Ford GT…
Ah ! c’est bien terrible quand même… J’ai bien beau chroniquer, quand je m’aperçois que la bagnole sur laquelle je vais m’étendre ne m’est offerte que pour une recopie de copulations illusoires et que ce ne sera pas une véritable extase semblable à un coup d’enfer, j’ai soudain comme un vide masturbatoire… Pareil que de perdre plus ses illusions qu’un peu de spermatozoïdes… Tout ça pour ça ! Se rendre compte qu’ils ont disparu comme des songes… Que c’est terminé… Evanouis… Qu’on s’en ira soi-même se perdre aussi dans un trou noir… Un autre, certes ! Un jour très loin encore, forcément…
Dans tout l’atroce torrent des choses, des gens, des jours, des formes qui passent, qui ne s’arrêtent jamais, tous les connards, les crevards, tous les curieux, toute l’inhumanité qui déambule, les gens ployés sous leurs emmerdes, avec leurs tracasseries, leurs rêves et leurs cauchemars prévisibles, tout ça c’est cauchemar ! Se rendre compte que je ne les reverrais plus… Ils passent déjà… Ils sont en boîtes avec les autres… C’est jouissif, vraiment… D’où je vis, plein sud, je ne risque rien, je leur écris des trucs et machins lettrés et complexes, trop, volontairement, pour compliquer leur incompréhension, rien que pour voir si ça leur fait quelque chose. Rien que ça leur fait ! Ils poussent la vie et la nuit et le jour et la mort devant eux. Elle leur cache tout, la vie.
Dans les bruits d’eux-mêmes ils n’entendent rien. Ils s’en foutent. Et plus ils pompent l’air, plus ils s’en foutent. J’ai essayé de pousser au vice, à la vertu. C’est pas la peine ! Faire confiance aux gens c’est déjà se faire tuer un peu. La vie c’est un petit bout de lumière qui finit dans la nuit… La tristesse du monde saisit les êtres comme elle peut, mais à les saisir, elle semble parvenir presque toujours. Autant pas vous faire d’illusions, les gens n’ont rien à se dire, ils ne se parlent que de leurs peines à eux chacun, c’est entendu. Chacun pour soi, la terre pour tous…
Notez que j’ai de la peine d’écrire trop vrai, pour tout le monde, pour moi. C’est peut-être ça que je cherche à travers la vie, rien que cela, le plus possible pour devenir moi-même avant de mourir ! Les rêves et les amours contrariées par la misère du monde et les grandes distances, c’est comme les rêves et amours des marins, y a pas à dire c’est irréfutable et c’est réussi. D’abord, moi au clavier à papoter et vous autres tousses à me lire voire à survoler mes phrases et mots, on n’a pas l’occasion de se rencontrer souvent, on peut pas s’engueuler pour de vrai, qu’en saillies textuelles, et c’est déjà beaucoup de gagné !
Comme la vie n’est qu’un délire tout bouffi de mensonges, plus qu’on est loin et plus qu’on peut en mettre dedans et plus alors qu’on est content, c’est naturel et c’est régulier. La vérité c’est pas mangeable ! Certes, nous avons l’habitude d’admirer tous les jours d’immenses bandits, dont le monde entier vénère avec nous l’opulence et dont l’existence se démontre cependant dès qu’on l’examine d’un peu près comme un long crime chaque jour renouvelé, mais ces gens-là jouissent de gloire, d’honneurs et de puissance, leurs forfaits sont consacrés par les lois, tandis qu’aussi loin qu’on se reporte dans l’histoire, tout nous démontre qu’un larcin véniel, et surtout d’aliments mesquins, tels que croûtes, jambon ou fromage, attire sur son auteur immanquablement l’opprobre !
