent ce qu’il a et qui le fait souffrir ainsi, et Polyphème de répondre : “C’est Personne” !
Ulysse et ses compagnons réussissent à s’enfuir. Le cyclope, fils de Poséidon, réclame alors à son père vengeance, et demande qu’Ulysse ne rentre jamais chez lui. Cette malédiction lancée par Polyphème va changer le cours des aventures d’Ulysse. Poséidon le punit d’avoir jeté son fils dans la nuit, Ulysse sera à son tour projeté dans un monde nocturne, obscur, terrible, peuplé de monstres infernaux, de créatures gigantesques et de divinités malveillantes. Par ce récit, Homère nous enseigne que, contre la barbarie, contre les monstres, il faut user de la ruse, de moyens dont la finesse échappe à la barbarie. Contre la force, il faut user d’esprit.
Les monstres d’aujourd’hui, n’ont rien à envier aux cyclopes d’hier, ils en sont les descendants. L’œil du cyclope, c’est une vision unique du monde. Autocentré et fasciste. Hier comme aujourd’hui, l’œil du cyclope, c’est l’œil de la barbarie, du meurtre et de la dictature. Le cyclope est une invention humaine, une forme cauchemardesque du pouvoir. Macron est un cyclope, Macron est un monstre qui nous mène dans un gouffre ! Les cyclopes ont ceci de pervers, qu’ils s’adossent à notre besoin de bien-être pour nous dévorer. Les cyclopes, assoiffés de pouvoir, sont aveugles et sourds aux oracles que sont le réchauffement climatique, la disparition des espèces animales et tous les autres mauvais augures.
En surconsommant, nous sommes complices des nouveaux monstres, trop attaché à notre confort, à nos voitures, à nos côtes de Bœuf ! Mais les cyclopes, jadis, ont vu soudain surgir les paons. Argos, celui qui voit tout, avait cent yeux et les avait transférés sur les plumes des paons. Ces paons dotés d’une force gigantesque, étaient le rempart aux cyclopes. Aujourd’hui, les liens incestueux que tissent les paons politiques, le pouvoir, les médias et l’argent nous font craindre que le temps où s’accomplit l’alliance monstrueuse entre les paons et les cyclopes est arrivé. Les uns imposant leurs lois économiques, les autres imposant leur force brutale. Comme si les paons avaient cent yeux, mais ne regardaient plus que d’un seul œil. Face à la trahison des paons, où sont les compagnons d’Ulysse, où sont les foudres de Zeus ?
À mesure que je m’éloignais de l’hôpital, je fus frappé par l’immobilité des gens. Comme si un voile de calme immuable les enveloppait. J’ai croisé huit voitures en tout et pour tout, leurs feux arrière traçaient des sillons rouges sur l’asphalte. Toujours avec 10 mojito’s distillés dans le corps et la tête, j’ai crié : “Merde ce n’était pas une “Coxtumisée“…
Je fais l’aumône aux pauvres, des libéralités à ma femme de ménage et des générosités à mes très rares amies et amis. La générosité est une vertu rare, ce n’est pas une faiblesse mais une force, un bienfait pour soi et pour les autres. Je n’offre pas le meilleur de moi dans mes écritures pour en tirer une satisfaction, aussi douce soit-elle. Sans doute suis-je un mélomane des écrits déjantés, qui raconte des histoires d’amour et de sexe, de géants solitaires, de monstres, d’œil de sorcière dans lequel on peut voir se refléter l’instant de sa mort et aussi d’hommes de cirque qui se transforment en chiens des Baskerville. Dans ce monde pittoresque et d’affabulations picaresques, je tiens le fil rouge qui relie, en fendant le courant, les vivants et les morts, le passé et le présent, l’affabulation et le mensonge.
J’écris des histoires poignantes qu’on lit, éberlué, en me prenant pour un fou ! Mais tout à coup cela se retrouve dans la réalité, ni tout à fait la même, ni tout à fait autre. Pourtant, il y a deux trois choses que je regrette dans ma vie, il y a la fois où à 16 ans j’ai tué un pigeon sans me rendre compte que sa compagne allait en mourir de chagrin, d’un seul coup de carabine ! 56 ans plus tard j’en ai encore une peine immense et me range de coté de Brigitte Bardot (ma voisine) qui exècre les chasseurs… Il y a la fois ou j’ai écrasé un lapin en roulant trop vite a une attaque d’autoroute. Le pauvre, broyé des pattes arrière sans plus jamais pouvoir courir les champs parce que je roulais trop vite, inutilement. J’ai dû l’euthanasier de mes mains, l’enterrer dans ses champs, cela me hante toujours… La fois aussi ou mon amante m’a volé mes souvenirs… Pire encore lorsque mon père puis ma mère sont décédés, malades, en Hôpital, dans mes bras ! Mais je ne vais pas vous faire chialer comme des Madeleines de Proust, car j’ai aussi la haine des salopards qui ont torpillé mon Chromes & Flammes dans une délation sans fondement pour asseoir Nitro, et ceux qui m’ont volé des automobiles de collection… J’ai évolué et changé… Voilà ! cette Fleetliner c’est n’importe quoi… Je suis content que cet article se termine ici !