C’est formel, les reniements catégoriques de la communauté, les châtiments majeurs, le déshonneur automatique et la honte inexpiable, existent pour deux raisons, tout d’abord parce que l’auteur de tels forfaits est généralement un pauvre et que cet état implique en lui-même une indignité capitale et ensuite parce que son acte comporte une sorte de tacite reproche envers la communauté. Aussi la répression des menus larcins s’exerce-t-elle, remarquez-le, sous tous les climats, avec une rigueur extrême, comme un moyen de défense sociale non seulement, mais encore et surtout comme une recommandation sévère à tous les malheureux d’avoir à se tenir à leur place et dans leur caste, peinards, joyeusement résignés à crever tout au long des siècles et indéfiniment de misère et de faim…
Bon, faut y venir à-vous conter la Ford GT et ses hommages incessants à son ancêtre GT40, cela fait plus d’un demi-siècle que le programme GT a vu le jour avec un prototype qui a vrai dire vrai n’a nullement servi la cause de l’humanité, nanan n’en fait que créer des parlottes, des livres, des chroniques et des illusions, jamais de la philosophie ni de la bouffe dans les gamelles ! Et Ford qui s’en tape les couilles et se branle en comptant les milliards de dollars, a produit autant de Ford GT’64 Prototype Heritage en l’honneur qu’il n’y a d’années depuis la création de la GT actuelle qui va bientôt disparaitre parce que l’époque de ce type de connerie fait rapidement place à des conneries pires encore !
Chaque modèle en édition limitée évoque le même prototype Ford GT, qui a été mis en lumière pour la première fois le 3 avril 1964 au Salon international de l’auto de New York, puis est devenu la seule voiture de course américaine à remporter le Mans. Chaque année c’est pareil, en copie intégrale : “La Ford GT Heritage Edition, non seulement évoque de grandes victoires en course, mais va bien au-delà et remonte aux racines les plus profondes de la supercar de Ford, c’est en fait une réinterprétation moderne de la voiture d’origine”... Et chaque année les journaleux ânonnent les mêmes stupidités pré-tapotées par des logiciels-robots…
Au vu de l’évolution de la connerie humaine, ces textes robotisés seront lus par des lecteurs robotisés, style Google News, qui leur feront un condensé en 5 lignes, de plus possiblement à écouter et plus à lire… A connards, connards et demi… C’est sans limite ! Pensez-donc en me lisant ! La Ford GT’64 Prototype Heritage Edition “dernière version”, a été dévoilée au public pour la Xème première fois (sic !) lors de la Monterey Car Week, juxtaposée à la Peeble-Bitchies annuelle qui réunit les pires putes et putasseries imaginables en un pré-carré de convenances chics !
La peinture Wimbledon White de la supercar Ford GT’64 Prototype Heritage Edition était complétée par des décorations “Antimatter Blue”, y compris des bandes décoratives “de course” sur le toit, des éléments en fibre de carbone non revêtus, tels les roues de 20 pouces en “Antimatter Blue” (bis !), l’une des caractéristiques de la Ford GT avec les spoilers avant, les éléments de seuil, les boîtiers de rétroviseurs, les prises d’air du capot et le diffuseur arrière. Les étriers Brembo argentés sont pour leur part complétés par des graphismes noirs et les boulons des roues sont également noirs, tandis que les surfaces en fibre de carbone reviennent également dans l’habitacle, car la fibre de carbone recouvre également les seuils, la partie inférieure des montants A et la console centrale.
La sellerie Alcantara dans la teinte Lightspeed Blue des sièges, qui ont également un cadre en carbone, est décorée de surpiqûres argentées et le logo GT en relief est visible sur le siège et l’appuie-tête. Le tableau de bord est recouvert de cuir Ebony et d’Alcantara en Lightspeed Blue… et les colonnes sont recouvertes d’une sellerie matelassée Ebony Alcantara. La garniture “Antimatter Blue” sur le tableau de bord et la section en X derrière les sièges rime avec les visuels des roues individuelles. Le volant est recouvert d’Alcantara ébène à surpiqûres noires et les commutateurs de direction de la transmission à double embrayage sont polis pour briller.
Il y a certes beaucoup de moments dans l’histoire de la Ford GT qui méritent d’être célébrés, mais cette année c’est l’Antimatter Blue qui était célébrée pour sans doute célébrer la formidable énergie créative de la division Advanced Vehicles de Ford ! Les gens de cette division évoluent dans leur sublimité, à leur aise et pour ainsi dire familièrement, ils tutoient les anges et n’ont l’air de rien. Ils offrent sans presque s’en douter à des rêveurs, l’annihilation de leur pauvre vie dans une monotonie torride, sans conditions, sans marchandage, sans intérêt que celui du consumérisme. Ils dorment comme tout le monde. Ils ont l’air bien ordinaire. Ça ne serait pourtant pas si mal s’il y avait quelque chose pour distinguer les bons des méchants.
Ford a commencé à développer sa propre voiture de course en 1963, avec l’objectif non dissimulé de battre Ferrari et de gagner au Mans et juste un an plus tard, le prototype Ford GT (la GT/101) était déjà sorti. Spectacle ! Barnum ! Un total de cinq prototypes Ford GT40 ont été fabriqués ce furent les premières Ford à être conçues avec une analyse aérodynamique sérieuse (des bouts de fils de laine scotchés un peu partouze des carrosseries d’essais) pour bien fonctionner, même à grande vitesse (gag !). Ces véhicules font partie des modèles les plus importants fabriqués par Ford et ont jeté les bases pour le programme GT, la marque prenant les bonnes places pour leur entrée en légende : première, deuxième et troisième places au Mans en 1966.
Les GT/101 et GT/102 ont dû être mises au rebut après les crashs tests en préparation des courses du Mans et de Monza, elles étaient des tests “essentiels” pour construire les GT/103, GT/104 et GT/105 sur la base de l’expérience. La première victoire GT revient à la GT/103 ; cela s’est produit en 1965 à Daytona, où la voiture était conduite par Ken Miles et Lloyd Ruby ; la GT/104 a terminé troisième de la même course, emmenée par Bob Bondurant et Ritchie Ginther. Les GT/103 et GT/104 ont ensuite été repeintes et toutes deux ont été exposées au Shelby Museum du Colorado. Ford a récupéré toute l’affaire, à chaque année des victoires passées, une série “Hommage” est présentée, chacune proposée au double voire triple du montant “de base”…
-Pour 2021 Ford GT’66 Daytona Heritage, en mémoire de la GT MKI n°98 (50ex)
-Pour 2020 Ford GT’69 Gulf Livery Heritage, en mémoire du Mans 1969 avec la GT40 MKI n°6 (50ex)
-Pour 2019 Ford GT’68 Gulf Livery Heritage, en mémoire du Mans 1968, avec la GT40 MKI n°9 (50ex)
-Pour 2018 Ford GT’67 Édition Héritage, en mémoire du Mans 1967, avec la GT40 MKIV n°1 (39ex)
-Pour 2017 Ford GT’66 Édition Héritage, en mémoire du Mans 1966, avec la GT40 MK II n°2 Bruce McLaren/Chris Amon (27ex)
-Pour 2006 Ford GT Gulf Livery Heritage Edition, en hommage aux GT40 victorieuses aux 24 Heures du Mans’68’69 (343ex)
Ce qui est le pire de ce “tableau”, c’est que je me demande comment les gens de Ford ont trouvé assez de force pour continuer à faire ce qu’ils avaient fait chaque année précédente et depuis déjà tellement trop longtemps, où ont-ils trouvé la force pour ces imbécilités qui n’aboutissent à rien d’autre qu’à vendre deux à trois fois plus cher exactement la même qu’en chaine ? Ces tentatives pour sortir de l’accablante nécessité d’engranger du flouze, tentatives qui toujours servent pour qu’ils se convainquent que le destin est surmontable, sans angoisse du lendemain, toujours plus sordide.
Il faut beaucoup de musique pour faire danser la vie, voilà ma réflexion dans le silence des vérités. Et où aller dehors, faire quoi ? Je vous le demande, surtout dès qu’on n’a plus en soi la somme suffisante de délirer ? La vérité des choses et des gens, c’est pour moi une agonie qui n’en finit pas. La réalité vraie est qu’on n’attrape pas des mouches avec du vinaigre, pour attirer les clients faut de la bonne chère, un minimum d’originalité, mais énormément de réclame et de culot. L’être, l’étron, l’objet en cause de publicité sur lequel va se déverser la propagande massive, doit être avant tout au départ, aussi lisse, aussi insignifiant, aussi nul que possible.
La peinture, le battage-publicitaire se répandra sur lui d’autant mieux qu’il sera plus soigneusement dépourvu d’aspérités, de toute originalité, que toutes ses surfaces seront absolument planes. Que rien en lui, au départ, ne peut susciter l’attention et surtout la controverse. La publicité pour bien donner tout son effet magique, ne doit être gênée, retenue, divertie par rien. Elle doit pouvoir affirmer, sacrer, vociférer, mégaphoniser les pires sottises, n’importe quelle himalayesque, décervelante, tonitruante fantasmagorie… à propos d’automobiles, de stars, de brosses à dents, d’écrivains, de chanteuses légères, de ceintures herniaires, sans que personne ne tique… ne s’élève au parterre, la plus minuscule naïve objection. Il faut que le parterre demeure en tout temps parfaitement hypnotisé de connerie.
Alors que les Français font et défont leurs entreprises dans des haussements d’épaules, virevoltent moustaches, ils sont pour la plupart un peuple non démonstratif poussant souvent des soupirs collectifs d’appréciation ou non pendant les interminables pauses déjeuner, en France cela équivaut à deux heures, le pourquoi du comment est dès-lors la plus grande question à laquelle personne n’a jamais pu répondre jusqu’à présent ! Il existe, pour les gens, deux grandes manières de crever, soit par l’indifférence absolue de leurs semblables ou par la passion homicide des mêmes s’ils se mettent à penser, c’est à leur torture qu’ils songent, que saignants car dans l’imminence de l’abattoir, personne ne spécule plus beaucoup sur les choses de son non-avenir, on ne pense guère qu’à jouir pendant les jours qui restent puisque c’est le seul moyen d’oublier un peu, c’est ainsi qu’on appelle ses petits instincts habillés en grands mots.
J’introduis ici le sujet collant des chiffres. Parce que si la Ford GT est extrêmement rapide, ses chiffres bruts ne sont pas aussi inspirants qu’ils devraient considérer la prime absolue. Vous me connasses tousses pour critiquer n’importe quelle voiture capable de briser les 100Km/h en un arrêt total en trois secondes après avoir réalisé ce même 0 à 100 km/h inversé en moins de 11 secondes ; pourtant, la vérité brutale est que ces temps ne suffisent qu’à mettre la Ford GT en dessous de la médiane de son segment. La vieillotte Lamborghini Huracán est plus performante et la McLaren 720S s’avère beaucoup plus rapide, et chacune coûte neuve 150.000 euros moins cher ! Désopilant, n’est-il pas ?
Mais ces voitures sont pratiquement produites en série par rapport à la Ford GT, qui quitte l’usine d’assemblage de Multimatic à Markham, en Ontario, au rythme d’au plus une par jour. Le V-6 biturbo de la Ford quoiqu’il fait Riquiqui, a été choisi pour des raisons autres que la simple puissance de puissance en puissance en cause des règlements GTE-Pro utilisant un équilibre byzantin de calcul des performances pour savants nucléaires disposant de trop de puissance de feu. L’EcoBoost de 3,5 litres fortement retravaillé donne à la GT un lien tangentiel avec les portées inférieures de la gamme Ford mais est très compact pour s’intégrer dans la carrosserie effilée de la GT, une conception dictée par les exigences aérodynamiques de la variante de course dont, perso, je n’en ai rien à battre !
La Ford GT ne manque certainement pas ainsi de théâtralité. Mais, ayant échoué fort lamentablement dans une autre époque, un bouge sympathique étant heureux de me recevoir, cela m’a permis de me sustenter un excellent dîner de trois plats avec du bon vin que j’ai bu tout mon saoul. Il y a un moment où on est tout seul quand on est arrivé au bout de tout ce qui peut vous arriver. C’est le bout du monde. Le chagrin lui-même ne répond plus et il faut revenir en arrière alors, parmi les cons, n’importe lesquels ! On n’est pas difficile dans ces moments-là car même pour pleurer d’avoir trop bu, il faut retourner là où tout recommence, il faut revenir avec eux et siffler une autre bouteille !
Alors que de nombreuses supercars de course ont été rentrées et modifiées pour engendrer des variantes de route malgré tout, inutilisables, la Ford GT est une voiture de course qui a été légalisée pour l’utilisation sur route. Son manque de praticité m’a durement frappé ! Elle est un chef-d’œuvre du minimalisme, mis à part le système d’infodivertissement, le poste de pilotage ne contient rien qui ne soit fonctionnel ni nécessaire ! Au début, la cabine se sentait basique et franchement bon marché, mais j’en suis vite venus à apprécier la simplicité et le manque de distraction, des commandes climatiques rotatives qui auraient à peine passé dans une voiture complexe de qualité locative, le tableau de bord numérique de la Ford GT m’est apparu comme un modèle de clarté et de concision.
Entrer dans cette “chose” est plus facile qu’en sortir, il faut disposer d’une compétence acquise au prix de quelques ecchymoses. La technique la plus simple est de s’asseoir sur le rebord de caisse, puis se laisser tomber en arrière dans le siège ; il y a suffisamment de dégagement du pilier A pour permettre aux jambes d’être balancées ensuite à bord. Les sièges ne bougent pas vers l’avant ni vers l’arrière, en effet, il ne s’agit guère plus que de coquilles de carbone rembourrées “stratégiquement”, et le conducteur et la copilote sont suffisamment près pour échanger des sexualités perverses. Le minuscule espace bagages derrière le moteur arrière est pratiquement rempli par les deux gilets “haute visibilité” que les lois exigent qu’on porte pour ressembler à Karl Lagerfeld dans une de ses pubs ! Si le conducteur émérite et inconscient veut disposer de slips et de chaussettes, doit soit les porter soit les envoyer à l’avance via FedEx.
Question frissons et éjaculations précoces, les manières à basse vitesse de la Ford GT sont très bien, mais sa largeur et la position de conduite radicale “en crabe-grenouille” transforment les routes étroites et la circulation venant en sens inverse dans une suite d’aventures cauchemardesques. Bien que l’équipe de soutien Ford qui me suivait “à-la-trace” ne manquait pas de pneus, elle ne transportait pas de panneaux de carrosserie de remplacement. Il me faut vous dire que depuis le poste de pilotage, la visibilité est limitée partouze ou va le regard de sorte que les sommets des virages de droite doivent être repérés autour du rétroviseur ! En roulage, c’est comme si on était dans une soufflerie, le vacarme est total, l’angoisse également, les turbulences rendent saoul !
Le puissant V-6 de 647 chevaux est la caractéristique déterminante de la Ford GT. C’est son cœur, son âme et son système de divertissement induisant des acouphènes perpétuels, les faibles efforts de l’audio de l’usine à quatre haut-parleurs sont noyés dès que la voiture commence à bouger. C’est soi-disant un rappel constant du pedigree de course de la Ford GT, ça marche même au ralenti avec un vacarme couvrant absolument tout, en ce compris les cris d’effroi de la passagère et, sous une utilisation douce un “snuffling” incessant m’a fait rêver de conduire une Citroën AMI 2021..
En franche accélération, les bruits qui traversent la cloison arrière deviennent de plus en plus épouvantables. Douceur, et mélodieux ne sont pas les deux adjectifs applicables à la bande son de la Ford GT. Les notes du concert de poubelles et futs d’essence comprenaient des bruits de scies à chaîne, des abeilles africanisées et des notes d’ouragan, avec le hurlement de hurlement de suppliciés écartelés emprisonnés dans le coffre et résonnant dans le cercueil en fibre de carbone moulé qu’est la cabine.
Pourtant, de manière masochiste, la surcharge sensorielle de la GT la rend passionnante d’une manière abominable qui m’a mis dans un état d’angoisse existentielle que la plupart des supercars modernes offrent rarement et cela compense largement tout déficit de performances sur papier ! J’ai réussi l’exploit de faire cirer les roues arrière à 4000 tours en troisième vitesse sur la moitié de la course de la pédale des gaz et je n’étais pas à court de sensations fortes, c’est une de ces voitures qui comme certaines femmes hystériques, crie des encouragements pour essayer d’y aller encore plus fort.
Je n’ai eu aucune chance de réaliser un record dans cette catégorie, ni même de battre de façon significative la limite normale, et ce grâce à la circulation assez complexe ! Oui, la Ford GT peut être conduite à un rythme quotidien sans drame, mais elle n’aime pas le faire. Comme une super baiseuse de luxe, elle a été conçue pour donner d’énormes sensations ! Chaque partie de la voiture a été conçue pour des vitesses les plus élevées imaginables. Les freins carbone-céramique “grouchent” toutefois leur protestation quand ils ont froid, et la pédale est alors légère mais difficile à moduler sous une pression douce !
Les freins sont des démons sadiques, ils ont besoin de chaleur pour fonctionner correctement ! La boite automatique à double embrayage ne change pas de rapport avec “le snap” et n’a pas la précision du “PDK” de Porsche, par exemple… et le mode manuel est sélectionné par un bouton au centre de la manette de transmission rotative. Pourtant, alors que le moteur de la Ford GT ne se sent pas moins agressif sur la route qu’il ne le serait sur une piste, du châssis se dégage un sentiment de légèreté et de délicatesse contrairement à la brutalité de la puissance, ce qui donne l’impression de pouvoir faire face à des surfaces qui devraient secouer la voiture en morceaux.
Le crédit va en grande partie aux amortisseurs “multimatiques” à soupapes, équipés d’un réglage électronique permet à la Ford GT d’assumer un taux de rigidité lorsqu’elle s’accroupit dans sa hauteur de conduite abaissée. Les mêmes actionnent un système de levage du nez qui se déploie en une seconde, plus rapidement que n’importe quel autre. La Ford GT saute de l’avant vers le haut, c’est efficace aussi, pendant deux jours et près de 1000 kms le nez ne touchera jamais le moindre ralentisseur rencontré.
Il est d’autre-part impossible de s’ennuyer avec la direction, très grégaire et sans filtrage relayant les bosses et les légères modifications de la texture de surface. Avec un support de direction à ratio fixe et une pompe électrohydraulique fournissant l’assistance électrique, les réponses sont rapides mais pas “darty”, et il est plus facile de garder l’extrémité avant sous contrôle qu’empêcher l’arrière de glisser.
L’aile/spoiler apparaît à 90 km/h en mode Sport, éliminant un bon 40% de visibilité arrière… De plus il s’agite également vers le bas pour devenir un frein “à air”. Les vitesses sur la voie publique sont limitées à la fois par la circulation et la probabilité des poursuites, mais une exploration à plein régime sur une parcelle sèche et vide de flics des autoroutes à grande vitesse ne laisse absolument aucun doute quant à la capacité de la GT à atteindre sa vitesse de pointe revendiquée de 300 km/h.
Pour les ceusses qui n’ont pas beaucoup d’expérience supercar, la Ford GT est un enfer pour commencer dans ce segment. Et si vous vous attendez à un véhicule capable de faire des choses normales, alors vous êtes sûr d’être déçu. La Ford GT fait d’une McLaren 675LT et d’une Ferrari 458 Speciale, des peluches pré-apprivoisées, la Ford GT est démoniaque marquant une victoire décisive sur l’excitation et la jouissance sado-masochiste.
Une fois n’est pas coutume et, avant d’enfiler une cagoule ignifugée et une tenue de Batman j’ai immortalisé cet essai qui restera longtemps gravé dans ma mémoire, la Ford GT est une sportive radicale d’une efficacité redoutable à faire peur aux sportives européennes les plus affutées.
Rare, cette “Ford GT40 des temps modernes” est définitivement une auto à part qui défie les lois de la physique notamment grâce à son aérodynamique d’un autre monde ! Après tout, elle ne m’a fait divaguer que de bonheur. Elle m’a pourtant tracassé, je ne pouvais plus choisir, mon jeu était fait ! J’étais dans la vérité jusqu’au trognon, et même que ma propre mort me suivait pour ainsi dire pas à pas. J’avais bien du mal à penser à autre chose qu’à mon destin en sursis, une espèce d’agonie différée, lucide, bien portante, pendant laquelle il est impossible de comprendre autre chose que des vérités absolues, il faut l’avoir endurée pour savoir à jamais ce qu’on dit et écrit !